FR:
Les littératures dites de l’imaginaire, telles que l’anticipation ou la science-fiction, ont longtemps monopolisé le thème du désastre environnemental ; il s’y trouve représenté comme une réalité accomplie, dont il est impossible à l’humanité de faire abstraction. Cette étude s’intéresse à un roman qui, à contre-courant, décrit la catastrophe actuelle sur le mode réaliste, l’envisageant comme un processus continu, quasi imperceptible sinon dans l’infime de ses manifestations quotidiennes. « Livre de combat » publié à Paris en 2019, Les grands cerfs de Claudie Hunzinger évoque la rencontre de Pamina, sa narratrice, avec le peuple des cerfs qu’elle observe, à l’affût, dans la forêt vosgienne où elle s’est retirée. À travers une contemplation éclairée et empathique du monde sauvage, Pamina observe son déclin et – dans un profond désarroi – s’interroge sur l’inéluctable de la mort. L’analyse de son récit permet, à la fois d’explorer les modalités d’expression de la catastrophe à l’échelle du quotidien, et de mieux comprendre les implications et la portée de cette approche spécifique. En se focalisant sur une perception individuelle et sensible de la catastrophe environnementale, plutôt qu’en affirmant ses conséquences générales et définitives, le roman de Hunzinger propose sur cette dernière un discours alternatif, qui refuse toute essentialisation.
EN:
Anticipation and science fiction have long monopolized the theme of environmental disaster, representing it as an accomplished reality that is impossible for humanity to ignore. This study focuses on a novel which, going against the grain, describes the current catastrophe in a realistic manner, considering it as a continuous process, almost imperceptible except in the smallest of its daily manifestations. Les grands cerfs by Claudie Hunzinger evokes the meeting of Pamina, its narrator, with the deer she observes in the Vosges forest where she lives. Through an enlightened and empathetic contemplation of the wild world, Pamina observes its decline and – in deep dismay – questions the inevitability of death.