Résumés
Résumé
Cet article se penche sur une série de photographies prises par Eli Lotar lors d’un voyage avec son collègue photographe Jacques-André Boiffard à bord de l’Exir Dallen, un voilier appartenant à un ingénieur industriel nommé Fernando de Cárdenas. Rejoignant le groupe de Cárdenas alors que le navire se dirigeait de l’Espagne vers l’Afrique du Nord en 1933 et 1934, les photographes documentèrent les populations pauvres vivant le long des côtes des deux continents. À cette époque, Lotar et Boiffard s’étaient engagés dans la politique communiste et participaient aux activités de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR). En analysant ces photos en relation à la critique de l’AEAR de l’intervention franco-espagnole au Maroc, je soutiens que la série Exir Dallen était une tentative pour mobiliser la photographie au service de politiques anticoloniales et antifascistes. Ce faisant, je remets en cause un récit commun en histoire de l’art qui met les deux photographes presque exclusivement en rapport avec le surréalisme.