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Nous avons choisi d’intituler ce numéro spécial « Communication interculturelle et internationale : contributions à un champ d’études et de recherches en mouvance ». À la lecture de ce libellé, certaines personnes s’interrogeront : plutôt que d’articuler un numéro de revue autour de la communication interculturelle et internationale , ne devrait-on pas plutôt chercher à l’arrimer aux deux domaines d’études spécifiques que sont, d’un côté, la communication interculturelle et, de l’autre, la communication internationale ? Chacun de ces domaines se distingue en effet par ses traditions et ses objets de recherche (certains enjeux, thématiques et vocabulaires sont propres à l’interculturel ou à l’international) et par son inscription dans des programmes et des cursus académiques bien souvent perçus et institutionnalisés comme étant distincts l’un de l’autre. Pourtant, puisque les assisses épistémologiques, méthodologiques et théoriques de l’ interculturel et de l’ international communicationnels sont complémentaires et en constant dialogue, nous prenons plutôt le parti de considérer la communication interculturelle et internationale comme un champ d’études et de recherches en soi [2] . Nous soutenons, à l’instar de Hsab et Stoiciu (2011), que, « ontologiquement, il n’y a pas d’international sans l’interculturel, son pendant, ni d’interculturel sans international, son miroir » (p. 14).
Émergence d’un champ : la communication interculturelle et internationale
À l’intérieur de la discipline communication, le champ d’études de la communication interculturelle et internationale (CII) est inédit et très récent. Quelques groupes, centres et instituts de recherche, au Québec et à l’international, s’intéressent en effet à la communication interculturelle et/ou à la communication internationale, mais très peu de ces initiatives ne se réclament du champ « unifié » de la CII. En 2018, nous avons répertorié les différents regroupements de recherche au Québec, au Canada et à l’international consacrés à la communication interculturelle ou à la communication internationale [3] . Nous avons aussi dressé la liste des différents programmes universitaires offerts en communication interculturelle ou en communication internationale. À la lumière de nos explorations, il apparaît que notre volonté de considérer la CII comme un champ d’études en soit est novateur et singulier. En effet, le Groupe d’études et de recherches axées sur la communication internationale et interculturelle (GERACII) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) se distingue en développant une expertise sur ce champ « unifié » de la CII. De plus, à notre connaissance, et mis à part le programme de maîtrise en communication, concentration en communication internationale et interculturelle de l’UQAM, un seul programme universitaire, le master of Arts in Intercultural and International Communication de la Royal Roads University (Colombie-Britannique, Canada) offre un programme d’études en CII.
Au Québec, c’est en 2006 que quatre professeures et professeurs du Département de communication sociale et publique de l’UQAM intéressés par les enjeux de l’« inter » en communication se sont réunis afin de structurer le champ de la CII. Christian Agbobli, Gaby Hsab, Carmen Rico de Sotelo et Gina Stoiciu sont ainsi devenus les membres fondateurs du GERACII. Il s’agissait alors de définir les orientations épistémologiques de ce nouveau champ et d’en dresser les pistes de recherches émergentes en gardant au cœur de la démarche deux aspects qui la caractérisent : la place centrale des enjeux communicationnels qui chapeautent et orientent l’étude de l’interculturel et de l’international ; et le déploiement d’un regard communicationnel à la fois interculturel et international, qui mise sur les espaces de rencontre et les lieux d’imbrication de l’« inter » qui caractérisent le champ.
Près de 15 ans après sa création, le GERACII compte plusieurs membres, à la fois des chercheuses et chercheurs émergents, établis et étudiants, évoluant dans différents milieux universitaires et de recherche dans le Québec et la Francophonie. Différents colloques, conférences et échanges universitaires internationaux ont pris place au cours des années sous l’égide du groupe. Diverses publications, et particulièrement trois ouvrages, ont participé au déploiement de ses assises épistémologiques, théoriques et méthodologiques, ainsi qu’à la définition d’un nouveau champ de la CII : Communication internationale et communication interculturelle (Agbobli et Hsab, 2011), Identités diasporiques et communication (Hsab, Agbobli et Kane, 2013) et Mobilités internationales et intervention interculturelle (Montgomery et Bourassa-Dansereau, 2017).
Ce numéro spécial s’inscrit donc dans la foulée de ces travaux. Il contribue au développement du champ de la CII en présentant des travaux actualisant les apports théoriques et les résultats de recherche qui y sont ancrés. Le numéro Communication interculturelle et internationale : contributions à un champ d’études et de recherches en mouvance participe et enrichit le développement du champ et met en valeur la recherche francophone dans ce domaine.
Communication interculturelle et internationale : les spécificités du champ
Comment se définit le champ de la communication interculturelle et internationale? Quels sont les thèmes, les objets d’études, les autrices et auteurs au cœur de celui-ci? Quels appareillages théoriques et méthodologiques sont mobilisés par les chercheuses et chercheurs du champ de la CII? En définitive, quels sont « la carte et le territoire » de ce champ (Stoiciu, 2011)?
CII : un regard communicationnel de l’« inter »
La communication est encore trop souvent réduite à sa dimension instrumentale et technique et largement associée aux notions de transmission, de transfert et de diffusion, voire de persuasion et de contrôle. Pourtant, au-delà de ces aspects pragmatiques, rappelons que l’étymologie du terme communication (du latin communicare , communis ) fait plutôt référence à une mise en commun et à un partage qui, par-delà les mouvements communicationnels d’une interlocutrice ou d’un interlocuteur à un autre, met en lumière l’espace communicationnel commun et partagé qui caractérise la rencontre entre ceux-ci.
Le champ de la communication interculturelle et internationale est celui de cet « inter » commun et partagé. À la suite de Stoiciu [4] (2011), il nous apparaît qu’en « fonction des cadrages théoriques que l’on choisit, on peut charger le préfixe inter de trois enjeux majeurs de la communication : il s’agit d’une rencontre avec , une rencontre entre et une rencontre agissant sur » (p. 67). La CII se traduit donc par les enjeux qui entourent les interactions, les relations et les échanges portés par les différents acteurs de la communication dans des contextes interculturels et internationaux.
À l’intérieur du champ de la CII, on peut souligner certaines tendances associées aux dimensions interculturelle et internationale, notamment concernant les enjeux et les personnes engagées dans la communication (Hsab et Stoiciu, 2011). La dimension communicationnelle interculturelle porte davantage sur les phénomènes de communication entendus comme « une rencontre, une relation de coprésence culturelle entre individus ou groupes, acteurs de la communication » (Hsab et Stoiciu, 2011, p. 10). Les thématiques privilégiées sont celles qui se réfèrent à l’immigration, à l’intégration et à la diversité, à la rencontre interpersonnelle et intergroupe avec l’Autre, ainsi qu’à la question des identités individuelles et collectives. La dimension communicationnelle internationale, quant à elle, s’applique à mieux comprendre les « situation[s] de communication, qui, à différents niveaux, met[tent] en contact des cadres étatiques distincts, des relations entre nations » (Hsab et Stoiciu, 2011, p. 11). Elle est alimentée par les enjeux référant aux relations et aux rapports (notamment de pouvoir) entre les différents États et nations, à la coopération internationale et aux organismes internationaux, ainsi qu’aux questions liées à la spécificité et à la diversité culturelle. Si la communication internationale propose une analyse des enjeux de communication entre les États, les régions du monde, les groupes et les mouvements transnationaux et autres acteurs non étatiques, la communication interculturelle, elle, s’attarde davantage aux enjeux de communication interpersonnelle et intergroupe (Agbobli, 2015; Bourassa-Dansereau et Yoon, 2017; Gudykunst et Mody, 2002; Hsab et Stoiciu, 2011; Stoiciu, 2008, 2011).
Asante et Gudykunst (1989) soulignent que ces deux champs, bien qu’ayant développé des traditions de recherche distinctes mais interreliées, partagent un intérêt commun pour l’étude de la communication et de la culture. Gudykunst et Mody (2002) renchérissent en insistant sur les liens qui unissent ces deux champs : un intérêt soutenu pour étudier la différence. En effet, la communication interculturelle et la communication internationale s’intéressent toutes deux à des situations de communication, aux échanges et aux interactions entre des acteurs, des groupes ou des individus porteurs de cultures différentes, ainsi qu’aux enjeux sociaux qui en découlent (Rogers et Hart, 2002). Au-delà des similitudes et des différences entre les dimensions interculturelle et internationale, c’est donc avant tout leur complémentarité et leur imbrication que nous soulignons à travers notre proposition d’un champ unifié de la CII, car « les communications internationales servent […] de contextes pour comprendre les enjeux d’ interculturalit é , alors que les communications interculturelles servent de contextes pour comprendre les enjeux d’ internationalité » (Hsab et Stoiciu, 2011, p. 10).
En effet, nous voulons ainsi privilégier un champ d’études et de recherche qui soutient que les questions internationales contribuent, selon différentes modalités, à toute rencontre communicationnelle interculturelle, alors que les divers processus interculturels s’articulent aux situations communicationnelles, notamment à l’international. À l’instar de Mowlana (1997), nous affirmons que les deux champs doivent être étudiés conjointement : la communication interculturelle ne peut se dérouler dans un « vacuum » et doit prendre en compte les facteurs liés à l’international, tout comme la communication internationale ne peut être comprise sans considérer le contexte interculturel [5] .
État des lieux en CII : quelles imbrications de l’interculturel et de l’international dans les études en communication?
Puisque le champ de la CII est récent et en évolution constante, il s’avère difficile et peu concluant de dresser un état des lieux des recherches et des travaux menés dans ce domaine. Afin de circonscrire les racines communicationnelles « inter » et le contexte d’émergence de la CII, il paraît plus pertinent de présenter les principaux travaux en communication interculturelle, puis en communication internationale, dans lesquels la réciprocité et l’imbrication entre l’interculturel et l’international sont considérées. Cela nous permet d’identifier comment les chercheuses et chercheurs en communication interculturelle ont intégré à leurs travaux des enjeux communicationnels internationaux et, à l’inverse, les façons dont l’interculturel communicationnel s’est articulé aux études en communication internationale.
Communication interculturelle : place et importance des enjeux internationaux
Gina Stoiciu (2011), pionnière de la communication interculturelle au Québec, porte un regard historique sur ce champ en soulignant que les objets d’études de l’interculturel se sont développés et démultipliés autour de trois grandes « figures d’interculturalité : l’interculturel de l’immigration, le management interculturel et l’interculturel dans les relations internationales » (p. 66). Ainsi, que ce soit autour d’enjeux entourant l’immigration et l’intégration, l’entreprise interculturelle nationale, binationale ou multinationale, ou encore les relations internationales touchant les questions culturelles, diplomatiques et humanitaires, l’objet communicationnel interculturel apparaît comme étant historiquement et péremptoirement lié aux contextes et aux enjeux internationaux.
De façon largement consensuelle, on reconnaît Edward T. Hall (1973, 1989, 1990,) comme étant le père fondateur de la communication interculturelle en Amérique du Nord et dans le monde de la recherche anglophone (Agbobli et Tremblay, 2019; Montgomery et Agbobli, 2017; Nakayama et Halualani, 2010; Stoiciu, 2008, 2011). Dès les années 1950, Hall s’intéresse aux différentes dimensions caché es de la culture qui caractérisent les communications interculturelles entre individus (pensons aux perceptions du temps, de l’espace). Il articule d’emblée ses travaux en communication interculturelle aux enjeux internationaux, notamment grâce à ses apports concernant les zones sensibles à la différence culturelle (1990, 1994) qui participent aux relations commerciales entre individus originaires des États-Unis, du Japon, de la France et de l’Allemagne. Dans ces travaux fondateurs portant sur la communication entre individus venus d’« ailleurs », le champ de la communication interculturelle est ainsi déjà caractérisé par l’imbrication fine entre interculturel et international.
Dans le sillon des travaux de Hall, différents auteurs (Gudykunst et Kim, 1992; Samovar et Porter, 1988) se sont intéressés à la communication interculturelle sous l’angle des problématiques de communication interpersonnelle : difficultés interactionnelles, positionnement et négociation entre interlocuteurs, stratégies et compétences interculturelles ou encore filtres culturels (stéréotypes et préjugés) sont au cœur de leurs travaux. Ces auteurs s’intéressent alors principalement à la rencontre entre « porteurs de culture », le concept de culture étant alors largement associé à des pays et à des États clairement circonscrits et identifiés [6] . En Europe francophone, dans les années 1980, le champ de l’interculturel s’est plutôt institutionnalisé autour des études ethniques (Stoiciu, 2008, 2011). Plusieurs des autrices et auteurs de l’époque sont aujourd’hui encore mobilisés dans les recherches en communication interculturelle (pensons à Cohen-Emerique, 1984; Camilleri et Cohen-Emerique, 1989; ou à Camilleri, 1990), bien que l’on doive souligner que leurs travaux ne s’inscrivent pas directement dans les études en communication, et donc dans le champ de la communication interculturelle. Parmi ceux et celles ayant plus spécifiquement exploré les aspects communicationnels de l’interculturel, les travaux d’Abdallah-Pretceille et Porcher (1999), qui abordent de front le caractère interpersonnel de la communication interculturelle, et ceux de Ladmiral et Lipianski (2015), où la communication interculturelle est principalement vue à travers les interactions entre individus et groupes porteurs de cultures et de langues différentes, sont à souligner. Ladmiral et Lipianski situent de plus les questions liées au pouvoir, telles que les désirs de distinction et de différenciation entre groupes, les phénomènes de discrimination ou l’« ordre symbolique » du langage, au cœur des situations d’interactions interculturelles (Stoiciu, 2011).
Les premiers travaux en communication interculturelle ont donc largement abordé les enjeux de la communication interculturelle en milieux « locaux », mais en les resituant dans des contextes « internationaux » associés notamment aux mouvements migratoires. L’imbrication de l’interculturel et de l’international s’avère ainsi intimement liée à l’émergence et à la constitution de ce champ d’études.
La communication interculturelle aujourd’hui
Un certain nombre de thématiques centrales sont aujourd’hui identifiables dans le champ de la communication interculturelle. Nous notons qu’un premier grand axe de recherche du champ est celui davantage centré sur la communication interpersonnelle. À travers une analyse de 608 articles publiés au cours de la décennie 2003-2013 [7] , Arasaratnam (2015) identifie huit thèmes principaux en communication interculturelle s’inscrivant dans cet axe, à savoir 1) l’identité, 2) l’acculturation et les migrations mondiales, 3) les dynamiques communicationnelles, 4) la compétence interculturelle, 5) les théories, les modère et les outils d’application, 6) la perception, le stéréotype et la discrimination, 7) les différences cross -culturelles et, finalement, 8) l’éducation interculturelle et la mobilité étudiante.
Les travaux associés y privilégient une conception de la culture vue comme un ensemble de référents symboliques incarnés, véhiculés et partagés par des individus ou des groupes à travers leurs relations, leurs interactions et leur langage (Agbobli et Tremblay, 2019; Bourassa-Dansereau et Yoon, 2017; Chen et Starosta, 2004; Kim et Hubbard, 2007; Ladmiral et Lipiansky, 2015; Sfez, 1994; Shan, 2004; Starosta et Chen, 2005; Stoiciu, 2008). Cette perspective met l’accent sur les interactions, sur le caractère anthropologique de la culture ou sur la communication interpersonnelle comme processus perceptible et analysable (Leeds-Hurwitz, 1990, 2010; Moon, 1996). La communication y est perçue comme un rituel (Carey, 1988), au sens où l’identité et la culture tendent à s’exprimer dans et à travers le langage grâce aux signes et aux symboles permettant la communication (Ucok-Sayrak, 2016; Verschueren, 2008; Xu, 2013). Ces travaux lient ainsi langue et culture et soulignent la relation dialogique qui les unit; la culture participe à la formation d’un système langagier « à son image », alors qu’inversement, la langue et le langage permettront à la culture d’être partagée, transmise et construite par les individus et les groupes d’individus acteurs du monde social dans lequel ils évoluent. Dans cette optique, la communication interculturelle d’abord considérée comme une rencontre avec l’Autre soulève aussi la question du vivre ensemble, interroge la capacité des individus à valoriser, à accepter ou à simplement reconnaître la diversité et la différence et, finalement, met en lumière les différents processus discriminatoires (stéréotypes, préjugés, ethnocentrisme) s’arrimant aux processus communicationnels (Bérubé, 2009, 2011; García-Jiménez, Rodrigo-Alsina et Pineda, 2017; Kim et Hubbard, 2007; Ladmiral et Lipiansky, 2015; Shan, 2004).
Un deuxième grand axe de recherche, essentiellement représenté dans les études anglophones, revisite les études en communication interculturelle à l’aune d’une posture critique. Selon Martin et Nakayama (2000), la perspective critique en communication interculturelle prend en compte les enjeux de pouvoir liés aux contextes communicationnels macros (historiques, sociaux et politiques) et ceux liés à la culture, considérée comme lieu de lutte idéologiquement constitué (Alexander et al ., 2014; Halualani, Mendoza et Drzewiecka, 2009; Moon, 1996; Nakayama et Halualani, 2010; Willink et al ., 2014). Les travaux associés se distancient alors d’une conception de la communication interculturelle davantage axée sur la relation et les échanges entre individus et groupes (parfois présumés égalitaires), pour la resituer dans le triptyque culture/identité/pouvoir et en considérer les incidences sur le processus communicationnel interculturel (Nakayama et Halualani, 2010). La communication interculturelle est ainsi appréhendée comme une relation interpersonnelle ancrée dans un monde social où le pouvoir ne s’exprime plus uniquement dans et à travers l’interaction et le langage, mais est en circulation et est constamment contestée (Halualani, Mendoza et Drzewiecka, 2009). Cette problématisation critique du champ permet aussi d’articuler les aspects micro (statuts et rôles des individus) et macro (sociaux, historiques et politiques) des enjeux communicationnels de pouvoir, notamment dans le cadre d’interventions interculturelles (Montgomery et Agbobli, 2017; Bourassa-Dansereau, 2019; Sorrells, 2013) et de redéfinir les identités culturelles comme étant dynamiques, complexes et ancrées dans des rapports sociaux de race , de genre et de classe (Halualani, Mendoza et Drzewiecka, 2009; Mendoza, 2001, 2015; Moon, 1996). La posture critique s’inscrit par ailleurs dans l’arrimage interculturel/international en considérant le processus de construction identitaire ainsi que les relations entre les différents groupes culturels à travers le prisme de la lutte pour l’hégémonie (Park, 1998), et ce, aussi bien à l’échelle locale, nationale, qu’internationale (Drzewiecka, 2002; Drzewiecka et Steyn, 2012; Hasian, 1998; Mendoza, 2005; Steyn, 1999, 2004).
Ce tour d’horizon témoigne que la très grande majorité des travaux actuels en communication interculturelle sont liés à l’international. Ils s’intéressent en effet aux enjeux communicationnels interpersonnels et intergroupes émanant des situations de mobilités internationales et associés aux dimensions historiques, sociales et politiques qui les contextualisent.
Communication internationale : place et importance des enjeux interculturels
La communication internationale peut être définie comme des situations de communication mettant « en contact des individus et des groupes, des cadres nationaux et internationaux » (Hsab et Stoiciu, 2011 p. 11). Envisagée d’une telle manière, la pratique de la communication internationale peut remonter aussi loin que le début de l’histoire de l’humanité, des échanges et de la transmission d’informations entre nations et à travers les frontières des divers pays (Agbobli, 2011, 2015; Fischer et Merrill, 1970). La communication internationale peut aussi être considérée comme « une approche particulière, une perspective relative aux problèmes socioculturels contemporains et aux solutions possibles » (Agbobli et Rico de Sotelo, 2005, p. 189). L’histoire, ou plutôt les « histoires » de cette approche particulière en tant que champ d’études et de recherches se rapportent aux travaux de chercheuses et chercheurs de diverses disciplines.
Pour certains, la communication internationale prend ses racines dans le domaine de la communication. En effet, les travaux de Lasswell sur les techniques et les stratégies de propagande utilisées durant la Première Guerre mondiale et ceux de chercheuses et chercheurs comme Lazarsfeld, ayant étudié les effets des médias de masse sur l’opinion publique en contexte international durant la Deuxième Guerre mondiale puis la Guerre froide, sont souvent cités comme ayant contribué au développement du champ aux États-Unis (Hanson, 2017; McDowell, 2002). Pour d’autres, la communication internationale découle davantage du champ des relations internationales et de l’étude du rôle de la communication dans l’évolution des enjeux reliés à ces relations (Mowlana, 1997). En Europe francophone, les premiers travaux en communication internationale sont influencés par les traditions de recherche critiques en sciences politiques et en relations internationales et traitent d’enjeux sur un « terrain essentiellement culturel, au niveau de la sphère idéologico-politique » (Cabedoche, 2016, p. 59). En France, avec l’apparition des sciences de l’information et de la communication (SIC) à la fin dans les années 1970, la communication internationale s’oriente autour des enjeux liés, entre autres, aux organisations économiques, aux questions de dé et de ré territorialisation des espaces publics, aux usages et aux pratiques des technologies de l’information et de la communication (Cabedoche, 2016).
Si les origines du champ sont débattues, les chercheuses et chercheurs en communication internationale reconnaissent la très grande diversité de traditions et d’orientations de recherche qui s’y sont développées au cours des dernières décennies (Agbobli, 2015; Brunel et Charron, 2002; Hanson, 2017), le champ étant même qualifié de domaine « flou et élastique » (Cabedoche, 2016, p. 55).
C’est dans un contexte d’après-guerre caractérisé par les disputes de sphères d’influence de la Guerre froide que le champ se constitue réellement. Il se développe d’abord surtout autour de la communication pour le développement et de ses deux grands axes : les théories de la modernisation, voyant la communication comme moteur de changement dans les pays en voie de développement, et les théories critiques émergentes de ces mêmes pays, remettant en question le discours de la modernisation et les politiques découlant de ce discours (Bogui et al. , 2016; Hanson, 2017; Thussu, 2006).
Ces perspectives critiques contestent le paradigme du free flow of information et décrient la présence d’inégalités et de déséquilibres croissants dans les flux d’information et de communication. Inspiré par les travaux de Schiller (1969, 1976), un axe de recherche lié à l’économie politique prend alors forme en communication internationale. Cet axe aborde le rapport entre médias et pouvoir (Agbobli, 2015) et s’interroge sur les relations de pouvoir entre les acteurs de la communication internationale : la communication de masse des États-Unis dans les pays en voie de développement est qualifiée d’« impérialisme culturel » (Schiller, 1976), forgeant des structures de domination économique et politique en faveur des Occidentaux, et particulièrement des Américains (Thussu, 2006). Cette thèse influence grandement les travaux en communication internationale dans les années 1970 et 1980. Elle est aussi très présente lors des débats à l’UNESCO entourant la création d’un Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC) visant à établir une circulation de l’information plus libre et équilibrée (Thussu, 2006).
Ces questionnements sur les enjeux macros liés au rapport entre relations de pouvoir et médias demeurent des aspects centraux des travaux dans le champ de la communication internationale (Agbobli, 2015). Toutefois, la recherche dans ce domaine a aussi été influencée par le développement du champ en communication interculturelle (Agbobli, 2015, 2011; Brunel et Charron, 2002; Mowlana, 1997). Mowlana (2004) suggère que les recherches en communication internationale ont longtemps négligé l’étude des enjeux de communication interculturelle pour des raisons, entre autres, de rigidités épistémologiques et d’ethnocentrisme. Cependant, selon l’auteur, au cours des dernières décennies, les enjeux interculturels sont devenus facteurs centraux des relations internationales et doivent être appréhendés.
Brunel et Charron (2002) soulignent que plusieurs recherches ayant adopté cette perspective interculturelle en communication internationale « vis[ent] à cartographier le monde en le divisant en cultures, en traditions et en communautés » (p. 2) et explorent les enjeux associés aux pratiques de communication des individus en présence de différences culturelles. Mowlana, quant à lui, insiste sur l’interrelation entre l’international et l’interculturel : toute communication internationale a un aspect interculturel et toute communication interculturelle se déroule au sein d’un environnement communicationnel international (Mowlana et Wang, 2018). Pour cet auteur (1997), les études en communication internationale doivent donc considérer à la fois les dimensions humaines, technologiques et institutionnelles. Le « human flow », lié à la communication interculturelle, à la rencontre entre personnes de différentes cultures, est un aspect crucial des échanges internationaux, particulièrement dans les domaines de la culture et de l’éducation. Les échanges artistiques et ceux étudiants constituent deux aspects importants des relations entre nations et pays. Or ces échanges se produisent à travers les frontières, mais impliquent aussi des rencontres entre individus de cultures différentes. Ce facteur interculturel est d’autant plus important dans un contexte où la mobilité d’individus et de groupes provenant de diverses cultures à travers les frontières s’est accrue de manière exponentielle au cours des dernières décennies (Mowlana, 1997).
Agbobli (2011) souligne que les études en communication internationale s’intéressant à la communication interculturelle portent une attention particulière à la dimension contextuelle et, notamment, à la place attribuée à la culture, notant même que « la nécessaire prise en compte du contexte constitue un élément fondamental pour les spécialistes de la communication internationale » (p. 86). Influencées par les travaux de Said (1980), ces recherches s’intéressent au fait que « le contact entre les sociétés, entre cultures ou entre porteurs de cultures différentes n’est jamais symétrique » (Hsab et Stociu, 2011, p. 19) et se produit dans un contexte interculturel particulier, le contexte étant défini à la fois par « l’environnement, les éléments et les individus » (Hsab et Stociu, 2011, p. 19) le composant. Cette importance accordée au contexte est une dimension déterminante de l’approche en communication interculturelle et internationale que nous proposons dans ce numéro. À l’instar de Hsab et Stoiciu (2011), nous croyons que « les changements de contexte influencent autant les problématiques du champ de la communication internationale que celui de la communication interculturelle » (p. 18).
La communication internationale aujourd’hui
Au cours des dernières décennies, l’évolution du champ a été influencée par le développement de nouveaux intérêts de recherche pour les enjeux liés à la mondialisation (Agbobli, 2011, 2015; Brunel et Charron, 2002; McDowell, 2002; Mowlana 1997). En effet, les mutations significatives des rapports communicationnels entre les acteurs de la mondialisation ont ouvert plusieurs nouvelles avenues de recherche en communication internationale.
Dans un article paru dans cette revue, Agbobli (2015) dresse un panorama de la recherche actuelle effectuée en communication internationale. Il souligne que « [l]’avènement d’Internet, le développement des réseaux socionumériques, la résurgence du terrorisme, etc., ont modifié les sphères traditionnelles de la recherche en communication internationale » (p. 78). L’auteur indique qu’aux pôles de recherche traditionnels de la communication internationale (politique-développement, culture et médias) se sont ajoutés des objets de recherche liés à la mondialisation, aux lieux de pouvoir dans la sphère internationale, à la construction de réseaux et aux enjeux de sécurité internationale et de surveillance. Les industries culturelles des pays émergents, acteurs centraux de la mondialisation, suscitent également de l’intérêt dans le domaine. Les recherches dans ce domaine examinent aussi l’usage et l’appropriation des médias sociaux et des technologies numériques dans des situations communicationnelles associées au contexte international. Les stratégies de communication de la société civile et les enjeux de religion sont aussi des objets de recherche étudiés par les chercheuses et chercheurs en communication internationale à l’ère de la mondialisation.
Plus spécifiquement, les travaux en communication internationale des dernières années se sont intéressés aux phénomènes de radicalisation, de prévention et d’intervention sur Internet (Neumann, 2013), au traitement médiatique international du terrorisme (Brinson et Stohl, 2012; Noll, 2003) ainsi qu’aux enjeux globaux de surveillance et aux Big data (Andrejevic, 2013). La mobilisation et la participation citoyennes dans un contexte international (Berenger, 2013; Daghmi, Toumi et Amsidder, 2015; Kubler, 2011; Lecomte, 2011) ont aussi fait l’objet de recherches récentes . D’autres ont porté leur attention sur des questions liées aux diasporas, incluant les relations entre les diasporas et leurs sociétés d’origine et d’accueil (Agbobli, Kane et Hsab, 2013; Mattelart, 2009; Wei et Hua, 2013) et le concept de digital diaspora (Scopsi, 2009). Des enjeux de société relatifs à la communication internationale dans un contexte mondialisé, tels que l’environnement (Kane, 2016), ont aussi été examinés. Enfin, l’omniprésence des médias numériques et leurs effets sur la communication internationale dans des domaines tels que la diplomatie (Seib, 2012) ont récemment généré plusieurs études.
Ces recherches illustrent bien qu’une grande diversité d’axes de recherche sont toujours présents dans le champ « élastique » qu’est la communication internationale. Elles démontrent également que la recherche dans ce domaine s’intéresse à des situations communicationnelles dans un contexte de mondialisation où les enjeux interculturels et internationaux sont en constante interaction.
Vers une définition de la communication interculturelle et internationale
Très récente et peu développée à ce jour, la communication interculturelle et internationale comme champ d’études unifié ne peut se targuer, aujourd’hui, de proposer une définition précise de la CII. Dans la foulée des travaux fondateurs en CII (Agbobli et Hsab, 2011; Hsab et Stoiciu, 2011) et afin de participer à l’institution et l’institutionnalisation du champ, nous proposons ici une première définition de la CII :
La communication interculturelle et internationale (CII) se ré f ère aux processus communicationnels caractérisant les interactions, les relations et les échanges entre les acteurs de la communication, en contextes interculturels et internationaux. La CII porte sur les enjeux caractérisant l ’ espace communicationnel, commun et partagé, qui résulte et participe à la rencontre avec, entre et agissant sur les acteurs de la communication (individus, groupes, États, régions du monde, mouvements transnationaux et acteurs non étatiques). La CII insiste sur l ’ interaction soutenue et ininterrompue de l ’ interculturel et de l ’ international dans les processus communicationnels; les aspects communicationnels interculturels étant contextualisés par les enjeux internationaux et les dimensions communicationnelles internationales étant contextualisées par les enjeux interculturels.
Présentation du premier numéro thématique
Merci à notre collègue Farrah Bérubé d'avoir largement contribué à la présentation des articles de ce numéro.
Ce premier de deux numéros thématiques de Communiquer propose d’actualiser les apports théoriques et les résultats de recherche de travaux contribuant au développement de la communication interculturelle et internationale. Certains articles de ce numéro explorent davantage des enjeux de communication associés aux contextes de communication à l’international; d’autres étudient les échanges et les rencontres interculturels sous diverses formes. Il vise également le développement et la mise en valeur de la recherche francophone effectuée dans ce(s) champ(s) de la communication.
Les articles réunis dans ce premier numéro proposent des réflexions sur les politiques d’immigration et de gestion de la diversité, la resocialisation des immigrants (dans une perspective de communication interculturelle) et les questions environnementales (dans une perspective de communication internationale). Les trois premiers articles explorent différentes politiques et initiatives concernant les enjeux liés à l’immigration : certaines pour organiser la cohésion de la diversité culturelle au sein des États; certaines mises en place pour attirer de nouveaux arrivants; et, une fois le processus de migration terminé, certaines pour contribuer à l’intégration et à la resocialisation des immigrants dans la société d’accueil.
L’article de Sklaerenn Le Gallo se consacre ainsi à la question de la gestion de la diversité dans le contexte bien spécifique du Québec. Parmi les différentes initiatives proposées par les gouvernements qui se sont succédé à la tête de la province canadienne francophone ces dernières années, l’autrice a choisi de poser son regard sur le projet de Charte des valeurs québécoises. La proposition principale de cette charte concernait l’encadrement du port de signes religieux dans la sphère publique et politique au Québec. Selon l’autrice, les expressions d’idées et les échanges autour de la charte ont participé, par la constitution de connaissances et par la construction d’un sens, à la redéfinition du socle de l’identité québécoise. L’autrice a étudié les réactions de six personnalités rattachées au mouvement souverainiste par rapport au projet de Charte des valeurs québécoises dans le but d’interroger les possibles dissensions et divergences dans la conceptualisation d’un modèle national québécois et dans la revendication d’une identité québécoise particulière. Son analyse du traitement dans les médias de la position des souverainistes révèle un certain rejet de la figure de l’Autre.
L’article de Cecilia Brassier Rodrigues et Françoise Cognard porte sur une étude réalisée autour d’une politique liée à la diversité culturelle et de son traitement dans les médias. Cette étude nous transporte en Europe alors que les autrices se concentrent sur une politique d’attraction bien particulière instaurée au Portugal. Cette politique, mise en place en 2009, offre aux ressortissantes et ressortissants européens désireux de s’établir au Portugal le statut de « résident non habituel » (RNH). Accompagné d’un certain nombre d’avantages fiscaux, le statut RNH a charmé, ces dernières années, plusieurs Françaises et Français, qui ont migré vers le Portugal. Les autrices de cet article se sont intéressées à ce cas spécifique de migrations et elles se sont interrogées sur le rôle des médias nationaux autour de ces nouvelles formes de migrations. Elles suggèrent en conclusion « de repenser la communication internationale faite par les États et relayée par les médias nationaux en ne négligeant pas la dimension humaine de tout projet migratoire ».
Alexander Frame analyse le dispositif français d’intégration républicaine et souligne le potentiel des apports d’une approche interculturelle pour accompagner et informer la réflexion en cours autour de la réforme française de la politique publique d’intégration. Il s’agit d’une étude locale des acteurs institutionnels et associatifs participant à l’accueil des migrantes et migrants dans l’agglomération dijonnaise. Son enquête par questionnaire a révélé un manque de formation théorique aux problématiques d’interculturalité. L’auteur explique que, « [m]is en première ligne, les travailleurs sociaux et autres bénévoles associatifs font face à des différences qu’ils ne s’expliquent pas nécessairement. Tout comme les migrants, ils apprennent sur le tas, échangent des histoires entre eux, développent des astuces et des théories implicites leur permettant de s’adapter, de trouver le bon conseil ou la bonne manière de présenter une information afin de mener à bien leur mission d’aide sociale ». L’auteur souligne le potentiel des apports d’une approche interculturelle dans les politiques d’intégration en France.
L’article suivant aborde la communication interculturelle en portant un regard spécifique sur la resocialisation des personnes immigrantes. Seima Souissi explore la réception interculturelle, à partir de l’écoute télévisuelle, chez des personnes immigrantes d’origine tunisienne nouvellement arrivées au Québec. Dans son étude, l’autrice s’intéresse aux usages de la télévision québécoise par ces immigrantes et immigrants, ainsi qu’à leurs effets dans leur processus de resocialisation. Considérant que la télévision québécoise représente un lieu d’expression de l’identité et de la culture locales, l’autrice cherche à « comprendre comment la réception et l’interprétation des contenus télévisuels québécois peuvent provoquer chez les immigrants une prise de conscience de la nécessité d’ajuster leurs cadres de référence et leur fournir des ressources pour le développement de nouvelles compétences socioculturelles et communicationnelles ». Les résultats révèlent que l’écoute télévisuelle expose la personne immigrante à un univers complètement nouveau et peu compréhensible. Par conséquent, la télévision n’est que rarement mobilisée, au début du séjour, comme un moyen de resocialisation à proprement parler.
Enfin, Oumar Kane traite d’enjeux associés à la communication internationale en mobilisant un corpus de travaux théoriques et de documents institutionnels portant sur les préoccupations environnementales partagées et débattues sur la scène internationale depuis les années 1970. En retraçant les étapes importantes de l’essor de la thématique de l’environnement à l’international, l’auteur s’aperçoit que « les questions de développement et d’environnement ont émergé avec un certain décalage temporel et que la dimension communicationnelle est longtemps restée périphérique pour les problématiques environnementales alors qu’elle a rapidement été centrale pour les enjeux de développement ». Fort de ces constats, l’auteur propose un cadre normatif arrimant les dimensions environnementales et communicationnelles pour la recherche dans le champ de la communication internationale.
En somme, les articles de ce premier numéro reposent à la fois sur des enjeux interculturels et internationaux. Ils participent à notre contribution de la définition de la CII énoncée plus haut. Le second numéro thématique permettra d’explorer davantage les processus communicationnels caractérisant les interactions, les relations et les échanges en contextes interculturels et internationaux, en s’intéressant à différents territoires.
Parties annexes
Notes
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[1]
Nous remercions nos collègues Farrah Bérubé, Christian Agbobli et Gaby Hsab pour leurs commentaires judicieux sur les versions initiales de cette introduction.
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[2]
Historiquement, le champ de la communication internationale et interculturelle (CII) s’est développé dans le sillage de travaux en communication internationale (voir, par exemple, Asante et Gudykunst, 1989; Hall, 1973, 1989, 1990; Merchant, 1978), menant à l’établissement d’un champ largement identifié comme étant celui de la Communication internationale et interculturelle . Dans le cadre de ce numéro, nous souhaitons toutefois souligner que, dans notre conception de la CII, aucun de ces « inters » n’a préséance sur l’autre. Nous choisissons conséquemment de les énoncer par ordre alphabétique et d’aborder le champ comme étant celui de la communication interculturelle et internationale.
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[3]
Nous remercions Valérie Paquet, étudiante à la maîtrise en communication (concentration en communication internationale et interculturelle) de l’UQAM, d’avoir effectué cette recension pour le GERACII au printemps 2018.
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[4]
Gina Stoiciu propose cette lecture de l’« inter » dans le cadre d’un exercice de définition de la communication interculturelle. Nous nous permettons d’appliquer sa lecture au champ de la CII.
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[5]
Selon Mowlana (1997), « [t]he field of intercultural communication as an area of research and study, which has been growing during the last several decades and has now become a legitimate area of inquiry, cannot be separated from the broader perspective of international communication […]. The assumption that intercultural communication under different categories can be studied and analyzed without taking into account the political, economic, and technological boundaries is both naive and unrealistic. Intercultural communication in the modem global context cannot take place in a vacuum as much as the international communication in its narrow and orthodox sense cannot be understood without taking into account the cultural and linguistic context » (p .5-6).
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[6]
Notons le danger d’une dérive culturaliste associée à une lecture essentiellement culturelle (et donc déterministe) des comportements et des cognitions communicationnels d’individus associés à différents États, nations ou groupes ethnoculturels. En ce sens et à la suite de différents auteurs et autrices (Cohen-Emerique, 1984; Montgomery et Bourassa-Dansereau, 2017; Stoiciu, 2008, 2011), nous préférons utiliser le concept d’individus « porteurs de culture », afin de bien illustrer l’agentivité des individus face aux éléments de cultures auxquels ils peuvent (ou non) adhérer.
-
[7]
Arasaratnam a effectué cette analyse thématique à partir d’articles parus dans les revues Journal of International and Intercultural Communication , Journal of Intercultural Communication Research et International Journal of Intercultural Relations .
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