Volume 33, numéro 2, 2009 Citoyennetés Citizenships Ciudadanías Sous la direction de Natacha Gagné et Catherine Neveu
Sommaire (15 articles)
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Présentation : L’anthropologie et la « fabrique » des citoyennetés
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Comment faire l’anthropologie d’un objet « trop lourd »? Approche anthropologique de la citoyenneté en France
Catherine Neveu
p. 25–42
RésuméFR :
Alors que les travaux d’anthropologie, tant empiriques que conceptuels, qui prennent pour objet la citoyenneté sont aujourd’hui nombreux dans la littérature de langue anglaise, et se développent rapidement dans la littérature de langue française, ils sont encore extrêmement rares dans la recherche anthropologique menée en France. Cet article vise à la fois à analyser certains des fondements de ce « creux » dans la recherche anthropologique en France, et à indiquer quelques pistes qui permettent de le pallier. Après avoir souligné la nécessité de prendre en compte, dans l’analyse de la production scientifique, la localisation des chercheurs, l’article s’intéresse à deux enjeux centraux : celui de la « question nationale » et de ce que Rosaldo appelle « cultural citizenship » ; et celui des processus de territorialisation et des échelles de la citoyenneté.
EN :
While empirical and theoretical research on citizenship is quite important today in English-speaking literature, and is quickly developing in the French-speaking one, anthropological research led in France offers little literature on the matter. This article aims both to analyze some of the reasons for such a lack in anthropological research in France and to point at ways to overcome it. After underlining the need to take the localization of researchers into account when analyzing academic production, the article explores two central issues : the « national » one, and what Rosaldo describes as « cultural citizenship » on the first hand ; and the issue of territorialization processes and scales of citizenship on the other hand.
ES :
Aunque los trabajos antropológicos, tanto empíricos como conceptuales, cuyo objeto es la ciudadanía son actualmente numerosos en la literatura en inglés y se desarrollan rápidamente en la literatura en francés, aun son bastante raros en la investigación antropológica que se realiza en Francia. Este artículo pretende a la vez analizar algunos de los elementos esenciales de ese « vacío » en la investigación antropológica en Francia y señalar algunas indicaciones para rebasarlo. Después de subrayar la necesidad de considerar, en el análisis de la producción científica, el lugar de los investigadores, el artículo se interesa a dos retos centrales : el de la « cuestión nacional », lo que Rosaldo denomina « cultural citizenship » ; y a los procesos de territorialización y de gradación de la ciudadanía.
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Parler de citoyenneté : discours gouvernementaux et vernaculaires
John Clarke
p. 43–62
RésuméFR :
Alors que des critiques annoncent la mort ou le déclin de la citoyenneté, les analystes doivent rester attentifs à la prolifération des discours sur la citoyenneté. Des discours gouvernementaux sur les enjeux de nationalité et d’accès à la citoyenneté sont diffusés. Ils portent sur des problèmes concernant le rééquilibrage entre droits et devoirs. Ces discours cherchent également à transformer la citoyenneté selon de nouvelles orientations : en affirmant tantôt l’importance de l’engagement, tantôt l’identité de citoyen-consommateur de services publics. Des discours vernaculaires existent aussi et entretiennent des relations complexes avec de telles formulations officielles, liant des enjeux de rôles, d’identités, de relations et de désirs selon des modalités imprévisibles et instables. Cet article explore certains des problèmes posés par le processus d’analyse des discours sur la citoyenneté. Ceux-ci vont de la problématique méthodologique de l’analyse de discours aux questions de la soumission et de l’incorporation, en passant par les dynamiques du consentement et du désaccord dans le champ discursif de la citoyenneté.
EN :
While critics announce the death or decline of citizenship, analysts also need to attend to the proliferation of « citizenship talk ». Governmental discourses circulate around questions of nationality and access to citizenship and address issues about the rebalancing of rights and responsibilities (« droits et devoirs »). They also seek to remake citizenship in new directions : here asserting the importance of « activation », there the identity of the citizen-as-consumer of public services. Vernacular discourses exist in complex relationships to such official formations, linking questions of roles, identities, relationships and desires in unpredictable and unstable ways. This paper explores some of the analytical problems posed in the process of studying discourses of citizenship. These range from the methodological problematic of discourse analysis to questions of subjection, incorporation and the dynamics of consent and dissent in the discursive field of citizenship.
ES :
Aunque las críticas pregonan la muerte o la decadencia de la ciudadanía, los investigadores deben seguir atentamente la proliferación de discursos sobre la ciudadanía. La difusión de discursos gubernamentales sobre los desafíos de la nacionalidad y del acceso a la ciudadanía, abordan problemas sobre el re-equilibrio entre derechos y deberes. Esos discursos buscan así mismo trasformar la ciudadanía según las nuevas orientaciones : unas veces afirmando la importancia del compromiso, otras la identidad del ciudadano-consumidor de servicios públicos. Los discursos vernáculos mantienen relaciones complejas con las formulaciones oficiales y ligan los retos de los roles, las identidades, las relaciones y los deseos, siguiendo modalidades imprevisible e inestables. Este artículo explora algunos de los problemas planteados por el proceso de análisis de los discursos sobre la ciudadanía, los cuales van de la problemática metodológica del análisis del discurso a las cuestiones de la subordinación y de la incorporación, pasando por las dinámicas de consentimiento y de desacuerdo en le campo discursivo de la ciudadanía.
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La citoyenneté comme horizon : destin commun, demande sociale et décolonisation de l’école en Nouvelle-Calédonie aujourd’hui
Marie Salaün et Jacques Vernaudon
p. 63–80
RésuméFR :
La Nouvelle-Calédonie contemporaine présente une situation quasi-expérimentale pour la recherche. Engagée dans un processus de décolonisation original, elle doit connaître d’ici une dizaine d’années l’émergence d’une citoyenneté néo-calédonienne transcendant, dans un destin commun, les clivages ethniques nés de la colonisation. En tant qu’une des sources des inégalités que l’actuel rééquilibrage entre communautés tente de pallier, l’institution scolaire a été au coeur de la revendication indépendantiste kanak depuis trente ans. L’article présente quelques résultats des premières enquêtes auprès de parents dont les enfants suivent l’enseignement Langues et culture kanak, tel qu’il est inscrit dans les nouveaux programmes, désormais locaux et non plus nationaux depuis 2005. La récente prise en compte des langues kanak rencontre une certaine adhésion qui outrepasse les frontières entre communautés, la pratique d’une langue vernaculaire étant vue comme un moyen d’affirmer son appartenance au « local ». Que nous disent les évolutions de la demande sociale face à une école nouvellement plurilingue, symbole du vivre-ensemble particulier que les Néo-Calédoniens se sont engagés à définir?
EN :
The situation in contemporary New Caledonia could be described as almost experimental. The territory is engaged in an innovative process of decolonisation and, within the next ten years or so, should witness the emergence of a New Caledonian citizenship, transcending the ethnic divisions engendered by colonisation through the elaboration of a « common destiny ». As a breeding ground for the inequalities which the current re-balancing process is attempting to alleviate, the educational system has been a key focus for Kanak independence movement demands over the last thirty years. This article presents some data from the first inquiries with parents whose children are involved in Kanak languages and culture classes, which have been included in the new curriculum, no longer national but local, since 2005. This recent inclusion seems to have encountered some forms of support which override community boundaries, since speaking a vernacular language is seen as a way of asserting one’s membership in a truly « local » community. What can we learn from developments in the social demand regarding a new multilingual educational system of interethnic coexistence that New Caledonians are committed to define?
ES :
La Nueva-Caledonia contemporánea presenta una situación cuasi-experimental para la investigación. Comprometida en un proceso de descolonización original, deberá conocer dentro de unos diez años el surgimiento de una ciudadanía neo-caledoniense que trascienda, en un destino común, las divisiones étnicas originadas por la colonización. En tanto que fuente de desigualdades que el actual reequilibrio entre comunidades trata de paliar, la institución escolar ha estado en el centro de la reivindicación independentista kanac desde hace treinta años. Este artículo presentará algunos resultados de las primeras encuestas entre los padres de familia cuyos hijos siguen los cursos de Lenguas y cultura kanac, tal y como lo prescriben los nuevos programas, que desde 2005 son locales y no nacionales. Veremos que la reciente consideración de las lenguas kanak encuentra una cierta adhesión que rebasa las fronteras entre comunidades, el uso de una lengua vernácula se percibe como una manera de afirmar la membresía a lo « local ». ¿Qué significan las transformaciones de la petición social frente a una escuela plurilingüe, símbolo de cohabitación particular que los Neo-caledonienses se han comprometido con definir?
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Penser la citoyenneté à l’aune des histoires coloniales : terrains avec les Maaori et les Tahitiens
Natacha Gagné
p. 81–100
RésuméFR :
Cet article propose une analyse comparative de la situation de deux populations polynésiennes marquées par des histoires différentes dont les revendications en termes de décolonisation sont formulées aujourd’hui de façon distincte : les Maaori de la Nouvelle-Zélande et les Tahitiens de la Polynésie française. Des recherches ethnographiques sur la vie associative révèlent que malgré les différences entre les deux populations, les engagements citoyens des Maaori et des Tahitiens se ressemblent en ce qu’ils s’expriment à travers une affirmation culturelle et identitaire forte. L’auteure essaie de comprendre cette affirmation qui se fait surtout à la marge de l’espace politique commun où se négocie en théorie le vivre-ensemble dans des sociétés pluralistes comme la Nouvelle-Zélande et la Polynésie française. Pour ce faire, elle se demande si cette configuration des pratiques citoyennes ne s’expliquerait pas par les arrangements politiques au sein des deux États à l’étude – une république dans un cas, une monarchie constitutionnelle dans l’autre – et ne renverrait pas à la structuration des interactions sociales durant l’histoire coloniale – française d’un côté, britannique de l’autre –, et en particulier aux discriminations qui y furent à l’oeuvre.
EN :
This article offers a comparative analysis of the situation of two Polynesian populations with different histories whose claims in terms of decolonization are formulated differently today : the Maaori of New Zealand and the Tahitians of French Polynesia. Ethnographic research on Maaori and Tahitian associations and ONGs reveals that despite the differences between the two populations, the ways Maaori and Tahitians engage into society as citizens through a strong affirmation of their culture and identity are very similar. The author tries to throw light on this particularity, which supposes that citizen practices mostly take place at the margins of the common political space where the vivre-ensemble could be negotiated, that is, in pluralist societies such as New Zealand and French Polynesia. She hence exposes that the situation could be explained by the political arrangements within both states – a republic in one case, and a constitutional monarchy, in the other – and by the ways social interactions have been structured through colonial history – French in one case, British in the other. She notably questions the discriminations inherent to the colonial system.
ES :
Este artículo propone un análisis comparativo de la situación de dos poblaciones polinesias marcadas por historias diferentes cuyas reivindicaciones en torno a la descolonización se formulan de manera diferente : los Maaori de Nueva Zelandia y los Tahitianos de la Polinesia francesa. Las investigaciones etnográficas sobre la vida asociativa muestran que, a pesar de las diferencias entre los dos grupos, los compromisos cívicos de los Maaori y de los Tahitianos se semejan y se expresan a través de una fuerte afirmación cultural e identitaria. La autora trata de comprender dicha afirmación, que se realiza sobre todo al margen del espacio político común en donde teóricamente se negocia la cohabitación en las sociedades pluralistas como Nueva-Zelandia y la Polinesia francesa. Para lograrlo, la autora se pregunta si dicha configuración de prácticas ciudadanas puede explicarse gracias a los acuerdos políticos al interior de los dos Estados estudiados – una república en el primer caso, una monarquía constitucional en el segundo – lo que re-enviaría a la restructuración de las interacciones sociales durante la historia colonial – francesa por una lado, británica por el otro –, y a las discriminaciones que fueron practicadas.
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La différence aborigène et la citoyenneté australienne : une conciliation impossible?
Sylvie Poirier
p. 101–122
RésuméFR :
Les différences et les revendications des Aborigènes n’ont jamais cessé d’être un élément dérangeant dans l’espace culturel et politique de la nation australienne. Même après trente ans de politiques d’autodétermination, les Aborigènes demeurent en marge de l’État-nation et de la société civile. On attend d’eux qu’ils deviennent des citoyens « responsables », dans le sens entendu par les démocraties modernes, et qu’ils adoptent les formes de socialité, de subjectivité et d’agencéité sanctionnées par l’État et la société néolibérale. En prenant comme exemple les Aborigènes du Désert occidental, j’expose comment ceux-ci conçoivent leurs responsabilités face à leur propre ordre social et cosmologique et j’interroge les difficultés de conjuguer celles-ci avec leurs responsabilités dites citoyennes.
EN :
Aboriginal differences and claims have always represented a disturbing element in the political and cultural space of the Australian Nation. Even after thirty years of self-determination policies, the Aborigines remain on the fringe of the Nation State and civil society. The State expects them to become « responsible » citizens, in the sense conveyed by modern democracies ; it expects them to adopt the forms of sociality, subjectivity and agency sanctioned by the State and neoliberal society. With the example of the Aborigines of the Western Desert, I show how they conceive their responsibilities towards their own social and cosmological order and question the difficulty of aligning these with their responsibilities as Australian citizens.
ES :
Las diferencias y las reivindicaciones de los Aborígenes no han cesado de ser un elemento perturbador en el espacio cultural y político de la nación australiana. Incluso después de treinta años de políticas de autodeterminación, los Aborígenes viven al margen del Estado-nación y de la sociedad civil. Se espera que se conviertan en ciudadanos « responsables », en el sentido dado por las sociedades modernas, y que adopten las formas de socialización, de subjetividad y de agenceidad sancionadas por el Estado y la sociedad neoliberal. Tomando como ejemplo los Aborígenes del Desierto occidental, expongo su manera de concebir sus responsabilidades hacia su propio orden social y cosmológico y examino la dificultad de conjugar las responsabilidades ciudadanas con las de su orden social.
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Espace public et expérience québécoise au Canada : contribution à l’anthropologie d’une citoyenneté hétérogène
André Campeau
p. 123–140
RésuméFR :
Sur la base des travaux de Schwimmer (2000 et 2003), Negt (2007) et Breaugh (2008), l’objectif de cet article est de révéler les contours d’une citoyenneté logée au sein du processus de (dé)colonisation de nations minorisées. Un cas québécois, recueilli au cours d’un terrain en archives, permet d’illustrer les grandes lignes d’une citoyenneté hétérogène en présentant la généalogie d’une dynamique d’inclusion/exclusion de la population d’un village gaspésien ainsi que la forme d’un espace public où est susceptible de se déployer l’expérience du sujet. Une attention particulière est portée au lien politique de même qu’aux pratiques citoyennes qui contribuent à construire cet espace public et l’expérience du sujet. Dans une perspective critique, l’article tente de faire ressortir les conditions de possibilité d’une telle citoyenneté de même que plusieurs éléments susceptibles de contribuer à la transformation du rapport colonial.
EN :
The aim of this paper is to reveal the anthropological elements of a citizenship located in the decolonization process of minoritized nations. Research by Schwimmer (2000, 2003), Negt (2007) and Breaugh (2008) is used to analyse a case study in Quebec. This case outlines a heterogeneous citizenship through the genealogy of a locality in Gaspésie and the form of a public space where the subject’s experience has emerged. This paper focuses on the political bond created locally, as well as on the political and cognitive activity of the elite contributing to the construction of the local public space. From a critical perspective, this paper exposes limits and opportunities of such a citizenship, as well as elements contributing to the transformation of the colonial structure.
ES :
Basado en los trabajos de Schwimmer (2000, 2003), Negt (2007) y Breaugh (2008), este artículo trata de revelar los contornos de una ciudadanía situada en el seno del proceso de (des)colonización de nacionalidades aminoradas. El caso quebequense, compilado mediante una investigación de archivo, permite ilustrar los grandes trazos de una ciudadanía heterogénea presentando la genealogía de una dinámica de inclusión/exclusión de la poblaciones de un pueblo gaspesiano, así como la forma de un espacio público en donde se puede desplegar la experiencia del sujeto. Nos concentramos sobre todo en el vínculo político y en las prácticas ciudadanas que participan en la construcción de dicho espacio público y en la experiencia del sujeto. Desde una perspectiva crítica, este artículo trata de resaltar las condiciones que posibilitan dicha ciudadanía así como algunos elementos que contribuyen a la transformación de la relación colonial.
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Droits, citoyenneté et réparations des torts du passé de l’esclavage : perspectives du Mouvement noir au Brésil
Francine Saillant
p. 141–165
RésuméFR :
Le Mouvement noir brésilien entretient depuis la République et l’abolition de l’esclavage (1888), et plus particulièrement les années 1930, des débats sur les réparations que devraient recevoir de la part de l’État les Noirs et afrodescendants du Brésil en conséquence de quatre siècles d’esclavage. Il s’agissait de faire valoir les droits de ces quasi-citoyens. La question des réparations est maintenant centrale dans les débats internationaux touchant de larges populations soumises à certaines des conditions jugées déshumanisantes de la colonisation et de l’esclavage. Au Brésil, le Mouvement noir a investi la sphère politique depuis les années 1980 en devenant de plus en plus visible dans le contexte de la nouvelle république de 1988. La Conférence de l’ONU sur le racisme et la discrimination raciale qui s’est tenue à Durban (Afrique du Sud) en 2001 a été l’occasion clé pour le mouvement d’investir l’arène internationale et transnationale afin de légitimer certaines de ses revendications. L’article porte sur la transformation de la pensée du mouvement depuis Durban et sur le choix explicite d’un modèle de réparation axé sur des politiques sociales basées sur les actions affirmatives plutôt que sur les compensations financières. Les politiques sociales privilégies montrent que la citoyenneté pleine est l’objectif désiré et que les actions affirmatives sont un moyen de faire de cette pleine citoyenneté la réparation par excellence des torts du passé dans l’esprit de garantir un avenir meilleur.
EN :
The Black Movement in Brazil has been debating – since the beginning of the Republic and the abolition of slavery in 1888 and even more so since the 1930s – the reparations that Blacks and Afro-Brazilians should receive after four centuries of slavery. The goal was to have their rights as quasi-citizens respected. Reparation is also a central issue in international debates about large populations subjected to some of the dehumanizing conditions of colonization and slavery. In the 1980s, the Black Movement in Brazil moved into the political sphere due to its increasing visibility, in particular in the context of the New Republic of 1988. The UN World Conference against Racism, Racial Discrimination, Xenophobia and Related Intolerance that was held in Durban, South Africa in 2001 was a major occasion for the movement to step into the international and transnational arena and thereby validate its demands. This article looks at how the movement’s ideas have changed since Durban and at the explicit choice of a reparation model that, instead of financial compensation, concentrates on affirmative actions to enact social policies. The social policies chosen show that the fundamental objective is full citizenship and that affirmative actions, by guaranteeing a better future, can turn full citizenship into the ultimate reparation for past wrongs.
ES :
El movimiento de los negros brasileños desde la República y la abolición de la esclavitud (1888) y sobre todo después de los años 1930 fomenta un debate sobre las reparaciones que los Negros y los afro-descendientes brasileños deberían recibir del Estado por haber vivido como esclavos durante cuatro siglos. Se trata de hacer valer los derechos de esos cuasi-ciudadanos. La cuestión de la reparación es muy importante en los debates internacionales sobre las poblaciones sometidas a condiciones de colonización y de esclavitud juzgadas como inhumanas. En Brasil, el movimiento de los negros se insertó en la esfera política a partir de 1980, y adquirió mayor visibilidad en el contexto de la nueva república de 1988. La Conferencia de la ONU sobre el racismo y la discriminación racial que se realizó en Durban (África del Sur) en 2001, fue un momento clave y el movimiento logró insertase en la arena internacional y transnacional y legitimó algunas de sus reivindicaciones. Este artículo aborda la transformación de las ideas del movimiento después de Durban, así como la elección explícita de un modelo de reparación centrado en políticas sociales basadas en acciones positivas en lugar de compensaciones financieras. Las políticas sociales privilegiadas muestran que el objetivo deseado es una ciudadanía completa y que las acciones positivas en tanto que instrumentos para adquirir la plena ciudadanía constituyen la mejor manera de reparar los daños del pasado con el fin de garantizar un futuro mejor.
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Genre et citoyenneté culturelle à San Francisco : subjectivité et « estime de soi » dans l’organisation de la communauté latino immigrante
Kathleen Coll
p. 167–192
RésuméFR :
Cet article reconfigure la citoyenneté culturelle en termes féministes en analysant comment un groupe d’activistes latino-américaines immigrantes de la Californie du tournant du XXIe siècle parvient à revendiquer des droits politiques, sociaux et individuels. Des concepts associés d’habitude au néolibéralisme, comme par exemple la notion d’estime de soi (autoestima), ont joué un grand rôle dans les analyses hautement politisées que ces femmes font de la société américaine et des politiques sociales et d’immigration. La réutilisation créative de ces termes par les femmes implique que l’on comprenne la dynamique subversive autant que conservatrice du discours et des pratiques politiques démocratiques dans les mouvements pour les droit des immigrants contemporains, ainsi que les racines de l’activisme actuel, qui s’inscrit dans des actions à long terme dans le but de transformer la subjectivité politique.
EN :
This article reconfigures cultural citizenship in feminist terms by analyzing how a group of immigrant Latina activists’ in turn-of-the-21st century California come to make claims for political, social, and personal rights. Concepts associated with neoliberal agendas, such as autoestima (« self-esteem »), played a significant role in women’s highly politicized analyses of U.S. society, immigration and welfare policies. Women’s creative redeployment of such terms demands an understanding of the subversive as well as self-conserving dynamic of democratic political practice and discourse in contemporary immigrant rights movements, and the roots of current activism in long standing efforts that transform political subjectivity.
ES :
Este artículo reconfigura la ciudadanía cultural en términos feministas analizando la manera en que un grupo de activistas latino-americanas inmigrantes alrededor del siglo XXI ha podido reclamar derechos políticos, sociales e individuales. Conceptos normalmente asociados al neoliberalismo, como por ejemplo la auto-estima, han tenido un rol muy importante en los análisis altamente politizados sobre la sociedad americana, las políticas sociales y migratorias que han realizados esas mujeres. El uso creativo de dichos términos implica la comprensión del discurso de la dinámica subversiva y el de la autoconservación de las prácticas políticas democráticas en los movimientos contemporáneos en favor de los derechos de los inmigrantes, así como las raíces del activismo actual, que se inscribe en los intentos, a largo plazo, de transformación de la subjetividad política.
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La citoyenneté double : le cas de l’autochtonie en 1965
Éric Schwimmer
p. 193–221
RésuméFR :
Dans cet article, l’auteur refait l’analyse de ses vieilles données sur les Autochtones du Canada, en bonne partie non publiées, afin d’éclaircir la méthode structurale, mais surtout pour aborder la question de l’identité citoyenne autochtone, à l’aide du concept de la « citoyenneté double ». Ces données indiquent que la Danse du Soleil des Sangs, observée en 1965, insère des narrations catholique et mormone dans la mythologie sans changer l’armature algonquine du passé, tandis que l’interprétation et la ritualisation autochtone de ce mélange de récits exprime très bien les soucis des Sangs contemporains. En y ajoutant l’analyse d’un mouvement de renouveau de la société métisse du Manitoba, on développe le concept de la « symbiose du renoncement » qui rend compte de la praxis de l’idéologie citoyenne autochtone, assortie de l’absorption de toutes les pressions assimilatrices. La citoyenneté double est un état précaire dont la survie dépend d’une vigilance redoublée.
EN :
I have reanalysed old data, mostly unpublished, on Canadian Indigenes, partly in order to clarify the structural method, but mostly to attack the question of indigenous identity, with the help of a concept of « double citizenship ». My data indicate that the Sun Danse of the Blood tribe, observed in 1965, inserts catholic and Mormon narrations in the mythology without changing the older Algonquin armature, but its indigenous interpretation and ritualisation expresses the contemporary preoccupations of the Blood tribe very clearly. After adding an analysis of an innovating movement of a community of Manitoban Metis, I offer a concept of the « symbiosis of renunciation » that could lie at the foundation of the vigilant protection of indigenous citizenship ideology absorbing assimilation pressures. Double citizenship, then, is a precarious state whose survival depends on redoubled vigilance.
ES :
En este artículo, el autor vuelve a analizar sus antiguos datos sobre los Autóctonos de Canadá, en buena parte no publicados, parcialmente con el fin de clarificar el método estructural, pero sobre todo con el fin de abordar la cuestión de la identidad ciudadana autóctona, con la ayuda del concepto de « doble ciudadanía ». Dichos datos muestran que la Danza del Sol de los Sangs, observada en 1965, incorpora relatos católicos y mormones en la mitología sin modificar la estructura algonquina del pasado, mientras que la interpretación y la ritualización autóctona de dicha combinación de historias traduce bastante bien las preocupaciones de los Sangs contemporáneos. Agregando el análisis de un movimiento de renovación de la sociedad mestiza de Manitoba, se desarrolla el concepto de « simbiosis de la abnegación » que da cuenta de la praxis de la ideología ciudadana autóctona, combinada con la absorción de todas las presiones asimiladoras. La doble ciudadanía es un estado anímico precario cuya perennidad depende de una vigilancia redoblada.
Hors thème / Off-Theme / Al margen
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Les études brésiliennes sur les relations raciales aux États‑Unis
Jacques d’Adesky
p. 223–235
RésuméFR :
Au cours des quatre-vingt dernières années, la production des universitaires brésiliens sur la question raciale nord-américaine a été épisodique. Et ceux qui se sont penchés sur le modèle américain de relations raciales n’y cherchèrent pas une inspiration mais la démonstration que le Brésil aurait réussi son intégration raciale, dans la mesure où les Noirs n’y sont pas victimes des types de violences explicites pratiquées aux États-Unis. À partir de 1997, on observe au Brésil la multiplication des études, des travaux et des publications sur le thème de l’action affirmative, basée sur une comparaison avec l’expérience nord-américaine. Ces textes démontrent implicitement que le modèle racial brésilien n’est pas arrivé à élever le niveau de vie de la population afro-brésilienne à un point comparable à celui des Noirs américains en terme économique et d’influence politique. Elles montrent également que les politiques dites universalistes n’ont pas abouti au Brésil à l’égalité des chances pour tous. Compte tenu de l’actuel contexte racial nord-américain, le modèle américain ne peut plus être considéré comme l’antithèse du modèle brésilien et donc continuer à être ignoré par les intellectuels brésiliens dans les études comparatives entre les deux pays.
EN :
In the course of the last eighty years, Brazilian universities have rarely produced studies on the matter of racial relations in the United States. Furthermore, if the studies dealt with the American model of racial relations, they did not consider it as a source of inspiration to help explain the Brazilian racial reality, and rather adopted a different approach. Brazil has supposedly reached such a high level of racial integration that Brazilian black people are not exposed to the many kinds of explicit racial discriminations the American black people are. From 1997 on, there is an increase in Brazil of the number of studies and publications about affirmative action based on the American experience. These writings suggest that the Brazilian racial model has not contributed to raise the standard of living of Afro-Brazilian people even close to the black American’s, especially as far as economical power and political influence are concerned. They also reveal that the so-called universal policies did not contribute to enhance the level of equal opportunity in Brazil. Taking into consideration the actual North American racial context, we suggest that the American racial model can no longer be considered as the antithesis of the Brazilian racial model. Therefore it can no longer be ignored by the Brazilian intellectuals in their comparative studies of both these countries.
ES :
Durante los últimos ochenta años, la producción de los universitarios brasileños sobre la cuestión racial norteamericana ha sido episódica. Y quienes concentraron su atención sobre el modelo americano de relaciones raciales no buscaban inspirarse sino demostrar que Brasil había logrado su integración racial, en la medida en que los Negros no eran víctimas de los tipos de violencias explicitas practicadas en Estados Unidos. Despues de 1997, se observa en Brasil la multiplicación de estudios, trabajos y publicaciones sobre el tema de la acción positiva, basados en una comparación con la experiencia norteamericana. Esos textos demuestran implícitamente que el modelo racial brasileño no ha logrado aumentar el nivel de vida de la población afro-brasileña a un grado comparable al de los Negros americanos en términos económicos y de influencia política. Muestran asimismo que las políticas llamadas universalistas no han desembocado en la igualdad de oportunidades para todos. Teniendo en cuenta el contexto racial norteamericano contemporáneo, el modelo americano ya no puede ser considerado como la antítesis del modelo brasileño ni ser ignorado por los intelectuales brasileños en los estudios comparativos sobre los dos países.
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Ethnologie en France, ethnologie de la France : champs nouveaux, manières neuves
Guy Barbichon
p. 237–254
RésuméFR :
Les orientations des travaux de caractère ethnologique concernant le domaine français depuis la Seconde Guerre mondiale sont examinées. On relève qu’une grande attention est, dans les études, réservée à l’univers subjectif : aux représentations et à leur construction sociale, aux affects et spécialement aux émotions, ainsi qu’à l’autoanalyse de l’ethnologue sur son terrain et à ses interrogations sur l’exercice d’une anthropologie du proche. L’ethnologie de la France appréhende aujourd’hui des groupes, espaces, états, intermédiaires, au-delà des seules oppositions entre des catégories majeures. L’ethnologie a pénétré l’espace urbain, les champs de la politique et du droit, et des micro-formations sociales et culturelles très variées. Contrebalançant l’attrait des représentations, un intérêt nouveau est accordé aux actions symboliques, et spécialement aux actions rituelles. L’ethnologie appréhende les faits dans leur historicité et dans le contexte des transformations contemporaines, en connexion étroite avec le développement des travaux en histoire culturelle. L’interrogation sur l’organisation sociale et les caractères culturels globaux spécifiques de la société française demeure minoritaire.
EN :
This article reviews trends in the ethnological studies concerning French society since the World War II. The author notes an emphasis on subjective elements : namely social representations, emotions, while at the same time ethnologists analyse their role as fieldworkers and question the uncertainty of conducting an anthropological research of familiar grounds. Today the ethnology of France apprehends groups, areas, behaviours, of an intermediate character, beyond oppositions between major categories of things. Ethnology has penetrated the urban space, the political and juridical fields and varied types of micro-cultural facts. Counterbalancing the appeal of studies of representations and affects a new interest arises concerning symbolic, and especially ritual, actions. Facts are approached in a historical perspective and in the context of contemporary changes, in relation to the development of cultural history in France.
ES :
Examinamos las orientaciones de los trabajos de carácter etnológico sobre Francia desde la Segunda Guerra mundial. Se observa que se otorga una gran atención a los estudios sobre el universo subjetivo : las representaciones y su construcción social, lo afectivo y especialmente a las emociones, así como al auto-análisis del etnólogo en su investigación de campo y a sus interrogaciones sobre el ejercicio de una antropología de lo cercano. La etnología de Francia comprende actualmente grupos, espacios, estados, intermediarios, más allá de las oposiciones entre grandes categorías. La etnología ha penetrado el espacio urbano, los campos de la política, del derecho y micro-formaciones sociales y culturales muy diversas. Contrabalanceando la atracción por las representaciones, se ha otorgado un interés renovado a las acciones simbólicas, especialmente a las acciones rituales. La etnología aprehende los hechos en su historicidad y en el contexto de las transformaciones contemporáneas, estrechamente conectadas con el desarrollo de los trabajos en historia cultural. La interrogación sobre la organización social y los caracteres culturales globales específicos de la sociedad francesa es aun marginal.
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« Un quart Gitan » : métissage, intégration et citoyenneté à Jerez
Hélène Giguère
p. 255–272
RésuméFR :
Les Gitans espagnols forment une minorité culturelle aux sources métissées, forcée à l’assimilation jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Des emprunts mutuels marquent leurs relations avec la société espagnole. La multiplicité des origines de la population majoritaire de Jerez a influencé « l’intégration » des Gitans dans cette ville espagnole marquée par leur concentration importante et le discours sur « l’entremêlement » identitaire (entreverado est l’expression vernaculaire). Cette composition sociale spécifique alimente une hésitation à reconnaître l’identité culturelle gitane au profit d’un entremêlement culturel anonyme menant à une identification citoyenne. Le métissage et la multiplicité des emprunts mutuels complexifient la reconnaissance de la spécificité de l’identité gitane, qu’elle soit métissée ou non. En réponse à une quête d’exotisme chez soi et rééquilibrant les « oublis » forcés d’un patrimoine identitaire, le « sang » est parcellarisé de façon à privilégier ses lignées de façon contextuelle. Comme dans les contextes coloniaux, le discours sur la quantification du sang intervient dans la validation des identités personnelles et collectives. Cet article ancre les variations et modalités du métissage dans ses dimensions culturelle, sociale, politique et citoyenne en parcourant les expériences et les discours sur la gitanité et le gitanisme.
EN :
Spanish Gypsies form a cultural minority of mixed descent who were forcibly assimilated until the end of the 18th century. Mutual borrowings define their relations with the Spanish society. In Jerez, a Spanish city recognized for its high concentration of Gypsies, the multiple origins of the majority population has influenced the « integration » of Gypsies and the discourse on mixed identities (entreverado is the vernacular expression). The social composition of Jerez hinders in fact the recognition of Gypsy cultural identity in favour of a more general hybrid kind of identity and identification as citizens. Métissage and the many mutual borrowings make the recognition of a specific Gypsy identity more complex, whether mixed or not. Responding to a search for the exotic at home and in order to compensate for the forced « forgetting » of this cultural heritage, « blood » is divided up, emphasizing some lineages depending on context. As in colonial contexts, the discourse on blood is used to validate personal and collective identities. This paper roots the variations and modalities of métissage in its cultural, social, political and citizen contexts by exploring the experiences and discourses on Gypsyhood and Gypsyism.
ES :
Los Gitanos españoles forman una minoría cultural cuyos orígenes son mestizos. Forzados a la asimilación hasta finales del siglo XVIII, sus relaciones con la sociedad española se caracterizan por múltiples y mutuos préstamos culturales. Los orígenes diversos de la población mayoritaria de Jerez han influido en la « integración » de los Gitanos de esta ciudad, en donde su concentración es muy importante y en donde es recurrente el discurso sobre las identidades « entreveradas ». Esta composición social específica, que nutre la indecisión de reconocer la identidad cultural gitana, favorece a la cultura « entreverada » anónima y conduce hacia una identificación ciudadana. El mestizaje y la multiplicidad de los préstamos culturales hacen más complejo el reconocimiento de la especificidad de la identidad gitana, mestiza o no. En respuesta a la búsqueda del exotismo local y reequilibrando los « olvidos » forzados de un patrimonio identitario, la « sangre » ha sido parcelarizada de manera a privilegiar los linajes de forma contextual. Como en los contextos coloniales, el discurso sobre la cuantificación de la sangre interviene en la validación de las identidades personales y colectivas. Este artículo asienta las variaciones y modalidades del mestizaje en sus dimensiones cultural, social, política y ciudadana, explorando las experiencias y los discursos sobre la gitanidad y el gitanismo.
Comptes rendus / Book Review / Reseñas
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Dubrulle Mark et Gabriel Fragnière (dir.), Identités culturelles et citoyenneté européenne. Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, 2009, 151 p.
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Olazabal Ignace, Khaverim. Les Juifs ashkénazes de Montréal au début du XXe siècle. Entre le Shtetl et l’identité citoyenne. Montréal, Éditions Nota Bene, 2006, 275 p., gloss., illustr., cartes.