Volume 47, numéro 2, automne 2022 Les troubles de personnalité limite : réalités actuelles québécoises et dans la francophonie Sous la direction de Nadine Larivière et Pierre David Avec la collaboration de Marc Corbière
Sommaire (14 articles)
Éditorial
Présentation thématique
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Réalités actuelles québécoises et dans la francophonie sur les troubles de personnalité limite
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Validation d’une procédure de dépistage du trouble de personnalité limite selon le Modèle alternatif pour les troubles de la personnalité du DSM-5
Dominick Gamache, Claudia Savard, Maude Payant, Philippe Leclerc, Renée-Claude Dompierre, David Roy, Marc Tremblay, Mélissa Verreault et Évens Villeneuve
p. 17–39
RésuméFR :
Objectifs La cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) inclut un Modèle alternatif pour les troubles de la personnalité (MATP), qui définit la pathologie de la personnalité en s’appuyant sur 2 principaux critères dimensionnels. Le critère A correspond à la sévérité du dysfonctionnement de la personnalité dans la sphère du soi et dans la sphère interpersonnelle, alors que le critère B propose 5 domaines pathologiques de la personnalité se déclinant en 25 facettes. Six troubles spécifiques, incluant le trouble de personnalité limite (TPL), sont définis dans le MATP sur la base des critères A et B. Il existe toutefois très peu de données à l’heure actuelle sur ces diagnostics tels qu’opérationnalisés dans le MATP. La présente étude vise à présenter des données québécoises sur cette récente opérationnalisation du TPL. Plus spécifiquement, nous présenterons d’abord une procédure, basée sur des questionnaires autorévélés couvrant les 2 critères principaux du MATP, permettant de générer le diagnostic. Puis, nous évaluerons sa validité : a) en documentant la prévalence du diagnostic dans un échantillon clinique ; b) en déterminant son degré de correspondance avec le diagnostic catégoriel « traditionnel » du TPL et avec une mesure dimensionnelle de symptomatologie associée au trouble ; c) en présentant des données de validité convergente avec des construits pertinents pour l’étude du TPL (impulsivité, agression) ; et d) en déterminant la validité incrémentielle de la procédure proposée par rapport à une approche simplifiée où seul le critère B serait considéré.
Méthode Les données de 287 patients recrutés dans le cadre de la démarche d’admission au Centre de traitement le Faubourg Saint-Jean du CIUSSS-Capitale-Nationale ont été analysées. Le diagnostic de TPL selon le MATP a été généré à partir de 2 questionnaires validés, dans leur version francophone, soit le Self and Interpersonal Functioning Scale (critère A) et le Personality Inventory for DSM-5-Faceted Brief Form (critère B).
Résultats Le diagnostic de TPL, tel qu’opérationnalisé par le MATP, présentait une prévalence de 39,7 % dans l’échantillon. Une correspondance modérée avec le diagnostic de TPL posé par les cliniciens selon le modèle catégoriel traditionnel du DSM-5 a été observée, de même qu’une forte corrélation avec une mesure dimensionnelle de symptomatologie limite. L’analyse du réseau nomologique a révélé des corrélations élevées et théoriquement attendues entre le trouble et des mesures d’agression et d’impulsivité. La procédure d’extraction du diagnostic, qui utilise les critères A et B, montre une validité incrémentielle dans la prédiction statistique des variables externes (symptomatologie limite, agression, impulsivité) par rapport à une procédure simplifiée n’utilisant que le critère B.
Conclusions La procédure proposée pour générer le diagnostic de TPL selon la définition du MATP génère des résultats valides et pourrait permettre un dépistage du trouble selon cette conceptualisation contemporaine des pathologies de la personnalité.
EN :
Objectives The fifth edition of the Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-5) includes an Alternative Model for Personality Disorders (DSM-5), which defines personality disorders based on two dimensional criteria. Criterion A corresponds to the severity of personality dysfunction in the areas of self and interpersonal functioning, while Criterion B comprises five pathological domains including a total of 25 facets. Six specific disorders, including borderline personality disorder (BPD), are defined in the AMPD based on Criteria A and B. However, there is currently very little data on these diagnoses as they are operationalized in the MATP. This study aims to present data on this recent operationalization of BPD. More specifically, we will first introduce a procedure, based on self-reported questionnaires covering the two main MATP criteria, implemented to generate the BPD diagnosis from the AMPD. Then, we will assess its validity (a) by documenting its prevalence in a clinical sample; (b) by determining its degree of correspondence with the “traditional” BPD categorical diagnosis and with a dimensional measure of borderline symptomatology; (c) by presenting convergent validity data with constructs relevant to the study of BPD (impulsivity, aggression); and (d) by determining the incremental validity of the proposed procedure in contrast with a simplified approach where only Criterion B would be considered.
Method Data from 287 patients recruited as part of the admission process at the Centre de traitement le Faubourg Saint-Jean of the CIUSSS-Capitale-Nationale were analyzed. The BPD diagnosis from the MATP was generated based on two validated self-report questionnaires, in their French version, namely the Self and Interpersonal Functioning Scale (Criterion A) and the Personality Inventory for DSM-5-Faceted Brief Form (Criterion B).
Results The BPD diagnosis, as operationalized in the AMPD, had a prevalence of 39.7% in the sample. A moderate fit with the clinician’s diagnosis of BPD according to the traditional DSM-5 categorical model was observed, as well as a strong correlation with a dimensional measure of borderline symptomatology. Nomological network analysis revealed high and theoretically expected correlations between the disorder and measures of aggression and impulsivity. The proposed diagnostic extraction procedure, which uses Criteria A and B, showed incremental validity in the statistical prediction of external variables (borderline symptomatology, aggression, impulsivity) compared to a simplified procedure using only Criterion B.
Conclusions The proposed procedure for generating the BPD diagnosis according to the MATP definition yields promising results and could allow screening for the disorder based on this contemporary conceptualization of personality pathologies.
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Activité physique, sommeil et consommation de substances chez les adultes déclarant un trouble de personnalité limite en France et au Canada : une étude en ligne
Samuel St-Amour, Lionel Cailhol, Célia Kingsbury, Déborah Ducasse, Gabrielle Landry et Paquito Bernard
p. 41–67
RésuméFR :
Introduction Le trouble de personnalité limite (TPL) est associé à plusieurs comportements délétères pour la santé. L’usage de substances (alcool et drogues) est présent chez 78 % des adultes aux prises avec un TPL. De plus, une mauvaise qualité de sommeil semble intimement liée au portrait clinique des adultes avec un TPL. Finalement, plusieurs troubles médicaux comorbides au TPL sont associés à l’inactivité physique et la sédentarité comme l’obésité, les maladies cardiovasculaires et le diabète. Toutefois, à ce jour, aucune étude n’a documenté ni analysé ces comportements de santé dans la population francophone avec un TPL.
Objectifs Cette étude a pour but de documenter les comportements de santé chez des adultes aux prises avec un TPL au Canada et en France.
Méthode Cette étude transversale est réalisée à l’aide d’un sondage en ligne distribué en France et au Canada sur la plateforme LimeSurvey, incluant des questionnaires validés. Pour mesurer le niveau d’activité physique, nous utilisons le Global Physical Activity Questionnaire. L’insomnie est évaluée à l’aide de l’Index de Sévérité de l’Insomnie. Le trouble d’usage de substances (TUS) est évalué à l’aide du Alcohol, Smoking and Substance Involvement Test. Des statistiques descriptives (N, % et moyenne) sont utilisées pour décrire les comportements de santé préalablement cités. Cinq modèles de régression sont réalisés pour trouver les principales variables (âge, statut social perçu, niveau d’éducation, revenu du ménage, indice de masse corporelle, difficultés de régulation émotionnelle, symptômes de TPL, niveau de dépression, antécédent de tentatives de suicide et usage de médicaments psychotropes) associées aux comportements de santé.
Résultats Au total, 167 participants (92 Canadiens, 75 Français ; 146 femmes, 21 hommes) ont répondu au sondage en ligne. Au sein de notre échantillon, 38 % des Canadiens et 28 % des Français ont rapporté faire moins de 150 minutes d’activité physique par semaine. L’insomnie affectait 42 % des Canadiens et 49 % des Français. Le TUS du tabac touchait 50 % des Canadiens et 60 % des Français. Le TUS d’alcool touchait 36 % des Canadiens et 53 % des Français. Le TUS du cannabis touchait 36 % des Canadiens et 38 % des Français. Toutes les variables testées sont liées à l’activité physique (R² = 0,09). L’insomnie est liée à la symptomatologie du TPL (R² = 0,24). Le TUS du tabac est lié au statut social et au TUS d’alcool (R² = 0,13). Le TUS d’alcool est lié au statut social, à l’indice de masse corporelle, au TUS du tabac et à la dépression (R² = 0,16). Finalement le TUS du cannabis est lié à l’âge, à l’indice de masse corporelle, au TUS du tabac, à la dépression et aux antécédents de tentatives de suicide (R² = 0,26).
Conclusion Ces résultats sont essentiels pour l’élaboration d’interventions de prévention en santé chez les adultes francophones avec un TPL au Canada et en France. Ils aident à identifier les principaux facteurs associés aux différents comportements ciblés.
EN :
Introduction Borderline personality disorder (BPD) is associated with many unhealthy behaviors. Psychoactive substance (alcohol and drugs) use is present in 78% of adults with BPD. Moreover, a poor sleep seems linked to the clinical profile of adults with BPD. Finally, some physical comorbid disorders like obesity, cardiovascular diseases, and diabetes are linked to physical inactivity and sedentary behaviors. However, to this day no study analyzed these behaviors in French-speaking individuals with BPD.
Objectives This study’s goal is to document health behaviors in adults with BPD in Canada and in France.
Method This cross-sectional study consists of an online survey on the LimeSurvey platform including validated questionnaires distributed in France and Canada. To measure physical activity, we used the “Global Physical Activity Questionnaire.” Insomnia was measured with the “Insomnia Severity Index.” Substance use was measured with the “Alcohol, Smoking and Substance Involvement Test.” Descriptive statistics (N,% and mean) are used to describe previously mentioned health behaviors. Five regression models have been realized to find the main associated variables (age, perceived social status, education level, household income, body mass index, emotional regulation difficulties, BPD symptoms, depression level, previous suicide attempts and psychotropic medication use) to health behaviors.
Results A total of 167 participants (92 Canadians, 75 French; 146 women, 21 men) filled out the online survey. In this sample, 38% of Canadians and 28% of French reported doing less than 150 minutes of physical activity weekly. Insomnia affected 42% of Canadians and 49% of French. Tobacco use disorder affected 50% of Canadians and 60% of French. Alcohol use disorder affected 36% of Canadians and 53% of French. Cannabis use disorder affected 36% of Canadians and 38% of French. All tested variables were linked to physical activity (R² = 0.09). Insomnia was only linked with BPD symptoms (R² = 0.24). Tobacco use disorder was linked to social status and alcohol use disorder (R² = 0.13). Alcohol use disorder was linked to social status, body mass index, tobacco use disorder, and depression (R² = 0.16). Finally, cannabis use disorder was linked to age, body mass index, tobacco use disorder, depression, and past suicide attempts (R² = 0.26).
Conclusion These results are essential to design health prevention interventions in French-speaking adults with BPD in Canada and in France. They help identify the main factors associated with these health behaviors.
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Violence conjugale commise et subie : profils personnologiques de personnes avec un trouble de personnalité limite
Claudia Savard, Dominick Gamache, Maude Payant, Élodie Gagné-Pomerleau, Renée-Claude Dompierre, Johanne Maranda, Olivier Potvin, Mélissa Verreault, Marc Tremblay, David Roy et Évens Villeneuve
p. 69–93
RésuméFR :
Objectif Les troubles de la personnalité et la violence conjugale (VC) sont deux problématiques reconnues comme des enjeux majeurs en santé publique associées à de graves répercussions individuelles et sociétales. Plusieurs études ont documenté les liens entre le trouble de personnalité limite (TPL) et la VC, mais nous en connaissons très peu quant aux traits pathologiques spécifiques contribuant à la VC. L’étude vise à documenter le phénomène de VC commise et subie chez des personnes souffrant de TPL et à dresser des profils à partir des facettes de la personnalité du Modèle alternatif pour les troubles de la personnalité du DSM-5.
Méthode Cent huit participants/participantes avec un TPL (83,3 % femmes ; Mâge = 32,39, É.-T. = 9) référées à un programme d’hôpital de jour à la suite d’un épisode de crise ont rempli une batterie de questionnaires comprenant les versions françaises du Revised Conflict Tactics Scales, évaluant la VC psychologique et physique, commise et subie, et du Personality Inventory for the DSM-5 — Faceted Brief Form, évaluant 25 facettes pathologiques de la personnalité.
Résultats Parmi les participants/participantes, 78,7 % rapportent avoir déjà commis de la VC psychologique, alors que 68,5 % en auraient été victimes, ce qui est plus que les estimations publiées par l’Organisation mondiale de la santé (27 %). De plus, 31,5 % auraient commis de la VC physique, alors que 22,2 % en auraient été victimes. La VC semble bidirectionnelle puisque 85,9 % des personnes ayant commis de la VC psychologique rapportent aussi en subir et 52,9 % des personnes ayant commis de la VC physique rapportent en être également victimes. Des comparaisons de groupes non paramétriques indiquent que les facettes Hostilité, Méfiance, Duplicité, Prise de risques et Irresponsabilité distinguent les personnes violentes physiquement et psychologiquement des personnes non violentes. Des résultats élevés aux facettes Hostilité, Dureté/Insensibilité, Manipulation et Prise de risque caractérisent les participants/participantes victimes de VC psychologique, alors qu’une élévation aux facettes Hostilité, Retrait, Évitement de l’intimité et Prise de risque et un résultat faible à la facette Tendance à la soumission distinguent les participants/participantes victimes de VC physique des non-victimes. Des analyses de régression mettent en évidence que la facette Hostilité explique à elle seule une variance significative des résultats de VC commise, alors que la facette Irresponsabilité contribuerait de façon substantielle à la variance des résultats de VC subie.
Conclusion Les résultats font état de la prévalence élevée de VC chez des personnes aux prises avec un TPL ainsi que de son caractère bidirectionnel. Au-delà du diagnostic de TPL, certaines facettes spécifiques de la personnalité (dont l’Hostilité et l’Irresponsabilité) permettent de cibler les personnes plus à risque de commettre de la VC psychologique et physique et d’en subir.
EN :
Objective Personality disorders and intimate partner violence (IPV) are two problems recognized as major public health issues associated with serious individual and societal repercussions. Several studies have documented the links between borderline personality disorder (BPD) and IPV; however, we know very little about the specific pathological traits contributing to IPV. The study aims to document the phenomenon of IPV committed and suffered in persons with BPD and to draw profiles from the personality facets of the DSM-5 Alternative Model for Personality Disorders (AMPD).
Method One hundred and eight BPD participants (83.3% female; Mage = 32.39, SD = 9.00) referred to a day hospital program following a crisis episode completed a battery of questionnaires including the French versions of the Revised Conflict Tactics Scales, evaluating physical and psychological IPV committed and suffered, and the Personality Inventory for the DSM-5- Faceted Brief Form, evaluating 25 pathological facets of personality.
Results Among the participants, 78.7% report having committed psychological IPV, while 68.5% have been victims, which is more than the estimates published by the World Health Organization (27%). In addition, 31.5% would have committed physical IPV, while 22.2% would have been victims. IPV appears to be bidirectional since 85.9% of participants who are perpetrators of psychological IPV also report suffering from it and 52.9% of participants who are perpetrators of physical IPV report being also victims. Nonparametric group comparisons indicate that Hostility, Suspiciousness, Duplicity, Risk-Taking, and Irresponsibility facets distinguish physically and psychologically violent participants from nonviolent participants. High results on Hostility, Callousness, Manipulation, and Risk-taking facets characterize participants who are victims of psychological IPV, while an elevation in Hostility, Withdrawal, Avoidance of intimacy, and Risk-taking facets and a low result on the Submission facet distinguish participants who are victims of physical IPV from non-victims. Regression analyzes show that the Hostility facet alone explains a significant variance in the results of IPV perpetrated, while the Irresponsibility facet contributes substantially to the variance of the results of IPV experienced.
Conclusion Results show the high prevalence of IPV in a sample of persons with BPD, as well as its bidirectional nature. Beyond the diagnosis of BPD, certain specific facets of the personality (including Hostility and Irresponsability) make it possible to target persons at greater risk of committing and suffering from psychological and physical IPV.
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La propension à la honte dans le trouble de personnalité limite : réflexion critique à partir de données québécoises
David Théberge, Dominick Gamache, Sébastien Hétu, Julie Maheux et Claudia Savard
p. 95–111
RésuméFR :
Objectifs La honte est un sentiment douloureux qui surgit lorsqu’une personne a l’impression d’avoir commis une offense ou contrevenu à un standard personnel ou moral. Les expériences de honte sont souvent intenses et entraînent une évaluation globale négative de soi ; la personne a alors le sentiment d’être mauvaise, faible, sans valeur, ou de mériter le mépris d’autrui. Certaines personnes sont davantage portées à ressentir de la honte. Bien que cette dernière ne figure pas à titre de critère diagnostique du trouble de personnalité limite (TPL) dans le DSM-5, des études scientifiques suggèrent que la honte est un sentiment caractéristique chez les personnes présentant ce trouble. L’objectif de la présente étude est d’apporter des indices supplémentaires afin de documenter la propension à la honte chez les personnes présentant une symptomatologie limite à partir de données issues de la population québécoise.
Méthode Un total de 646 adultes provenant de la population générale québécoise ont répondu en ligne à la version courte de la Borderline Symptom List (BSL-23), qui mesure la sévérité des symptômes associés au TPL selon une perspective dimensionnelle, ainsi qu’à l’Experience of Shame Scale (ESS) mesurant la propension à la honte dans différentes sphères de la vie d’une personne. Les participants et participantes ont été divisés en 4 groupes sur la base de leurs symptômes limites, selon la classification de Kleindienst et collaborateurs (2020), et comparés quant à leurs scores de honte : a) peu ou pas de symptômes limites (n = 173) ; b) symptômes faibles (n = 316) ; c) symptômes modérés (n = 103) ; d) degrés élevés, très élevés ou extrêmement élevés de symptômes limites (n = 54).
Résultats Des différences entre les groupes avec de grandes tailles d’effet dans toutes les sphères mesurées par l’ESS ont été relevées, suggérant que la honte a tendance à être plus importante chez les personnes présentant des traits limites plus marqués.
Conclusion Les résultats sont discutés dans une perspective clinique du TPL, en mettant l’accent sur l’importance de faire de la honte une cible d’intervention en psychothérapie chez cette clientèle. De plus, ces résultats soulèvent des questions d’ordre conceptuel quant à la place significative que la honte devrait occuper dans le diagnostic et le traitement du TPL.
EN :
Objectives Shame is a painful feeling that one feels when under the impression of having committed an offence or contravened to a personal or moral standard. Shame experiences are often intense and entail a global, negative self-evaluation; persons then feel like they are bad, weak, worthless, or deserving others’ contempt. Some people are more prone to shame feelings. Although shame is not listed as a diagnostic criterion of borderline personality disorder (BPD) in the DSM-5, studies suggest that shame is an important feature in individuals with BPD. The aim of this study is to garner additional data to document shame proneness in individuals presenting with borderline symptomatology in the population from the Province of Quebec.
Method Overall, 646 community adults from the Province of Quebec completed online the brief version of the Borderline Symptom List (BSL-23), measuring the severity of symptoms associated with BPD from a dimensional perspective, and to the Experience of Shame Scale (ESS), measuring shame proneness in various areas of a person’s life. Participants were then compared on their shame scores after they were assigned to one of the four groups based on Kleindienst et al. (2020) classification of severity of borderline symptoms: (a) none or low symptoms (n = 173), (b) mild symptoms (n = 316), (c) moderate symptoms (n = 103), or (d) high, very high or extremely high symptoms (n = 54).
Results Between-group differences were found with large effect sizes in all shame areas measured by the ESS, suggesting that shame feelings tend to be greater in persons presenting more borderline traits.
Conclusion Results are discussed in a clinical perspective of BPD, emphasizing the importance of having shame as a clinical target in psychotherapy with these clients. Furthermore, our results raise conceptual questions regarding how to integrate shame in the assessment and treatment of BPD.
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Insomnie et risque suicidaire dans les troubles de la personnalité du groupe B : une étude comparative transversale
Magali Tisseyre, Alexandre Hudon, Charles-Édouard Giguère, Annie Vallières, Célyne Bastien, Félix-Antoine Bérubé et Lionel Cailhol
p. 113–139
RésuméFR :
Objectif Le taux de mortalité par suicide parmi les personnes souffrant d’un trouble de la personnalité du groupe B (TPB) se situe autour de 20 %. La haute prévalence de comorbidités anxiodépressives ainsi que l’abus de substances majorent ce risque. Selon des études récentes, l’insomnie persistante serait aussi un facteur de risque suicidaire dans ce groupe clinique. Les mécanismes expliquant cette association sont peu connus. Il a été proposé que des facteurs psychopathologiques comme la dysrégulation émotionnelle ou l’impulsivité pourraient agir comme médiateurs dans ce lien entre l’insomnie et le suicide. Afin de bien comprendre la relation insomnie-suicide dans le TPB, il est important d’identifier le rôle des comorbidités.
L’étude comporte deux objectifs. Le premier vise à comparer la sévérité des symptômes d’insomnie et le niveau d’impulsivité d’un groupe avec TPB à ceux d’un groupe contrôle, le deuxième tente d’établir les relations entre l’insomnie, l’impulsivité, les comorbidités anxiodépressives, l’abus de substance et le risque suicidaire.
Méthode Étude transversale portant sur 138 patients (âge moyen = 33,74 ; 58,7 % femmes) ayant un TPB. Les données de ce groupe, obtenues à partir d’une base de données d’un institut en santé mentale québécois (banque Signature : www.banquesignature.ca) ont été comparées à celles d’un groupe de 125 sujets sains appariés sur l’âge et le sexe et sans historique de trouble mental. C’est à l’admission aux urgences psychiatriques que le diagnostic de TPB a été déterminé à l’aide d’une entrevue diagnostique et que des questionnaires autorapportés mesurant l’anxiété, la dépression, l’impulsivité et l’abus de substances ont été remplis par les participants. Les participants du groupe contrôle se sont rendus au centre Signature afin de compléter ces mêmes questionnaires. Une matrice corrélationnelle et une régression linéaire multiple ont été utilisées pour explorer les relations entre les variables.
Résultats Le groupe avec TPB présentait des symptômes d’insomnie plus élevés et des niveaux d’impulsivité supérieurs par rapport au groupe contrôle, à l’exception du temps total de sommeil. Dans le modèle de régression, la satisfaction envers le sommeil, le manque de préméditation, l’urgence positive, la dépression et l’utilisation de substances étaient significativement associés aux scores au Suicidal Behavior Questionnaire-Revised (SBQ-R). Ce modèle expliquait 46,7 % de la variance des scores au SBQ-R.
Conclusion Les résultats ont permis de mettre en évidence, pour la première fois, les éléments d’insomnie et d’impulsivité qui distinguent un groupe avec TPB par rapport à un groupe contrôle sain. Cette étude indique que l’insomnie et l’impulsivité pourraient être des facteurs de risque suicidaire dans le TPB, indépendamment des comorbidités et de l’utilisation de substances. De futures études permettront de vérifier la pertinence clinique potentielle de ces éléments de risque pour cette patientèle.
EN :
Objective The suicide mortality rate among people suffering from cluster B personality disorders is estimated at approximately 20%. High occurrence of comorbid depression and anxiety, as well as substance abuse, are known contributors to this risk. Not only have recent studies indicated that insomnia may be a suicide risk factor, but it is also thought to be highly prevalent in this clinical group. However, the mechanisms explaining this association are still unknown. It has been suggested that emotion dysregulation and impulsivity may mediate the link between insomnia and suicide. In order to better understand the association between insomnia and suicide in cluster B personality disorders, it is important to consider the influence of comorbidities.
The aims of this study were first to compare the levels of insomnia symptoms and impulsivity between a group of patients with cluster B personality disorder and a healthy control group and second, to measure the relationships between insomnia, impulsivity, anxiety, depression, substance abuse and suicide risk within the cluster B personality disorder sample.
Methods Cross-sectional study including 138 patients (mean age = 33.74; 58.7% women) with cluster B personality disorder. Data from this group were extracted from a Quebec-based mental health institution database (Signature bank: www.banquesignature.ca) and were compared to that of 125 healthy subjects matched for age and sex, with no history of personality disorder. Patient diagnosis was determined by diagnostic interview upon admission to a psychiatric emergency service. Anxiety, depression, impulsivity and substance abuse were also assessed at that time point via self-administered questionnaires. Participants from the control group visited the Signature center to complete the questionnaires. A correlation matrix and multiple linear regression models were used to explore relations between variables.
Results In general, more severe insomnia symptoms and higher levels of impulsivity distinguished the group of patients with cluster B personality from the sample of healthy subjects, although groups did not differ on total sleep time. When all variables were included as predictors in a linear regression model to estimate suicide risk, subjective sleep quality, lack of premeditation, positive urgency, depression level and substance use were significantly associated with higher scores on the Suicidal Questionnaire-Revised (SBQ-R). The model explained 46.7% of the variance of scores at the SBQ-R.
Conclusion This study yields preliminary evidence indicating the possible implication of insomnia and impulsivity in suicide risk for individuals with cluster B personality disorder. It is proposed that this association seems to be independent of comorbidity and substance use levels. Future studies may shed light on the possible clinical relevance of addressing insomnia and impulsivity in this clinical population.
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Services et traitements offerts aux personnes ayant un trouble de personnalité limite : état de situation au Québec et perspectives d’avenir
Catherine Le Corff, Pierre David, Nadine Larivière, Jennifer Dahak et Christine Therriault
p. 141–163
RésuméFR :
Objectifs Les personnes ayant un trouble de personnalité limite vivent avec des défis de santé importants, tant par rapport à leur santé mentale que leur santé physique, entraînant ainsi des répercussions fonctionnelles notables. Au Québec et ailleurs dans le monde, il est rapporté que les services mis en place sont souvent peu adaptés ou peu accessibles. La présente étude visait à documenter l’état de la situation actuelle dans les différentes régions du Québec pour les personnes avec un trouble de personnalité limite, à décrire les principaux défis associés à la mise en place de services pour ces personnes et à identifier des pistes de recommandations qui puissent répondre à leurs besoins en fonction des réalités des différents milieux de pratique.
Méthode Le devis utilisé est une étude de cas unique à visée descriptive et exploratoire. Vingt-trois entrevues ont été menées avec des personnes-ressources provenant de la majorité des régions québécoises et oeuvrant dans différents CIUSSS, CISSS et établissements non fusionnés avec des services en santé mentale adulte. De plus, lorsque disponibles, des documents de programmation clinique ont été consultés. Des analyses de données mixtes ont été effectuées pour brosser un portrait selon les types de régions urbaines, périphériques et éloignées à travers le territoire québécois.
Résultats Les résultats montrent que dans l’ensemble des régions, il y a une intégration d’approches psychothérapeutiques reconnues, mais une tendance à les adapter. De plus, des projets de développement de continuum de soins et services sont souhaités ou en cours. Des difficultés d’actualisation de ces projets et d’harmonisation des services sur le territoire, liées, entre autres, à des enjeux de ressources financières et humaines sont fréquemment rapportées. Des enjeux territoriaux sont également à prendre en compte.
Conclusion La bonification du soutien organisationnel et la création de balises claires pour guider l’élaboration d’offre de services en trouble de personnalité limite seraient recommandées ainsi que la validation de modèles de réadaptation et de traitements brefs.
EN :
Objectives People with borderline personality disorder experience significant health challenges, both in terms of their mental and physical health, resulting in significant functional repercussions. In Quebec and elsewhere in the world, it is reported that the services in place are often poorly adapted or inaccessible. The purpose of this study was to document the current situation in the different regions of Quebec for clients with borderline personality disorder, to describe the main challenges associated with the implementation of services for this clientele, and to identify possible recommendations to meet the needs of this clientele applicable in different practice settings.
Method The design used was a qualitative single case study, with descriptive and exploratory aims. Twenty-three interviews were conducted in most Quebec regions with resources working in various CIUSSSs, CISSSs and non-merged institutions offering adult mental health services. In addition, where available, clinical programming documents were consulted. Mixed data analyses were conducted to provide insights based on different types of settings: urban, peripheral, and remote regions.
Results Findings show that in all regions, recognized psychotherapeutic approaches are integrated but tend to need to be adapted. In addition, there is a desire to develop a continuum of care and services and some projects are already underway. Difficulties in implementing these projects and harmonizing services on the territory, due in part to financial and human resource issues, are frequently reported. Territorial issues are also to be considered.
Conclusion Enhanced organizational support and the creation of clear guidelines to facilitate the development of borderline personality disorder services would be recommended, as well as the validation of rehabilitation programs and brief treatments.
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Mentaliser les conflits en thérapie de groupe : détruire et survivre, au service de la cohésion
Jean-François Cherrier, Alexandre Francisco et François-Samuel Lahaie
p. 165–174
RésuméFR :
La prévalence élevée des troubles de la personnalité et l’impact important de ces troubles sur le fonctionnement des individus atteints en font un enjeu majeur et incontournable des soins en santé mentale. Plusieurs traitements de psychothérapie ont démontré jusqu’à maintenant des bénéfices significatifs dans l’amélioration des difficultés liées à ces troubles. La thérapie basée sur la mentalisation (TBM), qui utilise la psychothérapie de groupe, est l’un des traitements reconnus comme efficaces. La modalité de groupe basée sur la mentalisation (TBM-G) présente toutefois des défis pour les psychothérapeutes. L’efficacité même de l’intervention de groupe repose, selon les auteurs, sur la capacité à stimuler la mentalisation, utiliser la dynamique de groupe, encourager la cohésion et permettre l’expérience d’une réappropriation réparatrice de situations conflictuelles, qui, à leur avis, sont sous-utilisées dans ce type de processus thérapeutique. Le présent article s’attarde, en ce sens, à des pistes d’interventions pour favoriser des attitudes mentalisantes dans un groupe de thérapie. Plus spécifiquement, nous tentons de réviser comment l’attention portée à ce qui se produit dans l’ici et maintenant, l’identification et la résolution du « détruit/trouvé » et le développement de métacognitions se veulent des techniques qui stimulent la cohésion et potentialisent le processus thérapeutique.
EN :
The high prevalence of personality disorders, along with their substantial functional impact, are important societal issues, which must be addressed by mental health services. Many treatments have shown significant benefits and have contributed to alleviate the difficulties tied to these disorders. Mentalization-based therapy (MBT), which is constituted of a group therapy modality, is an evidence-based treatment of borderline personality disorder. The mentalization-based group therapy (MBT-G) modality raises many challenges for the psychotherapists. The effectiveness of the group intervention lies, according to the authors, in the capacity to support the mentalizing stance, to stimulate group cohesion, and allows the experience of a healthy and healing process of reappropriation of conflictual situations, situations which, in their opinion, are underutilized in this type of therapeutic process. This article focuses on the interventions that foster a mentalizing attitude. Specifically, we discuss how to focus on the “here and now,” how to identify and resolve conflictual situations and how to enhance metacognitions and, hence, group cohesion, while aiming to bonify the therapeutic process.
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Facteurs pronostiques à la psychothérapie chez les troubles de la personnalité : implication de questionnaires autorapportés
Nicolas Boivin, Louis-Philippe Gill, Isabelle Martin-Zément, Marie-Ève Provencher, Renée-Claude Dompierre, Johanne Maranda, Mélissa Verreault, Évens Villeneuve, Dominick Gamache et Claudia Savard
p. 175–195
RésuméFR :
Objectif Les taux d’abandon en psychothérapie sont reconnus comme étant élevés chez les patients/patientes souffrant de troubles de la personnalité (TP ; variant entre 25 % et 64 % pour le trouble de personnalité limite). Devant ce constat, la Grille de facteurs pronostiques à la psychothérapie (GFPP ; Gamache et coll., 2017) a été développée afin d’identifier précisément les patients/patientes souffrant de TP à haut risque d’abandonner la thérapie à partir de 15 critères, regroupés en 5 facteurs : Narcissisme pathologique, Antisocialité/Psychopathie, Gains secondaires, Faible motivation, Traits du groupe A. Par ailleurs, nous en connaissons relativement peu sur la pertinence des questionnaires autorapportés couramment utilisés auprès de la clientèle dans l’établissement du pronostic de traitement. Ainsi, le but de l’étude est d’évaluer les liens entre de tels questionnaires et les 5 facteurs de la GFPP.
Méthode Un échantillon de 174 personnes avec un TP (dont 56 % avec traits ou TP limite), évaluées au Centre de traitement Le Faubourg Saint-Jean, ont rempli les versions françaises des questionnaires suivants : Borderline Symptom List (BSL-23), Brief Version of the Pathological Narcissism Inventory (B-PNI), Interpersonal Reactivity Index (IRI), Buss-Perry Aggression Questionnaire (BPAQ), Barratt Impulsiveness Scale (BIS-11), Questionnaire de fonctionnement social (QFS), Self and Interpersonal Functioning Scale (SIFS) et Personality Inventory for DSM-5- Faceted Brief Form (PID-5-FBF). La GFPP a été cotée par une équipe de psychologues expérimentés dans le traitement des TP. Des analyses descriptives et de régression entre les questionnaires autorapportés et les 5 facteurs de la GFPP de même que son score total ont été réalisées. Le but de ces analyses est de déterminer quelles variables des questionnaires autorapportés remplis par les personnes référées pour un TP, et principalement un TPL, contribuent le plus fortement à la prédiction statistique des variables de la GFPP cotée par les cliniciens.
Résultats Les sous-échelles qui contribuent significativement au score du facteur Narcissisme pathologique (R2 ajusté = 0,12) sont : Empathie (SIFS), Impulsivité (inversement ; PID-5) et Rage revendicatrice (B-PNI). Les sous-échelles associées au facteur Antisocialité/Psychopathie (R2 ajusté = 0,24) sont Manipulation, Soumission (inversement) et Dureté du PID-5 ainsi que l’échelle Souci empathique de l’IRI. Les échelles contribuant substantiellement au facteur Gains secondaires (R2 ajusté = 0,20) sont Fréquence (QFS), Colère (inversement ; BPAQ), Fantaisie (inversement) et Souci empathique (IRI), Perfectionnisme rigide (inversement) et Croyances inhabituelles (PID-5). Le facteur Faible motivation (R2 ajusté = 0,10) est expliqué significativement par le score total au BSL (inversement) et la sous-échelle Satisfaction (QFS). Finalement, les sous-échelles significativement associées au facteur Traits du groupe A (R2 ajusté = 0,09) sont Intimité (SIFS) et Soumission (inversement ; PID-5).
Conclusion : Certaines échelles des instruments autorapportés montrent des associations modestes, mais significatives avec les résultats obtenus aux facteurs de la GFPP. Ces échelles pourraient donc s’avérer utiles dans la cotation de la GFPP et fournir des informations complémentaires pour l’orientation clinique.
EN :
Objectives Dropout rates in psychotherapy are known to be high in patients with personality disorders (PD; ranging from 25% and 64% for Borderline PD). Faced with this observation, the Treatment Attrition-Retention Scale for Personality Disorders (TARS-PD; Gamache et coll., 2017) was developed to precisely identify patients with PD at high risk of abandoning therapy based on 15 criteria, regrouped in 5 factors: Pathological Narcissism, Antisocial/Psychopathy, Secondary Gain, Low Motivation, and Cluster A Features. However, we have limited knowledge about the relevance of self-reported questionnaires commonly used with PD patients to establish treatment prognosis. Thus, the purpose of this study is to evaluate the link between such questionnaires and the five factors of the TARS-PD.
Method Data was retrospectively retrieved from the clinical files of 174 participants with a PD (including 56% with borderline traits or PD), who were evaluated at the Centre de traitement le Faubourg Saint-Jean and completed the French version of the following questionnaires: Borderline Symptom List (BSL-23), Brief Version of the Pathological Narcissism Inventory (B-PNI), Interpersonal Reactivity Index (IRI), Buss-Perry Aggression Questionnaire (BPAQ), Barratt Impulsiveness Scale (BIS-11), Social Functioning Questionnaire (SFQ), Self and Interpersonal Functioning Scale (SIFS) and Personality Inventory for DSM-5- Faceted Brief Form (PID-5-FBF). The TARS-PD was completed by well-trained psychologists specialized in PD treatment. Descriptive analyses and regression between self-reported questionnaires and the five factors of the TARS-PD as well as its total score were performed to determine which variables from the self-reported questionnaires completed by the individuals contribute most strongly to the statistical prediction of the variables of the TARS-PD rated by the clinicians.
Results The subscales that significantly contribute to the Pathological Narcissism factor (adjusted R2=0,12) are: Empathy (SIFS), Impulsivity (negatively; PID-5), and Entitlement Rage (B-PNI). The subscales associated with the Antisociality/Psychopathy factor (adjusted R2=0,24) are Manipulativeness, Submissiveness (negatively), and Callousness from the PID-5, and Empathic Concern (IRI). The scales contributing substantially to the Secondary gains factor (adjusted R2=0,20) are Frequency (SFQ), Anger (negatively; BPAQ), Fantasy (negatively) and Empathic Concern (IRI), Rigid Perfectionism (negatively) and Unusual Beliefs and Experiences (PID-5). Low motivation (adjusted R2=0,10) is significantly explained by Total BSL score (negatively) and Satisfaction (SFQ) subscale. Finally, the subscales significantly associated to Cluster A features (adjusted R2=0,09) are Intimacy (SIFS) and Submissiveness (negatively, PID-5).
Conclusion Some scales from self-reported questionnaires demonstrated modest but significant associations with TARS-PD factors. Those scales might be useful in the scoring of the TARS-PD and provide additional information for patients’ clinical orientation.
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Conception et modèle logique de l’intervention BIWI sur la réinsertion au travail de personnes avec un trouble de personnalité limite
Nadine Larivière, Kathy Dahl et Marc Corbière
p. 197–220
RésuméFR :
Objectifs L’objectif de cette étude vise à concevoir le modèle logique et le contenu de l’intervention Borderline Intervention for Work Integration (BIWI).
Méthode La conception du modèle logique de BIWI s’est fondée sur les recommandations de Chen (2015) pour établir le modèle de changement et le modèle d’action. Pour ce faire, des entretiens individuels avec 4 femmes ayant un trouble de personnalité limite (TPL) et des groupes de discussion focalisés avec des ergothérapeutes et des intervenants affiliés à des organismes en employabilité, provenant de 3 régions québécoises (n = 16), ont été menés. Les entretiens de groupe et individuels comprenaient d’abord une présentation des données issues d’études dans le domaine. Par la suite, une discussion portait sur les défis des personnes avec un TPL en lien avec leur participation au travail, ainsi que les composantes essentielles à inclure dans une intervention idéale. Une analyse de contenu a été réalisée à partir des transcriptions des entretiens. Les composantes des modèles de changement et d’action ont été validées par ces mêmes participants.
Résultats Le modèle de changement de l’intervention BIWI cible 6 thèmes, sur lesquels il semble opportun de s’attarder pour une population présentant un TPL en processus de réinsertion au travail : 1) le sens accordé au travail ; 2) la connaissance de soi et le sentiment de compétence comme travailleur ; 3) la gestion de facteurs internes et externes qui affectent la charge mentale ; 4) les relations interpersonnelles dans le contexte du travail ; 5) la divulgation du trouble mental ; 6) une routine plus satisfaisante à l’extérieur du travail. En ce qui concerne le modèle d’action, l’intervention BIWI est déployée en collaboration avec des professionnels de la santé et des intervenants d’organismes en employabilité. Elle combine des rencontres de groupe (n = 10) et individuelles (n = 2), en mode présentiel et en ligne. Les cibles de changement priorisées sont de réduire le nombre d’obstacles perçus en lien avec la réinsertion au travail et améliorer la mobilisation vers un projet de réinsertion en emploi durable.
Conclusion La participation au travail est une dimension essentielle à inclure dans les interventions destinées aux personnes avec un TPL. Grâce à un modèle logique, il a été possible de dégager les composantes clés à considérer dans le cadre d’une telle intervention. Ces composantes sont relatives à des enjeux centraux chez cette clientèle tels que : la représentation du travail, la connaissance de soi comme travailleur, le maintien du rendement et du bien-être au travail, les relations avec le collectif de travail, ainsi que le travail dans un mode de vie. Ces composantes sont maintenant incluses dans l’intervention BIWI. La prochaine étape sera de tester cette intervention auprès de personnes avec un TPL sans emploi, prêtes à retourner sur le marché du travail.
EN :
Objectives The objective of this study is to develop the logic model and the content of the Borderline Intervention for Work Integration (BIWI).
Methods The creation of BIWI was based on Chen’s (2015) recommendations for establishing the change model and the action model. Individual interviews with four women with a borderline personality disorder (BPD) and focused groups with occupational therapists and service providers in community organizations from three Quebec regions (n=16) were conducted. The group and individual interviews began with a presentation of data from studies in the field. This was followed by a discussion of the challenges of people with BPD in relation to job choice, performance, tenure, and the essential components to be included in an ideal intervention. Transcripts of the individual and group interviews were examined using content analysis. The components of the change and action models were validated by these same participants.
Results The change model of the BIWI intervention addresses six themes, which seem appropriate to focus on for a population with BPD in the process of reintegration into the workplace: 1) meaning given to work; 2) self-awareness and sense of competence as a worker; 3) management of internal and external factors that affect mental workload; 4) interpersonal relationships in the work context; 5) disclosure of the mental disorder in the work context; and 6) more satisfying routines outside of work. The action model of BIWI reveals that this intervention is deployed in collaboration with health professionals from the public and private sectors and service providers from community or government agencies. It combines group (n=10 sessions) and individual meetings (n=2), in face-to-face and online modes. The prioritized outcomes are to reduce the number of perceived barriers to work reintegration and to improve mobilization towards a sustainable employment reintegration project.
Conclusion Work participation is a pivotal target in the interventions for people with BPD. With the support of a logic model, it was possible to identify the key components to be considered in the schema of such an intervention. These components relate to central issues for this clientele, such as: their representations of work, self-knowledge as a worker, maintenance of performance and well-being at work, relations with the work group and external partners, and work embedded in one’s occupational repertoire. These components are now included in the BIWI intervention. The next step will be to test this intervention with unemployed persons with BPD who are motivated to reintegrate the workforce.
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TBM-Crise : intervention hospitalière brève basée sur la mentalisation
Christian Greiner, Martin Debbané, Vincent Besch et Paco Prada
p. 221–233
RésuméFR :
Contexte Notre équipe travaille dans une unité hospitalière psychiatrique de crise aux Hôpitaux universitaires de Genève (Suisse). Nous y accueillons pour 7 jours des personnes en situation de crise qui présentent des idées ou un comportement suicidaire. Comme facteurs précipitant la crise suicidaire, ces personnes traversent des évènements de vie s’accompagnant d’intenses difficultés interpersonnelles et menaçant l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. Il y a dans notre population clinique environ 35 % de patients souffrant de trouble de personnalité limite (TPL). Chez ces patients, les crises à répétition et les comportements suicidaires engendrent des ruptures relationnelles et thérapeutiques fréquentes et dommageables. Notre objectif est de développer une approche spécifique à cette problématique clinique.
Intervention Nous avons développé une intervention psychologique brève focalisée sur la mentalisation en 4 temps : accueil, mentalisation affective des éléments de crise, formulation de la problématique, travail sur la sortie et la suite de soins ambulatoires. Cette intervention est adaptée à une équipe médicosoignantes. Du point de vue de la thérapie basée sur la mentalisation (TBM), la phase d’accueil est principalement consacrée à un mirroring et à une régulation affective afin de réduire l’intensité de la désorganisation psychique. Il s’agit ensuite d’activer la capacité à mentaliser, à savoir la curiosité au sujet des états mentaux, au travers d’un travail sur la narrative de crise avec un focus affectif. Nous travaillons ensuite à construire avec les personnes une formulation de sa problématique dans laquelle elle a peut assumer un rôle. Il s’agit de les rendre « agents » de leurs crises. Alors nous pouvons terminer l’intervention en travaillant tant la séparation qu’une projection dans le futur immédiat. Le but est alors de prolonger le travail psychologique entamé au niveau d’un réseau ambulatoire. Cette dernière phase voit se réactiver le système d’attachement et réapparaître les difficultés jusque-là extérieures à l’espace thérapeutique.
Implications cliniques La TBM est efficace pour le TPL notamment sur la réduction des gestes suicidaires et du nombre d’hospitalisations. Nous avons ajusté son dispositif théorique et clinique pour des individus hospitalisés en raison d’une crise suicidaire et qui présentent des profils psychopathologiques divers et comorbides. La TBM permet l’adaptation et l’évaluation d’outils psychothérapeutiques empiriquement fondés à différents contextes cliniques, mais aussi à différentes populations cliniques.
EN :
Context Our team works in a psychiatric hospital unit at the University Hospitals of Geneva (Switzerland). We welcome there for 7 days people in crisis situations who have either suicidal thoughts or suicidal behavior. As factors precipitating the suicidal crisis, these people go through life events that are accompanied by intense interpersonal difficulties or that threaten the image they have of themselves. In our clinical population, approximately 35% of patients suffer from borderline personality disorder (BPD). In these patients, repeated crises and suicidal behavior lead to frequent and damaging relational and therapeutic ruptures. Our objective is to develop a specific approach to this clinical problem.
Intervention We have developed a brief psychological intervention informed by mentalization-based treatment (MBT) in 4 stages: welcoming of the patient, affective mentalization of the crisis elements, formulation of the problem, work on discharge and the continuation of outpatient care. This intervention is suitable for a medical-nursing team. From a MBT point of view, the welcoming phase is mainly devoted to mirroring and affective regulation in order to reduce the intensity of psychic disorganization. It is then a question of activating the capacity to mentalize, namely curiosity about mental states, through work on the crisis narrative with an affective focus. We then work with people to construct a formulation of their problem in which they can assume a role. It is about making them “agents” of their crises. Then we can end the intervention by working on both the separation and a projection into the immediate future. The goal is then to extend the psychological work started in our unit at the level of an ambulatory network. The termination phase sees the attachment system reactivated and the reappearance of the difficulties hitherto outside the therapeutic space.
Clinical implications MBT is effective for BPD, particularly in reducing suicidal gestures and the number of hospitalizations. We have adjusted its theoretical and clinical device for individuals hospitalized due to a suicidal crisis and who present various and comorbid psychopathological profiles. MBT allows the adaptation and evaluation of empirically based psychotherapeutic tools to different clinical settings but also to different clinical populations.
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Mère souffrant de trouble de personnalité limite : quels soins spécifiques en période périnatale ? Une revue de la littérature
Audrey Serrano, Emmanuelle Teissier, Ludivine Guerin Franchitto, Alexis Revet, Jean-Philippe Raynaud et Lionel Cailhol
p. 235–267
RésuméFR :
Le trouble de personnalité limite (TPL) est un trouble fréquent et grave, caractérisé par une instabilité de l’image de soi, une instabilité affective et des relations interpersonnelles.
Les femmes atteintes de TPL entameraient une grossesse et accoucheraient autant que les autres femmes. Or, selon plusieurs études, les mères TPL auraient une sensibilité diminuée aux signaux de leur bébé et une mauvaise interprétation de leurs émotions ; ceci interférerait dans la mise en place d’une interaction mère-bébé de qualité et dans le développement psychoaffectif du bébé, avec le risque de développer des pathologies psychiatriques à l’âge adulte. Ainsi, plusieurs équipes ont élaboré des soins spécifiques pour les mères souffrant de TPL.
Objectifs Cette revue de la littérature a pour objectif principal de répertorier les interventions développées auprès des mères TPL en période périnatale (de la grossesse jusqu’aux 18 mois du nourrisson). L’objectif secondaire est d’évaluer l’efficacité de certaines de ces interventions.
Méthode Nous avons interrogé 5 bases de données : PUBMED/MEDLINE, EMBASE, CINAHL, EBM REVIEWS et PSYCINFO, la littérature grise, les recommandations de certains pays, le site Web Google.ca et OpenGray. Nous avons utilisé des mots clés pour repérer les articles : Borderline personality disorder, Mothers, Women, Woman, Maternal, Perinatal, Perinatology, Postnatal, Postpartum, Pregnant, Pregnancy(ies), Infant(s), Infancy, Baby(ies), Newborn(s), Offspring(s), Young child, Young children. Pour être inclus, un article devait être écrit en anglais ou en français et publié entre 1980 et 2020 (une veille bibliographique a été effectuée jusqu’en décembre 2021) ; il devait traiter d’intervention(s) préventive(s) et/ou thérapeutique(s) ciblant les mères souffrant de TPL en période périnatale.
Résultats La recherche a généré 493 articles et 20 articles ont été sélectionnés. Deux grands types d’interventions se sont détachés : certaines sont centrées sur la dyade mère-bébé, d’autres sont centrées sur la mère seule. Parmi elles, on relève des thérapies déjà établies pour les patients TPL en population générale ou des psychothérapies mère-bébé plus spécifiques. Les interventions sont majoritairement pluridisciplinaires, précoces et intensives. Quatre articles ont testé l’efficacité de leur programme : selon les articles, les effets bénéfiques sur les interactions dyadiques apparaissent en général après plusieurs semaines de traitement, et pour certains programmes les effets peuvent persister dans le temps ; 3 auteurs montrent une diminution de la symptomatologie dépressive maternelle. Seules l’Australie et la Suisse ont publié des recommandations visant spécifiquement les mères TPL en période périnatale.
Conclusion Les interventions auprès des mères TPL en période périnatale peuvent s’appuyer sur des modèles théoriques réflexifs ou en lien avec la dérégulation émotionnelle dont souffrent ces mères. Elles doivent être précoces, intensives et pluriprofessionnelles. Compte tenu du manque d’évaluation de l’efficacité aucun type de soin ne se distingue actuellement, ainsi il apparaît important de pouvoir continuer les investigations.
EN :
Borderline personality disorder (BPD) is a common and severe disorder characterized by unstability of self-image, unstable affect, and unstable interpersonal relationships. Women with BPD would give birth as much as other women, but according to several studies, BPD mothers have a reduced sensitivity to their babies and a poor interpretation of their emotions; this would interfere in mother-baby interaction and in psycho-affective development of the baby, with the risk to develop psychiatric pathologies in adulthood. In this context several professionals have developed different interventions for mothers suffering from BPD.
Objectives The main objective of this literature review is to list the interventions developed for BPD mothers during the perinatal period (from pregnancy to the 18 months of infant). The secondary objective is to assess the effectiveness of some of these interventions.
Method We have screened five databases: PUBMED/MEDLINE, EMBASE, CINAHL, EBM REVIEWS and PSYCINFO, gray literature, recommendations of some countries, Google.ca website and OpenGray.
We used keywords to screen the articles: Borderline personality disorder; Mothers, Women, Woman, Maternal, Perinatal, Perinatology, Postnatal, Postpartum, Pregnant, Pregnancy(ies), Infant(s), Infancy, Baby(ies), Newborn(s), Offspring(s), Young child, Young children. To be included, an article had to be written in English or French and published between 1980 and 2020 (a bibliographic watch was then carried out until December 2021); it had to deal with preventive and/or therapeutic intervention(s) targeting mothers suffering from BPD in the perinatal period.
Results The search have generated 493 articles and 20 articles were selected. We have identified two main types of interventions: some are centered on the mother-baby dyad, others are centered only on the mother. Among them, there are therapies established for BPD patients in the general population, or specific mother-baby psychotherapies. Interventions are multidisciplinary, intervene early and intensively. Four articles have analysed the effectiveness of their program: according to the studies, the beneficial effects on dyadic interactions generally appear after several weeks of treatment, and for some programs the effects may persist over time; three authors show a reduction of maternal depressive symptoms. Only Australia and Switzerland have published recommendations targeting BPD mothers in the perinatal period.
Conclusion Interventions with BPD mothers in the perinatal period can be based on reflexives theoreticals models or be in connection with the emotional dysregulation from which these mothers suffer. They must be early, intensive and multi-professional. Given the lack of studies that have analysed the efficacy of their programs, no intervention currently stands out, so it seems important to continue the investigations.
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La formation Projet TANGO : soutenir l’intervention auprès de la clientèle ayant un trouble de personnalité limite en protection de la jeunesse et en CLSC
Lyne Desrosiers et Lise Laporte
p. 269–297
RésuméFR :
Objectifs Le mode relationnel et les difficultés d’engagement des personnes présentant un trouble de personnalité limite (TPL) peuvent susciter diverses émotions chez le clinicien. L’activation émotionnelle et la fatigue de compassion sont ainsi courantes et peuvent conduire à des interventions contre-productives. Le travail auprès de cette clientèle requiert de pouvoir réguler des émotions négatives et inhiber les comportements qui y sont associés. Or, les processus de ce travail émotionnel sont rarement explicités et encore moins enseignés. La formation Projet TANGO a été élaborée pour aider les cliniciens à modifier leurs réactions émotionnelles et comportementales. Des stratégies de la thérapie dialectique comportementale leur sont enseignées afin qu’ils les utilisent eux-mêmes pour se réguler dans le contexte d’intervention émotionnellement exigeante. Cette étude vise à évaluer les effets de cette formation sur les habiletés et la disposition à intervenir.
Méthode La formation Projet TANGO a été évaluée à partir d’un devis mixte auprès de 184 intervenants travaillant auprès d’adolescent et d’adultes en protection de la jeunesse (PJ) et en CLSC. Des mesures de régulation des émotions, des attitudes envers les personnes ayant un TPL, de la qualité de vie professionnelle et de l’estime de soi en tant que travailleur auprès de cette clientèle ont été effectuées avant, après et 3 mois après la formation. Des groupes de discussion pré et postformation ont permis de documenter les défis de la prise en charge de cette clientèle et d’apprécier les effets plus difficilement quantifiables.
Résultats L’ensemble des mesures prétests montrent des scores plus favorables chez les intervenants PJ comparativement aux cliniciens en CLSC. Les analyses qualitatives suggèrent qu’ils utilisent des stratégies de régulation émotionnelle, telles masquer l’émotion véritable et simuler une autre émotion, lesquelles ont été associées à l’épuisement professionnel. Les cliniciens en CLSC reconnaissaient plus aisément les défis émotionnels auprès de cette clientèle. Chez les intervenants PJ, les effets de Projet TANGO sont significatifs pour les variables associées à la disposition à intervenir suggérant des Perceptions et des Attitudes plus positives envers la clientèle (p = 0,011, ηp2 = 0,160 et p = 0,036, ηp2 = 0,120), plus de Satisfaction par la compassion et une diminution de l’Usure de compassion (p = 0,001, ηp2 = 0,222 et p = 0,002, ηp2 = 0,212) 3 mois après la formation. Les cliniciens en CLSC ont obtenu des bénéfices sur leurs Perceptions (p < 0,001, ηp2 = ,168), leurs Attitudes envers le TPL (p < 0,001, ηp2 = 0,185) et leur Satisfaction par la compassion (p = 0,042, ηp2 = 0,065) dès la fin de la formation.
Conclusion Cette étude met en évidence que les 2 groupes profitent différemment de la formation. Les résultats suggèrent qu’elle a permis une lecture plus juste des défis de l’intervention chez les intervenants en PJ. En contrepartie, ces dispositions étant préalablement plus présentes chez les cliniciens en CLSC avant la formation, ils semblent avoir bénéficié de la formation pour augmenter leurs habiletés à intervenir.
EN :
Objectives The relational mode and engagement difficulties of individuals with borderline personality disorder (BPD) can elicit a variety of emotions in the clinician. Emotional activation and compassion fatigue are thus common and can lead to counterproductive interventions. Working with this clientele requires the ability to regulate negative emotions and inhibit associated behaviors. However, the processes involved in this emotional work are rarely made explicit and even less taught. The Project TANGO training was developed to help clinicians modify their emotional and behavioral reactions in the context of common complex interventions. Strategies from dialectical behavioral therapy are taught so that they can use them to self-regulate during emotionally demanding interventions. The purpose of this study is to evaluate the effects of this training on intervention skills and readiness.
Method The Project TANGO training was evaluated using a mixed-methods design with 184 practitioners working with adolescents and adults in youth protection (YP) and CLSC settings. Measures of emotion regulation, attitudes towards people with BPD, quality of professional life and self-esteem as a worker with this clientele were taken before, after and 3 months after the training. Pre- and post-training focus groups were used to document the challenges of working with this clientele and to assess the more difficult to quantify effects.
Results All of the pre-test measures showed more favourable scores for PJ workers than for CLSC clinicians. Qualitative analyses suggest that they use emotional regulation strategies, such as masking the true emotion and simulating another emotion, which have been associated with burnout. Among PJ workers, the effects of Project TANGO were significant for variables associated with readiness to intervene, suggesting more positive Perceptions and Attitudes towards the clientele (p=0.011, ηp2= 0.160 and p=0.036, ηp2= 0.120), more Compassion Satisfaction and a decrease in Compassion Weariness (p=0.001, ηp2= 0.222 and p=0.002, ηp2= 0.212) three months after the training. CLSC clinicians achieved benefits on their Perceptions (p<0.001, ηp2= 0.168), Attitudes towards BPD (p<0.001, ηp2= 0.185) and Satisfaction with Compassion (p=0.042, ηp2= 0.065) upon completion of the training.
Conclusion This study shows that the two groups benefit differently from the training. The results suggest that the training resulted in a more accurate reading of the challenges of intervention among YP practitioners. On the other hand, since these dispositions were more present among CLSC clinicians before the training, they seem to have benefited from the training to increase their intervention skills.