Résumés
Résumé
La construction de la masculinité africaine moderne est structurée par l’histoire des villes, leur violence et leur culture. La ville africaine, d’origine coloniale, repose sur l’immigration contrôlée des travailleurs ethniques allogènes recrutés par la bourse du travail. Elle fonctionne toujours comme un « îlot de modernité et de richesse » protégé contre les assauts des villageois, des périurbains et des paysans pauvres. Le citadin s’est inventé une masculinité originale et dynamique possédant des facettes multiples. Sa masculinité, rompue à la violence structurelle inhérente à la ville, est traversée par une crise permanente des modèles identitaires peu stables dont les composantes sont puisées à diverses sources et aux antivaleurs des cultures africaine et occidentale. Elle fonctionne différemment selon les espaces urbains en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord. Elle s’exprime à travers diverses productions culturelles et dans les performances musicales qui lui servent de lieux d’articulation comme praxis sociale. L’image du « vrai mâle africain » francophone reflète la figure du rebelle historique à chaque étape de sa migration. Ses stratégies pour « surprendre l’autre » construisent sa masculinité à coups d’actes mythiques dont la somme constitue la geste de la conquête de l’Eldorado-la-Ville, extensible à l’Occident et au reste du monde. Ce modèle de réalisation de la masculinité des jeunes relève paradoxalement de l’ordre urbain précolonial et se manifeste sous le couvert de la modernité africaine retravaillée.
Abstract
The construction of modem African masculinity has been shaped by the history of cities, their violence and their culture. The African city — colonial in origin — is based on the controlled immigration of workers (from non-local ethnic groups) recruited by the hiring halls, and it continues to function as an “island of modernity and wealth” protected from the assaults of villagers, periurbanites and poor farmers. The urban man has invented for himself a masculinity that is original and dynamic, possessing multiple facets. His masculinity, wounded by the inherent structural violence of the city, is subject to a permanent crisis of rather unstable identity models whose components are derived from a variety of sources, including the anti-values of African and Western cultures. This masculinity functions differently, depending on whether the urban space is African, European or North American; it is expressed by means of different kinds of cultural production, such as musical performance that serves as a sounding board for social praxis. The image of the “genuine African male” who is francophone is a reflection of the historical rebel throughout the stages of his migration. His strategies aimed at “surprising the other” construct his masculinity by a staccato sequence of mythic acts combining to form the gestural conquest of Urban Eldorado, which can take in the West and the rest of the world. This model of achieving masculinity, embraced by the young, paradoxically stems from precolonial urban order, reappearing in the guise of an updated African modernity.
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger