Résumés
Résumé
La disparition politique — qui n’est pas encore un concept pour les sciences dites politiques — est un événement paradoxal : par définition, il n’y aura pas de témoins et les perpétrateurs ne parleront pas. C’est un engloutissement sans traces. Les deux vidéos étudiées de J. Hanono et de F. Menini redoublent le paradoxe parce que l’appareil vidéo, à la différence du cinéma, permet difficilement que le spectateur enchaîne sur l’oeuvre qui enkyste le maintenant d’une phrase-affect (Lyotard). Cette phrase-affect est ce qui subsiste d’un tel vécu traumatique, soit que la vidéaste ait vécu de l’intérieur sa propre disparition, soit qu’elle ait été témoin d’une destruction de masse. L’enjeu de ces vidéos est alors de rejoindre le maintenant passé du trauma, en luttant contre la répétition de la pulsion de mort (Freud) par la mise en place d’une représentation vidéographique.
Abstract
Political disappearance — which is not yet a concept for the so-called political sciences — is a paradoxical event: by definition, there will be no witnesses and the perpetrators will not speak up. It is an engulfment that leaves no traces. The two videos studied here, J. Hanono and F. Menini's, reinforce this paradox because the video device, in contrast to that of cinema, makes it difficult for the spectator to connect with a work that encysts the here and now of a phrase-affect (Lyotard). This phrase-affect is what subsists from a certain traumatic experience, whether the video artist has experienced his/her own disappearance from the inside, or (s)he has witnessed mass destruction. What is at stake in these videos is the attempt to reunite the past here and now of the trauma, while fighting against the repetition of the death drive (Freud) by means of the set-up of a videographic representation.