Au départ, en 1995, c’était une initiative du Cirque du Soleil qui voulait développer un programme auprès des jeunes en situation de précarité. Puis le Cirque du Soleil s’est associé à plusieurs organismes sociaux qui travaillaient déjà avec les jeunes en difficulté parce qu’ils avaient l’expertise de « cirque », mais n’avaient pas l’expertise sociale. Donc, de prime abord, l’approche d’intervention était un peu intuitive, c’est-à-dire qu’elle n’était pas développée ou documentée. En s’associant avec les organismes qui travaillent avec les jeunes dont, au départ, l’organisme En marge 12-17, puis, par la suite Dans la rue,Plein milieu et Cactus Montréal, en mixant les expertises, ils sont arrivés au fil du temps à développer une approche puis à la définir. Ainsi, il y a eu le développement d’une approche qu’on appelle une « approche Tandem » qui implique le travail conjoint d’un intervenant social ainsi qu’un artiste ou un instructeur de cirque. À l’époque, en 1995, le projet s’est donc développé d’abord sous la forme de projet partenarial entre le cirque puis ces organismes montréalais. Tranquillement, l’organisme a évolué et puis à Montréal on observe que celui-ci répond clairement à un besoin pour les jeunes. Le projet continue alors à se développer davantage. C’est ainsi qu’une approche simple se développe au sein de laquelle l’idée est d’accueillir des jeunes dans des ateliers de cirque. D’autres volets d’action ont été développés par la suite pour répondre à la réalité spécifique de Montréal. Par exemple, nous avons réalisé à un certain moment qu’on ne rejoignait pas les jeunes qui ne fréquentent pas les organismes ou les jeunes les plus isolés. Nous avons donc décidé de créer un volet axé sur le outreach en mobilisant des travailleurs de rue et des artistes de cirque pour rejoindre les jeunes directement où ils sont. Pour les travailleurs de rue, c’était un nouvel outil qui pouvait faciliter la création de liens. Au sein de ce volet, il y avait aussi l’objectif de valoriser la cohabitation sociale. À l’époque, les liens entre les jeunes et la police n’étaient pas harmonieux. La répression policière à Montréal était beaucoup plus fréquente. Donc c’était une façon non explicite que les jeunes se réapproprient les espaces urbains par le cirque. De projet en projet, l’organisme s’est développé, il y a donc eu le désir de multiplier les partenariats. Un organisme à but non lucratif (OBNL) a été créé : il s’appelle maintenant Cirque Hors Piste. À l’époque, il se nommait Cirque du monde Montréal qui était un programme d’action sociale du Cirque du Soleil ayant des cellules dans différentes villes partout dans le monde. Auparavant, l’organisme était donc la cellule montréalaise de ce programme et s’est ensuite autonomisé en restant partenaire avec le Cirque du Soleil. Ainsi, l’OBNL a été créé en 2011 afin de pouvoir bonifier le développement des activités, pour pouvoir rejoindre davantage de jeunes, puis pour multiplier les partenaires à la fois financiers et communautaires. En 2011, nous voulions nous assurer d’avoir les conditions gagnantes pour être complètement autonomes. Ainsi, de 2011 à 2017, l’administration de l’organisme a été gérée par Cactus Montréal. Tous nos financements passaient donc par cet organisme, mais la gestion était faite de façon autonome par Cirque Hors Piste. Ce détail explique que c’est seulement en 2017, donc très récemment, que nous sommes devenus complètement autonomes comme organisme. Nous sommes à la fois un vieux et un jeune organisme. Vieux en termes d’approche pédagogique que nous avons développée, une approche d’intervention qui existe depuis 1995, mais jeune parce que cela fait deux ans que nous sommes un organisme complètement indépendant. …
Un organisme communautaire montréalais dédié à l’intervention sociale par le cirqueEntrevue avec Karine Lavoie, directrice du Cirque Hors Piste[Notice]
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Pascal Aura
Candidat à la maîtrise en travail social, UQAMLaurence Lamarche
Candidate à la maîtrise en travail social, UQAM