Comptes rendusThéorie, méthode et idéesReviewsRecensión

What’s the Point of International Relations ?, Synne L. Dyvik, Jan Selby et Rorden Wilkinson (dir.), 2017, New York, Routledge, 274 p.[Notice]

  • Alex Woodcock

…plus d’informations

  • Alex Woodcock
    Département de science politique, University College London, Londres, Royaume-Uni

L’ouvrage propose plusieurs chapitres intéressants, dont les plus importants se concentrent sur deux thèmes centraux. D’une part, plusieurs auteurs avancent que l’objectif (le « point ») des ri consiste précisément à rendre possibles la liberté intellectuelle, la diversité méthodologique et la multiplicité des intérêts. Les chapitres de Jackson, Jahn, Sterling-Folker, Sjoberg, Weaver et Rosenberg offrent la réponse la plus claire à la question posée par le titre et sont de loin les plus cohérents et directs. Un fil rouge les relie : les ri peuvent constituer un champ d’études spécifique et unique – transcendant sa position originelle de sous-catégorie d’une science politique plus formelle – qui générerait un savoir utile et constructif. Les auteurs partagent aussi l’idée que la discipline des ri n’a pas à se concevoir comme dérivée d’autres disciplines : elle peut produire des savoirs exportables aux autres sciences sociales. Les chapitres qui défendent cet argument naviguent intelligemment entre les ri et d’autres disciplines et analysent plusieurs enjeux théoriques, pratiques et institutionnels. Ces arguments, qui plus est, pourront rassurer les jeunes spécialistes des ri quant à la valeur d’une multiplicité d’approches : la surspécialisation dans les méthodes et dans les objectifs n’est pas une nécessité. En ce sens, la diversité et la liberté sont les atouts principaux sur lesquels les ri devraient s’appuyer, en particulier si on les compare aux champs d’études connexes, économie, science politique et sociologie, conceptualisés de manière relativement rigide. D’autre part, les chapitres intellectuels-historiques de la seconde partie de l’ouvrage (en particulier ceux de Murphy, Confortini et Vitalis) plongent dans les origines de la discipline, offrant ainsi des éclairages importants sur le « quand », le « comment » et le « pourquoi » de son développement. Essentiels à la compréhension des projets intellectuels des ri, ces chapitres fournissent des exemples clairs et concis des effets positifs d’une telle approche, sans laquelle les débats théoriques contemporains se trouveraient privés d’ancrage. En dépit de nombreux chapitres de grande valeur, l’ouvrage souffre de problèmes profonds. D’abord, la tentative de représenter le « champ de recherche pluraliste » des ri en un seul volume relativement court donne aux chapitres une allure de staccato. Les bonds thématiques énormes d’un argument à l’autre ne laissent pas au lecteur le temps de respirer, certains chapitres prenant une apparence de superficialité qui les rend peu engageants. Pire encore, on croirait parfois être en présence de propagande journalistique et non de réflexions universitaires sérieuses. Le chapitre de Ling constitue un cas particulièrement frappant. On y lit: « […] as I sat in that room with these smug high priests of Disciplinary ir, I suddenly understood isis and why so many have joined it. I, too, wanted to bomb the hell out of this world politics. Let’s kill the bastards ! ». Le lecteur, immédiatement rassuré sur le fait que ce sentiment s’est vite émoussé, ne pourra s’empêcher de s’interroger sur le jugement et les motivations d’un théoricien des ri à tel point perturbé par une réunion de dociles universitaires – sans rien dire des éditeurs, qui ont inclus ces propos dans l’ouvrage. Le livre propose aussi plusieurs discussions du « courant positiviste dominant en ri » qui révèlent un parti pris en faveur des théories critiques. Dans cette veine, le chapitre de Weber se distingue par l’intelligence de son analyse, présentant un portrait équilibré des « postures paranoïaques » visibles tant chez les théoriciens positivistes que chez les post-positivistes. Il offre ainsi une contribution utile quant aux possibilités de réflexivité dans les débats de ri. Il n’en demeure pas moins qu’au terme de l’ouvrage le lecteur aura revisité …