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Cet article met en évidence la contribution des coutumes et des pratiques diola de la Basse Casamance dans la conservation de la mangrove et une résilience aux changements climatiques. La conservation des paysages de mangrove et la résilience aux changements climatiques sont devenues des préoccupations majeures pour les acteurs de l’environnement. Presque partout dans le monde, la mangrove se dégrade (FAO 2007). Au Sénégal, notamment en Basse Casamance, elle a connu une régression spectaculaire durant la période sèche (1970-1990), à cause d’une salinisation croissante des eaux du fleuve et des sols (Cormier-Salem 1992; Marut 2010). En effet, le changement climatique a introduit une menace plus importante dans la zone littorale casamançaise avec l’érosion des côtes, la raréfaction des ressources, la dégradation des écosystèmes littoraux et les conflits sociaux de plus en plus aigus. Avec toutes ces nuisances, les milieux côtiers, notamment la mangrove et ses ressources, sont profondément fragilisés accentuant leur vulnérabilité. Ainsi, même si une timide régénération naturelle de la mangrove est observée depuis les années 2000 à la faveur d’une pluviométrie plus favorable et des reboisements, il reste encore des poches de dégradation (Cormier-Salem 2015).
Néanmoins, en dépit de cette apparente dégradation, les communautés diola, par leurs comportements fondés sur leurs valeurs sociétales, ont favorisé la conservation de certains espaces de mangrove. Cela à travers leurs activités traditionnelles et cultuelles limitant l’accès à des sites décrétés sacrés. Ces espaces régis par des règles strictes constituent des modes de régulations sociales traditionnelles. Ils font partie ainsi des sites les moins soumis aux phénomènes de dégradation.