Vous connaissez les chiffres. La représentation équitable des femmes et des filles dans les domaines des sciences, de la culture numérique et de l’ingénierie (surtout dans ce dernier domaine) a toujours été une bataille difficile. Pour ne citer que les chiffres du Canada en 2023, les femmes représentent moins de 25 % des personnes employées dans les carrières en STIM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques), et seulement 34 % des titulaires d’un diplôme en STIM. Les données, bien qu’elles s’améliorent, ne sont pas vraiment meilleures en général ailleurs dans le monde. De plus, selon des évaluations récentes de l’ONU, les femmes reçoivent des subventions de recherche généralement moins élevées que celles de leurs collègues masculins; si elles représentent 33,3 % de tout le personnel de recherche, elles ne forment que 12 % des membres des académies nationales des sciences. Dans des domaines de pointe comme l’intelligence artificielle, seulement une personne scientifique sur cinq (22 %) est une femme. Les femmes ne représentent toujours que 28 % des diplômés en ingénierie et 40 % des diplômés en informatique. Les chercheuses ont tendance à avoir des carrières plus courtes et moins bien rémunérées que celles de leurs collègues masculins. Leurs travaux sont sous-représentés dans les revues de renom, et elles sont souvent ignorées en matière de promotion. Mais, bien sûr, les chiffres ne suffisent pas. La Journée internationale des femmes et des filles en science, parrainée par l’ONU et qui en est à sa dixième année, a contribué à mettre en lumière certains de ces défis. Des distinctions telles que le Prix international L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science ont aussi répondu à la nécessité de promouvoir une plus grande attention à l’équité entre les sexes, tout comme la montée des mouvements de sensibilisation et de formation des filles dans l’éducation STIM. En fin de compte, les expériences vécues, les leçons partagées, le mentorat, les occasions de sensibilisation, la capacité de surmonter les obstacles à l’entrée, les revendications, l’expérience en matière d’éducation de la petite enfance, les influences culturelles et familiales, et d’autres questions comptent également. Au milieu des années 60, des femmes leaders dans les domaines des STIM de divers pays se sont donné les moyens de faire valoir leurs réalisations scientifiques et d’échanger sur leurs préoccupations. Elles ont pris l’initiative de changer et de remodeler la situation tout en faisant part de leurs réussites universitaires et professionnelles, et en discutant de la manière de faire progresser la représentation des femmes dans tous les domaines des STIM. Les congrès internationaux des femmes ingénieures et scientifiques ont constitué une plate-forme majeure à cet égard. Ce livre est un travail d’amour et d’engagement de la part des autrices et de leur collaboratrice, Karine Laporte. Il s’agit d’un imposant livre de 468 pages qui s’appuie en grande partie sur une riche collection numérisée de notes de conférences, de témoignages et d’actes de colloque qui ont eu lieu de 1964 à 2002. Les trois autrices – qui ont un curriculum vitae remarquable en ingénierie et en sciences au Canada – ont accompli un travail unique en triant l’essentiel des réunions qui ont eu lieu depuis le tout premier rassemblement du Congrès international des femmes ingénieures et scientifiques (ICWES), en 1964 à New York, jusqu’à la création, en 2002, de l’International Network of Women Engineers and Scientists (INWES), qui assure aujourd’hui la continuité de la série des congrès de l’ICWES. Les autrices s’empressent de souligner qu’il existait plusieurs autres congrès et organisations internationales de femmes avant le début des années 60 et en énumèrent quelques-uns. Mais en ce qui concerne les congrès mondiaux de …
Monique Frize, Claire Deschênes et Ruby Heap, avec la collaboration de Karine Laporte, Women’s Contribution to Science and Technology through ICWES Conferences, Cham, Springer, 2023, 468 p.
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Paul Dufour
Université d’Ottawa
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