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Le fait de prendre conscience que chaque individu, dans son intimité, ressent l’appel de l’Autre traverse la pensée poétique de Louise Dupré, et ce depuis son premier recueil, La peau familière (1983). Les oeuvres Bonheur (1988), Noir déjà (1993) et Tout près (1998) se démarquent par un approfondissement de la thématique du sujet porteur de la souffrance et de la mort de ses semblables. En fait, dans les recueils Plus haut que les flammes (2010) et La main hantée (2016) le je féminin assume la responsabilité d’être né « au sein d’une espèce/prête à tuer » (69). Cependant, il ne s’approprie pas nécessairement la cruauté du monde; bien au contraire, sa posture vacille entre la honte d’appartenir à une race de tueurs et le lien qui se tisse avec les victimes.
Comment accepter cette dyade bourreau/victime qui loge dans les tréfonds du même sujet ? Et comment ne pas succomber à la tentation de concevoir la poésie comme un sombre accompagnement mortuaire ? Si le noir est déjà là, de quelle façon le je féminin peut-il entrevoir une lumière qui malgré tout existe encore ? C’est à ces questions que répondra mon article.