Comptes rendus

Injustice environnementale. Alternatives autochtones, Musée d’ethnographie de Genève. Exposition du 24 septembre 2021 au 21 août 2022[Notice]

  • Mylène Steity

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  • Mylène Steity
    Doctorante et assistante de recherche, Université de Neuchâtel, Suisse

Menée sous la direction de Carine Ayélé Durand, directrice ad intérim du Musée d’ethnographie de Genève, l’exposition « Injustice environnementale. Alternatives autochtones » est le résultat d’un projet ambitieux qui investit, par le biais d’un discours basé sur une éthique du soin et une culture de la réparation, le rôle du musée comme un espace d’échange, de co-construction des savoirs et de collaboration équitable entre les sociétés. L’exposition donne temporairement la parole aux populations autochtones et reconnait le rôle important de ces hommes et de ces femmes qui, partout à travers le monde, font entendre leur voix pour défendre leurs droits face à l’injustice environnementale, tout en appelant à un effort mondial dans la lutte pour la préservation de toutes les formes de vie. Pour signifier ce retour surle chemin de la bonne vie, l’exposition nous invite à penser d’autres formes de manière de vivre pour tisser ensemble le temps de la rencontre. L’expérience muséale se conçoit ici comme un processus relationnel, émotionnel et sensible qui se propose de nourrir une réflexion sur notre avenir commun. À travers plusieurs temporalités qui structurent l’exposition en cinq sections – être autochtone aujourd’hui ; le temps du soin et de la réparation ; le temps des responsabilités réciproques ; le temps de la crise ; le temps de la rencontre –, le parcours muséal s’articule autour de la situation politique, géographique et sociale de divers peuples autochtones dans le monde. Au sein du parcours, le présent, le passé et le futur se confondent dans un espace-temps propre à l’exposition qui nous invite à penser le rôle de la transmission des savoirs et savoir-faire de plusieurs peuples autochtones dont les collaborations multiples témoignent de leur engagement, de leur résistance et de leur capacité d’adaptation face à l’urgence climatique et environnementale. L’exposition présente un contenu abondant, à la fois riche et protéiforme, qui invite les visiteurs par le biais d’objets, de photographies, de textes, de témoignages vidéo, de projections et d’installations artistiques contemporaines, à saisir les enjeux face aux dégradations environnementales et au changement climatique qui nous concernent toutes et tous. Pour signifier cette lutte commune, le parcours s’ouvre sur une carte du monde. Réalisée à l’occasion de l’exposition, la Carte des peuples autochtones, de la biodiversité et des conflits environnementaux dans le monde fait état des conflits mondiaux qui menacent la survie et la préservation de la culture de ces peuples, gestionnaires des ressources naturelles et gardiens d’une grande part de la biodiversité mondiale. La question de la relation au territoire ici abordée rend compte des inégalités souvent basées sur des rapports de force hérités et actuels. En effet, malgré l’adoption en 2007 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, la reconnaissance de leurs droits et de leurs territoires reste souvent un défi majeur. Pourtant, le respect des droits humains fondamentaux est essentiel dans notre lutte commune pour la survie à une époque où le changement climatique est une préoccupation mondiale. À cet égard, l’exposition nous rappelle le rôle que ces communautés ont à jouer dans la recherche d’alternatives et la façon dont elles contribuent, à travers une éthique du soin et une culture de la réparation, à l’amélioration des rapports entre tous les êtres animés et inanimés. Cette éthique du soin se présente notamment sous la forme d’un jeu vidéo conçu par l’artiste Elisabeth LaPensée qui diffuse des chants destinés à guérir les eaux, une pratique cérémonielle traditionnelle qui témoigne du rôle des femmes anishinaabeg dans le protectorat de l’eau. La suite du parcours évoque, sous diverses formes, la manière dont les savoirs, les cultures et …

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