Lu pour vous

Osons imaginer : de la folie à la fiertéST-AMAND, Nérée, et Eugène LEBLANC, Osons imaginer : de la folie à la fierté, Éditions Our Voice/Notre Voix, Moncton, 2008, 294 p.[Record]

  • Claude Snow

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  • Claude Snow
    Travailleur communautaire, Comité des douze, Caraquet, Nouveau-Brunswick

En lisant « Osons imaginer : de la folie à la fierté », le livre de Nérée St-Amand et d’Eugène LeBlanc qui vient d’être publié, j’ai conclu que c’est un pouvoir fou qui se trouve dans les mains de ceux qui ont eu un jour des troubles mentaux et qui en ont été marqués. J’ai découvert en lisant ce livre une source de libération et d’espoir pour tous ceux qui ont des troubles mentaux et qui se sentent incompris par un système qui les étouffe. C’est une bouffée d’air frais pour ceux qui cherchent à percer l’emprise exercée par le monde médical sur les déséquilibres d’ordre émotif. Les témoignages émouvants d’un homme, Stephen Inness, et d’une femme, Mary Pengilly, internés au 19e siècle, à l’asile de St-Jean, N.-B., nous transportent dans l’univers psychiatrique d’autrefois. Les auteurs ont tenu à leur rendre hommage en reconstituant leur vie, leurs souffrances, leurs rêves, leurs révoltes et leurs luttes. Ces personnes avaient la volonté de survivre, et gardaient espoir de s’en sortir, dans un monde qui les engouffrait. Plusieurs survivants se reconnaissent en elles et souhaitent poursuivre leur lutte. Le livre fait état d’un cri du coeur qui cherche à se faire entendre. Les auteurs expliquent brillamment quel est l’état de la psychiatrie du point de vue de ceux à qui les services sont destinés. En fournissant des données historiques sur l’évolution de la psychiatrie au cours des derniers 150 ans, en procédant par la voie de sondages et d’entrevues, puis en recueillant de nombreux témoignages de personnes psychiatrisées, ils brossent un portrait fidèle et vivant de la façon dont la psychiatrie est perçue par les survivants. Les auteurs nous invitent à adopter un nouvel état d’esprit en ce qui concerne ceux qui sont éprouvés émotivement. Le système psychiatrique a longuement eu la chance de faire ses preuves, mais du point de vue de ceux qui en ont été traités, ils ont été malmenés, même abusés. Ils se considèrent victimes d’un système contrôlant et souvent inhumain qui les dénuait de leur dignité. S’ils ont survécu, c’est grâce à leur esprit combatif, leur force de résister et leur lutte contre l’oppression. Il n’y a pas si longtemps, on croyait que l’asile devait être loin du domicile des gens. Les droits de visite étaient limités et les traitements étaient prodigués par des étrangers. On croyait aussi qu’il fallait faire travailler les psychiatrisés, soi-disant parce que cela contribuerait à changer leur état d’esprit tout en aidant au financement de l’établissement. Pendant ce temps, le système formel se glorifiait de ses accomplissements, les qualifiant de véritables exploits. La psychiatrie se targuait d’être l’experte en matière de santé mentale, mais les auteurs démontrent, preuves en main, qu’elle a commis des abus sordides depuis 150 ans. On n’enferme plus les patients dans des cages et on ne leur fait plus subir de sévices comme l’étirement des bras dans le but de les punir, mais on les bourre de médicaments plutôt que de les encager. L’approche des psychiatrisés, quant à elle, est ancrée sur un modèle de débrouillardise/ autonomie. Ils reprochent à la psychiatrie d’être cantonnée dans un modèle de maladie/ dépendance. Les documents tirés des archives démontrent clairement que pendant longtemps, on a traité les citoyens éprouvés émotivement comme des animaux. Les survivants forcent le système établi à refaire ses devoirs et dans ce sens, ils secouent la cage du statu quo. En lisant le livre, on découvre des gens passionnément sincères, des personnes à la recherche de liberté qui veulent se libérer d’un système qui les écrase et qui ne les comprend pas. Ils qualifient d’échec le système …