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Vers le diagnostic numérique d’un programme d’études[Notice]

  • Alexandre Nana

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  • Alexandre Nana
    Institut national des mines (Canada)

Cela fait déjà plusieurs années que les outils numériques et les technologies émergentes révolutionnent les méthodes de travail, les techniques d’enseignement, les équipements et les besoins en compétences du personnel (World Economic Forum, 2019). Ce raz-de-marée technologique a déferlé sur tous les secteurs d’activités, notamment le secteur minier. En effet, lui aussi, en adoptant et en implantant les outils technologiques dans les opérations minières, amorce graduellement et de façon immuable sa conversion vers ce qui a été qualifié d’industrie 4.0 (Kohler & Weisz, 2016). Il s’agit d’une nouvelle révolution industrielle qui ne consiste pas en plus d’automatisation, mais en plus d’intelligence dans l’interconnexion et la synchronisation des différents systèmes de l’usine et du personnel. C’est ainsi que la formation, qui inclut la requalification et le rehaussement des compétences des dirigeants et du personnel, constitue un levier essentiel pour une transition numérique réussie (Lööw, Abrahamsson & Johansson, 2019). Il serait donc légitime de se demander dans quelle mesure les programmes de formation actuels favorisent le développement des compétences numériques par la population apprenante. Plus spécifiquement, comment permettre aux programmes d’études de s’arrimer aux besoins d’une industrie qui a déjà amorcé son tournant holistique vers l’industrie 4.0 ? C’est pour répondre à cette question que le présent projet propose un outil permettant d’effectuer le diagnostic de maturité numérique d’un programme d’études. Dans sa publication, la Banque de développement du Canada (2017, p. 3) illustre qu’au fil des années, l’industrie est passée par plusieurs périodes marquantes. En effet il s’avère que, s’appuyant initialement sur une énergie d’origine humaine ou animale, la mécanisation est le premier tournant important marquant l’industrie 1.0. L’introduction de l’électricité dans les usines et l’utilisation du pétrole vont permettre la production de masse à travers les chaînes de montage environ un siècle plus tard. C’est la 2e révolution industrielle ou industrie 2.0. Les progrès en informatique, en électronique et leur intégration dans l’industrie seront à l’origine de la robotisation et de l’automatisation de la production, marquant ainsi la 3e révolution industrielle ou industrie 3.0. De nos jours, l’évolution fulgurante des technologies ainsi que les limites de la programmation et de l’automatisation sans cessent repoussées par la création de machines capables de simuler l’intelligence ont fait naître l’usine dite du futur. Dans cette dernière, les équipements et les systèmes des sites de production sont interconnectés entre eux et également avec les clients et les équipes de production : il s’agit de la 4e révolution industrielle ou encore industrie 4.0 (Julien & Martin, 2018, p. 7). La migration d’une entreprise vers l’industrie 4.0 provoque la mutation non seulement des profils des emplois, mais également celle des besoins en compétences. L’éventail des défis relatifs à ce virage technologique qui rompt avec la culture des entreprises n’est pas des moindres. Comme le mentionnent Romero, Stahre & Taisch (2020), « pour réussir à adopter le paradigme de l’industrie 4.0 de manière durable sur le plan social, les entreprises manufacturières devront accompagner leurs transformations technologiques par des programmes de formation et de perfectionnement de leur main-d’oeuvre ». Un son de cloche similaire se fait entendre dans le milieu académique où le Cadre de référence de la compétence numérique, qui est la politique interordres en vigueur en matière de numérique en éducation et en enseignement supérieur au Québec, relève que « la compétence numérique est intimement liée au développement professionnel de tous les travailleurs et travailleuses du 21e siècle » (MEES, 2019). Toutefois, il est possible de constater que peu ou aucune attention n’a été portée aux formations technique et professionnelle. Lafontaine et Simon (2008, p. 98) relèvent trois principaux acteurs du système …

Parties annexes