Urban History Review
Revue d'histoire urbaine
Volume 47, numéro 1-2, fall 2018, spring 2019 Bad Behaviours and Disorderly Public Spaces Incivilités et désordres dans l’espace public Sous la direction de Daniel Ross et Matthieu Caron
Sommaire (10 articles)
Introduction
Articles
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The Romance of Boys Bathing in Toronto’s Don River, 1890–1930
Dale Barbour
p. 11–26
RésuméEN :
This article uses a study of Toronto in the late nineteenth and early twentieth centuries to upend assumptions about class, the urban environment, and the presentation of the naked body. Rather than attempting to drive bathers out of urban space, the city’s middle class viewed the bathing boy through the lens of anti-modernism and turned them into pre-industrial folk figures. Puncturing the nostalgic gloss of the swimming hole allows us to see the city with new eyes. We can avoid declensionist narratives that imagined Toronto’s Don River as too polluted or too industrial for recreational use. When we follow the bathers we find that the marginal, semi-industrialized river provided an ideal recreational space that cloaked and contained the undressed male body. This project relies on newspaper accounts of drownings and rescues, municipal records, regional histories, and visual culture to recreate the social environment of early twentieth-century bathing spaces.
FR :
Cet article utilise une étude de Toronto à la fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècle pour mettre au défi certaines présomptions sur la classe, l’environnement urbain et la présentation du corps nu. Plutôt que d’essayer de chasser les baigneurs de l’espace urbain, la classe moyenne de la ville a vu le baigneur à travers le prisme de l’antimodernisme et en a fait un personnage préindustriel. Regarder au-delà de l’appel nostalgique du trou d’eau nous permet de voir la ville avec de nouveaux yeux. Nous pouvons éviter les discours déclensionnistes qui imaginaient la rivière Don, de Toronto, trop polluée ou trop industrielle pour un usage récréatif. Lorsque nous suivons les baigneurs, nous découvrons que la rivière marginale, semi-industrialisée, offrait un espace de loisirs idéal recouvrant et contenant le corps masculin non habillé. Ce projet s’appuie sur des récits de journaux sur les noyades et les sauvetages, les archives municipales, les histoires régionales et la culture visuelle pour recréer l’environnement social des espaces de baignade du début du XXe siècle.
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Framing the Boy Problem in the Early Twentieth Century: The Willie Doherty Murder of 1902
Greg Marquis
p. 27–37
RésuméEN :
In 1902 three teenagers visited a public park in Saint John, New Brunswick. Three days later one of them was found shot to death. This case study of the murder of Willie Doherty and the trials of Frank Higgins and Fred Goodspeed examines how a critical event crystalized the justice system, social reform, and press understandings of the boy problem in one community at the turn of the twentieth century. The case suggested, in the case of working-class youth, the existence of a semi-autonomous “boys world” that operated beyond the reach of adults, including the police. Reformers were as likely to blame environmental influences such as poor parenting, popular culture such as dime novels, or socio-economic deprivation, as they were the anti-social personality traits of delinquents. The study also explores the degree of freedom enjoyed by children and youth in the turn-of-the-century industrial city.
FR :
En 1902, trois adolescents ont visité un parc public à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. Trois jours plus tard, l’un deux a été trouvé tué par balle. Cette étude de cas du meurtre de Willie Doherty et des procès de Frank Higgins et Fred Goodspeed examine comment un événement critique a mis en lumière le système judiciaire, la réforme sociale et la compréhension de la presse au sujet du problème des garçons dans une communauté au début du vingtième siècle. Le dossier des jeunes de la classe ouvrière a suggéré l’existence d’un « monde de garçons » semi autonome, qui existait hors de la portée des adultes, y compris la police. Les réformateurs étaient tout aussi portés à blâmer soit les influences environnementales telles que l’irresponsabilité parentale, la culture populaire des romans à dix sous ou la privation socioéconomique, soit les traits antisociaux de la personnalité des délinquants. L’étude explore aussi le degré de liberté que les enfants et adolescents connaissaient au tournant du siècle dans cette ville industrielle.
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Taming the Jungle in the City: Uprooting Trees, Bushes, and Disorder from Mount Royal Park
Matthieu Caron
p. 39–53
RésuméEN :
From the late 1940s to the early 1960s, Montreal’s obsession with regulating immoral behaviour led to several urban renewal schemes. This article looks at the municipal government’s decision to clear an overgrown section of Mount Royal Park nicknamed the “Jungle” and ultimately to reconstruct it as a heterosexual space. This area of the park was highly patrolled by police officers who viewed it as a gathering place for undesirable persons; newspapers highlighted how drunkards, criminals, sex maniacs, perverts, and, most importantly, homosexuals defiled the park’s character. To rid Mount Royal Park of its Jungle and those who had appropriated it, the city came up with a radical plan to simplify the police department’s techniques of surveillance: the ecological clearance of the Jungle. The clearcutting of the Jungle, a process known as the Morality Cuts, eroded the environmental and ecological character of Mount Royal, with the immediate repercussion of “balding” the park. However, in the aftermath, the mobilization of other civic actors, including civil servants and the Montreal Parks and Playgrounds Association, enabled a restorative strategy for the park’s ecology.
FR :
De la fin des années 1940 au début des années 1960, l’obsession de Montréal pour le comportement moral a conduit à plusieurs schémas de rénovation urbaine. Cet article porte sur le parc du Mont-Royal, son environnement et, à terme, sa construction en tant qu’espace hétérosexuel. Cet article porte sur la décision du gouvernement municipal de Montréal, sous la pression du service de police, de « nettoyer » une section du parc du Mont-Royal surnommée la « Jungle ». Cette zone du parc était considérée comme un lieu de rassemblement pour les personnages dit « immoraux ». Les journaux les caractérisaient comme ivrognes, criminels, maniaques sexuels, pervers et, surtout, homosexuels. Pour débarrasser le parc du Mont-Royal de sa Jungle et de ceux qui s’en sont approprié, la ville a élaboré un plan radical qui visait à simplifier le travail du service de police : le défrichement écologique de la jungle. Le défrichement de la Jungle, un processus connu sous le nom des « coupes de la moralité », a eu un effet d’éroder les caractéristiques environnementales et écologiques du mont Royal, avec la répercussion immédiate de transformer le parc en « mont Chauve ». La mobilisation acteurs civiques tels que le Montreal Parks and Playgrounds Association ainsi que des fonctionnaires au service des parcs a permis l’élaboration d’une stratégie de restauration l’écologique du parc.
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L’émeute des tramways de Montréal (1955) et la mauvaise conduite des étudiants : un cas d’appropriation de l’espace urbain
Daniel Poitras
p. 55–69
RésuméFR :
L’émeute des tramways de 1955, qui a paralysé Montréal pendant toute une journée, demeure un épisode méconnu de l’histoire de la ville. Précédée par deux journées de manifestations, impliquant des étudiants et de jeunes « voyous », l’émeute a déclenché une série de réactions qui ont mis en lumière de quelle façon différentes autorités (municipales, journalistiques, universitaires) percevaient le rôle de la jeunesse et les dangers de la délinquance. La clémence accordée aux étudiants et la sévérité à l’égard des autres jeunes a révélé comment la « mauvaise conduite élitaire » des premiers était non seulement validée par les autorités, mais également au coeur de la reproduction de l’ordre social. Si les étudiants étaient partie prenante de cette reproduction, ils ont aussi utilisé l’émeute pour enclencher une série de réflexions, particulièrement à l’Université McGill et à l’Université de Montréal, sur l’autonomie universitaire et la nécessité de créer un mouvement étudiant élargi capable de canaliser l’énergie des parades estudiantines pour transformer les corps étudiants en acteurs de la scène municipale.
EN :
Montreal’s 1955 Tramway Riot remains an unknown chapter of the city’s history. Preceded by two days of demonstrations, the riot paralyzed the city and caused significant property damage. It also brought together students and so-called young “hooligans” in the street, provoking various reactions from the municipal authorities, the press, and academics. Sympathetic with the “elitist bad behavior” of the students, these authorities harshly judged the other participants in the riot, revealing their hierarchical conception of the social order. Although students from the University of Montreal and McGill University shared in part this understanding, they also used the riot to trigger an important discussion about the autonomy and agency of the student body in the city. By appropriating urban space, showing the need for a wider student movement, and imagining a place for themselves in a different future, they became actors on the municipal scene.
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“Undesirables Entering the Town to Look for Good Times”: Banff Confronts Its Counterculture Youth Scene, 1965–1971
Ben Bradley
p. 71–87
RésuméEN :
Small urban centres remain largely overlooked in historical studies of the counterculture in Canada. This article examines the rise and fall of the scene in Banff, Alberta—a single-industry town with an economy based on accommodating travelling pleasure-seekers, that lacked an elected municipal government. Beginning in 1965, a fast-growing number of counterculture and transient youths trekked to Banff each summer. Some used its public spaces for behaviour Banffites deemed inappropriate and also bothersome to tourists, which pushed officials, business owners, and other permanent residents to debate the nature and limits of tolerance in their community. A few facilities and services welcomed counterculture youth, but most residents remained apprehensive about how Banff’s image might be affected during the high tourist season. After years of mounting frustration and resentment, tensions reached a crescendo in 1971, following which Banff’s status as a counterculture destination abruptly collapsed.
FR :
Les petits centres urbains restent largement négligés dans les études historiques sur la contre-culture au Canada. Cet article examine les hauts et les bas de ce milieu à Banff, en Alberta, une ville monoindustrielle dont l’économie reposait sur l’accueil de touristes de passage et qui ne disposait pas d’un gouvernement municipal élu. À partir de 1965, un nombre croissant de jeunes migrants transitoires se réclamant de la contre-culture se rendaient à Banff chaque été. Certains d’entre eux utilisaient les espaces publics à des fins que les Banffites jugeaient inappropriées et gênantes pour les touristes, ce qui poussa les fonctionnaires, les propriétaires d’entreprise et les autres résidents permanents à débattre de la nature et des limites de la tolérance dans leur ville. Quelques installations et services ont accueilli les jeunes de la contre-culture durant cette période, mais la plupart des résidents ont craint que l’image de Banff ne soit affectée pendant la haute saison touristique. Après des années de frustration et de ressentiment grandissants, les tensions ont atteint un crescendo en 1971, à la suite de quoi le statut de Banff en tant que destination contre-culturelle s’est brusquement effondré.
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The Politics of Public Space: Toronto’s Yonge Street Pedestrian Mall, 1971–1974
Daniel Ross
p. 89–102
RésuméEN :
Beginning in the 1950s, hundreds of cities in Canada and the United States experimented with closing major downtown shopping streets to automobile traffic and opening them up to pedestrians. The few scholars who have studied these pedestrian malls have emphasized their failure as an economic revitalization initiative: hopes that creating new public spaces would lure suburban shoppers downtown were frustrated, and few are still in operation today. This article takes a different approach, using a rich archive of sources on Toronto’s Yonge Street pedestrian mall (1971–4) to analyze its life as a public space. This is a revealing angle from which to understand the North American downtown in a period of automobility, urban renewal, and municipal reform. Over four summers, a range of historical actors invested the mall concept with their hopes and fears for the urban future and appropriated its spaces through everyday practices. As a result, the Yonge Street pedestrian mall acquired multiple identities: a site of sociability and displays of civic pride; a protest against pollution; a marketplace; a gathering place for youth; a spectacle of downtown life. This article explores the representations and street life that created these images of the mall, arguing that the experiment is best understood as a contested and disorderly public space. It also places the different historical actors and ideas that met on Yonge Street in the larger context of the postwar North American city.
FR :
Au début des années 1950, des centaines de villes au Canada et aux États-Unis ont fait l’expérience de fermer des artères commerciales du centre-ville à la circulation motorisée au profit des piétons. Les quelques chercheurs qui se sont penchés sur ces rues piétonnes ont souligné l’échec qu’elles ont représenté en tant que stratégie de revitalisation économique. L’espérance que la création de ces nouveaux espaces publics attirerait au centre-ville les consommateurs des banlieues a été déçue, et très peu de ces espaces existent encore. Cet article adopte une approche différente en analysant la vie de ces espaces en tant qu’espaces publics, à partir des riches archives de la zone piétonne de la rue Yonge à Toronto (1971-74). Cet angle favorise la compréhension du centre-ville d’Amérique du Nord à une époque de motorisation, de renouveau urbain, et de réforme municipale. Pendant quatre étés, une série d’intervenants ont insufflé dans le concept de la rue piétonne leurs espoirs et leurs craintes pour l’avenir des villes, et se sont approprié ces espaces à travers différentes pratiques. La rue Yonge s’est acquis en conséquence plusieurs identités : un site de sociabilité et de démonstration de fierté civique, un geste de protestation contre la pollution, une place de marché, un lieu de rassemblement pour les jeunes, et un lieu où la vie du centre-ville s’offre en spectacle. Cet article explore donc les conceptions et la vie de rue ayant contribué à ces identités de l’avenue piétonne, et fait valoir que l’expérience est mieux comprise à travers son caractère d’espace public contesté. Il replace également les différents acteurs et idées qui, à cette époque, ont convergé sur la rue Yonge dans le contexte plus large de la ville nord-américaine d’après-guerre.
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Bad Bastards?: Tattooing, Health, and Regulation in Twentieth-Century Vancouver
Jamie Jelinski
p. 103–112
RésuméEN :
Using local newspapers and archival documents from the City of Vancouver Archives, this article investigates how state actors—namely the city of Vancouver’s Health Department—attempted to regulate professional tattooing in Vancouver. Simultaneously, I consider how tattooists understood health and sanitation relative to tattooing and, in the process, responded to and challenged regulation. In doing so, I investigate the complex relationship between Vancouver’s professional tattooists and state actors, focusing on the methods used to regulate tattooing. I argue that although unfounded or inadequately established health concerns typically concealed efforts to control tattooing, tattooists worked within and against regulation to maintain a presence in Vancouver.
FR :
À partir des journaux locaux et de documents d’archives des Archives de la Ville de Vancouver, cet article examine comment les intervenants du Département de la santé publique de la Ville de Vancouver ont tenté de réglementer le tatouage professionnel dans leur ville. Nous considérons également comment les tatoueurs ont compris les implications hygiéniques et de santé de leur pratique, et comment ils ont réagi à la nouvelle réglementation. Ainsi, en se concentrant sur les méthodes employées pour réglementer le tatouage, nous examinons la relation complexe des tatoueurs professionnels de la ville de Vancouver avec ses instances municipales. Nous avançons que même si les préoccupations sanitaires, qu’elles soient sans fondement ou insuffisamment démontrées, ont servi à masquer les intentions de contrôler le tatouage, les tatoueurs ont travaillé simultanément avec et contre cette réglementation afin de maintenir leur présence dans la ville.