ChroniquesMilieu scolaire

La recherche collaborative – un pilier pour établir un pont solide entre le milieu universitaire et celui de la pratique[Notice]

  • Anila Fejzo,
  • Kathleen Whissell-Turner et
  • Rihab Saidane

…plus d’informations

  • Anila Fejzo
    Université du Québec à Montréal (Canada)

  • Kathleen Whissell-Turner
    Université du Québec à Montréal (Canada)

  • Rihab Saidane
    Université du Québec à Montréal (Canada)

Les recherches dans le domaine de l’éducation, qu’elles visent le développement d’habiletés ou de compétences chez les élèves, la documentation des représentations ou des pratiques d’enseignement des divers intervenants dans le milieu scolaire, ou tout autre objet d’étude lié à la transformation des pratiques dans ce domaine, constituent des poutres d’acier pour établir des ponts entre le milieu scientifique et celui de pratique. En effet, pour les chercheurs, ces études sont des moments privilégiés pour vérifier leurs hypothèses sur le terrain ; pour les intervenants du milieu scolaire, elles représentent des occasions de mise à jour en lien avec de récentes connaissances scientifiques portant sur leurs pratiques d’enseignement ou d’intervention. En revanche, les choix méthodologiques, soit les manières dont les recherches sont opérationnalisées, constituent des piliers de ce pont. Ils déterminent la solidité du pont entre les milieux, en d’autres termes la qualité des connaissances produites pour le milieu scientifique, ainsi que l’ampleur et la durabilité des retombées de ces recherches pour le milieu scolaire. Le choix d’une recherche collaborative nous semble constituer l’un de ces piliers. Dans la présente chronique, nous partageons les réflexions découlant d’une expérience que nous avons vécue dans le cadre d’une recherche collaborative subventionnée par le FRQSC Actions concertées. Cette étude visait à améliorer le vocabulaire chez la population plurilingue du 2e cycle du primaire en développant leur conscience morphologique. Sa réalisation impliquait la collaboration entre une équipe de chercheuses de l’Université du Québec à Montréal et de l’Université McGill ainsi que six enseignantes et une orthopédagogue d’une école du Centre de services scolaire Marie-Victorin. La conscience morphologique réfère à la capacité à analyser la structure des mots à l’échelle des plus petites unités de sens, c’est-à-dire être capable de comprendre que dans le mot « inévitable » il y a des unités de sens plus petites qui sont le préfixe « in-», la racine « évite » et le suffixe « able ». Sachant que les lecteurs dont le français n’est pas la langue maternelle ont un vocabulaire moins riche que leurs pairs natifs et que la relation entre la conscience morphologique et la connaissance du vocabulaire était plus forte chez les premiers (Fejzo, 2021), le développement de leur conscience morphologique s’avère être une piste prometteuse à explorer. Or, le milieu scolaire se heurte à deux enjeux importants pour relever ce défi : des besoins urgents de développement professionnel des enseignants en lien avec la conscience morphologique et le manque de dispositifs didactiques visant le développement de cette dernière. En effet, la documentation des pratiques d’enseignement du vocabulaire au Québec (Anctil, 2015 ; Anctil et al., 2018) permet de savoir que les enseignants se disent peu outillés pour réaliser des activités morphologiques. Les besoins de formation en lien avec le vocabulaire sont encore plus criants chez les enseignants en milieu plurilingue qui se sentent dépourvus devant les inégalités lexicales de leurs élèves. C’est à partir des données de recherche et de ces constats que l’équipe de recherche a choisi de mener une recherche collaborative. Lors de la conception du projet par l’équipe de recherche, la recherche collaborative est apparue comme le choix méthodologique par excellence pour atteindre ses objectifs. En effet, ce type de recherche crée un espace d’articulation de l’expertise scientifique des chercheurs et de l’expertise pratique des enseignants (Desgagné et al., 2001). La mise en dialogue de ces deux expertises était indispensable pour le projet, car elle permettrait aux chercheuses d’élaborer un dispositif didactique pour lequel elles maitrisaient les connaissances issues de la recherche en intégrant la connaissance des enseignantes relative aux besoins réels des élèves plurilingues de leur classe et …

Parties annexes