Cahiers de géographie du Québec
Volume 56, Number 157, April 2012
Table of contents (27 articles)
Articles
-
D’une génération à l’autre : lecture et interprétation des paysages de bocage par les agriculteurs de trois régions laitières en Basse-Normandie (France)
Maxime Marie and Philippe Madeline
pp. 9–28
AbstractFR:
En Basse-Normandie, comme dans une grande partie des espaces ruraux européens, les transformations des systèmes de production agricole entamées au cours des années 1960 ont radicalement modifié les paysages et les rapports entretenus par les individus avec ces derniers. Cet article propose une étude des représentations paysagères des agriculteurs à partir d’une méthode d’enquête éprouvée. Nous présentons d’abord la méthode qui a conduit à l’élaboration du corpus de photographies utilisé pour analyser les représentations des exploitants agricoles. Puis nous examinons les différentes lectures des paysages qui peuvent être faites par les agriculteurs suivant un facteur générationnel. L’analyse fine des discours produits par ces derniers nous conduit ainsi à identifier des différences marquées entre les exploitants ayant participé aux principales phases d’intensification agricole durant les années 1970 et ceux, plus jeunes, installés dans les années 1980. Enfin, l’étude des discours sur les friches et les cultures révèle la place centrale des identités professionnelles dans la construction des représentations paysagères des agriculteurs.
EN:
Following a process initiated during the 1960s in a large number of Europe’s rural areas, the transformation of agricultural production systems brought about significant changes in both the landscape of Lower Normandy and the relationship people had with it. The purpose of this paper is to apply proven survey methodology to analyze how farmers see their landscapes. We begin by explaining the method used to select the photographic corpus used as the basis for the study. We then examine the way two generations of farmers interpret their landscapes. Our discourse analysis reveals significant differences between these farmers, differences that reflect a major shift in perceptions between those who were part of the agricultural productivism reforms of the 1970s, and members of the younger generation who began working in agriculture in the mid-1980s. Furthermore, our analysis of their discourse on wastelands and crops highlights the crucial importance of professional identity in the ways these farmers construct their particular representations of their landscapes.
ES:
En Baja Normandía, como en gran parte de los espacios rurales europeos, las transformaciones de los sistemas de producción agrícola comenzadas en los años 1960 han modificado radicalmente los paisajes y las relaciones entre estos con los individuos. Este artículo propone un estudio de las representaciones paisajísticas de los agricultores, gracias a un método validado de encuestas. Se presentan, primero, el método para constituir el corpus de fotografías utilizado para el análisis de las representaciones de los productores agrícolas. Luego, se examinan las diferentes lecturas probables de paisajes presentadas por los agricultores según un factor generacional. El análisis detallado de esos discursos permite establecer diferencias marcadas entre los cultivadores que participaron en las etapas principales en la intensificación agrícola de los años 1970, con los más jóvenes instalados en los años 1980. Finalmente se presenta el resultado del estudio de los discursos sobre los eriales y los cultivos, lo que revela el espacio central de las identidades profesionales en la construcción de las representaciones paisajísticas de los agricultores.
-
La peine de mort au Texas : un objet géographique
David Giband and Bertrand Lemartinel
pp. 29–49
AbstractFR:
La peine de mort n’a pas donné lieu à beaucoup de travaux en géographie, parce qu’elle semble d’abord une affaire de droit et de morale. Pourtant, elle présente une expression spatiale, en particulier aux États-Unis qui la pratiquent encore. Loin d’être une affaire d’État, elle s’y caractérise par une différenciation spatiale extrêmement marquée jusqu’à l’instance locale du comté. Pour le montrer, l’exemple du Texas, qui assume presque la moitié des exécutions étasuniennes, a été privilégié. Se fondant sur le dépouillement de 464 fiches de condamnés, complété par une approche qualitative, l’hypothèse de cette étude consiste à montrer que la variabilité spatiale de l’application de la peine de mort repose sur la présence et l’ancrage de dispositifs spatiaux légaux.
EN:
The death penalty has not given rise to much research in the field of Geography, as it is often seen as being fundamentally an issue of law and ethics. Yet it does have a territorial dimension, especially in the United States of America, where it is still widely practised. However, far from being a politically driven phenomenon, it is characterized by a very clear spatial differentiation, observable even at the county level. This study focuses on the example of Texas, which accounts for almost half of the executions in the United States. Through an analysis of the files of 464 convicted offenders, supplemented by a more qualitative approach, the study aims to show that spatial variations in death penalty enforcement occur within a particular legal and spatial framework.
ES:
La pena de muerte no ha merecido tantos trabajos en Geografía, pareciendo ser más un asunto jurídico y moral. No obstante, la pena de muerte presenta una expresión espacial, particularmente en Estados Unidos donde aún la practican. Lejos de ser una cuestión de Estado, una de sus características es la diferenciación espacial extremadamente marcada, hasta la instancia local del condado. Para demostrarlo, se privilegia aquí el ejemplo de Tejas, donde se realizan casi la mitad del total de las ejecuciones estadounidenses. Sobre la base del examen de 464 fichas de condenados a muerte, más el enfoque cualitativo que lo completa, la hipótesis propuesta en este estudio consiste en mostrar que la variabilidad espacial de la aplicación de la pena de muerte depende de la presencia y del reforzamiento de los dispositivos espaciales legales.
-
Le plan de Jacques Gréber pour la capitale nationale : un héritage urbanistique décrié
Kenza Benali and Caroline Ramirez
pp. 51–80
AbstractFR:
Jacques Gréber, architecte-urbaniste français connu pour ses réalisations en Amérique du Nord, a véritablement été l’architecte des villes d’Ottawa et Hull lorsqu’il réalisa, en 1950, le Plan de la capitale nationale. Jusqu’à cette date, Ottawa et Hull, villes industrielles se faisant face sur les rives de la rivière des Outaouais, avaient connu une croissance spontanée et incontrôlée. Soucieuses d’embellir et d’articuler les deux villes pour en faire un seul district fédéral, ses réalisations bénéficiaient à l’époque d’un certain engouement. Il faudra en fait attendre le tournant du XXIe siècle, lorsque ce plan sera réalisé en grande partie et qu’il sera réactualisé partiellement par les instances publiques pour les futurs aménagements de la capitale, pour assister à toute une polémique sur l’héritage de Jacques Gréber. Notre article propose donc, après un survol des réalisations de cet urbaniste, une analyse des critiques adressées à cet héritage urbanistique.
EN:
Jacques Gréber, the French landscape architect and urban designer widely recognized for projects executed in North America, became the true architect of the towns of Ottawa and Hull when, in 1950, he produced his Plan for the National Capital. Until then, the industrial towns of Ottawa and Hull, located on opposite sides of the Ottawa River, had known only spontaneous and uncontrolled growth. As an instrument for beautifying the two cities and forging them into a single federal district, Gréber’s project generated considerable enthusiasm. It was not until the beginning of the 21st century, when a substantial amount of the plan had already been implemented and public authorities were looking for ways to adapt it to the future development of the National Capital, that controversy over the legacy left by Jacques Gréber really began to heat up. Our article provides both an overview of the achievements of this urban designer and an analysis of the criticism directed today at his urban legacy.
ES:
Jacques Gréber, arquitecto-urbanista francés, conocido por sus realizaciones en América del Norte, ha sido verdaderamente el arquitecto de las ciudades de Ottawa y Hull cuando en 1950 realizó el Plano de la capital nacional. Hasta esa fecha, Ottawa y Hull, ciudades industriales situadas frente a frente a lo largo del rio Outaouais, tuvieron un crecimiento incontrolado y espontaneo. Las realizaciones del arquitecto se preocupaban de embellecer y articular las dos ciudades en un solo distrito federal. En aquella época sus realizaciones beneficiaron de cierta pasión. De hecho, deberá esperarse hasta los comienzos del siglo XXI para asistir a toda una polémica sobre la herencia de Jacques Gréber, cuando el Plano estaba casi terminado y actualizado por las instancias públicas para el futuro desarrollo de la Capital. Nuestro artículo propone un análisis de las críticas dirigidas a su herencia urbanística, luego de presentar una visión general de sus realizaciones.
Transformation de « l'urbain » et du « rural » et territorialité des sociétés contemporaines
-
Note liminaire
-
La fin d’un règne qui en annonce un autre : analyse de la démarche de Gérald Fortin pour la connaissance du rural et de l’urbain
Dominique Morin
pp. 93–108
AbstractFR:
Cet article analyse la démarche critique de Gérald Fortin (1929-1997) dans la saisie de ce qu’on pouvait considérer jusqu’aux années 1960 comme étant urbain ou rural. En 1971, dans La fin d’un règne, Fortin déclare avoir été le témoin de la disparition du rural, et écrit que le Québec est une ville à inventer. Ce recueil de publications donne à voir un parcours inscrit dans le dernier segment d’une trentaine d’années de discussions sur le devenir du Québec qui ont bouleversé nos références aux notions de l’urbain et du rural. La signification de ces concepts évolue, chez Fortin, dans la poursuite et le discernement d’un idéal du développement en conflit avec d’autres. Sur le fond de références par rapport auxquelles ses textes se démarquent, l’élaboration de sa visée du devenir du monde rural et des villes du Québec est schématisée en trois phases d’une sociologie toujours actuelle.
EN:
This article draws on Gerald Fortin’s writings to analyze his critical approach to what the concepts of “urban” or “rural” had been understood to mean until the 1960s. In 1971, he wrote in La fin d’un règne that he had witnessed the disappearance of rurality in Québec and described Québec as a “city” in the making, sociologically speaking. The documents in this collection illustrate the evolution of Fortin’s contribution to the later phases of a thirty-year-long debate on the past and future of Québec and his challenges to the conventional understanding of what was meant by “urban” and “rural”. To Fortin’s way of thinking, these were evolving concepts to be worked toward and interpreted as the basis of an ideal for development, a view in strong contradiction with those of many other thinkers. The article contrasts his analyses with other writings on the subject and presents his vision of the past, present and future of rural and urban Québec, within the framework of a three-phased sociological approach still relevant today.
ES:
Este artículo analiza el procedimiento crítico de Gerald Fortin (1929–1997) dentro de la comprensión de lo que se consideraba como urbano o rural hasta los años 1960. En 1971, en La fin d’un règne, Fortin declara haber sido testigo de la desaparición de lo rural, y escribe que Québec es una ciudad a inventar. Su colección de publicaciones muestra una trayectoria inscrita en el último segmento de cerca de treinta años de discusiones sobre el destino de Québec, las que transformaron nuestras referencias a las nociones de urbano y rural. La significación de lo urbano y lo rural evoluciona en conflicto con otros conceptos, según el discernimiento y la búsqueda de un ideal de desarrollo (Fortin). Sobre un fondo referencial de los cuales se distingue, la elaboración de su punto de vista sobre la transformación del mundo rural y de las ciudades de Québec se esquematiza en tres etapas de una sociología todavía de actualidad.
-
Urbain, rural et milieux transitionnels : les catégories géographiques de la ville diffuse
Martin Simard
pp. 109–124
AbstractFR:
Ville, campagne, urbain, rural, banlieue, tous ces mots font partie du vocabulaire courant de notre époque. Mais que signifient-ils réellement ? Les difficultés traditionnelles de définition et de délimitation des catégories d’espaces géographiques prennent une dimension nouvelle dans le contexte de la mondialisation et de la métropolisation. La montée de l’économie de l’information et la popularisation d’Internet sonnent-ils le glas des territoires tels que nous les avons connus ? Nous tenterons de faire le point sur la nomenclature en études urbaines. Nous nous intéresserons également aux nouvelles formes d’urbanisation diffuse que nous qualifions de milieux transitionnels. On peut définir ces milieux comme des territoires qui s’écartent des idéaux-types du rural et de l’urbain. Ces espaces hétérogènes reflètent la complexité de l’écoumène issu de la ville diffuse. Leur nature hétéroclite ne serait pas temporaire, mais appelée à rester hétéroclite. Ils constituent le produit d’une société urbaine métropolisée et ils soulèvent différents défis en matière de pédagogie, de vie en société et de développement durable.
EN:
The words “city”, “countryside”, “urban”, “rural” and “suburbs” have all become part of our everyday language. But what do they really mean? Traditional difficulties in defining and delimiting the typology differentiating between geographical spaces take on a whole new dimension in the context of globalization and metropolitanization. Does this mean that the rise of the knowledge economy and the popularity of the Internet are ringing the death knell of what we understood until now was meant by the term “territories”? In this article, we present a progress report on the nomenclature used in urban studies and consider new forms of extended urbanization, which we describe as transitional environments. These are areas that can be defined as territories that diverge from recognized rural and urban ideal types. They are heterogeneous spaces that reflect the complexity of the ecumene resulting from the extended city. Their heteroclitic nature is not a passing phenomenon; it is here to stay. Transitional environments are the product of metropolitanized urban societies and pose a number of significant challenges in terms of education, societal issues and sustainable development.
ES:
Ciudad, campo, urbano, rural, arrabales, estas palabras hacen parte del vocabulario corriente de nuestra época. Pero ¿qué significan realmente? Las dificultades tradicionales de definición y delimitación de las categorías de los espacios geográficos adquieren una nueva magnitud en contexto de mundialización y de metropolización. ¿Anuncian, el auge de la economía de la información y la popularidad de internet, la muerte de los territorios tal como los conocimos? Tentaremos de aclarar la situación de la nomenclatura en los estudios urbanos. Nos interesaremos igualmente en las nuevas formas de urbanización difusa que calificamos de medio ambientes transicionales que podemos definir los como territorios alejándose de los ideales-tipo de lo rural y lo urbano. Estos espacios heterogéneos reflejan la complejidad ecuménica residencial, resultante de la ciudad difusa. Su naturaleza heteróclita no seria temporaria, al contrario, permanecerá heteróclita. Constituyen el producto de una sociedad urbana metropolitana y suscitan desafíos diferentes en materia de pedagogía, de sociología y de desarrollo sostenible.
-
Ville et campagne : deux concepts à l’épreuve de l’étalement urbain
Guy Mercier and Michel Côté
pp. 125–152
AbstractFR:
Malgré la forte critique qu’il essuie et les mesures prises à son encontre, l’étalement urbain se poursuit. Il y a là un paradoxe qui pourrait signifier que l’étalement urbain tire avantage des moyens adoptés pour le contrer. L’hypothèse, qui n’a rien d’ironique, force la réflexion sur les catégories conceptuelles (ville, campagne, urbain, rural) qui fondent notre compréhension du phénomène. En suivant cette piste, on remarque, à partir du cas québécois, que la critique de l’étalement urbain propage une conception dichotomique de la ville et de la campagne, alors que les moyens mis en oeuvre pour le contrer agissent selon d’autres critères, autorisant ce qu’on peut appeler une « urbanisation de la campagne ». Ce constat pousse à s’interroger sur le caractère intrinsèquement urbain de cette dernière. L’idée qui s’en dégage est que la ville et la campagne seraient deux entités partageant un champ où se déploient et se combinent, selon des modalités propres à chacune, des caractères à la fois urbains et ruraux. Dans ce contexte, le défi ne serait donc pas simplement d’empêcher l’étalement urbain, mais d’assurer la meilleure urbanisation possible de la campagne.
EN:
Urban sprawl continues unabated, in spite of widespread criticism of its impact and strong countermeasures adopted by public authorities. Might it not be argued, in this context, that urban sprawl benefits from the very measures intended to fight it? That hypothesis, far from being ironic, could relaunch the debate about the conceptual categories underlying our understanding of the phenomenon: “city, countryside, urban, rural”. Our analysis of the case of the province of Québec would suggest that criticism of urban sprawl presupposes an absolute dichotomy between the city and the countryside, while the means used to counter it operate on an entirely different basis and in fact facilitate the urbanization of the countryside. Does this mean that the city and the countryside actually constitute two geographical entities that share common attributes, both urban and rural, but combine them differently? If that is so, the challenge for land planners would not simply be to prevent urban sprawl, but rather to ensure the best possible urbanization of the countryside.
ES:
A pesar de la fuerte crítica de la que es objeto y de las medidas tomadas en su contra, la expansión urbana se prolonga. Aquí hay una paradoja según la cual la expansión urbana estaría aventajada por las propias medidas creadas para afrontarla. La hipótesis, nada irónica, obliga a reflexionar las categorías conceptuales (ciudad, campo, urbano, rural) que cimentan la comprensión del fenómeno. Según esta pista y partiendo del caso quebequense, se observa que la crítica de la expansión urbana propaga una concepción dicotómica de la ciudad y el campo, mientras que los medios utilizados para contrarrestarla actúan según otros criterios, autorizando lo que puede llamarse una « urbanización del campo ». Este estado de cosas ocasiona interrogaciones sobre el aspecto intrínseco de lo urbano de esta última. La idea emergente es que la ciudad y el campo serían dos entidades compartiendo un espacio donde se despliegan y combinan, según sus propias modalidades, con características a la vez urbanas y rurales. En tal contexto, el desafío no sería de impedir simplemente la expansión urbana, sino de asegurar la mejor urbanización posible del campo.
-
Penser la ruralité et son développement au GRIDEQ entre 1970 et 2000 : du mouvement social localisé à la construction symbolique des communautés territoriales
Yann Fournis
pp. 153–172
AbstractFR:
Au Québec comme ailleurs, la ruralité est un objet difficile à analyser : elle suscite souvent une conclusion désenchantée, comme si la période historique récente conduisait à sa dissolution. À partir des travaux de Hugues Dionne, cet article se propose de rappeler l’actualité de certaines contributions du GRIDEQ, proches d’une sociologie critique, à ce débat. Ces travaux illustrent une évolution lourde de certaines études régionales québécoises qui, d’abord tournées vers les mouvements sociaux et les lieux de vie, connaissent un tournant dans les années 1990 : elles élargissent le regard à d’autres logiques spatiales et valorisent plus nettement une mobilisation locale qui transmue les lieux de vie en territoires, dans un rapport de coopération conflictuelle avec l’État. Cette redéfinition des rapports entre localisation et territorialisation conduit à une conception forte de la communauté qui, entendue comme « recherche de globalité », confère au local une forme de cohérence symbolique et sociale.
EN:
In Québec, as elsewhere, rurality is a difficult concept to define. Efforts to do so often prompt disillusioned conclusions, as if recent history were heralding the demise of the phenomenon. Based on studies carried out by Hugues Dionne, this article aims to heighten awareness of the relevance to this debate of work undertaken by the GRIDEQ research group, in what might be seen as a form of critical sociology. Research by Dionne and the GRIDEQ reflects an unmistakeable sea-change in the approaches adopted for many studies on the situation in rural Québec. It illustrates a shift in the 1990s from a focus on social movements and local living environments to a broader spatial perspective, where increasing emphasis is placed on local mobilization, seen now not simply as place, but instead as territory, in a relationship of conflictual cooperation with the State. Redefining the connections between local and territorial identity contributes to an expanded conceptualization of community which, when taken as reflecting “a desire to be part of the whole”, provides a degree of social and symbolic cohesiveness to the concept of what is “local”.
ES:
En Québec y dondequiera, la ruralidad es un objeto difícil de analizar : a menudo provoca conclusiones que decepcionan, como si el período histórico reciente llevaría a su desagregación. Partiendo de los trabajos de Hugues Dionne, este artículo trae a la memoria la actualidad de algunas contribuciones del GRIDEQ, próximas de una sociología crítica, para el debate. Esos trabajos ilustran una evolución torpe de algunos estudios regionales quebequenses, los que, previamente dirigidos hacia los movimientos sociales y los lugares de vida, conocen un viraje decisivo en los años 1990 : apertura de la visión hacia otras lógicas espaciales y clara valorización de la movilización local que transforma los lugares de vida en territorios, en una relación de cooperación conflictiva con el Estado. Esta redefinición de relaciones entre localización y territorialización conduce a una concepción fuerte de la comunidad que, comprendida como “investigación de globalidad”, confiere a lo local una forma de coherencia simbólica y social.
-
Gouvernance et concertation métropolitaines à Ottawa-Gatineau : la planification et l’aménagement du territoire en contexte interprovincial
Olivier Roy-Baillargeon and Mario Gauthier
pp. 173–188
AbstractFR:
Cet article s’intéresse au renouvellement des pratiques en matière de planification et d’aménagement du territoire dans la région métropolitaine interprovinciale d’Ottawa-Gatineau, où le développement urbain durable et la concertation à l’échelle métropolitaine sont récemment devenus des objectifs officiels de l’action publique. Les auteurs formulent l’hypothèse selon laquelle le manque de concertation des intervenants responsables de l’aménagement du territoire d’Ottawa-Gatineau est principalement attribuable à la complexité de la gouvernance métropolitaine ainsi qu’à leurs importantes divergences d’intérêts politiques, économiques et sociaux, ce qui constitue le principal obstacle à la coordination des transports et de l’urbanisme dans une perspective de développement durable à l’échelle métropolitaine. Ils démontrent que la concertation municipale y est en cours de généralisation, mais qu’elle présente encore des défaillances procédurales majeures et que la concertation interprovinciale y est amorcée depuis longtemps, mais ne figure toujours pas au sommet des priorités des organisations publiques.
EN:
This paper focuses on the renewal of land use planning practices in the interprovincial metropolitan area of Ottawa-Gatineau, where sustainable urban development and metropolitan cooperation recently became official targets of public action. The authors formulate the hypothesis that the lack of cooperation between stakeholders responsible for land use planning in the region is due primarily to the complexity of interprovincial governance and to significant divergences in the political, economic and social interests of those stakeholders. Taken together, these factors constitute the main impediment to sustainable, integrated transportation and land use planning at the metropolitan level. The authors find that municipal collaboration is in fact increasing, but is marred by serious procedural flaws and that the interprovincial cooperation process, though initiated long ago, is still not a top priority for public organizations.
ES:
Este artículo trata del cambio de prácticas en materia de planificación y de ordenación territorial, en la región metropolitana interprovincial de Ottawa-Gatineau, donde el desarrollo urbano sustentable y la concertación a escala metropolitana constituyen objetivos oficiales recientes de la acción pública. Los autores formulan como hipótesis la falta de concertación de las personas responsables que intervienen en el ordenación territorial de Ottawa-Gatineau, atribuible principalmente a la complejidad de la gobernación metropolitana y a las divergencias importantes de intereses políticos, económicos y sociales, lo que constituye el obstáculo principal a la coordinación de transportes y del urbanismo, en una perspectiva de desarrollo sostenible a escala metropolitana. Los autores demuestran que la concertación municipal se generaliza, aunque todavía presenta aún dificultades procesales mayores, y que la concertación interprovincial iniciada antaño aún no figura entre las prioridades de las organizaciones públicas.
-
Communautés francophones minoritaires et grappes culturelles émergentes dans les villes moyennes : une comparaison Moncton-Sudbury
Greg Allain, Guy Chiasson and Gina Sandra Comeau
pp. 189–205
AbstractFR:
Cet article propose une réflexion sur l’utilité du concept de grappe culturelle (cluster) dans le contexte des villes situées dans les régions périphériques, et cela, par l’entremise d’une analyse des stratégies de développement culturel francophones à Moncton et à Sudbury. Les travaux existants qui s’appuient sur ce concept portent sur l’expérience de très grandes villes capables de déployer des stratégies culturelles d’envergure mondiale, et renseignent donc peu sur les stratégies de développement culturel dans les villes situées à l’extérieur des métropoles. L’analyse des deux cas montre que le développement culturel à Moncton et à Sudbury s’appuie sur des facteurs comme la mobilisation communautaire et des dynamiques de proximité qui ne sont pas nécessairement relevés dans les études sur les grappes culturelles. L’expérience de Moncton se démarque de celle de Sudbury par l’importance accordée au quartier du centre-ville comme lieu de convergence des institutions et réseaux culturels, une dimension moins présente à Sudbury où la scène culturelle est plus éclatée géographiquement. En définitive, les études de cas suggèrent que les stratégies de développement culturel des villes périphériques sont assez différentes de celles des grandes villes et que le concept de grappe culturelle doit être utilisé de façon flexible pour bien comprendre les dynamiques à la périphérie.
EN:
Through an analysis of francophone cultural development strategies adopted in Moncton and Sudbury, this article examines the applicability of the cultural clusters approach to mid-sized peripheral cities. To date, cultural cluster studies have focused on the experiences of very large metropolitan areas with the capacity to implement broad-scale strategies. These studies provide little information relevant to cultural development strategies in cities located outside major urban centers. Our research shows that cultural development in Moncton and Sudbury hinges on a number of factors, such as community mobilization, and proximity dynamics, factors that are not necessarily reflected in the current literature on cultural clusters. The findings indicate a number of similarities between the approaches used in these two mid-sized peripheral cities, with one significant difference: the development of the downtown area as a focal point for the city’s cultural institutions and networks. The downtown core serves as a hub for Moncton’s cultural scene but in Sudbury, the local cultural scene is more geographically dispersed. Our analysis finds that cultural development strategies in smaller peripheral cities differ significantly from those used in larger urban centers. The article concludes by arguing that the cultural cluster concept must be used in a flexible manner and include factors such as community mobilization and proximity relations if we are to better understand the dynamics of similar peripheral urban areas.
ES:
Gracias al análisis de estrategias de desarrollo cultural en Moncton y en Sudbury, el presente artículo propone una reflexión sobre la utilidad del concepto de aglomerado cultural (cluster) en ciudades situadas en regiones periféricas. Los trabajos existentes fundados sobre ese concepto conciernen la experiencia de grandes ciudades capaces de difundir estrategias culturales de dimensión mundial, ero informan poco sobre las estrategias de desarrollo cultural en ciudades situadas al exterior de las metrópolis. El análisis de los dos casos muestra que el desarrollo cultural en Moncton y en Sudbury se apoya sobre factores (como la movilización comunitaria) y dinamismos de proximidad, no siempre señalados en los estudios sobre los aglomerados culturales. La experiencia de Moncton se diferencia de la de Sudbury gracias a la importancia otorgada al barrio central de la ciudad como lugar de convergencia de instituciones y redes culturales, dimensión menos presente en Sudbury, cuya escena cultural es geográficamente más fragmentada. En conclusión, los estudios de caso sugieren que las estrategias de desarrollo cultural de las ciudades periféricas son diferentes de las de grandes ciudades y que, el concepto de aglomerado cultural debe utilizarse de manera flexible para comprender mejor los dinamismos de la periferia.
-
Défis et enjeux de la revitalisation intégrée dans les villes moyennes : le cas des arrondissements de Chicoutimi, Jonquière et Alma
Suzanne Tremblay and Pierre-André Tremblay
pp. 207–224
AbstractFR:
Cet article traite des difficultés de mobilisation des groupes communautaires en lien avec la revitalisation intégrée et les dimensions sociospatiales de trois centres urbains de villes moyennes situées au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Le texte tente d’expliquer ces difficultés, mais il montre aussi que certaines expériences de revitalisation intégrée sont en émergence, notamment au centre-ville de l’arrondissement de Chicoutimi. Ces expériences nouvelles se développent à la suite de celles qui sont mises en oeuvre dans plusieurs autres villes moyennes du Québec.
EN:
This paper discusses the difficulties encountered in mobilizing community groups around integrated revitalization and socio-spatial issues affecting the downtown core of three mid-sized urban centres located in the Saguenay-Lac-St-Jean region. Our article explores these difficulties, but also shows that some new examples of integrated revitalization are beginning to emerge, particularly in the Chicoutimi downtown district. These new developments are occurring as a result of others that have taken place in different cities across Quebec.
ES:
Este artículo trata de las dificultades de movilización de los grupos comunitarios relacionados con la revitalización integrada y con las dimensiones socio-espaciales de tres centros urbanos de ciudades medianas situadas en Saguenay–Lac-Saint-Jean. El texto explica tales dificultades y muestra ciertas experiencias de revitalización integrada que emergen especialmente en el centro de la ciudad del distrito de Chicutimi. Esas nuevas experiencias se desarrollan en continuidad de aquellas implantadas en varias otras ciudades medianas de Quebec.
-
La route des paniers : réflexions sur l’efficacité énergétique d’une forme de distribution alimentaire en circuits courts
Patrick Mundler and Lucas Rumpus
pp. 225–241
AbstractFR:
Vus comme participant au développement durable dans ses trois dimensions – sociale, économique et environnementale –, les circuits alimentaires de proximité font l’objet d’un intérêt croissant de la part des consommateurs, des producteurs agricoles et des collectivités territoriales. Plusieurs travaux récents remettent pourtant en cause l’une des vertus supposées des circuits de proximité : celle de leur contribution à une moindre dépense énergétique pour leur distribution. Schématiquement, ces recherches montrent que le moyen de transport importe plus que les kilomètres parcourus et que la distribution alimentaire de masse en circuits longs, du fait d’économies d’échelles, présente de meilleurs bilans énergétiques que les circuits de proximité. Sur la base de mesures effectuées pour divers modes de distribution de paniers de fruits et légumes, nous montrons dans cet article que la performance de ces circuits courts, en termes d’efficacité énergétique, est comparable à celle de circuits plus longs. Les circuits de proximité étudiés se traduisent en effet par des efforts d’organisation locaux ou à l’échelle de petits réseaux territoriaux dont ne peuvent rendre compte les études reposant sur des moyennes qui ignorent les pratiques spatiales concrètes des acteurs, qu’il s’agisse des agriculteurs ou des consommateurs.
EN:
Consumers, producers and local communities are showing increasing interest in local food distribution systems (LFS) because they are seen as contributing to the three interrelated dimensions of sustainable development: social, economic and environmental. However, some recent studies strongly question the environmental benefits of LFS in terms of energy efficiency. These same research papers use schematic simulations and analysis to demonstrate that methods of transport have a greater influence than the food miles travelled. They also argue that, due to economies of scale, better energy efficiency is achieved through mass distribution of industrial products. From measurements made in a variety of local food systems that deliver fruit and vegetable boxes, our own analysis shows that the energy efficiency of these local distribution systems is in fact comparable with those used for mass distribution. Furthermore, the food delivery systems we studied are characterized by local level or small-scale delivery networks, neither of which are taken into account in studies based on averages that ignore real everyday spatial practices of producers and consumers.
ES:
Los circuitos alimenticios de proximidad, puesto que participan al desarrollo durable en sus tres dimensiones – social, económica y ambiental – son objeto del interés progresivo de consumidores, de productores agrícolas y de colectividades territoriales. Sin embargo, varios trabajos recientes impugnan las supuestas virtudes de los circuitos próximos : su contribución a un menor gasto energético en su distribución. Brevemente, esas investigaciones muestran que el medio de transporte importa más que los kilómetros recorridos y que la distribución alimentaria de masa en circuitos largos a escala económica – presenta mejores balances energéticos que los circuitos próximos. Mostramos en este artículo, sobre la base de medidas efectuadas de los diversos modos de distribución de canastas de frutas y de legumbres que, en términos de eficiencia energética, el rendimiento de los circuitos cortos es comparable al de los más largos. Efectivamente, los circuitos próximos estudiados se traducen en esfuerzos de organización local, o a escala de pequeñas redes territoriales, de lo que no pueden testimoniar los estudios hechos sobre medianas que ignoran las prácticas espaciales concretas de los actores, ya sean estos agricultores o consumidores.
Comptes rendus bibliographiques
-
BREUX, Sandra et BHERER, Laurence (2011) Les élections municipales au Québec : enjeux et perspectives. Québec, Presses de l’Université Laval, 351 p. (ISBN 978-2-7637-9272-9)
-
CARY, Paul et JOYAL, André (dir.) (2011) Penser les territoires. En hommage à Georges Benko. Québec, Presses de l’Université du Québec, 337 p. (ISBN 978-2-7605-2591-7)
-
CHARLOT-VALDIEU, Catherine et OUTREQUIN, Philippe (2011) L’urbanisme durable. Concevoir un écoquartier (2e édition). Paris, Éditions Le Moniteur, 312 p. (ISBN 978-2-281-19501-9)
-
CHOUINARD, Omer, BASTAN, Juan et VANDERLINDEN Jean-Paul (2011). Zones côtières et changement climatique. Le défi de la gestion intégrée. Québec, Presses de l’Université du Québec, 242 p. (ISBN 978-2-7605-3188-8)
-
DESHAIES, Michel (2011) Atlas de l’Allemagne. Les contrastes d’une puissance en mutation. Paris, Autrement, 80 p. (ISBN 978-2-7467-1545-5)
-
DIONET-GRIVET, Suzanne (2011) Géopolitique de l’eau. Paris, Éditions Ellipses, 253 p. (ISBN 978-2-7298-6404-0)
-
FODOUOP, Kengne et TAPE BIDI, Jean (2010) L’armature du développement en Afrique. Industries, transports et communication (vol. 6). Paris, Éditions Karthala, 258 p. (ISBN 978-2-8111-0370-5)
-
KLEIN, Juan-Luis et LASSERRE, Frédéric (dir.) (2011) Le monde dans tous ses États. Une approche géographique, (2e édition). Québec, Presses de l’Université du Québec, 635 p. (ISBN 978-2-7605-3206)
-
LASSERRE, Frédéric (dir.) (2010) Passages et mers arctiques. Géopolitique d’une région en mutation. Presses de l’Université du Québec, 489 p. (ISBN 978-2-7695-2561-0)
-
LORTIC, Bernard et COUET, Dominique (2011) Manuel de cartographie rapide. De l’échelle de la région à celle du mobilier urbain. Marseille, IRD, 97 p.
-
PASSALACQUA, Arnaud (2011) L’autobus et Paris. Histoire de mobilités. Paris, Economica 268 p. (ISBN 978 2 7178 5989 8)
-
PETIT, Jacques-Guy, BONNIER VIGER, Yv, AATAMI, Pita et ISERHOFF, Ashley (dir.) (2011) Les Inuit et les Cris du Nord du Québec. Territoire, gouvernance, société et culture. Presses universitaires de Rennes /Presses de l’Université du Québec, 431 p. (ISBN 978-2-7605-2689-1)
-
ROBIC, Marie-Claire, TISSIER, Jean-Louis et PINCHEMEL, Philippe (2011) Deux siècles de géographie française. Une anthologie. Paris, CTSH, 560 p. (ISBN 978-2-7355-0735-1)
-
TREMBLAY, Rémy et TREMBLAY, Diane-Gabrielle (dir.) (2010) La classe créative selon Richard Florida. Un paradigme urbain plausible ? Québec, Presses de l’Université du Québec/Rennes, Presses universitaires de Rennes, 258 p. (ISBN 978-2-7605-2509-5/978-2-7535-1143-9))
-
VANDERMOTTEN, Christian et VANDBURIE, Julien (2011) Territorialités et politique. 2e édition. Bruxelles, les Éditions de l’Université de Bruxelles, 473 p. (ISBN 978-2-8004-1498-0)