FR :

Un texte d’évocation et de sensibilisation à l’importance de la Peur dans l’économie psychique individuelle et collective. On a généralement peur de la Peur, pourtant un guide et allié fort bénéfique. La Peur, comme grille de lecture et compréhension des institutions et systèmes religieux, politiques, scientifiques, psychologiques... avec risque de dérives, comme le consortium de la peur. En arriver à mieux vivre avec les aspects mobilisateurs et positifs de la peur.

EN :

This text serves as a recapitulation of and sensitization to the scope of Fear in the individual and collective psychic economy. We generally fear Fear, nonetheless a quite beneficial guide and ally. Fear acts as a reading and comprehension gauge for religious, political, scientific and psychological institutions and systems...with risk of downfall, such as fear consortium. How to manage to live better with fear’s stirring and positive aspects.

FR :

La peur influence nos comportements individuels et collectifs qui en retour propulsent l’histoire humaine. Après un aperçu de quelques indices laissant entrevoir le rôle probable de la peur dans l’émergence de la cité, nous examinerons en détail l’expérience de la peur. Puis nous aborderons son impact sur la mémoire, sur le développement du cerveau de l’enfant. Nous verrons ensuite jusqu’à quel point les structures mentales de la peur sont reproduites dans nos systèmes de droits et de devoirs, pour conclure que la sauvegarde de nos démocraties passe par l’apprivoisement et la remémoration de la peur.

EN :

Fear motivates individual and collective behaviors, which in turn drive human history. After an overview of a few indicators affording us a glimpse into the likely role of fear in the appearance of the city, we shall examine the fear experience in detail. Next we will embark upon its impact on memory and the development of children’s brains. We will then see up to what point mental structures of fear are reproduced in our systems of rights and duties, concluding that the safeguard of our democracies goes through taming and recalling fear.

FR :

Ce texte propose une imbrication d’hypothèses sur la peur inconsciente et multiforme. Peurs archaïques de l’anomie, de la disparition, avivées par le rouleau compresseur de l’uniformité bien idéologisée, bien camouflée, de la société mondiale. Ces peurs peuvent notamment se lire sous la réclamation généralisée de la reconnaissance des identités et des originalités. S’instaure alors un rapport paradoxal à l’Autre, à la fois déifié comme principe et instrumentalisé dans les conduites. Dans ce contexte, l’identité devient plus une comparaison des identiques légitimants qu’une ouverture à ce qui bouleverse et « altère ». Ce rapport à l’altérité peut être alors interprété dans les conceptions mouvantes et complexes de l’altérité par excellence, à savoir la mort dans nos cultures.

EN :

This text proposes an interweaving of hypotheses on multi-faceted and unconscious fear. Outdated fears of anomy and vanishing, heightened by monotony’s steamroller well ideologized, well camouflaged by world society. These fears can be shown through the extended claim for recognition of identities and novelties. A paradoxical relationship thereupon established itself to the Other, at the same time assumedly deified and implemented in behaviors. Within this setting, identity becomes more a comparison of legitimizing identicals than an opening to what deeply moves and “transforms”. This relation to otherness may be thus interpreted in the stirring and complex notions of archetypal otherness, namely death in our cultures.

FR :

À partir de diverses figures de la peur, cet entretien propose une mise en relation de certaines mentalités collectives avec les modes d’être individuels contemporains. Les distinctions psychanalytiques entre peur et angoisse, ainsi que l’expérience de la clinique, permettent d’éclairer l’incertitude inhérente à l’expérience du vivre, mais également inhérente au processus même de pensée et de création. La fuite en avant, fuite de l’angoisse aussi bien que fuite de la limite, en tant qu’elles sont devenues des modèles culturels ambiants, sont abordées à travers l’injonction au paraître et la réduction du sujet postmoderne à son image.

EN :

Based on the many faces of fear, this discussion proposes comparing and contrasting certain collective mindsets with contemporary individual lifestyles. The psychoanalytical distinctions between fear and anxiety, as well as clinical experiment, allow some light to be shed on the uncertainty inherent to the experience of life but also to the thought and creative process itself. The escape forward, escape from anxiety as well as escape from distance, insofar as they have become prevailing cultural models, are dealt with through the order to appearance and through the scaling-down of the postmodern subject to its image.

FR :

Les échelles de mesure de l’anxiété face à la mort ont connu un grand essor au cours des dernières années. Leur développement est attribuable au désir de mieux comprendre et connaître le phénomène. Toutefois, les chercheurs sont constamment confrontés à un problème de définition de ce concept qui réfère à une expérience subjective mettant en cause des composantes cognitives et affectives.

Jusqu’à maintenant, la majorité des échelles sont construites sans référence explicite à une base théorique. L’application de ces instruments présente un intérêt, principalement dans le domaine de la recherche, et se montre limitée quant à son utilisation clinique.

EN :

In recent years, there has been an increase in the development of death anxiety scales. The aim was to enlarge and deepen our understanding of this phenomenon. Researchers, however, have been constantly confronted with the inability to define the concept of death anxiety which is essentially a subjective experience with both cognitive and affective components. Furthermore these scales have been based on atheoritical constructs. The application of these scales is primarily for research purposes and have limited clinical application.

FR :

C’est par une comparaison, à vrai dire non systématique, mais stimulante, entre deux époques, que l’historien Georges Duby dissipe le mythe de l’an mil, mais surtout contribue à la compréhension de la genèse des peurs dans l’histoire des mentalités. À partir de l’ouvrage An 1000 An 2000, sur les traces de nos peurs, sont dégagées les composantes de sources d’inquiétude ou de terreur : la misère (incluant la famine), l’autre, les épidémies, la violence et enfin, l’au-delà. De ce tableau, l’auteure de l’article esquisse certains liens entre ces peurs, souvent rendues plus vivaces sous l’égide des pouvoirs temporels et spirituels.

EN :

By means of a comparison, in actual fact non-systematic, yet stimulating, of two periods, Georges Duby dispels the myth of the Year One Thousand, but above all contributes to the understanding of the origin of fears within the history of mentalities. Based on the work Year 1000 Year 2000, Following the Footsteps of Our Fears, the components of sources of worry or terror: misery (including famine), the other, epidemics, violence and lastly, the hereafter. In this portrait, the author of the article draws certain links between these fears, often further deepseated under the aegis of earthly and spiritual powers.

FR :

Il peut devenir singulièrement éclairant d’interroger autour d’un même thème, celui de la peur de la mort, la philosophie grecque, le bouddhisme et l’Ancien Testament. Les quelques notes proposées ici souhaitent attirer l’attention sur un article dans lequel Charles David Axelrod s’attache à tracer un parcours lucide à travers ces diverses traditions religieuses et philosophiques, afin de mieux comprendre l’exhortation qu’elles nous font de nous préparer à la mort.

EN :

It may prove quite enlightening to ask questions on the same theme, in this case the fear of death, to Greek philosophy, Buddhism and the Old Testament. The few notes suggested here aim to gain attention on an article in which Charles David Axelrod explores the prescription to practice death in religious and philosophical texts, in an effort to locate its inherent rationality.

FR :

S’il est vrai qu’un bon nombre de malades vivent leurs derniers jours de façon sereine, d’autres sont cependant plongés dans une angoisse indicible. Comment expliquer une telle variabilité ? Pouvons-nous intervenir plus efficacement ? La théorie de la « gestion de la terreur par l’estime de soi », formulée en 1986 par Solomon, Greenberg et Pyszczynski, offre un cadre théorique cohérent et fournit potentiellement des pistes d’intervention pertinentes à la pratique des soins palliatifs que nous tenterons d’explorer dans le présent article.

EN :

If it is true that a sizeable number of the ill live out their last days peacefully, then others are otherwise thrown into an indescribable state of anguish. How can such variation be explained? Can we intervene more efficiently? The theory of terror management through self-esteem, formulated in 1986 by Solomon, Greenberg and Pyszczynski, offers a coherent theoretical framework and potentially provides leads for intervention pertaining to the practice of palliative care, which we shall attempt to explore in this article.

FR :

Si les pompiers sauvent des vies, c’est souvent au péril de la leur. Ils évoluent en permanence dans des situations à risques de différentes natures. Comment appréhendent-ils ces risques, ainsi que l’angoisse, le stress ou la peur qui en découlent ? Nous nous sommes consacrés à un portrait subjectif, saisi du point de vue des principaux acteurs qui nous révèlent leurs manières de parler du feu, de la peur et des situations angoissantes. C’est la structure organisationnelle, unique, du corps des pompiers qui leur permet de contrôler et de partager leurs émotions. L’expérience joue également un rôle important.

EN :

If firefighters save lives, it is often at the risk of their own lives. They are forever stepping into situations involving risks of various kinds. How do they interpret these risks as well as the anxiety, stress or fear that stem from these risks? We have devoted ourselves to a subjective portrait, taken from the viewpoint of the main actors, who reveal to us their ways of speaking about fire, fear and distressing situations. It is the unique organizational structure of the fire brigade that enables them to control and share their feelings. Experience also plays an important role.