Résumés
Résumé
Cette étude est consacrée aux effets de la mutation de la question sociale sur le discours magistériel en éthique sociale et politique. Le mot « mutation » désigne le fait qu’aux enjeux socio-économiques qui formaient traditionnellement le noyau dur de la question sociale s’ajoutent d’autres enjeux de nature différente, notamment ceux liés à la reconnaissance morale et juridique des identités individuelles et collectives. Deux thèmes de l’enseignement social de l’Église seront retenus et explorés ici pour tester l’hypothèse d’une répercussion de la mutation de la question sociale sur l’enseignement social de l’Église catholique. Ce sont l’enseignement sur le bien commun et l’enseignement qui condamne la discrimination. Nous concluons qu’il y a bien une ouverture du discours magistériel aux transformations des idées et des jugements dans le domaine éthico-moral. On voit pourtant que, même dans ces conditions, l’arrimage de logiques hétérogènes génère dans l’enseignement social des « tensions » épistémologiques et pratiques qu’on ne saurait minimiser.
Abstract
This article studies the effects of the mutation of the social question on the magisterial discourse in social and political ethics. The word “mutation” refers to the fact that to the socio-economical stakes which traditionally formed the hard core of the social question are added other stakes of a different nature, notably those that are tied to the moral and juridical recognition of individual and collective identities. Two themes of the social teaching of the Church are here retained and explored to test the hypothesis of a repercussion of the mutation of the social question upon the social teaching of the Catholic Church. These are the teaching concerning the common good and the teaching that condemns discrimination. We conclude that there is indeed an opening of the magisterial discourse to transformations in ideas and judgments in the ethical moral domain. Yet one can see that, even under those conditions, the coordination of heterogeneous logics generates in the social teaching epistemological and practical “tensions” which cannot be minimized.