Résumés
Résumé
La mise en valeur des richesses naturelles du Bouclier canadien au cours des années 1918-1938 a consacré la vocation industrielle du Québec. Avec les industries du papier, les mines et surtout l'industrie hydro-électrique, le Québec est entré dans une deuxième phase d'industrialisation à caractère nettement continental. Ces industries, en effet, en raison même des ressources qu'elles mobilisaient et des marchés qu'elles exigeaient, étaient entraînées à une exploitation à l'échelle nord-américaine. Entrée relativement tard dans le courant du nouvel industrialisme, la province de Québec y entrait quand même en son temps, c'est-à-dire, à un stade de développement technologique où l'entreprise américaine découvrait chez elle des ressources appropriées aux besoins des grands centres métropolitains de l'Amérique du Nord. Ainsi la province s'est industrialisée sous l'impulsion des foyers de développement des États-Unis, avec des capitaux importés des États-Unis, à l'aide de techniques qui n'étaient sans doute pas exclusives aux États-Unis mais qui furent véhiculées au Canada par des équipes d'ingénieurs américains et adaptées aux conditions canadiennes par des cadres préparés aux États-Unis. En d'autres termes, c'est des États-Unis que lui sont venus le capital financier et ses rouages de gestion, le génie d'entreprise et les cadres de l'administration. La province offrait à l'entreprise américaine des matières brutes et des manœuvres. Par dessus tout, elle s'engageait à collaborer avec l'entreprise américaine en lui procurant des conditions favorables d'exploitation. On comprend aujourd'hui les réticences de certains groupes du Québec pour qui un tel engagement évoquait l'image d'un nouveau pacte colonial, style XXe siècle.
Ce nouveau régime industriel étayé par les États-Unis se manifeste dès la fin du XIXe siècle mais il ne se réalise pleinement qu'une vingtaine d'années plus tard, du moins dans la province de Québec. Dans la Colombie britannique, la grande exploitation minière de la région de Kootenay débute à la fin du XIXe siècle en liaison avec l'entreprise américaine. Dans l'Ontario, à la même époque, s'établissent à Sault-Marie les entreprises de Clergue, venues de Philadelphie. Avec l'ouverture des mines d'argent, d'or et de cuivre, la grande entreprise gagne le nord de l'Ontario et le nord-ouest du Québec. Elle atteint Rouyn en 1925 et Val-d'Or en 1936.
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