Hommage à Michel Sarra-BournetTémoignages

Michel Sarra-Bournet et ses combats politiques[Notice]

  • Robert Comeau

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  • Robert Comeau
    Historien

J’ai perdu en Michel Sarra-Bournet un camarade, un collègue inspirant et un ami qui a été un artisan important et précieux du Bulletin d’histoire politique. Il a laissé sa marque de multiples façons. Michel a été, tout comme Pierre Drouilly, un collaborateur très assidu avec qui j’ai été en contact étroit pour la production de la revue, travaillant au même pavillon de l’UQAM, d’abord dans les premières années de la revue (1993-1996) et après son retour au Comité de rédaction en 2012. Michel a pris l’initiative de nombreux colloques, comme celui sur les intellectuels et la politique au Québec contemporain en 1994, et celui sur les nationalismes et les idéologies dans l’histoire du Québec, tenu en 1995. Au cours de l’automne 2018, alors qu’il se savait gravement atteint, Michel m’a exprimé à plusieurs reprises le souhait que je l’aide à réaliser une anthologie des articles qu’il avait publiés entre 1985 et 2018. Il est venu chez moi me remettre une cinquantaine de textes qu’il avait rassemblés, imprimés et regroupés par thèmes. Il souhaitait que je lui propose ma sélection de ses meilleurs, ceux qui étaient à mes yeux susceptibles d’intéresser le lecteur d’aujourd’hui ; il était bien conscient qu’il y avait des répétitions et des articles moins substantiels. Il voulait que nous travaillions ensemble rapidement à ce projet qui lui apparaissait essentiel ; très conscient du peu de temps qui lui restait, il avait un sentiment d’urgence : il aurait voulu que j’accélère mon travail de lecture et de sélection de ses articles, tout en priorisant la publication de sa thèse et de ses articles pour « boucler la boucle », pour reprendre ses mots. Pour oublier l’échéance qui l’angoissait, « rien de mieux, me répétait-il, que de se plonger dans le travail. » Je n’ai pas été capable d’adopter son rythme. Cependant, nous avons, au cours des quelques séances de travail, repassé ensemble le dossier ; j’enregistrais ses commentaires sur chacun des textes, sur le jugement qu’il y portait et sur son intérêt aujourd’hui ainsi que ses liens avec ses autres articles. Il avait même proposé un titre pour cette anthologie : La rebelle province. Parmi la dizaine de thèmes de cette anthologie qu’il aurait aimé voir paraître en 2019, le premier inscrit à la table des matières porte sur l’histoire politique et comprend 9 articles touchant aux sujets qu’il avait à coeur, portant sur sa conception de l’histoire politique. Le premier article de cette section a paru en 1989 dans les Cahiers d’histoire de l’Université de Montréal alors qu’il avait 29 ans. Cinq ont été publiés au BHP, surtout après son retour au Comité de rédaction, et deux sont des chapitres de livres, un sur la diversité culturelle et un sur l’enseignement de l’histoire. Un dernier provenait de la revue Traces de la Société des professeurs d’histoire du Québec (SPHQ) portant sur la question nationale dans les manuels de 3e année du secondaire. Les sujets d’intérêt de Michel étant indissociables de ses engagements, je propose ici un portrait rapide de ce qui émane de ces textes et du contexte qui les a vus naître. Mais je dois d’abord insister sur le rôle essentiel qu’il a joué au sein de l’Association québécoise d’histoire politique et de sa revue, le BHP. Avec enthousiasme, il s’est lancé dans l’aventure de la création de l’Association québécoise d’histoire politique (AQHP). Il partageait le projet initial d’élargir le lectorat de la revue à un public plus large que le seul milieu universitaire. Il était un assidu des soupers causeries que nous avons organisés presque tous les mois durant les …

Parties annexes