Volume 40, numéro 1 (118), automne 2014 Daniel Danis Sous la direction de Gilbert David
Sommaire (23 articles)
Dossier
-
Daniel Danis. Imaginer des mondes, réinventer le drame
-
Entretien avec Daniel Danis
-
Images de la production scénique des écritures de Daniel Danis
-
Inédit : Dernier demain
-
Aux origines du théâtre de Daniel Danis : mythes de destruction et de création, rites et magie
Hervé Guay
p. 45–55
RésuméFR :
Dans cet article, l’auteur s’intéresse au caractère syncrétique des mythes que convoque Daniel Danis dans plusieurs pièces et qui puisent à plusieurs sources : entre autres, la Bible et le christianisme, l’hindouisme, le judaïsme et la spiritualité amérindienne. Au-delà de ce foisonnement, l’analyse discerne dans cette dramaturgie deux grandes structures mythiques, la création et la destruction, dont l’interaction dynamise les relations entre les groupes et entre les personnages. Ces mythes, fondateurs si l’on veut, sont à leur tour inséparables de la ritualisation de la fable où se manifestent quantité de rituels et plusieurs recours à la magie, voire au surnaturel.
EN :
In this article, the author focuses on the syncretic character of the myths that Daniel Danis uses in several plays and that draw on several sources including the Bible and Christianity, Hinduism, Judaism and Amerindian spirituality. Beyond this profusion, analysis finds in Danis’s dramaturgy two great mythical structures—creation and destruction—whose interaction energizes the relations between groups and between characters. These, which might be called founding myths, are in turn inseparable from the ritualization of the fable in which many rituals, and a number of recourses to magic or even the supernatural, are seen to occur.
ES :
En este artículo, el autor se interesa por el carácter sincrético de los mitos a los que convoca Daniel Danis en varias de sus obras y que se alimentan en fuentes diversas, y entre otras en la Biblia y el cristianismo, el hinduismo, el judaísmo y la espiritualidad amerindia. Más allá de esta abundancia, el análisis discierne en esta dramaturgia dos grandes estructuras míticas, la creación y la destrucción, cuya interacción dinamiza las relaciones entre los grupos y entre los personajes. Dichos mitos, digamos fundadores, son a su vez inseparables de la ritualización de la fábula donde se manifiestan una gran cantidad de rituales y varios recursos a la magia, incluso a lo sobrenatural.
-
L’infléchissement parabolique dans Le chant du Dire-Dire de Daniel Danis
Geneviève Brousseau Rivet et Gilbert David
p. 57–70
RésuméFR :
Le présent article déplie les différentes strates du récit dramatique où s’entremêlent récit de vie et témoignages des trois frères Durant au fil d’une étourdissante suite de péripéties, ce qui conduit à en dégager une double vision parabolique qui scelle finalement le statut métadramatique de l’oeuvre, ouverte dès lors à une interprétation sans fin. Outre à cette dimension autotélique, il faut certainement accorder de l’intérêt à la posture paratopique de l’auteur, qui prend ses distances à l’égard de la naturalisation du verbe dans le champ théâtral québécois, tout en y allant de ses propres images verbales et de ses néologismes qui relèvent d’un procédé d’« étrangéisation ».
EN :
This article unfolds the various strata of the dramatic narrative in which the life stories and personal accounts of the three Durant brothers are entwined as part of a rocambolesque series of incidents. This leads to the disclosure of a double parabolic vision that eventually confirms the metadramatic status of the work and the fact that it is open to endless interpretation. To this autotelic dimension must be added the paratopic posture of the author, who establishes his distance from the naturalization of the word in the field of drama in Québec, while using his own verbal images and neologisms as a technique to “make strange”.
ES :
El presente artículo despliega los diversos estratos del relato dramático en el cual se entremezclan relato de vida y testimonios de los tres hermanos Durant a lo largo de una asombrosa sucesión de peripecias, lo cual conduce a extraer de ello una doble visión parabólica que sella finalmente el estatus metadramático de la obra, abierta desde entonces a una interpretación sin fin. A esta dimensión autotélica, hay que otorgar sin duda interés a la postura paratópica del autor, que se mantiene a distancia con respecto a la naturalización del verbo en el campo teatral quebequense, a la vez que usa sus propias imágenes verbales y sus neologismos que dependen de un procedimiento de “extranjerización”.
-
Le corps du roman : e. Roman-dit de Daniel Danis
Audrey Camus
p. 71–80
RésuméFR :
Dans cet article, l’auteure s’attarde à la romanisation du texte de théâtre à partir de la célèbre notion de Mikhaïl Bakhtine concernant la contamination des autres genres littéraires par le roman. L’analyse relève la nature composite du matériau narratif par le recours à l’épopée, au conte et à la chanson de geste, mais davantage en tant que résurgence contemporaine de la ménippée ou du comique sérieux. S’ensuit alors l’examen de l’hybridation de l’oralité et de la littérarité dans l’écriture, mais aussi des tons — tantôt trivial, tantôt solennel — et des matériaux, dont ceux tirés des rêves ou des arts visuels. Cette esthétique du mélange est l’orientation formelle donnée par Danis à l’histoire d’un peuple métissé dont les errances témoignent justement de la recherche d’un lieu autre pour parler du monde actuel.
EN :
In this article, the author starts from Mikhail Bakhtin’s famous statement that other literary genres are contaminated by the novel to focus on the novelization of the dramatic text. Analysis reveals the composite character of the narrative material with its use of epic, tale and chanson de geste, but especially with the contemporary resurgence of Menippean satire and the serio-comic. The author then examines the hybridization of orality and literariness in the writing, but also of tones—sometimes trivial, sometimes solemn—and materials, including those taken from dreams or the visual arts. This aesthetics of mixing is the formal orientation given by Danis to the story of a culturally and ethnically mixed people whose wanderings, in point of fact, reflect the search for another location in which to speak of the existing world.
ES :
En este artículo, la autora se detiene en la romanización del texto teatral a partir de la célebre noción de Mijaíl Bajtín relativa a la contaminación de los demás géneros literarios por la novela. El análisis señala la índole compleja del material narrativo recurriendo a la epopeya, al cuento y al cantar de gesta, pero aún más como resurgencia contemporánea de la menipea o del cómico serio. Viene luego el examen de la hibridación de la oralidad y la literaridad en la escritura, pero también de los tonos –a veces trivial, y otras solemne– y de los materiales, en particular los que se sacan de los sueños y las artes visuales. Esta estética de la mezcla es la orientación formal dada por Danis a la historia de un pueblo mestizado cuyos vagabundeos muestran precisamente la búsqueda de un lugar distinto para hablar del mundo actual.
-
La validation du récit par la poétique de la parole dans le théâtre de Daniel Danis
Jean-Pierre Ryngaert
p. 81–91
RésuméFR :
Dans cet article, l’auteur cherche à cerner en quoi l’accumulation d’épisodes, souvent violents, dans le théâtre de Danis se trouve à prendre le contrepied des usages dominants des « raconteurs d’histoires » dans l’espace public contemporain. Raconter ne suffit pas, encore faut-il savoir jouer des modalités énonciatives que l’acte de parler libère chez le locuteur danisien. Cette poétique de la parole est certes marquée par le Gestus de la comparution, du témoignage d’après les faits — temporalité dans l’après-coup et responsabilité de dire le vrai —, mais aussi par la vivacité émotionnelle de la mise en confidence et du commentaire, à même un dispositif apte à faire du spectateur un partenaire du choeur des parleurs. Là est l’originalité de cette choralité à la fois intime et publique, objectivante et parfaitement subjective.
EN :
In this article, the author attempts to understand how the accumulation of often violent episodes in the drama of Danis is the exact opposite of the dominant habits of “storytellers” in contemporary public space. Storytelling is not enough: it is also necessary to know how to play with the utterance modalities that the act of speaking releases in Danis’s speakers. This poetics of speaking is certainly marked by the Gestus of appearance (in the sense of appearing in court), of providing an account based on the facts (with a temporality located after the fact and a responsibility to tell the truth), but also by the emotional vivacity with which a confidential atmosphere is created, as part of a system designed to make the spectator into a partner of the chorus of speakers. This is the originality of a chorality that is both intimate and public, objectifying and perfectly subjective.
ES :
En este artículo, el autor trata de delimitar en qué la acumulación de episodios, muchas veces violentos en el teatro de Danis, se opone a los usos dominantes de los ‘contadores de historias’ en el espacio público contemporáneo. No basta con relatar, también hay que saber jugar con las modalidades enunciativas que el acto de hablar libera en el locutor de Danis. Claro que esta poética de la palabra está marcada por el Gestus de la comparecencia, del testimonio después de los hechos –temporalidad a destiempo y responsabilidad de decir la verdad–, pero también por la vivacidad emocional de las confidencias y el comentario, dentro de un dispositivo capaz de transformar al espectador en copartícipe del coro de habladores. En ello está la originalidad de esta coralidad a la vez íntima y pública, objetiva y perfectamente subjetiva.
-
Kiwi de Daniel Danis ou le vacillement des frontières
Joseph Danan
p. 93–101
RésuméFR :
L’auteur considère quatre façons qu’a Danis de se jouer des catégories habituelles de la dramaturgie jeune public. Il explore d’abord la porosité entre théâtre et roman, qui débouche sur un traitement singulier de l’image et d’une temporalité aux contours flous. Puis, il s’attarde à la prise en charge par l’auteur de l’écriture scénique de son texte, avènement qui annonce une période d’expérimentation du côté de la performance. Il examine ensuite le tabou qui concerne les sujets légitimes dans le théâtre jeune public, et plus précisément la question de la sexualité des personnages, que Danis aborde avec franchise et délicatesse. Enfin, l’auteur porte son attention sur le déplacement d’une dramaturgie danisienne fortement enracinée dans le territoire québécois vers l’exploration de tous les ailleurs, où se manifestent notamment les violences faites aux jeunes.
EN :
The author considers four ways in which Danis plays with the habitual categories of theatre for young audiences. First, he examines the porosity between play and novel, which leads to a peculiar way of handling images and a temporality with blurry outlines. Then, he looks at the way Danis takes charge of the theatrical writing of his text, a move that opens a period of experiments with performance. He then examines the taboo on legitimate subjects for theatre for young audiences, or, more specifically, the characters’ sexuality, which Danis handles with delicacy and frankness. Finally, the author focuses on Danis’s shift from a dramaturgy deeply rooted in Québec territory to an exploration of other places—places where, among other things, violence is inflicted on young people.
ES :
El autor considera cuatro maneras que tiene Danis de burlarse de las categorías habituales de la dramaturgia para un público joven. Ante todo, explora la porosidad entre teatro y novela, que desemboca en un tratamiento singular de la imagen y una temporalidad con contornos borrosos. Luego se detiene, al hacerse cargo el autor de la escritura escénica de su texto, advenimiento que anuncia un periodo de experimentación relativa a la prestación. Más adelante, examina el tabú de los temas legítimos en el teatro para un público joven, y más precisamente la cuestión de la sexualidad de los personajes, que Danis aborda con franqueza y delicadeza. Por último, el autor centra su atención en el desplazamiento de una dramaturgia ‘danisiana’, muy arraigada en el territorio quebequense hacia la exploración de todos los demás lugares, donde se manifiesta la violencia hacia los jóvenes, entre otras cosas.
-
Dans le « liquide du récit » : Daniel Danis, écrivain scénique
Marie-Christine Lesage
p. 103–112
RésuméFR :
Daniel Danis, après une série impressionnante de pièces tout au long de la décennie 1993-2003, amorce un virage majeur au milieu des années 2000 en poursuivant un programme exploratoire de formes scéniques audacieuses et souvent déroutantes. L’analyse, ici, porte sur le contexte théâtral au seuil du nouveau millénaire et sur le devenir scénique d’un auteur dramatique dès lors qu’il prend les commandes du plateau. C’est le statut même du texte qui s’en trouve relativisé — mais non évacué —, alors que s’offre à l’écrivain de plateau plusieurs langages, notamment audiovisuel et scénographique, sans oublier la gestuelle et la profération des acteurs, pour ne pas dire des performeurs. Émerge ainsi un imaginaire radicalement sensoriel, qui renonce à élaborer une fable pleine au profit d’un paysage mental, livré aux associations libres du spectateur.
EN :
After an impressive series of plays written over the ten years from 1993 to 2003, Daniel Danis took a turn in a new direction in the middle of the 2000s as he explored bold and often disconcerting stage forms. The analysis here focuses on the context for dramatic work at the beginning of the new millennium and the stage development of a playwright when he takes charge of the stage. The importance of the text is not evacuated, but its status does shift and become relative as the stage writer is offered several languages—including an audiovisual and a scenographic language—as well as the gestures and utterances of actors (performers is perhaps a better word). Thus we see the emergence of a radically sensorial imaginary world which renounces the development of a full story, choosing rather a mental landscape open to the spectator’s free associations.
ES :
Daniel Danis, tras una serie impresionante de obras durante toda la década de 1993-2003, inicia un importante viraje a mediados de los años 2000, prosiguiendo un programa exploratorio de formas escénicas osadas y con frecuencia desconcertantes. Aquí, el análisis se refiere al contexto teatral a las puertas del nuevo milenio y al devenir escénico de un autor dramático en cuanto toma los mandos del escenario. Entonces, es el estatus mismo del texto el que se relativiza –pero no se evacua– cuando se ofrecen al escritor de escena diversos lenguajes, sobre todo audiovisual y escenográfico, sin olvidar lo gestual y la proferición de los actores, por no decir de los que destacan. Así pues, emerge un imaginario radicalmente sensorial, que renuncia a elaborar una fábula completa en beneficio de un paisaje mental, entregado a las libres asociaciones del espectador.
-
Un désir de refondation : formes de socialité dans l’oeuvre dramatique de Daniel Danis
Yves Jubinville
p. 113–123
RésuméFR :
L’auteur réfléchit ici aux tenants et aboutissants du « vivre-ensemble » dans plusieurs oeuvres de Danis. L’analyse fait travailler des notions empruntées à la sociologie et à l’anthropologie afin de tester quelques hypothèses touchant la référence aux origines ensauvagées du monde danisien — sans pour autant y voir un passé érigé en mythe fondateur —, mais renvoyant aussi aux tensions qui affectent ses membres volontiers en rupture de ban dans leurs rapports avec les représentants de l’autorité et de la bien-pensance. Ce faisant, le théâtre de Danis exposerait des mondes livrés à la logique de dissolution du « commun », mais en même temps animés par des mouvements de résistance et, en dernière instance, à la recherche d’une communauté réinventée en mesure de se dresser face à la société administrée. C’est de là, peut-on penser, qu’émane la volonté affichée dans cette dramaturgie de privilégier les figures marginales et métissées dans la reconquête, jamais acquise mais toujours espérée, d’une liberté pour tous — visée utopique qui se nourrit de questionnements multiples sur la modernisation rapide de la société canadienne-française, en exhumant les traces de ce que ses agents ont pu refouler.
EN :
The author considers the ins and outs of cultural coexistence (vivre-ensemble) in several of Danis’s works. Analysis uses several notions borrowed from sociology and anthropology in order to test hypotheses about the reference to wild (ensauvagées) origins in the Danisian world. This reference is not seen as a way of making the past into a founding myth, and attention is paid to the tensions that affect the denizens of this world who are frequently at odds with representatives of authority and right-thinking people. In this way, Danis might be seen as presenting worlds that are subject to a process of disintegration of what is “common”, but at the same time given life by resistance movements and, in the last instance, by the search for a reinvented community able to stand up and face the administered society. This may be viewed as the origin, in Danis’s plays, of the commitment to give priority to marginal and hybrid figures in the never guaranteed, but always hoped for, reconquest of freedom for all. This utopian aim is nourished by multiple interrogations about the rapid modernization of French Canadian society as Danis unearths the traces of what its agents may have repressed.
ES :
El autor inicia una reflexión sobre los pormenores de la “convivencia” en varias obras del autor. El análisis permite estudiar diferentes nociones extraídas de la sociología y la antropología, a fin de probar algunas hipótesis relativas a la referencia a los orígenes asilvestrados del mundo de Danis –sin ver en ello un pasado erigido en mito fundador–, pero remitiéndose también a las tensiones que afectan a sus miembros, al distanciarse estos de buen grado en sus relaciones con los representantes de la autoridad y el conformismo. De esta forma, el teatro de Danis mostraría mundos entregados a la lógica de disolución de “lo común”, pero al mismo tiempo animados por movimientos de resistencia y, en última instancia, a la búsqueda de una comunidad reinventada en condiciones de erigirse frente a la sociedad administrada. Se puede pensar que de allí emana el deseo mostrado en esta dramaturgia de privilegiar las figuras marginales y mestizadas en la reconquista, nunca lograda pero siempre esperada, de una libertad para todos –objetivo utópico que se alimenta en cuestionamientos múltiples sobre la modernización rápida de la sociedad canadiense francesa, exhumando los rasgos de lo que sus agentes hayan podido rechazar…
-
Bibliographie de Daniel Danis
Étude
-
Oiseaux migrateurs : l’expérience exilique chez Kim Thúy et Linda Lê
Ching Selao
p. 149–164
RésuméFR :
Kim Thúy et Linda Lê sont toutes deux d’origine vietnamienne, l’une est québécoise et l’autre française. Si les deux auteures ont en commun d’avoir vécu l’expérience singulière des boat people, la représentation de l’exil dans les écrits de chacune diffère considérablement. Dans Ru, Kim Thúy présente l’immigration comme une renaissance, comme la réalisation du « rêve américain », alors que l’exil est dans l’oeuvre de Linda Lê l’expression d’une perte irréparable. Cet article propose d’explorer les différents points de vue sur l’expérience exilique et l’intégration tels qu’on les retrouve dans le premier livre de Kim Thúy, qui semble avoir un parti pris pour le bonheur, et dans quelques textes de Linda Lê, qualifiée de « professeur de désespoir » par Nancy Huston et d’« écrivain méchant » par Simon Harel. Il s’agira en somme de voir comment le récit de l’une rassure, tandis que l’écriture de l’autre déroute par son intransigeance et son refus du conformisme.
EN :
Kim Thúy and Linda Lê are both of Vietnamese origin; one is Québécoise, the other French. While the two authors share the fact of having lived the unique experience of the boat people, there are great differences in the way each represents exile. In Ru, Kim Thúy presents immigration as a rebirth, the realization of the “American Dream”, while exile in the work of Linda Lê is an expression of irreparable loss. This article proposes to explore the various points of view on the experience of exile and integration found in the first book by Kim Thúy, who seems to have taken a position in favour of happiness, and in a few texts by Linda Lê, described by Nancy Huston as a “professor of despair” and by Simon Harel as a “nasty” writer. We will be looking at the ways in which the one’s narrative is reassuring while the other’s writing is disconcerting in its refusal to compromise or conform.
ES :
Kim Thúy y Linda Lê son de origen vietnamita: la primera es quebequense y la otra francesa. Si bien ambas autoras tienen en común el haber vivido la experiencia singular de los boat people, la representación del exilio en los escritos de cada una de ellas difiere considerablemente. En Ru, Kim Thúy presenta la inmigración como un renacimiento, como la realización del ‘sueño americano’, mientras que, en la obra de Linda Lê, el exilio es la expresión de una pérdida irreparable. Este artículo propone explorar los diferentes puntos de vista sobre la experiencia del exilio y la integración, tales como se encuentra en el primer libro de Kim Thúy, que parece ser partidaria de la felicidad, y en algunos textos de Linda Lê, calificada de ‘profesora de desesperación’ por Nancy Huston y de ‘escritora malvada’ por Simon Harel. En suma, se trata de ver cómo el relato de una de ellas sosiega, mientras que la escritura de la otra desconcierta por su intransigencia y su rechazo al conformismo.