FR:
Les Musulmans bengalis sont, pour la plupart, des descendants de convertis d’origine hindoue. De ce fait, la structure de la parenté n’est pas, chez eux, très différente de celle qui prévaut chez leurs voisins hindous d’aujourd’hui : on observe dans les deux cas un modèle cognatique qui produit une parentèle très élargie, excluant d’emblée toute forme de mariage entre cousins, aussi bien parallèles que croisés. On est toutefois surpris de constater, à l’examen de nos matériaux recueillis dans deux villages du Bengale de l’Ouest, que seuls les mariages entre cousins parallèles sont déconsidérés par les Musulmans bengalis. À l’inverse, le mariage avec la cousine croisée matrilatérale est non seulement permis, mais recommandé au nom d’un idéal assez vague d’hypogamie qui en sous-tend la pratique. Cependant, cette formule n’aboutit jamais à la constitution de cycles d’alliance. Celle-ci reste au contraire très dispersée, mais les liens à court terme qu’elle produit sont un facteur d’intégration de la société musulmane bengalie qui se serait sans doute beaucoup plus segmentée si les mariages entre cousins parallèles avaient été la norme. Cette hypothèse trouve une preuve dans la position intermédiaire du mariage avec la cousine croisée patrilatérale qui, tout en créant la même intégration que son homologue matrilatéral, se rapproche de la formule du mariage entre cousins parallèles du point de vue économique : il permet au patrilignage de récupérer à la seconde génération la dot qui, dans ce cas, est la seule prestation pertinente.
EN:
Most Bengali Muslims descend from converts who were originally Hindus. This background accounts for their kinship structure to be very close to the general pattern of Bengali Hindus in that field. They display an Ego-centered cognatic model producing a very extensive kindred, which naturally rules out any type of cousin marriage, whether parallel or cross. It is then very surprising that our data on two villages in West Bengal showed that only parallel cousin marriage is disconsidered by Bengali Muslims. On the other hand, marriage of a male Ego with his matrilateral cross cousin is not only permitted, but recommended. This is due to a rather vague hypogamous ideal which encourages this practice. Nevertheless, it never creates marriage-cycles as such, because marriage alliances remain on the contrary very scattered. But paradoxically, this means for Bengali Muslims a factor of integration in their community, otherwise, had parallel cousin been the norm, then the Bengali Muslim society would have been much more segmented. Marriage with one’s female patrilateral cross-cousin generates the same kind of integration as does the matrilateral cross-cousin alliance, but is much closer, from the economic point of view, to parallel cousin marriage : it allows the patrilineage to recuperate the dowry (it is in this case the only significant prestation) at the second generation.