FR:
Au seuil de son oeuvre, Apollinaire choisit Orphée. Dans Le bestiaire ou Cortège d’Orphée, le poète retrouve les caractéristiques traditionnelles du mythe, le carmen au sens étymologique du terme, et rejoint les réécritures qui l’ont précédé. L’entreprise est osée, car il convient d’habiter en Orphée, d’endosser son costume et surtout de (re)construire le mythe. En prenant appui sur les fondations ancestrales du récit antique, Apollinaire entend ériger de nouveaux fondements poétiques. L’édifice, entre tradition et émancipation, entraîne le lecteur dans un labyrinthe extraordinaire, entre mythe et réalité, poésie et gravure, vie et mort, chant et parole, antiquité et modernité. Le vertige des sens fonde le pouvoir du poète : mage des Temps modernes, il surpasse son aïeul et transcende les possibilités de l’écriture.
EN:
Early in his writings, Apollinaire sets his eye on Orpheus. In The Bestiary : or Orpheus’s Procession, the poet reacquaints himself with the traditions of myth, its etymological carmen, thereby following in the footsteps of his precursors. It is a gamble, for Orpheus is to be inhabited and possessed, and his myth (re)constructed. Based on the ancestral roots of this antique tale, Apollinaire seeks to build a new poetic foundation. His structure, both traditional and emancipated, takes the reader on an extraordinary labyrinthine voyage between myth and reality, poetry and visual art, life and death, song and speech, antiquity and modernity. The dizzying power of our senses anchors the poet’s power : a modern magi, he one-ups his ancestor and transcends the opportunities afforded to the writer.