Volume 52, Number 1-2, 2022–2023 Confinements, crises sanitaires et épidémies chez les Autochtones Guest-edited by Marie-Pierre Bousquet
Table of contents (23 articles)
Note de recherche
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Les épidémies et Recherches amérindiennes au Québec
Alexandra LaPerrière and Noémie Breton-Théorêt
pp. 9–17
AbstractFR:
Cette revue de littérature s’intéresse à la question des épidémies et à leurs études à l’intérieur des Amériques dans la revue Recherches amérindiennes au Québec (1971-2021). Bien que peu d’écrits aient été consacrés au sujet dans la revue depuis ses débuts, les épidémies et leurs impacts sur les sociétés autochtones (autant démographiques que religieux, politiques, militaires ou sociaux) se sont révélés un facteur déterminant dans la conquête des Amériques. Cette invisibilité du choc microbien, ainsi que l’hécatombe qui s’en est suivi semble généralisée dans la littérature. Pourtant, l’arrivée des Européens dans le « Nouveau-Monde » a mené à l’apparition de maladies aux effets dévastateurs sur les populations autochtones. Les missionnaires, les commerçants autochtones, ainsi que les politiques et les alliances ont joué des rôles centraux dans la propagation des maladies en Amérique.
EN:
This literature review examines epidemics and their studies within the Americas in the journal Recherches amérindiennes au Québec (1971-2021). Although little has been written on the subject in the journal since its origins, epidemics and their impacts on Indigenous societies (demographic as well as religious, political, military or social) have proven to be a determining factor in the conquest of the Americas. This invisibility of microbial shock, as well as the ensuing hecatomb, seems to be widespread in the literature. However, the arrival of Europeans in the «New World» has led to the emergence of diseases with devastating effects on Indigenous populations. Missionaries, Native traders, politics, and alliances played central roles in the spread of epidemics in America.
ES:
Esta revisión bibliográfica se centra en el tema de las epidemias y su estudio en el continente americano en la revista Recherches amérindiennes au Québec (1971-2021). Aunque poco se ha escrito sobre el tema en la revista desde sus inicios, las epidemias y su impacto en las sociedades indígenas (tanto demográfico como religioso, político, militar o social) resultaron ser un factor determinante en la conquista de las Américas. Esta invisibilidad del choque microbiano, así como de la hecatombe que le siguió, parece generalizada en la literatura. Sin embargo, la llegada de los europeos al «Nuevo Mundo» provocó la aparición de enfermedades con efectos devastadores para las poblaciones indígenas. Los misioneros, los comerciantes indígenas, así como la política y las alianzas desempeñaron roles fundamentales en la propagación de las enfermedades en América.
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Contagion, dispersion et distanciation au début du xviiie siècle : l’impact de l’épidémie de petite vérole de 1732-1734 sur les populations autochtones à la lumière des sources françaises
William Chassé
pp. 19–28
AbstractFR:
De 1732 à 1734, une épidémie de petite vérole (variole) se propage par les principales voies de communications de la Nouvelle-France. Si la maladie fait beaucoup de victimes chez la population européennes, elle est dévastatrice parmi les Autochtones. Les nations de l’Iroquoisie et de la région des Grands Lacs semblent être les plus touchés par la petite vérole. Pour contrer cette épidémie, les Autochtones adoptent différentes stratégies. En Acadie, les Autochtones mettent en place une forme de distanciation et évitent tout contact avec les Européens. Dans la région des Grands Lacs, les nations se divisent et se dispersent sur le territoire. Ces stratégies permettent aux Autochtones de limiter la propagation de la maladie et montrent comment ces peuples ont su s’adapter à cette crise. Les épidémies de petite vérole au début du xviiie siècle ont de lourdes conséquences sur la démographie des nations autochtones de la Nouvelle-France, mais également sur les aspects spirituels, militaires et politiques de ces communautés.
EN:
From 1732 to 1734, an epidemic of smallpox (variola) spread through the main communication routes of New France. While the disease claimed many lives among Europeans, it was devastating among the Indigenous Peoples. The Nations of the Iroquois Confederacy and of the Great Lakes region appear to have been the most affected by smallpox. To counter this epidemic, Indigenous Peoples adopted different strategies. In Acadia, they set up a form of distancing and avoided all contact with Europeans. In the Great Lakes region, they divided and dispersed over the land. These strategies allow them to limit the spread of the disease and demonstrated how these Peoples adapted to this crisis. The smallpox epidemic at the beginning of the 18th century had serious consequences for the demography of the Indigenous Nations of New France, but also on the spiritual, military and political life of these communities.
ES:
Entre 1732 y 1734, una epidemia de viruela se propagó por las principales vías de comunicación de Nueva Francia. La enfermedad se cobró muchas víctimas entre la población europea, pero fue especialmente devastadora entre los pueblos indígenas. Las naciones de la Confederación Iroquesa y de la región de los Grandes Lagos parecen ser las más afectadas por la viruela. Para contrarrestar esta epidemia, los indígenas adoptaron diferentes estrategias. En Acadia, los indígenas establecieron una forma de distanciamiento y evitaron todo contacto con los europeos. En la región de los Grandes Lagos, las naciones se dividieron y dispersaron por el territorio. Estas estrategias permitieron a los pueblos indígenas limitar la propagación de la enfermedad y demuestran cómo éstos fueron capaces de adaptarse a esta crisis. Las epidemias de viruela de principios del siglo XVIII tuvieron graves consecuencias en la demografía de las naciones indígenas de Nueva Francia, pero también en los aspectos espirituales, militares y políticos de estas comunidades.
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Médecine coloniale et santé autochtone au Saguenay et sur la Côte-Nord : de la vaccination à l’Hôpital indien de Pointe-Bleue, 1854-1894
Mathieu Arsenault
pp. 29–41
AbstractFR:
Au milieu du xixe siècle, l’ouverture du Saguenay et de la Côte-Nord à la colonisation entraîne une dégradation de la santé autochtone. Devant les ravages engendrés par prolifération des épidémies, le département des Affaires indiennes est appelé à étendre son programme de vaccination contre la variole qu’il estime être une mesure humanitaire et peu couteuse permettant de protéger les Innus. Les médecins pratiquant dans ces régions de colonisation y voient quant à eux une opportunité de faire subventionner la pratique médicale au profit de l’ensemble de la population. Adoptant une perspective hygiéniste misant sur la prévention des maladies à partir des années 1870, ils perçoivent les habitations surpeuplées des réserves, l’irresponsabilité des autochtones et leurs tendances nomades comme de dangereuses menaces pour la santé publique. Avec l’appui d’élus locaux et de l’agent des Indiens, ils amènent l’État à fonder un « hôpital indien » à Pointe-Bleue (1876-1894) afin de soigner cette population perçue comme négligente. La présence d’infirmières innues embauchées pour prodiguer les soins aux patients de leur communauté permet toutefois d’entrevoir dans l’institution plus qu’un simple outil de contrôle des corps autochtones par le pouvoir colonial.
EN:
In tandem with the colonization of Saguenay and the North Shore, the health of Indigenous populations deteriorated during the second half of the nineteenth century. Faced with the devastation caused by a proliferation of epidemics, the Department of Indian Affairs extended its vaccination program against smallpox to the Innu. Department officials considered this an affordable, humanitarian measure. At the same time, medical practitioners on the ground saw the initiative as a means of subsidizing healthcare for the broader population. Drawing on hygienic principles concerned with the prevention of disease, in the 1870s, many of these professionals argued the overcrowded dwellings on reserves, the irresponsible nature of the Indigenous Peoples, and their nomadic tendencies rendered them dangerous threats to public health. With the support of local elected officials and the Indian agent, the State was encouraged to open an ‘Indian Hospital’ in Pointe-Bleue (1876-1894). The institution was designed to help Indigenous Peoples, often perceived as negligent, manage their own health. Yet, the presence of Innu nurses, who provided care to members of their own community, reveals a more complicated set of relations at play and allows us to question to what extent the hospital was just another colonial tool to control Indigenous bodies.
ES:
A mediados del siglo XIX, la apertura de Saguenay y de la Costa Norte a la colonización provocó un deterioro de la salud de los indígenas. Ante los estragos causados por la proliferación de epidemias, el Departamento de Asuntos Indígenas se vio obligado a ampliar su programa de vacunación contra la viruela, que consideraba una medida humanitaria y poco costosa para proteger a los Innu. Los médicos que ejercían en estas regiones colonizadas vieron en ello una oportunidad para subvencionar la práctica médica en beneficio de toda la población. Adoptando una perspectiva higienista centrada en la prevención de enfermedades a partir de la década de 1870, los médicos percibían las viviendas sobrepobladas de las reservas, la irresponsabilidad de los indígenas y sus tendencias nómadas como amenazas peligrosas para la salud pública. Con el apoyo de los cargos electos locales y del agente Indígena, llevaron al gobierno a fundar un «hospital indio» en Pointe-Bleue (1876-1894) con el fin de asistir a esta población, percibida como negligente. La presencia de enfermeras Innu contratadas para atender a los pacientes de su comunidad permite ver en la institución algo más que una simple herramienta de control de los cuerpos indígenas por parte del poder colonial.
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Mémoires d’épidémies : faire face à la maladie dans les récits anicinapek
Marie-Pierre Bousquet, Maurice J. Kistabish, John Mowatt and Laurence Hamel-Charest
pp. 43–56
AbstractFR:
Depuis les années 1800, les Anicinapek ont connu diverses épidémies qui ont laissé des traces dans leur mémoire et leurs pratiques, ravivées lors du confinement du printemps 2020. Ces traces diffèrent de celles laissées dans les chroniques des auteurs allochtones : les autorités gouvernementales et ecclésiastiques les ont pensés sans ressources, sans savoirs et sans médicaments efficaces. Dans une perspective de décolonisation des savoirs, nous remettons en question l’hégémonie du discours allochtone sur les épidémies historiques chez les Autochtones en explorant comment les Anicinapek ont conceptualisé la notion d’épidémies, ainsi que les pratiques qu’ils pouvaient déployer face à elles. Cet article se fonde en priorité sur un corpus de données formé à partir de deux types de sources : des récits oraux recueillis lors d’enquêtes longitudinales ; et des documents écrits par des Anicinapek. À partir de cet angle émique, sont exposées les assises idéologiques et cosmologiques du système de santé anicinape, de la moitié du xixe siècle jusqu’aux années 1970.
EN:
Since the 1800s, the Anicinapek have experienced various epidemics that have left traces in their memory and practices, revived during the confinement of Spring 2020. These traces differ from those left in the chronicles of non-Indigenous authors. Governmental and ecclesiastical authorities thought them to be without resources, knowledge, and effective medicine. From a perspective of decolonizing knowledge, we question the hegemony of the non-Indigenous discourse on the historic epidemics in exploring how the Anicinapek conceptualized the notion of epidemics as well as the practices they deployed. This paper draws primarily on a body of data formed from two types of sources: oral histories collected during longitudinal surveys; and written documents by Anicinapek. By highlighting the emic view, we sketch a picture of the ideological and cosmological foundations of their health care system from the mid-19th century to the 1970s.
ES:
Desde el siglo XIX, los Anicinapek han sufrido diversas epidemias que han dejado huellas en su memoria y en sus prácticas, que se reavivaron durante el confinamiento de la primavera de 2020. Estas huellas difieren de las dejadas en las crónicas de autores no nativos: las autoridades gubernamentales y eclesiásticas los consideraban sin recursos, sin conocimientos y sin medicinas eficaces. Desde una perspectiva de descolonización de los saberes, desafiamos la hegemonía del discurso alóctono sobre las epidemias históricas entre los pueblos indígenas, explorando cómo los Anicinapek conceptualizaban la noción de epidemia, así como las prácticas que podían desplegar en respuesta a ellas. Este artículo se basa principalmente en un corpus de datos extraídos de dos tipos de fuentes: relatos orales recogidos durante encuestas longitudinales y documentos escritos de origen Anicinapek. Desde este ángulo emic, se exponen los fundamentos ideológicos y cosmológicos del sistema sanitario Anicinape desde mediados del siglo XIX hasta la década de 1970.
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L’épidémie de poliomyélite de 1948-1949 : chamanisme, force vitale et auto-sacrifice chez les Inuit du Kivalliq
Frédéric Laugrand
pp. 57–68
AbstractFR:
À l’automne 1948, une « maladie étrange » fait son apparition à Igluligaarjuk (Chesterfield Inlet), un petit village de la baie d’Hudson. Les Soeurs Grises en charge de l’hôpital sont les premières à sonner l’alerte. Dans les camps, les décès se multiplient et les enterrements s’opèrent dans la précipitation. Des médecins sont envoyés d’urgence en avion, tel le docteur Moody qui décrète une vaste zone de confinement au début de l’hiver 1949, l’une des plus grandes dans l’histoire canadienne. Du côté des Inuit, la vague des décès continue. Des évacuations se font par avion et plusieurs Inuit meurent dans le sud du pays, loin de leurs familles. À l’été 1949, de nombreux malades refusent alors d’être évacués. D’autres cherchent des solutions du côté des chamanes. La tradition orale a gardé en mémoire le cas de Nagjuk qui finit par s’offrir lui-même en sacrifice, ayant indiqué auparavant à ses compagnons que seule sa mort pourrait stopper le mal. À partir de plusieurs témoignages recueillis auprès d’Inuit de la région et de soeurs missionnaires qui ont vécu l’épidémie jour après jour, une double analyse est proposée. La première, historique, revient sur la chronologie des événements tels qu’ils sont rapportés par les soeurs. La seconde, de portée anthropologique, interroge les gestes du chamane à se donner la mort. L’épidémie de poliomyélite révèle l’importance de la force vitale et la pratique du don de soi au sein du chamanisme inuit.
EN:
In the Fall of 1948, a “strange disease” appeared in Igluligaarjuk (Chesterfield Inlet), a small village on Hudson Bay. The Grey Nuns in charge of the hospital were the first to sound the alarm. In the camps, the number of deaths multiplied and burials were carried out in a hurry. Doctors were rushed in by plane, such as doctor Moody who decreed a vast confinement zone at the beginning of the winter of 1949, one of the largest in Canadian history. On the Inuit side, the wave of deaths continued. Evacuations were carried out by plane and many Inuit died in the south of Canada, far from their families. In the summer of 1949, many sick people refused to be evacuated. Others looked to the shamans for solutions. Oral tradition has preserved the case of Nagjuk who ended up offering himself as a sacrifice, having previously told his companions that only his death could stop the disease. Based on several testimonies collected from Inuit of the region and from the Grey Nuns who lived the epidemic day after day, a double analysis is proposed. The first, historical, looks at the chronology of events as reported by the nuns. The second, of anthropological scope, questions the shaman’s gestures in taking his own life. The polio epidemic reveals the importance of the life force and the practice of self-giving within Inuit shamanism.
ES:
En el otoño de 1948, una “extraña enfermedad” apareció en Igluligaarjuk (Chesterfield Inlet), un pequeño pueblo de la Bahía de Hudson. Las Hermanas Grises encargadas del hospital son las primeras en dar la alarma. En los campos, el número de muertos se multiplicó y los entierros se hicieron a toda prisa. Los médicos llegaron en avión, como el doctor Moody, que decretó una amplia zona de confinamiento a principios del invierno de 1949, una de las más grandes de la historia de Canadá. En el lado Inuit, la ola de muertes continuó. Se realizaron evacuaciones en avión y muchos Inuit murieron en el sur del país, lejos de sus familias. En el verano de 1949, muchos enfermos se negaron a ser evacuados. Otros buscaban soluciones en los chamanes. La tradición oral recuerda al caso de Nagjuk, que acabó ofreciéndose como sacrificio, tras haber dicho a sus compañeros que sólo su muerte podría detener la enfermedad. A partir de varios testimonios recogidos entre los Inuit de la región y las hermanas misioneras que vivieron la epidemia día a día, se propone un doble análisis. El primero, de carácter histórico, examina la cronología de los acontecimientos tal y como los relatan las hermanas misioneras. El segundo, de alcance antropológico, examina los gestos del chamán al quitarse la vida. La epidemia de poliomielitis pone de manifiesto la importancia de la fuerza vital y la práctica del autosacrificio dentro del chamanismo Inuit.
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Épidémies canines, les Inuit et le gouvernement canadien dans l’Arctique oriental, 1920-1970
Francis Lévesque and Danny Baril
pp. 69–78
AbstractFR:
Cet article traite des épidémies qui ont frappé les populations de chiens dans l’Arctique oriental canadien (Nunavik et Nunavut) entre 1920 et 1970. Rapportées par des policiers, des représentants de l’État, des chercheurs ainsi que des explorateurs de passage, ces épidémies sont connues, mais n’ont jamais fait l’objet d’un examen systématique. Les objectifs de cet article consistent donc à décrire les épidémies canines, à mieux comprendre les motivations et les interventions du gouvernement canadien à leur égard, de même qu’à identifier les conséquences des épidémies et des interventions gouvernementales pour les Inuit. Cet article permet de documenter un nombre très important d’épidémies survenues entre 1920 et 1970 dans l’Arctique oriental canadien. Il permet aussi de constater que les interventions du gouvernement canadien à l’égard des épidémies s’appuient sur sa politique globale à l’égard de l’Arctique et qu’elles ne sont pas similaires au début et à la fin de la période étudiée. Il permet enfin constater que si les Inuit semblaient s’accommoder des épidémies lorsqu’ils pouvaient le faire dans leurs propres termes, les interventions gouvernementales engendraient beaucoup de frustrations.
EN:
This paper examines with the epidemics that struck dog populations in the Canadian Eastern Arctic (Nunavik and Nunavut) between 1920 and 1970. Reported by police officers, state officials, researchers and visiting explorers, these epidemics are known, but they have never been systematically examined. The objectives of this paper are therefore to describe these canine epidemics, to better understand the motivations and interventions of the Canadian government to mitigate them, and to identify the consequences for the Inuit of the epidemics and government interventions. This paper documents a very large number of epidemics that occurred between 1920 and 1970 in the Canadian Eastern Arctic. It also shows that the Canadian government’s responses toward dog epidemics were based on its overall policy for the Arctic, they are not therefore similar at the start and at the end of the study period. Finally, it shows that while the Inuit seemed to put up with epidemics when they could do so on their own terms, government intervention created a lot of frustration.
ES:
Este artículo analiza las epidemias que afectaron a las poblaciones caninas del Ártico Oriental canadiense (Nunavik y Nunavut) entre 1920 y 1970. Estos brotes, de los que han informado agentes de policía, funcionarios gubernamentales, investigadores y exploradores visitantes, son conocidos, pero nunca han sido examinados de forma sistemática. Los objetivos de este artículo son por lo tanto describir las epidemias caninas, comprender las motivaciones y respuestas del gobierno canadiense ante ellas e identificar las consecuencias de las epidemias y de las intervenciones gubernamentales para los Inuit. Este artículo documenta un gran número de epidemias ocurridas entre 1920 y 1970 en el Ártico Oriental canadiense. También muestra que las respuestas del gobierno canadiense a los brotes de enfermedades se basaron en su política general hacia el Ártico y no fueron similares al principio y al final del periodo estudiado. Por último, se constata que, si bien los Inuit parecían hacer frente a las epidemias cuando podían hacerlo por sus propios medios, las intervenciones gubernamentales creaban una gran frustración.
Note de recherche
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« […] On saisit toutes les occasions de pouvoir les atteindre » : le dépistage de la tuberculose et le travail des infirmières des Services de santé fédéraux chez les Innus de la Minganie et de la Basse-Côte-Nord (1949-1960)
Myriam Lévesque
pp. 79–86
AbstractFR:
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’État canadien adopte une approche plus « active » à l’égard des populations autochtones, souhaitant qu’elles passent du statut de tutelle à la citoyenneté et qu’elles s’intègrent à l’ensemble de la population canadienne. Cette redéfinition du rapport colonial s’observe notamment dans l’assistance médicale et la réorganisation des Services de Santé des Indiens au sein du ministère de la Santé nationale et du Bien-être social. Alarmé par les épidémies de tuberculose dans plusieurs communautés autochtones et par les possibles contagions susceptibles d’affecter les populations blanches, le nouveau programme des Services de santé mise sur l’expansion du réseau hospitalier, la construction de dispensaires en régions excentrées et la mise en place de vastes campagnes de dépistages et de vaccinations. Cette stratégie les mène à se déployer sous diverses formes sur le terrain et à s’appuyer sur des équipes médicales ambulantes et sur des infirmières. En s’appuyant sur le fonds photographique de l’infirmière Pauline Laurin, l’autrice documente l’implantation et l’organisation des Services dans la région au cours des années 1950 et explore, du point de vue des infirmières, la gestion des épidémies de tuberculose et les différents moyens entrepris par les services pour rejoindre les Innus.
EN:
Following the Second World War, the Canadian government took a more “active” approach towards Indigenous Peoples, hoping that they would move from wardship to citizenship and become part of the Canadian population as a whole. This redefinition of the colonial relationship can be seen in its medical assistance and its reorganization of Indian Health Services (IHS) within the Department of National Health and Welfare. Alarmed by the tuberculosis epidemics in several Indigenous communities and by the possible contagion to white populations, the new IHS program was based on the expansion of the hospital network, the construction of outpost nursing stations and the establishment of vast screening and vaccination campaigns. This strategy led them to deploy various forms of outreach in the field and to rely on mobile medical teams and nurses. Using the photographic collection of nurse Pauline Laurin, the author documents the implementation and organization of the Services in the region during the 1950s and explores, from the nurses’ perspectives, the management of tuberculosis epidemics and the various means undertaken by the Services to reach the Innu.
ES:
Tras la Segunda Guerra Mundial, el Estado canadiense adoptó un enfoque más “activo” hacia las poblaciones indígenas, con el deseo de que pasaran del estatus de tutela al de ciudadanía y se integraran en el conjunto de la población canadiense. Esta redefinición de la relación colonial puede apreciarse en la asistencia médica y la reorganización de los Servicios Sanitarios Indígenas dentro del Ministerio de Salud nacional y de Bienestar Social. Alarmados por las epidemias de tuberculosis en varias comunidades indígenas y por los posibles contagios que podían afectar a las poblaciones blancas, el nuevo programa de los Servicios de Salud se centró en la ampliación de la red hospitalaria, la construcción de dispensarios en las regiones periféricas y la puesta en marcha de amplias campañas de detección y vacunación. Esta estrategia los lleva a desplegarse de diversas formas sobre el terreno y a apoyarse en equipos médicos y enfermeros móviles. A partir de la colección fotográfica de la enfermera Pauline Laurin, la autora documenta la creación y organización de los Servicios de Salud en la región durante los años cincuenta y explora, desde la perspectiva de las enfermeras, la gestión de las epidemias de tuberculosis y los diversos medios utilizados por los Servicios para llegar a los Innu.
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Yona koxi isin : résilience thérapeutique autour de la COVID-19 chez les Shipibo de San Francisco (Amazonie péruvienne)
Doriane Slaghenauffi
pp. 87–95
AbstractFR:
La communauté autochtone shipibo-konibo de San Francisco de Yarinacocha a été particulièrement affectée par le SARS-CoV-2 en 2020. Ceci s’expliquerait par une dégradation de l’état sanitaire de ses habitants – dont certains souffrent d’une série de comorbidités – suite au passage rapide d’une économie d’autosubsistance fondée sur l’abondance, à une monétarisation de l’économie locale marquée par un phénomène de paupérisation et de restriction alimentaire. L’élaboration, dans la gestion de la COVID-19, de politiques de santé valorisant une automédication en accord avec les représentations nosologiques locales, principalement fondée sur l’usage de la pharmacopée autochtone, aurait cependant contribué à la revitalisation des liens étroits qui unissent traditionnellement cette société au monde végétal. La présentation de ce corpus thérapeutique en tant que « médecine shipibo » agirait dès lors comme une affirmation identitaire aux prises avec des revendications économiques, culturelles et politiques.
EN:
The Shipibo-Konibo native community of San Francisco de Yarinacocha was particularly affected by SARS-CoV-2 in 2020. This is explained by a deterioration in the health status of its inhabitants – some of whom suffer from a range of co-morbidities – following the rapid transition from a self-subsistence economy based on abundance to a monetisation of the local economy marked by impoverishment and food restriction. The development of health policies in the management of COVID-19 that promote self-medication in accordance with local nosological representations, mainly based on the use of the indigenous pharmacopoeia, would however have contributed to the revitalization of the close links that traditionally unite this society with the plant world. The presentation of this therapeutic corpus as ‘Shipibo medicine’ would therefore act as an affirmation of identity in the face of economic, cultural and political demands.
ES:
La comunidad indígena Shipibo-Konibo de San Francisco de Yarinacocha se vio particularmente afectada por el SARS-CoV-2 en 2020. Esto se explica por el deterioro del estado de salud de sus habitantes − algunos de los cuales padecen una serie de comorbilidades − tras la rápida transición de una economía de autosubsistencia basada en la abundancia, a una monetización de la economía local marcada por el empobrecimiento y la restricción alimentaria. Sin embargo, el desarrollo de políticas sanitarias en la gestión del COVID-19 que promuevan la automedicación de acuerdo con las representaciones nosológicas locales, basadas principalmente en el uso de la farmacopea indígena, habría contribuido a revitalizar los estrechos vínculos que tradicionalmente unen a esta sociedad con el mundo vegetal. La presentación de este corpus terapéutico como «medicina shipibo» actuaría, pues, como una afirmación de identidad frente a las exigencias económicas, culturales y políticas.
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Approche agriculturelle de la souveraineté alimentaire à Opitciwan
Émilie Parent, Geneviève Beaulieu, Augustine Charbonneau, Sylvie Courchesne, Audrey Roy, Isabelle Touchette and Sophie Laniel
pp. 97–111
AbstractFR:
Obedjiwan (Opitciwan), une communauté Atikamekw de la Haute-Mauricie, travaille à poser les bases d’un système alimentaire territorialisé grâce à l’agriculture. Une collaboration entre la communauté d’Obedjiwan et le CISA a été mise en place afin de développer un modèle de souveraineté alimentaire reposant sur les traits culturels des Atikamekw. Sept espaces d’expérimentation en jardinage ont été cocréés avec la communauté et une recherche sur les besoins en agroalimentaire a été réalisée. La collaboration entre la communauté et le CISA a permis la consolidation des projets malgré la crise mondiale de la COVID-19. Le savoir-faire s’est développé au fil des mois. Nos constats sont que la saisonnalité, la relation au territoire et le sentiment de bien-être influencent considérablement la participation aux projets. Du même coup, le succès du projet a été favorisé par un ensemble de relations sociales positives entre les participants eux-mêmes et les chercheurs du CISA.
EN:
Obedjiwan (Opitciwan), an Atikamekw community in Upper Mauricie, is working to lay the foundations for a territorialized food system through agriculture. A collaboration between the Obedjiwan community and CISA has been established to develop a model of food sovereignty based on the cultural traits of the Atikamekw. Seven gardening experimentation spaces were co-created with the community and research on agri-food needs was carried out. The collaboration between the community and CISA has enabled the consolidation of projects despite the global crisis of COVID-19. The expertise has grown over the months. Our findings are that seasonality, the relationship to the territory and the sense of well-being greatly influence participation in projects. At the same time, the success of the project was fostered by a set of positive relationships between the participants themselves and the CISA researchers.
ES:
Obedjiwan (Opitciwan), una comunidad Atikamekw de la región de Haute-Mauricie, trabaja para sentar las bases de un sistema alimentario territorializado a través de la agricultura. Se ha establecido una colaboración entre la comunidad de Obedjiwan y el CISA para desarrollar un modelo de soberanía alimentaria basado en los rasgos culturales Atikamekw. Se crearon siete espacios experimentales de jardinería junto con la comunidad y se realizaron investigaciones sobre las necesidades agroalimentarias. La colaboración entre la comunidad y el CISA ha permitido consolidar los proyectos a pesar de la crisis global del COVID-19. El saber-hacer se desarrolló a lo largo de los meses. Nuestras conclusiones son que la estacionalidad, la relación con el territorio y el sentimiento de bienestar influyen considerablemente en la participación en los proyectos. Al mismo tiempo, el éxito del proyecto se vio favorecido por un conjunto de relaciones sociales positivas entre los propios participantes y los investigadores del CISA.
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Miner à tout prix : discours sur l’extraction minière en territoires autochtones durant la COVID-19
Louise Nachet and Sabrina Bourgeois
pp. 113–123
AbstractFR:
Cet article propose d’explorer les relations entre les gouvernements, l’industrie minière et les Autochtones lors de la crise sanitaire de la COVID-19 au Canada afin d’identifier quelle est la place accordée aux préoccupations autochtones dans le discours des entreprises et des gouvernements durant les premiers mois de la pandémie de la COVID-19. Les positions des acteurs et les cadres discursifs qu’ils ont déployés au cours de l’année 2020 ont été identifiés et analysés à travers une revue de littérature narrative. Les résultats de cette analyse suggèrent la formation d’une coalition discursive entre les gouvernements et l’industrie minière lui permettant de se placer en acteur incontournable de la relance économique ; et la marginalisation relative des revendications et perspectives autochtones.
EN:
This paper seeks to explore the relationship between governments, the mining industry and Indigenous Peoples during the COVID-19 health crisis in Canada in order to identify the place given to Indigenous concerns in the conversations of companies and governments during the first months of the COVID-19 pandemic. The positions of the actors and the discourse coalition frameworks they deployed during the year 2020 were identified and analyzed through a narrative literature review. The results of this analysis suggest the formation of a discursive coalition between governments and the mining industry, allowing it to position itself as a key actor in the economic recovery; and highlights the relative marginalization of Indigenous claims and perspectives.
ES:
Este artículo explora la relación entre los gobiernos, la industria minera y los pueblos indígenas durante la crisis sanitaria del COVID-19 en Canadá, con el fin de identificar el lugar otorgado a las preocupaciones indígenas en el discurso de empresas y gobiernos durante los primeros meses de la pandemia del COVID-19. Las posiciones de los actores y los marcos discursivos que desplegaron durante el año 2020 se identificaron y analizaron mediante una revisión bibliográfica narrativa. Los resultados de este análisis sugieren la formación de una coalición discursiva entre los gobiernos y la industria minera, que le permite posicionarse como actor clave en la recuperación económica; y la relativa marginación de las reivindicaciones y perspectivas indígenas.
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Les peuples autochtones et l’Organisation des Nations unies au temps de la Covid-19 : entre baisse de la participation et nouvelles formes de solidarité
Elisa Tripotin
pp. 125–131
AbstractFR:
La pandémie de coronavirus a largement influencé la participation des peuples autochtones au sein de l’Organisation des Nations Unies. Les sessions de l’Instance permanente sur les questions autochtones ont alors eu lieu à distance, ce qui a fortement diminué la participation des organisations autochtones au profit des États membres en 2021. Des obstacles technologiques mais aussi d’ordres organisationnels ont rendu difficile l’intervention de nombreux Autochtones. Pourtant cette baisse de la participation ne s’est pas traduite par un déclin de la mobilisation. Au contraire, les peuples autochtones dans le monde entier sont parvenus à contourner les difficultés afin de développer leurs réseaux et renforcer leur action. Ainsi, on peut voir apparaître de nouvelles formes de solidarité au sein des populations, que ce soit grâce à l’usage du numérique − qui augmente la visibilité sur les problématiques autochtones − ou par la mise en place d’actions plus locales.
EN:
The coronavirus pandemic has greatly influenced the participation of Indigenous Peoples in the United Nations. The sessions of the Permanent Forum on Indigenous Issues were held virtually, which notably reduced in 2021 the participation of Indigenous organizations in favour of member states due to technological and organizational barriers. However, this decline in participation did not translate into a decline in mobilization. On the contrary, Indigenous Peoples around the world have managed to overcome these pandemic related obstacles to develop their networks and strengthen their actions. Thus, we can see new forms of solidarity developing within populations, through use of digital technology, which increases the visibility of Indigenous issues or by implementing more local undertakings.
ES:
La pandemia de coronavirus ha influido enormemente en la participación de los pueblos indígenas en la Organización de las Naciones Unidas. Las sesiones del Foro Permanente para las Cuestiones Indígenas se celebraron a distancia, lo que redujo enormemente la participación de las organizaciones indígenas en favor de los Estados miembros en 2021. Las barreras tecnológicas y organizativas han dificultado la intervención de muchos pueblos indígenas. Sin embargo, esta disminución de la participación no se tradujo en un descenso de la movilización. Al contrario, los pueblos indígenas de todo el mundo han sabido superar las dificultades con el fin de desarrollar sus redes y reforzar su acción. Así, están surgiendo nuevas formas de solidaridad entre las poblaciones, ya sea mediante el uso de la tecnología digital – que aumenta la visibilidad de las cuestiones indígenas – o mediante la puesta en marcha de acciones más locales.
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Quand le terrain se déplace en ligne : incursion dans la recherche ethnographique en confinement (COVID-19) avec des Témoins de Jéhovah anishinabeg
Arnaud Simard-Émond
pp. 133–144
AbstractFR:
L’éclosion de la pandémie de COVID-19 et les mesures mises en place pour y faire face se sont répercutées dans presque tous les aspects de nos sociétés ; la recherche ethnographique comprise, comme pour la plupart des groupes religieux. Les Témoins de Jéhovah de la congrégation anglophone de la vallée de la Gatineau (Maniwaki) ont en effet dû s’ajuster rapidement à ces nouvelles mesures, de la même façon que le chercheur menant un terrain ethnographique avec ce groupe religieux. Après avoir contextualisé cette recherche, je traite des conséquences de la COVID-19 pour les Témoins de Jéhovah anishinabeg, avant de proposer une courte réflexion sur les répercussions de la pandémie sur mon terrain en ligne. Si la recherche ethnographique peut toujours être possible au temps du coronavirus ‒ selon le contexte ‒, elle a demandé, dans mon cas, plusieurs ajustements ; parfois avantageux, souvent restrictifs.
EN:
The outbreak of the COVID-19 pandemic and the measures put in place to counter it have reverberated in almost every aspect of our societies, ethnographic research included, and for most religious groups. The English-speaking Jehovah’s Witnesses congregation of Gatineau Valley (Maniwaki) had to quickly adjust to these new measures, in the same way as the researcher did conducting a study with this religious group. After contextualizing this research, I discuss the consequences of COVID-19 for Anishinabeg Jehovah’s Witnesses, before proposing a brief reflection on the repercussions of the pandemic on my online fieldwork. If ethnographic research may still be possible in coronavirus time ‒ depending on the context ‒ it required, in my case, several adjustments: sometimes advantageous, often restrictive.
ES:
El estallido de la pandemia de COVID-19 y las medidas puestas en marcha para hacerle frente han tenido repercusiones en casi todos los aspectos de nuestras sociedades; la investigación etnográfica incluida, como también para la mayoría de los grupos religiosos. Los Testigos de Jehová de la congregación anglófona del valle de Gatineau (Maniwaki) tuvieron que adaptarse rápidamente a estas nuevas medidas, al igual que el investigador que llevaba a cabo un trabajo de campo etnográfico con este grupo religioso. Tras contextualizar esta investigación, discuto las consecuencias del COVID-19 para los Testigos de Jehová Anishinabeg, antes de ofrecer una breve reflexión sobre las repercusiones de la pandemia en mi trabajo de campo en línea. Aunque la investigación etnográfica puede seguir siendo posible en la época del coronavirus – dependiendo del contexto –, en mi caso requirió varios ajustes; a veces beneficiosos, a menudo restrictivos.
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Blood Quantum : entre métaphore historique et critique sociale visionnaire, une réponse artistique au trauma colonial
Sophie Gergaud
pp. 145–158
AbstractFR:
Aux abords de la réserve fictive de Red Crow, les morts reviennent subitement à la vie. Seule la population autochtone semble immunisée contre l’épidémie et doit gérer la vague d’individus réfugiés blancs souhaitant se mettre à l’abri. Quand, au début des années 2010, le réalisateur mi’gmaq Jeff Barnaby imagine ce scénario, il est loin de penser que son film Blood Quantum sera tristement d’actualité lors de sa sortie prévue en mars 2020. S’il respecte les codes classiques du film d’horreur, derrière son apparence de pur divertissement, Blood Quantum insuffle également un sous-texte historique qui invite le public à interroger les relations tumultueuses du Canada envers les peuples autochtones depuis la colonisation. D’une réponse aux pandémies – passées, présentes et futures –, Blood Quantum devient alors une puissante métaphore historique assortie d’une critique environnementale et sociale plus globale dont l’onde de choc, dans le contexte actuel, peut atteindre tout le monde.
EN:
On the outskirts of the fictional reserve of Red Crow, the dead are suddenly coming back to life. While Indigenous People seem immune to the epidemic, they must deal with a wave of White refugees seeking shelter. When, in the early 2010s, Mi’kmaq director Jeff Barnaby started working on this scenario, he was far from imagining that his film Blood Quantum would be a highly topical matter upon its release scheduled in March 2020. If it respects the codes of the classic horror film genre, behind the pure entertainment Blood Quantum also infuses a historical subtext that invites audiences to question Canada’s tumultuous relationship with Indigenous Peoples since colonization. From a response to pandemics – past, present and future –, Blood Quantum has become a powerful historical metaphor coupled with a more global environmental and social critique whose shock waves, in the current context, can reach everyone.
ES:
En las afueras de la reserva ficticia de Red Crow, los muertos vuelven repentinamente a la vida. Sólo la población indígena parece inmune a la epidemia y debe hacer frente a la oleada de refugiados blancos que buscan seguridad. Cuando el director Mi’gmaq Jeff Barnaby imaginó este escenario a principios de la década de 2010, no tenía ni idea de que su película Blood Quantum sería tristemente actual cuando se estrenara en marzo de 2020. Aunque respeta los códigos clásicos del cine de terror, tras su apariencia de puro entretenimiento, Blood Quantum también infunde un subtexto histórico que invita al público a cuestionarse la tumultuosa relación de Canadá con los pueblos indígenas desde la colonización. A partir de una respuesta a las pandemias –pasadas, presentes y futuras– Blood Quantum se convierte en una poderosa metáfora histórica con una crítica medioambiental y social más global cuya onda expansiva, en el contexto actual, puede llegar a todo el mundo.
Hors thème
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Des images contre des fourrures : les débuts de la lanterne magique chez les Autochtones en Nouvelle-France (1683-1763)
Germain Lacasse
pp. 159–169
AbstractFR:
Les représentations coloniales des Autochtones au cinéma ont été étudiées et critiquées depuis longtemps. Cette relation souvent discriminante avec les images projetées fut cependant amorcée deux siècles avant le cinéma, au tournant du XVIIIe siècle. La lanterne magique, inventée en 1659, parvint rapidement en Amérique du Nord où elle fut employée pour impressionner les gens des Premières Nations, afin de stimuler leur intérêt pour le commerce des « pelleteries » et leur coopération avec les Européens, Français et Anglais. Une recherche en cours sur l’histoire de la lanterne magique a permis de documenter les rencontres initiales entre les Premières Nations et cet appareil, qui servit très tôt à altérer leur identité et celle du territoire où ils vivaient.
EN:
Colonial representations of Indigenous Peoples in cinema have been studied and criticized for a long time. This discriminatory relationship with projected images was however initiated two centuries before the cinema, at the turn of the 18th century. The magic lantern, invented in 1659, quickly reached North America where it was used to impress the people of the First Nations in order to stimulate their interest in the «fur trade» and their cooperation with Europeans, French and English. Ongoing research into the history of the magic lantern has documented the initial encounters between the First Nations and this device, which early on served to alter their identity and that of the land on which they lived.
ES:
Las representaciones coloniales de los indígenas en el cine se han estudiado y criticado durante mucho tiempo. Sin embargo, esta relación, a menudo discriminatoria, con las imágenes proyectadas, comenzó dos siglos antes del cine, a principios del siglo XVIII. La linterna mágica, inventada en 1659, llegó rápidamente a Norteamérica, donde se utilizó para impresionar a los pueblos de las Primeras Naciones, con el fin de estimular su interés por el comercio de pieles y su cooperación con los europeos, franceses e ingleses. Una investigación en curso sobre la historia de la linterna mágica ha documentado los primeros encuentros entre las Primeras Naciones y este aparato, que se utilizó tempranamente para alterar su identidad y la del territorio en el que vivían.
Réflexion
Comptes rendus
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Devoir de mémoire : Perspectives sociales et théoriques sur la vérité, la justice et la réconciliation dans les Amériques, Leila Celis et Martin Hébert (dir.), 2020. Presses de l’Université Laval, Québec, 232 p.
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The Land We Are : Artists and Writers Unsettle the Politics of Reconciliation, Gabrielle L’Hirondelle Hill et Sophie McCall (dir.), 2015. ARP Books, Winnipeg, 227p.
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L’inconstance de l’âme sauvage, Eduardo Viveiros de Castro, 2020. Labor et Fides, Genève, 173 p.
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Kateri Tekahkwitha : Traverser le miroir colonial, Jean-François Roussel. Les Presses de l’Université de Montréal, Montréal, 2022, 228 p.