Revue des revues

Jeu, nos 166, 168 (2018)Corps-Objet-Image, no 3 (2018)Alternatives théâtrales, no 133 (2017)[Notice]

  • Karolann St-Amand

En 2017 et 2018, les dossiers thématiques de plusieurs revues théâtrales ont témoigné de l’avancement des questionnements et des technologies, complexifiant davantage la réflexion actuelle sur le théâtre, autant au Québec qu’à l’étranger. Alors que la revue Jeu a traité consécutivement de la relation littérature-scène et des arts de la scène à l’ère numérique, Corps-Objet-Image s’est penchée sur la question de la réanimation. De son côté, Alternatives théâtrales a consacré un numéro à la question de la diversité culturelle sur les scènes européennes. Dans son éditorial du numéro 166 de Jeu, Raymond Bertin souligne que littérature et scène entretiennent des relations de réciprocité depuis longtemps déjà et que malgré tout ce qui peut les distinguer ou les séparer, elles « se complètent, se stimulent, s’interrogent, s’inspirent mutuellement ». La littérature, c’est le théâtre, et vice versa. Bertin annonce les objectifs du dossier thématique : rendre compte de la richesse des liens entre les deux arts et viser à « mettre en lumière ces approches qui amalgament et font se chevaucher les disciplines ». Le dossier thématique de la revue, présenté par Sophie Pouliot, traite de la relation de va-et-vient entre arts de la scène et littérature. Les unir, c’est faire communier l’individuel et le collectif. Le dossier porte enfin sur les deux côtés de la médaille, soit le passage d’une oeuvre écrite à une version scénique et le procédé inverse, soit la publication de pièces de théâtre. Fanny Britt et Jean-Philippe Baril-Guérard, qu’on retrouve d’ailleurs en couverture du numéro, sont tous deux à la fois dramaturges et romanciers. Ils ont entretenu une correspondance autour des différences et des similitudes entourant l’acte d’écriture. Leur réflexion explore la question suivante : « Le geste d’écrire reste-t-il essentiellement le même? » Écrire une pièce de théâtre, observent-ils, est un geste plus collectif étant conçu d’abord pour la scène alors qu’écrire un roman nécessite souvent un état de solitude pour advenir. En changeant de forme, c’est un espace de liberté que ces deux jeunes auteurs recherchent. L’adaptation est de plus en plus présente sur nos scènes. Sara Dion propose une réflexion autour de l’écriture au féminin, des premiers romans et de l’autofiction. Dans les dernières années, remarque-t-elle, il y a eu multiplication de romans de jeunes écrivaines adaptés à la scène. Ces textes sont ancrés dans l’ici et maintenant, dans des lieux précis, alors que les personnages sont le produit de ces lieux et de l’époque dans laquelle ils habitent. On semble assister à un réel mouvement social et artistique. Les femmes se rassemblent pour se raconter, pour dévoiler ce qui les réunit. Selon Pierre-Yves Lemieux, « adaptation » n’est pas le meilleur terme pour définir ce passage du texte à la scène. Adaptation serait un mot fourre-tout. En général, les artistes ne cherchent pas à reproduire des oeuvres qui existent déjà, mais plutôt à les recréer, à en transmettre une nouvelle vision en la faisant passer par un nouveau regard. Au mot « adaptation », il préfère le terme de « transcréation », soit « la création d’un artiste à travers la création d’un autre artiste ». Marie-Christiane Hellot a, quant à elle, rencontré divers artistes pour cerner les raisons expliquant la présence récurrente de la figure de l’auteur au théâtre. D’entrée de jeu, une chose semble unanime : la notion de « mentir vrai » est au centre de toute adaptation. Il faut partir de certains éléments et les moduler pour leur faire dire ce qu’on veut. Il faut extirper l’auteur de la littérature pour le faire devenir personnage. Pour sa part, Raymond Bertin se demande pourquoi publier des textes de …

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