Numéro 67, printemps 2012 Trouble mental Sous la direction de Roch Hurtubise et Livia Velpry
Sommaire (14 articles)
Partie 1 — Enjeux politiques et sociaux de la définition des troubles psychiques
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Une maladie comme une autre ? Logiques de redéfinition de la dépression et du vécu dépressif
Nadia Garnoussi
p. 17–32
RésuméFR :
Depuis une dizaine d’années, la santé publique, notamment par l’intermédiaire des initiatives élaborées au niveau européen, insiste sur le coût économique et existentiel des troubles courants, dépression en tête. Ce contexte est celui d’un remodelage de la catégorie de dépression en tant que maladie « comme une autre ». Les enjeux de ces évolutions ne se limitent pas à l’espace institutionnel. Nous analyserons certaines d’entre elles sur la base de récits individuels. L’accent sera porté sur les négociations que les acteurs opèrent entre une lecture naturalisante de la maladie et une lecture psychologique valorisant le caractère singulier de l’expérience.
EN :
Over the last 10 years or so, public health authorities, particularly through Europe-wide initiatives, have been drawing attention to the economic and existential cost of common mental health disorders, especially depression. These initiatives are taking place at a time when depression is no longer being classified as “just another illness.” The issues involved in these changes are not limited to the institutional realm. We examine some of the changes from the perspective of individual narratives, with an emphasis on the ongoing debate between a naturalizing interpretation of illness and a psychological interpretation that highlights the unique nature of the experience.
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Reconstruction personnelle et critique sociale. Enjeux politiques de la réinsertion des anciens combattants par l’agriculture
Eric Doidy
p. 33–50
RésuméFR :
Certains dispositifs actuels de prise en charge de personnes ayant des troubles mentaux promeuvent l’idée que le travail de la terre peut exercer un effet thérapeutique. L’expression de telles attentes envers l’agriculture n’est-elle qu’une simple réinvention contemporaine de formes de contrôle social, ou ouvre-t-elle au contraire une nouvelle perspective de libération ? Telle est la question que se propose d’éclaircir l’article, à partir du cas de la réinsertion, en Californie, d’anciens combattants ayant développé un syndrome de stress post-traumatique. L’article s’intéresse d’abord aux acteurs qui investissent ces dispositifs et promeuvent ces représentations, en montrant que certains y trouvent une niche pour développer une offre thérapeutique centrée sur le soi et désinvestissant le politique. Mais l’observation ethnographique d’une association de réinsertion de vétérans et une série d’entretiens semi-directifs avec ces vétérans nous montrent que, dans l’expérience de ces derniers, la recherche de mieux-être personnel a partie liée avec la reconquête d’un engagement citoyen. L’article tente alors de comprendre les conditions qui permettent à ce collectif d’articuler la recherche d’accomplissement personnel à une prise de parole politique. Il entend ainsi ouvrir des pistes pour comprendre la manière dont l’individu peut être replacé au coeur de la critique sociale.
EN :
Some current programs to assist people with mental disorders promote the idea that working the land can be therapeutic. But do these kinds of expectations on agriculture really open up a new prospect of freedom, or are they simply a contemporary reinvention of old forms of social control ? That is the question this paper seeks to answer, based on the example of the social reintegration of veterans with posttraumatic stress disorder in California. The paper first examines stakeholders who are invested in the programs and promote such ideas, showing how some of them have carved out a niche offering therapeutic services that focus on the individual and evacuate the political. But ethnographic observation of a veterans’ reintegration association and a series of semistructured interviews with vets revealed that, in the vets’ experience, the search for personal well-being is closely tied to regaining a sense of community involvement. The paper seeks to understand the conditions under which this group was able to link personal fulfilment with political expression. It also attempts to identify avenues for understanding how the individual may be resituated at the center of social critique.
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Du surmenage professionnel au burn-out : réponses sociales et issues individuelles aux difficultés du travail d’hier et d’aujourd’hui
Laurie Kirouac
p. 51–66
RésuméFR :
De nos jours, les travailleurs affirment ne pas seulement retirer des désagréments, des insatisfactions et de la souffrance des réformes managériales post-tayloriennes, qui exigent une mobilisation de soi accrue dans le procès de production. Il arrive également que le travail soit pour eux le moyen de mettre à profit leurs talents, leur créativité et leurs compétences, bref, de s’accomplir personnellement. À partir de l’analyse de la plainte de deux formes de « pathologie » du travail, le surmenage professionnel et le burn-out, l’article cherche à comprendre de quelle manière l’intensification de la dynamique de mobilisation-rétribution de la subjectivité du travailleur orienterait, parmi d’autres facteurs, l’expérience plus ou moins satisfaisante ou douloureuse que l’individu fait du travail dans la période contemporaine.
EN :
Workers today say they get more than just inconvenience, dissatisfaction and misery from post-Taylorist managerial reforms, which require them to be more involved in the production process. They say that for them work is also an opportunity to make use of their talents, creativity and skills — in short, they derive personal fulfilment from working. Based on an analysis of complaints about two forms of occupational “pathology” — overwork and burnout — this paper seeks to understand how intensification of the dynamics of worker mobilization-reward of subjectivity might, along with other factors, make the experience of the individual at work in this day and age more or less satisfactory or distressing.
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Invisibilisation de la souffrance au travail des patients en psychiatrie et psychiatrisation du social
Laïla Salah-Eddine
p. 67–82
RésuméFR :
Alors même que la souffrance au travail est une thématique qui a connu un gain de visibilité ces dernières années, une observation participante menée au sein d’un centre d’accueil et de crise (CAC) a permis de mettre au jour des processus d’invisibilisation de la souffrance au travail des patients, ce qui nous amène à discuter la thèse de la psychiatrisation du social comme phénomène explicatif de cette invisibilisation et à mettre en relief l’intérêt de raisonner en termes de segments professionnels en concurrence et parfois en conflit, plutôt qu’en termes de groupes professionnels, pour mieux comprendre la genèse et le déploiement de ces processus.
EN :
While occupational stress has become a high-profile issue in recent years, participatory observation in a counselling and crisis centre (CAC) shed light on how patients hide their suffering at work. This finding leads to a discussion of the psychiatrization of the social sphere as a phenomenon that may explain these invisibilization processes and underscores why it makes sense to think in terms of occupational segments in competition and sometimes in conflict, rather than in terms of occupational groups, if we wish to arrive at a better understanding of how these processes begin and develop.
Partie 2 — Usages institutionnels des catégories liées aux troubles mentaux
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Propagande d’hygiène mentale au Québec dans les années 1930
Robert Bastien et Isabelle Perreault
p. 85–105
RésuméFR :
L’hygiène mentale est un dispositif qui sert à gérer les populations. Pour y parvenir, on doit mener des enquêtes sur tous les sujets, particulièrement chez les jeunes élèves. C’est là le point d’origine de la discipline qui sépare, traite et, dans la mesure du possible, répare le sujet « défectueux ». Parallèlement, il faut convaincre la nation du bien-fondé de cette discipline et de son oeuvre sociale, scientifique et morale. En 1931 et 1932, on assiste à la première campagne médiatique d’hygiène mentale sur les ondes de CKAC. Ce corpus donne un aperçu de la détermination des hygiénistes mentaux dans leurs menées sociales et sanitaires pour que la société progresse à l’abri du mal et de la dangerosité qui s’incarne dans la folie. Ce détour par le passé ouvre la porte à l’analyse du temps présent.
EN :
Mental hygiene is a system to manage populations. To do this effectively, studies must be conducted on every category of individual, especially schoolchildren. Such studies are the basis of this discipline that separates, treats and, as much as possible, repairs “defective” subjects. At the same time, the nation must be led to believe in the validity of the discipline, and to acknowledge its social, scientific and moral worth. In 1931 and 1932, the first Canadian mental hygiene media campaign was aired on CKAC. These recordings and documents from the campaign testify to the determination with which mental hygiene specialists conducted their social and health activities, in order that society may progress unthreatened by the evil and danger inherent in madness. This journey back in time opens the door to an analysis of the present.
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Des « étiquettes juridiques ». La catégorisation par le droit en santé mentale
Emmanuelle Bernheim
p. 107–121
RésuméFR :
Le processus judiciaire requiert l’objectivation des conflits en fonction de critères facilitant la preuve et la prise de décision. Au Québec, les critères retenus en matière d’internement et de soins n’ont fait l’objet d’aucune définition par le législateur : ce fut aux tribunaux de leur donner un contenu substantiel. L’étude de la jurisprudence et du discours des juges rencontrés en entretien et en observation directe permet de dégager les grandes lignes de cette interprétation, mais également de questionner l’utilité et les conséquences de l’application de ces critères. Ne s’agit-il pas d’« étiquettes juridiques » ?
EN :
The judicial process requires the objectification of conflicts on the basis of criteria that facilitate evidence and decision making. In Quebec, the criteria used to hospitalize and treat people have never been defined by lawmakers : it has been left up to the courts to give substance to the criteria. A study of the jurisprudence and of what judges had to say when interviewed and when observed directly reveals the main points of this judicial interpretation, but also raises questions about the usefulness and consequences of applying the criteria. Are they anything more than “legal labels” ?
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L’expertise psychiatrique des efforts raisonnablement exigibles
Cristina Ferreira
p. 123–138
RésuméFR :
Sollicités pour expertiser la capacité de travail des demandeurs de prestations de l’assurance invalidité en Suisse, les médecins psychiatres font l’objet de critiques récurrentes. La mise en cause de la qualité de leurs rapports a conduit à ce qui s’apparente à une professionnalisation de l’expertise, dans un contexte où l’invalidité psychique est constituée en problème public et fait l’objet d’une régulation judiciaire croissante. Directement impliqués dans ce processus, les médecins se montrent divisés quant aux façons les plus justes d’expertiser et, plus encore, quant au sens d’une politique qui fragilise les droits sociaux des malades psychiques. Cette contribution prend appui sur l’analyse de leurs écrits et d’un contentieux judiciaire.
EN :
In Switzerland, psychiatrists asked to assess the fitness for work of disability insurance benefit applicants have been repeatedly criticized. Challenges to the quality of their assessment reports have led to something akin to a professionalization of assessment, in a context where psychological disability has become a public health problem and is the subject of increasing judicial control. Doctors directly involved in this process are divided on the fairest ways to conduct assessments and, more importantly, on the consequences of a policy that undermines the social rights of mental health patients. This paper is based on an analysis of their writings and a legal case.
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Nouvelle normativité sociale et déficience intellectuelle : l’impasse pénale
Guillaume Ouellet, Daphné Morin, Céline Mercier et Anne Crocker
p. 139–158
RésuméFR :
Le mouvement de désinstitutionalisation des personnes ayant une déficience intellectuelle (DI) s’est accompagné d’un discours politique prônant leur intégration sociale dans une société juste et inclusive. Toutefois, comme en témoigne la présence de ces personnes dans le système pénal, la participation à la vie en communauté ne va pas de soi. Qu’advient-il alors de l’idéal de justice et d’intégration des personnes vivant avec un handicap mental ? Le système pénal peut-il servir de levier d’adaptation et assurer la réinsertion sociale d’individus au double statut de « citoyen à part entière » et de « personne vulnérable » ? En s’appuyant sur des résultats de recherche d’un projet réalisé en milieu carcéral québécois, l’article propose une réflexion théorique autour de l’intervention pénale auprès des personnes ayant une DI.
EN :
The movement to deinstitutionalize people with intellectual disabilities went hand in hand with a political message advocating their integration into a just and inclusive society. However, the numbers of these people who end up in the criminal justice system show that their participation in community life cannot be taken for granted. So what becomes of the ideal of justice and social integration for people living with mental disabilities ? Can the criminal justice system be used as a lever to promote adaptation and help ensure the social integration of individuals having the dual status of “fully fledged citizen” and “vulnerable person” ? This paper, based on the findings of a Quebec correctional institution study, discusses some theoretical issues concerning people with intellectual disabilities in the criminal justice system.
Partie 3 — Politiques de prise en charge de la maladie mentale
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Conduite d’essais relatifs aux politiques qui soutiennent le modèle d’intervention accordant la priorité au logement : l’histoire de deux pays
Paula Goering, Vincent Girard, Tim Aubry, Jayne Barker, Cécile Fortanier, Eric Latimer, Christian Laval et Aurélie Tinland
p. 161–182
RésuméFR :
L’article décrit les contextes entourant les politiques qui soutiennent l’application du modèle d’intervention qui accorde la priorité au logement (Housing First) pour les personnes itinérantes présentant des troubles mentaux au Canada et en France. Le modèle consiste en une modalité d’intervention complexe qui élargit le concept de traitement en santé mentale pour y inclure la notion de logement. La démarche, axée sur le rétablissement, place le choix de l’usager quant au logement et aux services de soutien au centre de la philosophie de la prestation de soins. L’article décrit deux essais multicentriques liés à l’intervention qui se déroulent dans deux pays et précise en quoi ils se ressemblent ou diffèrent, compte tenu des particularités culturelles et sociales. Les essais pragmatiques portant sur des modalités d’intervention complexes représentent des défis et ont un pouvoir d’influence unique. C’est ce dont tiennent compte les deux études.
EN :
This paper describes the policy environments supporting housing first as an intervention for those who are homeless and mentally ill in Canada and in France. Housing first is a complex intervention that expands mental health treatment to include a focus upon housing. A recovery orientation places the consumer’s choice of housing and supports at the center of the philosophy of care. The design of two, large multi-site intervention trials underway in both countries are described, noting similarities and differences related to the cultural and social context. Pragmatic trials of complex interventions have unique challenges and potential for influence, which both studies are addressing.
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Des médiateurs de santé pairs dans une équipe mobile en santé mentale. Entre rétablissement et professionnalisation, une quête de légitimité
Aline Sarradon-Eck, Cyril Farnarier, Vincent Girard, Hermann Händlhuber, Claude Lefebvre, Églantine Simonet et Bernard Staes
p. 183–199
RésuméFR :
L’approche des soins par le rétablissement en santé mentale favorise de nouvelles pratiques telles que l’introduction de médiateurs de santé pairs (MSP) dans les équipes soignantes. Les compétences de ces nouveaux professionnels reposent sur un savoir expérientiel. L’article analyse certains enjeux de l’institutionnalisation de ces pratiques, en se focalisant sur certains effets de l’introduction du nouveau métier de MSP sur la dynamique des équipes médicosociales. Il analyse également les enjeux sous-jacents à la posture professionnelle d’intermédiaire entre le monde des soignants et celui des soignés, et les voies de la légitimation du métier qui sont empruntées.
EN :
The approach to care that focuses on recovery of mental health favours new practices, such as the introduction of peer health mediators in care delivery teams. The skills of these new professionals depend on knowledge gained from experience. This paper examines some issues related to the institutionalization of these practices, focusing on some of the effects of the introduction of the new occupation of peer health mediator on the dynamics of medical-social work teams. It also analyses the issues underlying the professional position of intermediary between care givers and care receivers, and the paths being taken to legitimize the profession.
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La santé mentale (re)visitée, aux frontières du lien social et politique : itinérance et fin de vie
Dahlia Namian
p. 201–216
RésuméFR :
Le champ des pratiques et des savoirs entourant le mental pathologique a, depuis les quatre dernières décennies, connu différentes recompositions. Aujourd’hui, le souci « démocratique » inédit envers toute forme d’atteintes à la subjectivité, allant de la détresse psychique à la souffrance sociale, montre que la santé mentale est devenue l’une des dimensions transversales constitutives du « nouvel esprit des institutions », irréductibles à celles de la psychiatrie et de la psychopathologie. Or à côté de cet univers social ordinaire et public subsiste un « autre » univers de la santé mentale, souvent dramatique et peu visité, aux frontières mêmes du lien social et politique. C’est cet « autre » univers de la santé mentale qui est interpellé dans cet article, par le biais de résultats d’une enquête de terrain menée sur deux scènes a priori hétérogènes, limites et atypiques : l’itinérance et la fin de vie.
EN :
The field of practice and knowledge surrounding mental health and illness has seen a number of reconfigurations over the last four decades. Today, the new “democratic” concern about any form of attack on subjectivity, ranging from psychological distress to social suffering, shows that mental health has become one of the transverse dimensions of the “new institutional spirit” and that these dimensions cannot be reduced to those of psychiatry or psychopathology. Yet, alongside this ordinary, public, social world exists “another” world of mental health, often dramatic and little seen, at the very boundaries of the social and political fabric. It is this “other” world of mental health that is explored in this paper, through the results of a field survey conducted in two areas that would appear to be heterogeneous, borderline and atypical : homelessness and the end of life.
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Le projet dans les recompositions des politiques de santé mentale
Benoît Eyraud et Pierre A. Vidal-Naquet
p. 217–232
RésuméFR :
Les politiques psychiatriques et les politiques sociales se rejoignent aujourd’hui autour d’un principe qui consiste à mettre la personne et son projet de vie au centre des interventions dans une perspective de « rétablissement ». L’article interroge la manière dont ce principe est appliqué dans des programmes d’intervention en direction de personnes ayant des troubles psychiques graves. À partir de l’analyse d’une étude de cas, nous tirons des enseignements épistémologiques et politiques quant au rôle de la notion de « projet de vie » dans les recompositions du champ de la santé mentale.
EN :
Psychiatric policies and social policies are in agreement these days regarding the principle of putting the individual and his or her “life plan” at the centre of treatment from a recovery perspective. This paper questions the way this principle is applied in treatment programs for people having serious psychological disorders. Based on analysis of a case study, we draw epistemological and political lessons about the role of the concept of life plan in reconfigurations of the field of mental health.
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« Une vie qui est ailleurs. » Une sociologie des troubles mentaux à travers le parcours d’un adolescent d’origine chinoise à Paris
Simeng Wang
p. 233–248
RésuméFR :
Partant d’un travail de terrain mené au sujet des problématiques de santé mentale parmi les migrants chinois à Paris, l’article se focalise sur la trajectoire de Laurent, dix-sept ans, fils de migrants chinois, diagnostiqué comme « autiste » depuis son enfance et pris en charge par de multiples acteurs institutionnels. L’auteure analyse différentes scènes sociales sur lesquelles l’adolescent se positionne (le niveau familial et institutionnel) afin de comprendre l’évolution des troubles de l’enquêté, les transformations des soins qu’il reçoit, et de mettre en exergue les enjeux spécifiques liés à son statut d’adolescent de la « deuxième génération ».
EN :
Taking as its point of departure a field study of mental health problems among Chinese migrants in Paris, this paper focuses on 17-year-old Laurent, the son of Chinese migrants, diagnosed in childhood as “autistic” and treated by several different institutions. Various social settings (family and institutional) in which the young man is active are analysed in an effort to understand the development of his disorder and the changes in the care he has received, and to highlight issues specific to his status as a “second generation” teenage son.