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Cet ouvrage est un plaidoyer en faveur de l’intégration des arts dans l’enseignement et l’apprentissage de l’histoire du secondaire jusqu’à l’université. Les deux auteurs partent de la prémisse que nous sommes entourés de représentations artistiques et que leur usage en classe peut contribuer à engager les élèves/étudiants avec le passé. Pour convaincre les lecteurs, les auteurs appuient leur propos sur des bases robustes mariant recherches théoriques et empiriques traitant de l’apport des arts pour l’enseignement de l’histoire et l’éducation à la citoyenneté. Les formes d’art privilégiées dans l’ouvrage sont les romans, les arts visuels (tableaux de maitres, murales) et les monuments commémoratifs.
Pour bien saisir la démarche des auteurs, il importe de souligner l’interconnexion entre les sept chapitres. Le premier chapitre met de l’avant l’omniprésence des représentations artistiques dans l’espace public (parlement, centre-ville, musée). Dans le deuxième chapitre, les auteurs s’emploient à décrire le cadre théorique sur lequel s’appuie leur position à partir de cinq conversations reliées à l’histoire, la didactique et les arts. Ainsi, le lecteur est confronté aux débats entourant la nature de l’histoire, du lien unissant la mémoire collective et la conscience historique, et finalement, de la perspective autochtone et de ses implications pour l’enseignement de l’histoire.
Les trois chapitres suivants décrivent plus en détail l’apport des arts pour faciliter la rencontre avec les sources sur le passé. Ces sources ne s’appréhendent pas seules. Les recherches tendent à montrer l’importance que revêt l’intervention éducative bien structurée. Qu’il soit question de romans historiques (chapitre trois), d’oeuvres d’art visuel (chapitre quatre) ou de monuments commémoratifs (chapitre quatre), la médiation de l’enseignant est nécessaire pour apprendre à les interroger (chapitre six). La démarche des auteurs se termine par l’intérêt porté aux arts pour contribuer aux finalités éducatives et civiques de l’enseignement de l’histoire (chapitre sept).
Tout au long des sept chapitres, la richesse des références aux recherches théoriques et empiriques est indéniable. Les auteurs font référence à de nombreuses ressources qui touchent les domaines de l’histoire de l’art, de l’histoire et de la didactique de l’histoire. Le croisement de ces différentes études nous permet de plonger au coeur des recherches qui s’intéressent à des objets d’étude connexes. Cependant, il faut attendre les chapitres six et sept pour que les études empiriques réalisées en classe d’histoire (niveau secondaire) prennent le relai à celles théoriques. Cette présence tardive laisse en suspens de nombreuses interrogations concernant l’utilisation des représentations artistiques par les élèves et les enseignants en classe.
Par exemple, comment inscrire l’analyse d’une représentation artistique dans une séquence d’apprentissage ? Existe-t-il des pratiques exemplaires ? L’usage de ces ressources permet-il de remettre en question les représentations sociales des élèves ou d’en faire émerger d’autres ? Ces interrogations restent sans réponses.
Néanmoins, ce constat n’altère en rien la qualité des réflexions présentées par les auteurs qui préconisent une approche constructiviste de l’enseignement et de l’apprentissage de l’histoire. Engager les élèves dans cette rencontre avec les sources du passé est une entreprise complexe. Les enseignants doivent cibler les tenants et aboutissants de la démarche d’analyse. De plus, pour outiller les élèves à lire ces sources, les enseignants doivent maitriser des savoirs historiques et disciplinaires pour exploiter ces différents types d’art. Le roman historique ne se lit pas comme un monument commémoratif. Alors, comment guider les élèves dans l’observation et l’analyse critique de ces documents historiques ? Cet aspect concret de la pensée historienne mériterait une plus grande attention pour outiller les enseignants à décoder et faire décoder des oeuvres de natures différentes.
En somme, il s’agit à notre avis d’un ouvrage de référence qui pourra être consulté autant par les étudiants en didactique de l’histoire que ceux et celles qui participent à leur formation. Les auteurs proposent un argumentaire convaincant sur la richesse du roman historique, des oeuvres d’art et des monuments commémoratifs comme sources historiques. Pour développer une compréhension nuancée de leurs usages et fonctions dans le temps et l’espace, une action de médiation est nécessaire et celle-ci doit sans nul doute être réalisée par des enseignants qui maitrisent l’habileté d’examiner des oeuvres de façon critique.