Volume 48, numéro 2, 2024 Le genre à l’épreuve du sport Gender at the Crossroads of Sport El género a la prueba del deporte Sous la direction de Niko Besnier, Kevin Roşianu et Nicolas Bancel
Sommaire (20 articles)
Présentation / Presentation / Presentación
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De San Francisco (1982) à Paris (2018) : apports de l’histoire du sport gay français à l’anthropologie du corps
Sylvain Ferez et Philippe Liotard
p. 23–42
RésuméFR :
En 1982, Frédéric Baumann est le seul Français à participer aux épreuves sportives des premiers Gay Games de San Francisco. Quatre ans plus tard, il fait partie de la délégation française mise en place par Pascal Bibollet pour assister à la deuxième édition de l’événement. À son retour naît le Comité Gay Paris Île-de-France, un club omnisport à l’origine de la Fédération française de sport gay et lesbien, qui portera la candidature de Paris à l’organisation des Gay Games en 2018. À partir de récits de vie recueillis auprès des principaux acteurs à l’origine du sport LGBT français, lesquels sont couplés aux informations contenues dans les bulletins des structures fédératrices de ce sport et, par ailleurs, dans la presse gay française, l’article montre comment l’histoire de cette communauté sportive et des événements qu’elle organise contribue à une anthropologie du corps en interrogeant les rapports entre genre et performance, mais aussi entre sexualité et maladie, visibilité et invisibilité, au temps du sida. Les résultats éclairent les tensions associées à ce double questionnement, notamment dans la prise en compte des sportives lesbiennes et dans l’inclusion des personnes séropositives au VIH.
EN :
In 1982, Frédéric Baumann was the only Frenchman involved in the first Gay Games in San Francisco. Four years later, he was part of the French delegation set up by Pascal Bibollet to attend the second edition of the event. Upon its return, the Comité Gay Paris Île-de-France was born, a multisport club that was at the origin of the French Gay and Lesbian Sport Federation, which will carry the candidacy of Paris for the 2018 Gay Games. Based on the life stories collected from the main actors at the origin of French LGBT sport, coupled with information contained in the newsletters of the federating structures of this sport and in the French gay press, the paper shows how the history of this sporting community and of the events that it organizes contributes to the anthropology of the body by questioning connections between gender and performance, and between sexuality and illness in the age of Aids. The results shed light on the tensions associated with these two issues, particularly in terms of the inclusion of lesbian sportswomen and HIV-positive people.
ES :
En 1982, Frédéric Baumman es el único francés que participó en las primeras competencias deportivas Gay Games en San Francisco. Cuatro años después, forma parte de la delegación francesa integrada por Pascal Bibollet para asistir a la segunda edición de dicho evento. A su regreso surge el Comité Gay Paris Île-de-France, un club omni-deportivo de donde surgió la Federación francesa del deporte gay y lesbiano, la cual llevará la candidatura de París a la organización de los Gay Games en 2018. A partir de historias de vida recopiladas entre los principales actores al origen del deporte LGBT francés, acopladas a las informaciones contenidas en los boletines de las estructuras federales de este deporte, así como en la prensa francesa gay, este artículo muestra cómo la historia de esta comunidad deportiva y de los eventos que ella organiza constituye una contribución a la antropología del cuerpo al interrogar las relaciones entre género y performance, así como entre sexualidad y enfermedad, visibilidad e invisibilidad, en tiempos del sida. Los resultados ilustran las tensiones asociadas a este doble cuestionamiento, sobre todo en la integración de deportistas lesbianas y en la inclusión de personas seropositivas al VIH.
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« Australianité », risque et masculinité chez les surfeurs de la Gold Coast (Australie)
Dario Nardini
p. 43–60
RésuméFR :
L’attaque de requin subie par un champion de surf australien pendant l’étape sud-africaine du championnat de surf le plus prestigieux au monde, en 2015, a été lue par de nombreux Australiens comme l’actualisation des valeurs associées à la figure du surfeur, perçu à la fois comme une expression emblématique des traits définissant socialement « l’australianité » et la masculinité. Basé sur une analyse ethnographique de l’univers du surf sur la Gold Coast (Australie), l’article s’intéresse au rôle et aux éléments constitutifs de cette figure dans les représentations de l’identité australienne. En effet, le surf incarne ici certaines des valeurs culturelles autour desquelles se sont construites les images de l’identité nationale. Parmi celles-ci, le courage assure un rôle paradigmatique, agissant symboliquement comme le pivot d’une culture sportive exclusive, majoritairement occidentale (blanche), se présentant comme un espace de manifestation et de définition de la masculinité. Séduisant écho contemporain du héros romantique, le surfeur australien incarne le charme de la liberté, l’attrait pour l’hédonisme « fun », la camaraderie entre jeunes hommes et — sans contradiction — l’individualisme compétitif qui caractérise l’éthique néolibérale et les dynamiques d’exclusion qui ont marqué l’histoire sociale et sportive de l’Australie après la colonisation.
EN :
The shark attack suffered by an Australian surfing champion during the South African competition of the most prestigious surfing championship in the world, in 2015, was read by many Australians as the expression of the values associated with the figure of the surfer, perceived both as an iconic expression of the traits that socially define “Australianness” and masculinity. Based on an ethnographic analysis of the world of surfing on the Gold Coast (Australia), the article examines the role and constituent elements of this figure in the Australian imagination. In fact, surfing here embodies some of the cultural values around which images of national identity have been built. Among these, bravery assumes a paradigmatic role, acting symbolically as the pivot of an exclusive, predominantly Western (white) sporting culture, which presents itself as a space for the manifestation and definition of masculinity. As a seductive contemporary echo of the romantic hero, the Australian surfer embodies the ideal charm of freedom and research, the hedonistic charm of “fun”, the camaraderie between young men and also—without contradiction—the hedonistic and competitive individualism which characterizes the neoliberal ethics and the dynamics of exclusion that marked the social and sporting history of Australia since colonization.
ES :
El ataque de un tiburón que sufrió un campeón de surf australiano durante la etapa sudafricana del campeonato de surf más prestigioso del mundo, en 2015, fue percibido por muchos australianos como la actualización de los valores asociados a la figura del surfista, percibido tanto como la expresión emblemática de los rasgos que definen socialmente a la “australianidad”, como a la masculinidad. Sobre la base de un análisis etnográfico del universo del surf en la Gold Coast (Australia), este artículo examina el rol y los elementos constitutivos de dicha figura en las representaciones de la identidad australiana. En efecto, el surf encarna algunos de los valores culturales en torno a los cuales se han construido las imágenes de la identidad nacional. Entre ellos, la valentía posee un rol paradigmático, funcionando simbólicamente como el pivote de una cultura deportiva exclusiva, preponderantemente occidental (blanca), que se presenta como un espacio de manifestación y definición de la masculinidad. Resonancia contemporánea seductora del héroe romántico, el surfista australiano encarna el encanto de la libertad, la atracción por el hedonismo “divertido”, la camaradería entre hombres jóvenes y—sin contradicción—el individualismo competitivo que caracteriza la ética neoliberal y las dinámicas de exclusión que han marcado a la historia social y deportiva de Australia desde la colonización.
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Masculinités à géométrie variable : héroïsme, vulnérabilités et pratiques de soi dans la lutte avec frappe au Sénégal
Francesco Fanoli, Cheikh Tidiane Wane et Dominique Chevé
p. 61–78
RésuméFR :
Dans les représentations et les imaginaires collectifs, les lutteurs sénégalais sont souvent associés à la force, à la « virilité », au courage, à la persévérance, à la confiance en soi et au succès. Ces « vertus » principales du modèle idéal de « masculinité héroïque », que les lutteurs sont souvent poussés à incarner, augmentent paradoxalement leurs vulnérabilités. Comment la multiplicité de relations, de contingences, de normes morales et de modèles esthétiques qui forgent les subjectivités des lutteurs permet-elle de problématiser l’idée reçue de la lutte au Sénégal comme réserve d’une « masculinité héroïque » figée ?
EN :
In collective representations and imaginaries, Senegalese wrestlers are usually associated with strength, “virility”, courage, determination, self-confidence, and success. These main “virtues” of the “heroic masculinity’s” ideal model, which wrestlers are driven to embody, paradoxically augment their vulnerabilities. How does the multiplicity of relationships, contingencies, moral norms and esthetic models, which mold wrestlers’ subjectivities permits to problematize the commonsense idea of Senegalese wrestling as a preserve of a frozen “heroic masculinity”?
ES :
En las representaciones y en los imaginarios colectivos, los luchadores senegaleses han sido frecuentemente asociados con la fuerza, la “virilidad”, la valentía, la perseverancia, la confianza en sí mismo y el éxito. Estas “virtudes” principales del modelo ideal de la “masculinidad heroica” que con frecuencia encarnan los luchadores, paradójicamente aumentan sus vulnerabilidades. ¿Cómo la multiplicidad de relaciones, contingencias, normas morales y modelos estéticos que forjan las subjetividades de los luchadores, permite problematizar la creencia popular de la lucha en Senegal como reservorio de una “masculinidad heroica” fija?
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Entre vulnérabilité et résilience : la reconfiguration des masculinités des combattants congolais de mixed martial arts en Afrique du Sud
Kevin Roșianu et Nicolas Bancel
p. 79–100
RésuméFR :
L’étude explore les négociations des masculinités dans le contexte des migrations sportives intra-africaines. Des observations participantes dans 5 salles de mixed martial arts (MMA) à Johannesburg et à Pretoria, ainsi que 39 entretiens avec 23 combattants professionnels originaires de la République Démocratique du Congo et engagés avec l’Extreme Fighting Championship — l’organisation responsable des combats professionnels de MMA sur le continent — révèlent comment les masculinités des migrants sportifs sont reconfigurées par la migration. Tout d’abord, l’analyse met en évidence le contexte de vulnérabilité dans lequel évoluent les combattants migrants ; puis, de quelle manière la résilience, le dévouement et l’ascétisme constituent des éléments centraux de la reconfiguration de leur masculinité, auxquels s’articule le discours pentecôtiste. Pour finir, nous démontrons comment les logiques de précarité et de déqualification professionnelle imposent la reconfiguration de leur masculinité par une utilisation stratégique du corps, outil central dans leur positionnement au sein de la société sud-africaine. Ce travail s’attache à mettre en lumière la diversité de l’expérience migratoire masculine, tout en contribuant à étoffer le champ des études sur les migrations sportives.
EN :
In this study, we explore the negotiation of masculinities within intra-African sports migration. We conducted participant observations in 5 mixed martial arts (MMA) gyms located in Johannesburg and Pretoria, and 39 interviews with 23 professional fighters from the Democratic Republic of Congo, all contracted with the Extreme Fighting Championship, the organization in charge of professional MMA fights on the continent. Our findings reveal that the masculinities of these migrant fighters are reconfigured by migrations. Firstly, the analysis highlights the context of vulnerability in which migrant fighters operate; then, how resilience, dedication and asceticism constitute central elements in the reconfiguration of their masculinity, to which the Pentecostal discourse is articulated. Finally, we demonstrate how the logics of precariousness force the reconfiguration of their masculinities through the strategic use of the body, a central tool in their positioning within South African society. The aim of this work is to highlight the diversity of male migratory experience, while contributing to the field of studies on sports migration.
ES :
Este estudio explora las negociaciones de las masculinidades en el contexto de las migraciones deportivas intra-africanas. Observaciones participantes en 5 salas de mixed martial arts (MMA) en Johannesburgo y Pretoria, así como 39 entrevistas con 23 combatientes profesionales originarios de la República democrática del Congo y contratados por la Extreme Fighting Championship—organización responsable de los combates profesionales de MMA en el continente—, muestran la manera en que las masculinidades de los deportistas migrantes se han reconfigurado debido a la migración. Por principio, el análisis evidencia el contexto de vulnerabilidad en el que se desenvuelven los combatientes migrantes; en seguida, se revela como la resiliencia, la dedicación y el ascetismo son los elementos centrales de la reconfiguración de sus masculinidades, a los cuales se articula el discurso pentecostalista. Finalmente, demostramos cómo las lógicas de precariedad y de descalificación profesional imponen la reconfiguración de sus masculinidades mediante una utilización estratégica del cuerpo, herramienta principal en su posicionamiento en el seno de la sociedad sudafricana. Este trabajo pretende poner de relieve la diversidad de la experiencia migratoria masculina, con el fin de contribuir a la ampliación del campo de estudios sobre las migraciones de deportistas.
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Corps déplacés : le fitness et la visibilité des femmes au Mozambique
Julie Soleil Archambault
p. 101–119
RésuméFR :
La popularité croissante du fitness dans les zones urbaines du Mozambique, une activité que beaucoup pratiquent à l’extérieur, met en relief certains des défis auxquels les femmes sont confrontées au quotidien, particulièrement en ce qui a trait aux efforts concurrents pour contrôler leurs mouvements et leur visibilité dans l’espace public. Dans cet article, je me penche sur la circulation, sur les médias sociaux, d’une série de photos illustrant les activités d’un groupe d’entraînement communautaire, soulignant les répercussions inattendues et transformatrices de cet événement sur les membres du groupe. Situant l’épisode au sein des dynamiques locales de genre et de manière plus large, en relation aux politiques de visibilité et d’invisibilité, je réfléchis sur le rôle des images dans la formation d’un public afin de qualifier le potentiel du sport comme moteur de changement social. L’article est basé sur des recherches ethnographiques menées dans la ville d’Inhambane, dans le sud du Mozambique, sur une période de cinq ans.
EN :
The growing popularity of fitness across urban Mozambique, an activity that many carry out outdoors, highlights some of the challenges women face in their everyday lives, particularly regarding competing efforts to control their movements and visibility in public spaces. In this paper, I focus on the circulation of a series of images, on social media, depicting the activities of a community fitness organization, highlighting the unexpected and transformative repercussions this had on how the women see themselves and are seen by the rest of the community. Locating the event within local politics of visibility and invisibility, I reflect on how images participate in the construction of a public to qualify understandings of the transformative potential of sport. The paper is based on ethnographic research that I have carried out with the organization in the Mozambican city of Inhambane over a five-year period.
ES :
La creciente popularidad del fitness en las zonas urbanas de Mozambique, actividad que muchos practican al exterior, pone de relieve ciertos desafíos a los cuales se confrontan cotidianamente las mujeres, particularmente en lo referente a los esfuerzos concurrentes en el control de sus movimientos y su visibilidad en el espacio público. En este artículo, enfoco la circulación, en los medios sociales, de una serie de fotos que ilustran las actividades de un grupo de entrenamiento comunitario, subrayando las repercusiones inesperadas y transformadoras de este evento sobre los miembros de dicho grupo. Situando este episodio en el seno de las dinámicas locales del género y más ampliamente, en relación con las políticas de visibilidad e invisibilidad; reflexiono sobre el rol de las imágenes en la formación de un público con el fin de calificar el potencial del deporte como motor del cambio social. El artículo está basado en investigaciones etnográficas realizadas en la ciudad de Inhambane, en el sur de Mozambique, durante un periodo de cinco años.
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« Combattre d’égale à égal » : féminités combattantes et féminisme pragmatique dans les sports de combat
Jérôme Beauchez et Josselin Mattont
p. 121–139
RésuméFR :
Au tournant des années 2000, les ethnographes ont investi les sports de combat — à commencer par la boxe — comme un laboratoire d’étude des dominations masculines et des résistances féminines éprouvées dans l’expérience du corps-à-corps. Une majorité d’études a souligné la subalternité paradoxale des combattants, aussi souvent dominants au regard de leurs aptitudes aux affrontements physiques que dominés en termes de position socio-raciale. La description de ces masculinités dominantes/dominées a dès lors guidé celle des hégémonies masculines dans les sports de combat. Par contraste, les ethnographes qui ont décrit les féminités combattantes les ont souvent observées et comprises du point de vue d’un « féminisme physique » majoritairement promu par des femmes blanches issues des classes moyennes intellectuelles. Qu’en est-il des combattantes subalternisées, de leur engagement physique et du sens qu’elles donnent à leurs épreuves de l’adversité, dans et au-delà du corps-à-corps ? C’est tout l’enjeu de cet article que d’apporter des réponses à cette question, aussi insuffisamment documentée par l’ethnographie que propice à interroger non seulement les féminités, mais le « féminisme pragmatique » des combattantes qui résistent quotidiennement aux dominations — de genre, de classe et de race — au travers de leur engagement dans une lutte inséparablement physique et sociale.
EN :
In the late 1990s, ethnographers began to analyze combat sports—starting with boxing—as a laboratory for the study of male dominance and female resistance in hand-to-hand combat. Most of the resulting studies highlighted the paradoxical subalternity of fighters, who are as often dominant in terms of physical confrontation as they are dominated in terms of socio-racial position. The description of these dominant/dominated masculinities then guided the description of male hegemonies in combat sports. In contrast, ethnographers who have described fighting femininities have often observed and understood them from the point of view of a “physical feminism” predominantly promoted by white women from the intellectual middle classes. What, though, of subalternized female fighters, their physical engagement, and the meaning they give to their ordeals of adversity, both in and beyond hand-to-hand combat? This article aims to provide answers to this question, which is both insufficiently documented by ethnography and conducive to examining not only femininities, but also the “pragmatic feminism” of women fighters who resist domination—of gender, class, and race—on a daily basis, through their commitment to an inextricably physical and social struggle.
ES :
A finales de los años 1990, los etnógrafos tomaron los deportes de combate—comenzando por el boxeo—como un laboratorio para el estudio de las dominaciones masculinas y las resistencias femeninas confrontadas a la experiencia del cuerpo a cuerpo. La gran mayoría de los estudios han subrayado la subordinación paradójica de los combatientes, con frecuencia dominantes con respecto a sus aptitudes para la confrontación física, pero dominados en términos de posición socio-racial. La descripción de esas masculinidades dominantes/dominadas desde entonces ha guiado a la de las hegemonías masculinas en los deportes de combate. En cambio, los etnógrafos que han descrito las feminidades combatientes, con frecuencia las han observado y comprendido desde el punto de vista de un “feminismo físico” promovido predominantemente por mujeres blancas provenientes de las clases medias intelectuales. ¿Qué pasa con las combatientes subordinadas, con su compromiso físico y el sentido que ellas otorgan a sus confrontaciones con la adversidad, en y más allá del cuerpo a cuerpo? El desafío del presente artículo es aportar respuestas a dicha cuestión, tan insuficientemente documentada por la etnografía, con el fin de propiciar el cuestionamiento no solamente de las feminidades, sino del “feminismo pragmático” de las combatientes que resisten cotidianamente a las dominaciones—de género, de clase y de raza—a través de su compromiso con una lucha tanto física como social.
Hors thème / Off Theme / Al Margen
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« Cabine pressurisée, sérénité totale » : corps, perception et environnement dans le travail du personnel navigant commercial
Carolina Castellitti
p. 141–157
RésuméFR :
À partir d’une perspective phénoménologique qui considère la relation entre le corps, la perception et l’environnement, cet article analyse le sens du travail du personnel navigant commercial en tant que formateur d’une identité singulière. M’appuyant sur une enquête de terrain réalisée dans la ville de Rio de Janeiro (Brésil) avec d’anciens travailleurs de Varig, importante compagnie aérienne privée qui a cessé ses activités en 2006, je prends au sérieux l’expression fréquemment utilisée par eux selon laquelle « les gens qui volent sont différents des gens qui marchent ». L’analyse met en évidence le rôle de l’air comme élément physique et symbolique d’une manière d’habiter le monde à travers le « vol », avec la médiation de l’avion, un dispositif technique qui, malgré sa complexité, devient un espace quotidien de travail. Prendre ces éléments comme point de départ sert ici de coup d’envoi méthodologique et théorique pour considérer la singularité des sens et des pratiques où l’air, le vol et le ciel intègrent une culture environnementale dynamique et créative.
EN :
From a phenomenological perspective that considers the relationship between the body, the perception, and the environment, this article analyzes the meaning of the work of the cabin crew as a shaper of a singular identity. Based on fieldwork carried out in the city of Rio de Janeiro (Brazil) with former employees of Varig, a major private airline company which ceased operations in 2006, I take seriously the expression frequently used by them according to that “people who fly are different from people who walk”. The analysis highlights the role of air as a physical and symbolic element of a way of inhabiting the world through the “flight”, with the mediation of the plane, a technical device which, despite its complexity, becomes a daily working space. Taking these elements as a starting point here serves as a methodological and theoretical kick-off to consider the singularity of senses and practices where air, flight and sky integrate a dynamic and creative environmental culture.
ES :
A partir de una perspectiva fenomenológica que toma en cuenta la relación entre el cuerpo, la percepción y el entorno, este artículo analiza el significado del trabajo de la tripulación de cabina en tanto que formador de una identidad singular. Apoyándome en una encuesta de campo realizada en la ciudad de Río de Janeiro (Brasil) con antiguos trabajadores de Varig, importante compañía aérea privada que cesó sus actividades en 2006, acojo con seriedad la expresión frecuentemente empleada por ellos según la cual, “las gentes que vuelan son diferentes de las gentes que caminan”. El análisis pone de relieve el rol del aire como elemento físico y simbólico de una manera de vivir en el mundo a través del “vuelo” gracias a la mediación del avión, un dispositivo técnico que, a pesar de su complejidad, se convierte en un espacio de trabajo. Tomar dichos elementos como punto de partida sirve aquí de botadura metodológica y teórica para considerar la singularidad de los sentidos y las prácticas donde el aire, el vuelo y el cielo integran una cultura ambiental dinámica y creativa.
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Du sens et de la connaissance en anthropologie : une réflexion sur les biais analytiques dans la production des savoirs sur la société réunionnaise
Hélène Jarousseau
p. 159–177
RésuméFR :
La discipline anthropologique, née en Occident, s’est développée dans le contexte des empires coloniaux. Elle s’est donné pour tâche de rendre compte de la diversité des sociétés et des cultures humaines ainsi que de l’unité de l’homme. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les colonies accèdent à l’indépendance. Cette situation amène une nouvelle génération d’anthropologues à renouveler profondément la perspective, en soulignant l’asymétrie des rapports entre sociétés colonisatrices et colonisées. La diversité masquerait les inégalités. Ancienne colonie française, devenue département français d’outre-mer en 1946, la société réunionnaise s’inscrit dans les enjeux des empires coloniaux européens ayant engendré localement de fortes inégalités sociales et culturelles. Mais ce n’est qu’à partir des années 1970 que les premiers travaux anthropologiques à La Réunion se sont développés. Cet article propose d’explorer ces derniers en les confrontant aux contextes dans lesquels ils ont pris naissance pour mieux appréhender les savoirs qui en ont résulté. Cette démarche a permis de mettre au jour les biais analytiques qui ont caractérisé mes travaux. Le travail de déconstruction réalisé interroge les connaissances produites sur la période 1970-2000 sans renoncer à concevoir et à utiliser des outils au service d’une connaissance heuristique.
EN :
The anthropological discipline, born in the West, developed in the context of colonial empires. Its task is to reflect the diversity of human societies and cultures, as well as the unity of the human being. After the Second World War, the colonies gained independence. This situation leads a new generation of anthropologists to profoundly renew the perspective, highlighting the asymmetry of relations between colonizing and colonized societies. Diversity would mask inequalities. As a former French colony, which became a French overseas department in 1946, Reunion Island society is part of the stakes of the European colonial empires that have locally generated strong social and cultural inequalities. But it wasn’t until the 1970s that the first anthropological studies in Reunion Island were developed. This article proposes to explore the latter by confronting them with the contexts in which they originated, to gain a better understanding of the resulting knowledge. This approach has allowed updating the analytical biases that characterized my research. The deconstruction work carried out questions the knowledge produced over the period 1970-2000, without renouncing to design and use tools for a heuristic knowledge.
ES :
La disciplina antropológica, creada en Occidente, se ha desarrollado en el contexto de los imperios coloniales. Se propuso dar cuenta de la diversidad de las sociedades y de las culturas humanas, así como de la unidad del ser humano. Después de la Segunda Guerra Mundial, las colonias accedieron a la independencia. Esta situación condujo a una nueva generación de antropólogos a renovar profundamente la perspectiva, subrayando la asimetría en las relaciones entre sociedades colonizadoras y colonizadas. La diversidad escondería las desigualdades. Antigua colonia francesa convertida en departamento francés de ultramar en 1946, la sociedad de La Reunión se inserta en las polémicas de los imperios coloniales europeos que han generado localmente fuertes desigualdades sociales y culturales. Pero fue sólo a partir de los años de 1970 que los primeros trabajos antropológicos en La Reunión se desarrollaron. Este artículo propone explorar dichos trabajos y confrontarlos a los contextos en los cuales surgieron con el fin de identificar los saberes que produjeron. Este enfoque reveló los sesgos analíticos que han caracterizado mis trabajos. El trabajo de deconstrucción realizado cuestiona los conocimientos producidos en el periodo 1970-2000, sin renunciar a concebir y emplear herramientas al servicio de un conocimiento heurístico.
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Rites de résolution de conflits et lutte contre-insurrectionnelle au Cameroun (1958-1970) : les cas du Tug Gwet et du Cadi chien noir
Démonster-Ferdinand Kouékam
p. 179–200
RésuméFR :
Cet article s’appuie sur des témoignages et des documents collectés dans les centres de documentation pour mettre en exergue la contribution des rites de résolution des conflits dans la contention de la violence et la lutte contre-insurrectionnelle au Cameroun entre 1958 et 1970. La rémanence de l’insurrection, malgré les revers militaires enregistrés par les formations paramilitaires de l’Union des populations du Cameroun (UPC), obligea les autorités coloniales françaises et par la suite, postcoloniales, à déporter et à intensifier la guerre sur le front symbolique et anthropologique. Les rituels du Tug Gwet (réconciliation) et du Cadi chien noir mobilisés dans cette dynamique sont guidés par deux enjeux. Le premier vise à obliger la population à mettre à la disposition des autorités les informations dont elle dispose sur l’organisation insurgée, à dénoncer et à jeter l’opprobre sur ceux qui continuent et soutiennent la lutte au maquis. Le second consiste à s’appuyer sur ces instruments ancestraux de résolution des conflits pour matérialiser la paix restaurée, solder les antagonismes/rancoeurs engendrés par la guerre et sceller la réconciliation. L’engagement des populations à rompre tous les liens avec les insurgés et les informations récoltées sur ces derniers lors des rituels permirent le démantèlement des maquis et l’obtention de leur reddition.
EN :
This article is based on testimonies and documents collected in documentation centers to highlight the contribution of conflict resolution rites in the containment of violence and the fight against the insurgency in Cameroon between 1958 and 1970. Persistence of the insurrection, despite numerous setbacks recorded on the military level by the paramilitary formations of the Union of the populations of Cameroon (UPC), obliged the authorities to deport and to intensify the fight on the psychological, cultural, symbolic and anthropological front. The ritual of Tug Gwet (reconciliation) and the ceremony of Cadi chien noir mobilized in this dynamic are guided by two main issues. The first aim to oblige the population to make available to the authorities all the information they hold on the insurgent organization as well as its accomplices, but also to denounce and cast shame on those who continue and support the struggle in the maquis. The second challenge consists in relying on these ancestral instruments of conflict resolution to materialize the unity and rediscovered peace, seal reconciliation and settle the antagonisms generated by the war. The commitment of the population to break all ties with the insurgents and the information gathered on them during the rituals allowed the dismantling of the maquis and their surrender.
ES :
Este artículo se basa en los testimonios y documentos recogidos en los centros de documentación con el fin de subrayar la contribución de los ritos de resolución de conflictos en la contención de la violencia y la lucha contra insurreccional en Camerún entre 1958 y 1970. La persistencia de la insurrección, a pesar de los reveses militares sufridos por las formaciones paramilitares de la Unión de los pueblos de Camerún (UPC), obligó a las autoridades francesas y ulteriormente postcoloniales a deportar e intensificar la guerra sobre el frente simbólico y antropológico. Los rituales del Tug Gwet (reconciliación) y del Cadi chien noir activados en esta dinámica fueron guiados por dos retos. El primero buscaba obligar a la población a poner a disposición de las autoridades las informaciones de las que disponían sobre la organización insurgente, a denunciar y arrojar el oprobio sobre quienes continuaban y sostenían la lucha guerrillera. El segundo consistió en apoyarse en los instrumentos ancestrales de resolución de conflictos con el fin de materializar la paz restaurada, liquidar los antagonismos/rencores engendrados por la guerra y sellar la reconciliación. El compromiso de las poblaciones de cortar toda relación con los insurgentes y las informaciones recogidas sobre estos últimos durante los rituales permitieron el desmantelamiento de la guerrilla y su rendición.
Comptes rendus / Book Reviews / Reseñas
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Besnier Niko, Domenica Gisella Calabrò et Daniel Guinness (dir.), 2021, Sport, Migration, and Gender in the Neoliberal Age. Londres et New York, Routledge, 274 p.
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Fuentes Sebastián, 2021, Cuerpos de élite. Educación, masculinidad y moral en el rugby argentino. Buenos Aires, Prometeo Libros, 320 p.
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Kanemasu Yoko, 2023, Pacific Island Women and Contested Sporting Spaces: Staking their Claim. Abingdon, Routledge, coll. « Global Gender », 215 p.
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Kovač Uroš, 2022, The Precarity of Masculinity. Football, Pentecostalism, and Transnational Aspirations in Cameroon. New York, Berghahn, 220 p.
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Millet Audrey, 2022, Les dessous du maillot de bain. Une autre histoire du corps. Paris, Éditions Les Pérégrines, 262 p.
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Vallet Guillaume, 2022, La fabrique du muscle. Paris, L’échappée, coll. « Pour en finir avec », 265 p.
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Arena Francesca, Véronique Dasen, Yasmina Foehr-Janssens, Irene Maffi et Daniela Solfaroli Camillocci (dir.), 2023, Allaiter de l’Antiquité à nos jours. Histoire et pratiques d’une culture en Europe. Turnhout, Brepols, 989 p.
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Dufoix Stéphane, 2023, Décolonial. Paris, Anamosa, coll. « Le mot est faible », 102 p.
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Riverti Camille, 2022, Humour et érotisme dans les Andes. Une ethnographe à marier. Paris, Les Indes savantes, coll. « Americana », 262 p.
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St-Gelais Myriam, 2022, Une histoire de la littérature innue. Montréal, Imaginaire Nord et Institut Tshakapesh, coll. « Isberg », 180 p.