Volume 39, Number 3 (117), Spring–Summer 2014 Les essais québécois contemporains au confluent des discours Guest-edited by René Audet and Pascal Riendeau
Table of contents (14 articles)
Dossier
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Les essais québécois contemporains au confluent des discours
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L’histoire est-elle monotone ?
Jean-François Chassay
pp. 17–30
AbstractFR:
Cet article analyse trois essais qui forment les premiers ouvrages d’une nouvelle collection, « Documents » (Atelier 10), associée elle-même à une revue récemment fondée, Nouveau Projet. L’article cherche à montrer comment les auteurs (David Robichaud et Patrick Turmel, Nicolas Langelier, Samuel Archibald) imposent leur parole par rapport à l’actualité politique, appuyant leur propos sur le présent. Publiés sur une période de moins de dix-huit mois, les essais se lisent à l’aune des événements liés à la grève étudiante de 2012. Par ailleurs, il s’agit aussi de montrer dans quelle mesure l’argumentation des uns et des autres se démarquerait de la pensée postmoderne.
EN:
This article analyzes three essays constituting the first publications in a new collection, “Documents” (Atelier 10), itself associated with a recently-established periodical called Nouveau Projet. The article attempts to show how the authors (David Robichaud and Patrick Turmel, Nicolas Langelier, Samuel Archibald) base their comments on the present to impose their way of speaking about current political events. Published over a period of less than eighteen months, the essays are to be read in the light of events related to the 2012 student strike. The article also examines to what extent the arguments used by the authors can be differentiated from postmodern thought.
ES:
En este artículo se analizan tres ensayos que constituyen las primeras obras de una nueva colección, titulada ‘Documents’ (Documentos), que está asociada a una revista de creación reciente, Nouveau Projet (Nuevo Proyecto). El artículo busca demostrar cómo los autores (David Robichaud y Patrick Turmel, Nicolas Langelier, Samuel Archibald), imponen su palabra con relación a la actualidad política, apoyando su discurso en el presente. Publicados durante un periodo de menos de dieciocho meses, estos se leen asociándolos con los eventos ocurridos durante la huelga estudiantil de 2012. Por otra parte, también se trata de mostrar en qué medida la argumentación de unos y de otros se apartaría del pensamiento posmoderno.
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L’action intelligente d’Yvon Rivard : de l’effacement de soi à l’expérience du pauvre
Sylvano Santini
pp. 31–46
AbstractFR:
Dans les textes qu’il a fait paraître depuis près de vingt ans, Yvon Rivard ne cesse de ressasser la raison des choix qui l’ont amené à se préoccuper de l’autre et à se rapprocher du monde. Ces révélations échoient à l’essai d’une manière toute particulière chez lui en faisant résonner le monde et la voix des autres au point d’écouler sa pensée hors du cadre de sa subjectivité, de son moi. Cet article a pour objectif de rendre compte de ce mouvement de la pensée sous la forme d’une « action intelligente » qui caractérise l’idée essentielle de ses essais et leur mode d’énonciation, et dont Une idée simple (2010) propose la version la plus achevée. Par cette action, les textes de Rivard coïncident aussi bien avec des essais récents sur l’anonymat comme force de résistance positive à la privatisation de l’existence et comme puissance constitutive de la communauté qu’avec l’héritage de la pauvreté qui traverse la littérature et la culture québécoises.
EN:
In the texts he has been publishing for close to twenty years, Yvon Rivard keeps returning to the reasons that have led him to feel concern for the other and to move closer to the world. His case revelations have a very specific way of landing in his essays: the world, and the voices of others, resonate in them to such an extent that his thought seems to flow out of the framework of his subjectivity and his self. The purpose of this article is to give an account of this movement of Rivard’s thought as an “intelligent action” characteristic of his essays’ essential idea and their type of utterance. Une idée simple (2010) is the most consummate version of this. Through their intelligent action, Rivard’s texts coincide both with recent essays on anonymity as a force of positive resistance to the privatisation of existence and as a power capable of constituting the community with the heritage of poverty that runs through Québec’s literature and culture.
ES:
En los textos que ha venido publicando durante unos veinte años, Yvon Rivard no para de dar vueltas sobre la razón de las decisiones que lo llevaron a preocuparse por los demás y acercarse a la gente. Dichas revelaciones se aplican al ensayo de una manera muy particular en su caso, haciendo resonar al mundo y dando voz a los demás hasta el punto de sacar su pensamiento del marco de su subjetividad, de su ‘yo’. Este artículo tiene como objetivo dar cuenta de este movimiento del pensamiento adoptando la forma de una ‘acción inteligente’ que caracteriza la idea esencial de sus ensayos y su forma de enunciación y en la cual Une idée simple (Una idea sencilla – 2010) propone la versión más acabada. Con esta acción, los textos de Rivard coinciden de igual manera con ensayos recientes sobre el anonimato como fuerza de resistencia positiva ante la privatización de la existencia y como poder constitutivo de la comunidad que con la herencia de pobreza por la cual están pasando la literatura y la cultura quebequenses.
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« L’écrivain en habit de travail » : la chronique « Hors champ » de Nicolas Dickner à Voir (2006-2012)
Élisabeth Nardout-Lafarge
pp. 47–58
AbstractFR:
Le déficit de légitimité sociale de la littérature, qui est l’un des consensus de la critique actuelle, ne signifie pas pour autant une relégation de la figure publique de l’écrivain et de sa parole puisque plusieurs journaux continuent de publier, dans les années 1990 et 2000, des chroniques et billets d’auteurs contemporains. Ainsi les hebdomadaires culturels gratuits Ici et Voir reprennent à la presse traditionnelle la pratique de cette collaboration régulière d’un écrivain à un périodique ; dans cette perspective, on s’intéressera à la chronique « Hors champ » que le romancier Nicolas Dickner a tenue à Voir de 2006 à 2012. En observant dans ces quelque deux cents textes brefs, parus pendant six ans, comment se répondent, d’une part le mandat très large que le journal accorde à l’écrivain et, d’autre part, la manière dont Dickner se l’approprie, tant dans une forme qu’il réinvestit que par les sujets qu’il choisit d’aborder, on tentera de montrer à l’oeuvre la construction de l’une des figures de l’écrivain québécois des années 2000 et d’en interroger le sens. On s’attachera notamment aux divers dispositifs analogiques par lesquels le chroniqueur s’efforce de définir son métier et, du même coup, le rôle de la littérature dans la société contemporaine.
EN:
Literature’s lack of social legitimacy—a fact on which today’s critics agree—does not mean that the public figure of the writer, or the writer’s words, are banished: a number of periodicals, in the 1990s and 2000s, continue to publish columns and occasional pieces by contemporary authors. Two free cultural weeklies, Ici and Voir, reproduce traditional newspapers’ practice of seeking regular contributions from writers. This article examines the column “Hors champ” published by novelist Nicolas Dickner in Voir from 2006 to 2012. Observing in some two hundred short texts, published over a period of six years, the interaction between the very wide remit that the weekly gave Dickner and the way in which he appropriated it, by investing the form and through his choice of topics, we will attempt to show how one figure of the Québec writer in the 2000s decade has been constructed and to question its meaning. We will look at some of the analogical mechanisms used by Dickner to try and define his craft and, at the same time, the role of literature in contemporary society.
ES:
El déficit de legitimidad social de la literatura, que es uno de los consensos de la crítica actual, no por ello significa que se relegue la figura pública del escritor y de sus palabras, ya que varios periódicos siguen publicando, en los años noventa y dos mil, crónicas y artículos cortos de autores contemporáneos. Así pues, los semanarios culturales gratuitos Ici y Voir comparten con la prensa tradicional la práctica de esta colaboración regular de un escritor en un periódico. En esta perspectiva, nos interesaremos por la crónica ‘Hors champ’ (en off) de la cual el novelista Nicolas Dickner era responsable en Voir entre 2006 y 2012. Al observar en unos doscientos documentos breves, publicados durante esos seis años, la manera en que se corresponden, por una parte, el mandato muy amplio que el periódico confió al escritor y, por otra, la forma en la que Dickner se la apropió, tanto en la forma que él reinvierte como por los temas que elige abordar, trataremos de mostrar en la obra la construcción de una de las figuras del escritor quebequense de los años 2000 y de preguntarse cuál es el sentido del mismo. Nos detendremos sobre todo en los diversos dispositivos analógicos mediante los cuales el cronista se esfuerza en definir su oficio y, al mismo tiempo el papel que desempeña la literatura en la sociedad contemporánea.
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Les essais de François Paré : une poétique du tourment
Benoit Doyon-Gosselin and Rachel Veilleux
pp. 59–69
AbstractFR:
Cet article vise à rendre compte des figures exemplaires de la Franco-Amérique présentes dans l’oeuvre de François Paré afin de témoigner de l’évolution de la pensée de l’essayiste. Il s’agira de traiter, dans un premier temps, des plus importantes que l’on retrouve dans son premier essai, Les littérature de l’exiguïté, et, dans un deuxième temps, de celles présentes dans son dernier essai sur le sujet, Le fantasme d’Escanaba, qui prolonge et cherche à dépasser les visées du premier. Conscient des limites de sa notion fondamentale, Paré restreint son corpus dans Le fantasme d’Escanaba pour mettre en lumière les auteurs phares de la Franco-Amérique en laissant de côté les littératures de l’exiguïté de par le monde. Par ailleurs, un des enjeux poétiques du parcours essayistique de Paré devient dans le dernier essai le glissement vers un « je » nostalgique dont le parcours individuel reste intimement lié à son objet d’études. En analysant le panthéon des auteurs marquants pour François Paré, on tentera de mieux circonscrire les convergences, les contradictions et les « dérives obsessionnelles » qui habitent l’essayiste.
EN:
This article seeks to give an account of the exemplary figures of Franco-America present in the work of François Paré in order to follow the evolution of his thinking as an essayist. Our goal is first to look at key elements of his first essay, Les littératures de l’exiguïté, and, second, to understand his most recent essay on this topic, Le fantasme d’Escanaba, which continues the first and seeks to go beyond it. Aware of the limits of his basic concept, Paré in Le fantasme d’Escanaba restricts his corpus in order to foreground seminal authors of Franco-America, leaving aside the literatures of smallness throughout the world. Another poetic issue raised by Paré’s evolution as an essayist is a shift, apparent in the most recent essay, toward a nostalgic “I” whose individual trajectory remains intimately connected to his object of study. In analysing the pantheon of authors who have had a crucial influence on François Paré, we will attempt to provide a clearer definition of the convergences, contradictions and “obsessive drifts” that inhabit him as an essayist.
ES:
Este artículo pretende dar cuenta de las figuras ejemplares de la América francohablante presentes en la obra de François Paré, con el fin de mostrar la evolución del pensamiento del ensayista. En un primer tiempo, se trata de ocuparse de las más importantes que aparecen en su primer ensayo, Les littérature de l’exiguïté (Las literaturas de la exigüidad) y, en un segundo tiempo, de las que están presentes en su último ensayo sobre este tema, Le fantasme d’Escanaba (La fantasía de Escanaba), que prolonga y trata de superar las intenciones del primero. Consciente de los límites de su noción fundamental, Paré restringe su corpus en Le fantasme d’Escanaba para poner de relieve a los autores más importantes de la América francohablante, dejando de lado las literaturas de la exigüidad que hay por el mundo. Por otra parte, uno de los retos poéticos del recorrido ensayístico de Paré se transforma, en el último ensayo, en un deslizamiento hacia un ‘yo’ nostálgico cuyo recorrido individual permanece íntimamente vinculado al objeto de sus estudios. Al analizar el panteón de los autores destacados para François Paré, trataremos de circunscribir mejor las convergencias, las contradicciones y las ‘derivas obsesivas’ del ensayista.
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« Qui pourra dire “nous” ? » : Régine Robin et l’« autre » identité québécoise
Joëlle Papillon
pp. 71–82
AbstractFR:
Cet article se penche sur Nous autres, les autres de Régine Robin (2011) et sur la dynamique d’inclusion et d’exclusion que suppose le pronom « nous ». Tandis que Robin dénonce le « nous » trop restrictif employé par la majorité québécoise, elle-même adopte une énonciation ambiguë dans l’essai. Souhaitant donner la parole à un « nous » plus diversifié — qui tienne compte de l’expérience immigrante —, l’essayiste s’appuie sur son expérience personnelle de l’exclusion, ce qui a pour conséquence de l’isoler à nouveau dans un « je » singulier.
EN:
This article examines Régine Robin’s Nous autres, les autres (2011) and the dynamic of inclusion and exclusion implied by the pronoun “we”. While Robin denounces the overly restrictive “we” used by the Québécois majority, she herself adopts an ambiguous utterance in this essay. Intending to give voice to a more diversified “we”—one that takes the immigrant experience into account—she bases herself on her personal experience of exclusion, finding herself as a consequence isolated, once again, as a singular “I”.
ES:
En este artículo se estudia Nous autres, les autres (Nosotros, los otros), de Régine Robin (2011), así como la dinámica de inclusión y de exclusión que supone el pronombre ‘nosotros’. Mientras Robin denuncia el ‘nosotros’ demasiado restrictivo utilizado por la mayor parte de los quebequenses, ella misma adopta una enunciación ambigua en el ensayo. Deseando dejar la palabra a un ‘nosotros’ más diversificado — que tenga en cuenta la experiencia inmigrante — la ensayista se apoya en su experiencia personal de la exclusión, lo cual tiene como consecuencia aislarla de nuevo en el ‘yo’ singular.
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La pensée qui fourche : dislocation de l’essai québécois contemporain
Anne Caumartin
pp. 83–94
AbstractFR:
Le discours culturel porté par l’essai se construit selon une dynamique propre au genre : d’abord en phase avec le réel, le discours de l’essayiste se reprend ensuite, se déphase, et développe une certaine critique du monde grâce à cette mise à distance. L’article proposé aura pour amorce une recension sommaire des essais parus au cours des cinq dernières années qui vérifiera cette première impression de lecture et engagera une réflexion sur la tension entre la distance attendue par l’essai et son rapport avec l’actualité. Deux autres parties de l’article seront consacrées aux négociations entre les formes de réflexion sur le monde tel qu’il va, entre diverses expositions esthétiques de la responsabilité. Bernard Émond, essayiste-cinéaste, sera retenu comme cas de figure. S’il s’avère en effet que la « non-fiction » oblige de plus en plus à la proposition de solutions, à l’impératif, à l’immédiateté, il s’agira d’évaluer l’usage essayistique de la fiction, de poursuivre la réflexion sur la poétique du genre.
EN:
The cultural discourse carried by the essay is built according to a dynamic specific to the genre: initially in sync with reality, the essayist’s discourse then steps back, goes out of sync and develops a criticism of the world thanks to this distancing. The article first seeks to verify the accuracy of this intuition through a brief review of essays published over the last five years. It then initiates a reflection on the tension between the distance expected of an essay and its relationship to current events. Two other parts of the article deal with the negotiations between forms of reflection on the world as it is and between various aesthetic views of responsibility. Filmmaker and essayist Bernard Émond serves as an example. If it turns out that “non-fiction” is more and more likely to require suggested solutions, imperatives and immediacy, then the goal will be to assess the essayistic use of fiction and to continue thinking about the poetics of the genre.
ES:
El discurso cultural difundido por el ensayo se construye según una dinámica propia del género: en primer lugar acorde con lo real, el discurso del ensayista reacciona luego, se desfasa y desarrolla cierta crítica del mundo, gracias a este distanciamiento. El artículo propuesto comienza con una breve reseña de los ensayos publicados en el transcurso de los últimos cinco años, en la cual se verificará esta primera impresión de lectura y se iniciará una reflexión sobre la tensión entre la distancia que se espera del ensayo y su relación con la actualidad. Otras dos partes del artículo están dedicadas a las negociaciones entre las formas de reflexión sobre el mundo, tal como va, entre diversas exposiciones estéticas de la responsabilidad. Se ha seleccionado a Bernard Émond, ensayista y cineasta, como caso de ejemplo. En efecto, si resulta que la ‘no ficción’ obliga cada vez más a la propuesta de soluciones, a lo imperativo y a lo inmediato, se trata de evaluar el uso ensayístico de la ficción, de proseguir con la reflexión sobre la poética del género.
Étude
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Charge et contre-charge : Claude Gauvreau, pastiché et pasticheur
Sophie Dubois
pp. 97–109
AbstractFR:
Le présent article vise à revisiter le mythe tragique de Claude Gauvreau en faisant voir la part du rire — certes, parfois moqueur et parfois méprisant — qui accompagne les premiers textes publiés en 1948. À partir d’un regard sur la réception de ces textes, et principalement à partir de deux cas de pastiches par Odette Oligny, il s’agit de poser les bases du mythe, lequel s’érige en dialogue avec la critique. Dès lors, il devient possible de relire une scène de La charge de l’orignal épormyable comme une réponse, sur le mode satirique, à la critique antérieure de l’oeuvre gauvréenne.
EN:
This article undertakes to revisit the tragic myth of Claude Gauvreau and show the element of laughter—admittedly sometimes mocking or contemptuous—that accompanied the first texts he published in 1948. Starting from a look at the reception of these texts, and on the basis especially of two pastiches by Odette Oligny, our goal is to lay the foundations of the myth that established itself in a dialogue with criticism. We are then in a position to reread a scene from La charge de l’orignal épormyable as an answer, in a satiric vein, to previous criticism of Gauvreau’s work.
ES:
El presente artículo apunta a una nueva lectura del mito trágico de Claude Gauvreau, mostrando la parte de risa — por cierto, a veces burlón y otras veces despectivo — que acompaña los primeros textos publicados en 1948. A partir de una mirada a la acogida de dichos textos, y principalmente a partir de dos casos de plagios, por parte de Odette Oligny, se trata de establecer las bases del mito, que se erige en diálogo con la crítica. Resulta entonces posible releer una escena de La charge de l’orignal épormyable (El ataque del alce ‘épormyable’), como respuesta, en clave satírica, a la crítica anterior de la obra de Gauvreau.