Abstracts
Résumé
Depuis les dernières décennies, les migrations internationales sont marquées par un phénomène de féminisation. Ce dernier doit être analysé dans une perspective féministe pour comprendre les structures sociales qui favorisent ou limitent la mobilité des femmes. En effet, les rapports sociaux inégalitaires complexifient les parcours migratoires et sont à l’origine de plusieurs formes de violences. Pour les comprendre, il faut se pencher sur les discriminations, les inégalités et les stéréotypes, notamment genrés, qui incitent souvent à la naturalisation de la violence et à l’assujettissement des femmes dans leur société d’origine, dans leur expérience du passage des frontières, et une fois arrivées en sol étranger. Pour saisir ces dynamiques, l’auteure, qui présente sa recherche sur les trajectoires migratoires de Colombiennes en situation de refuge en Équateur, s’est appuyée sur un cadre théorique alliant les théories féministes et le concept de continuum des violences. Ce cadre d’analyse a été mis en oeuvre dans une démarche qualitative qui a fait appel à la théorie de la connaissance située et qui est notamment basé sur des récits de vie. L’analyse de ces récits, recueillis auprès des personnes qui ont fait une demande d’asile ou qui sont en situation de refuge, a mis en évidence l’importance des discriminations qu’elles vivent en emploi. L’auteure propose donc une analyse de la façon dont l’enchevêtrement des différents systèmes d’oppression participe à l’exacerbation des violences dans le domaine spécifique du travail. En illustrant la manière dont les rapports inégalitaires qui se manifestent durant la migration influent sur l’accès au travail, le cantonnement dans des emplois historiquement féminins, précaires et dévalorisés, sans oublier l’exposition à différentes formes de violences; cet article permet de pousser plus loin les connaissances actuelles en proposant une réflexion globale sur les violences genrées dans les trajectoires migratoires.
Mots-clés :
- violences,
- intersectionnalité,
- réfugiées,
- travail,
- discrimination
Abstract
Since the last decades, international migration is marked by a phenomenon of feminization. The latter must be analyzed from a feminist perspective in order to understand the social structures that promote or limit the mobility of women. Unequal social relations hinder the migration pathways and are at the root of several forms of violence. In order to understand them, we must focus on discrimination, inequality and stereotypes, particularly gendered ones, which often incite the naturalization of violence and the subjugation of women in their societies of origin, in their experience of border crossing, as well as the arrival in foreign soil. To seize these dynamics, the author, presenting her research on the migratory trajectories of Colombian women in a situation of refuge in Ecuador, relied on a theoretical framework combining feminist theories and the concept of continuum of violence. This framework of analysis has been implemented through a qualitative research based on the standpoint theory approach and the documentation of life stories. The analysis of these stories, collected from asylum seekers and refugees, highlighted the importance of the discrimination they face in employment. The author therefore proposes an analysis of how the entanglement of the different systems of oppression contributes to the exacerbation of violence in the specific field of work. By illustrating how the unequal relationships that occur during migration influence access to work, cantonment in historically feminine, precarious and devalued jobs, as well as exposure to different forms of violence; this article contributes to the knowledge in this field of research by proposing a global reflection on the gendered violence in the migratory trajectories.
Resumen
Las migraciones internacionales están marcadas por un fenómeno de feminización. Este último debe analizarse desde una perspectiva feminista para comprender las estructuras sociales que favorecen o limitan la movilidad de las mujeres. Las relaciones sociales desiguales complican los patrones migratorios y de ellas provienen muchas formas de violencia. Para comprenderlas, es necesario insistir en las discriminaciones, desigualdades y estereotipos, especialmente los de género, que a menudo incitan a la naturalización de la violencia y a la subyugación de las mujeres en su sociedad de origen, en su experiencia de cruzar fronteras. así como una vez que llegó a tierra extranjera. Para capturar estas dinámicas, la investigación presentada aquí sobre las trayectorias migratorias de las Colombianas en situaciones de refugio en Ecuador se basó en un marco teórico que combina las teorías feministas y el concepto del continuums de las violencias. Este marco de análisis se implementó en un enfoque cualitativo que apelaba a la teoría del conocimiento localizado y que se basaba en particular en relatos de vida. El análisis de estos relatos, recogidos de solicitantes de asilo y de refugiadas, destacó la importancia de la discriminación que experimentan en el empleo. Por lo tanto, este artículo propone un análisis de cómo el entrelazamiento de los diferentes sistemas de opresión contribuye a la exacerbación de la violencia en el campo específico del trabajo. Al ilustrar cómo las relaciones desiguales que ocurren durante la migración influyen en el acceso al trabajo, el confinamiento en empleos históricamente femeninos, precarios y devaluados, así como en la exposición a diferentes formas de violencia, este artículo nos permite llevar el conocimiento ya disponible más allá al proponer una reflexión global sobre las violencias de género en las trayectorias migratorias.
Appendices
Références
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