Introduction : dimensions sociales, émotionnelles et cognitives dans l’apprentissage des langues additionnelles[Notice]

  • Caroline Payant et
  • Michael Zuniga

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  • Caroline Payant
    Université du Québec à Montréal

  • Michael Zuniga
    Université du Québec à Montréal

En tant que spécialistes de l'enseignement des langues, nous sommes bien placés pour constater qu'une classe de langue seconde et additionnelle (LA) est un environnement social véritablement complexe et dynamique. Cet espace rassemble des individus, ou des acteurs sociaux, qui partagent un objectif : développer leurs compétences langagières et communicationnelles dans une langue cible commune. Malgré cet objectif commun, chaque individu apporte dans cet environnement des expériences, des attentes et des formes de connaissances qui lui sont propres. En effet, chaque apprenant a des trajectoires d'apprentissage des langues uniques et un ensemble de représentations (beliefs) qui façonnent la manière dont il interagit avec ses pairs et avec l'enseignant. En tant que chercheure, chercheur en didactique des langues et en linguistique appliquée, nous nous intéressons aux facteurs qui créent les conditions optimales pour le développement des LA. En fait, nous cherchons toujours à identifier les pratiques pédagogiques qui sont non seulement plus propices au développement des LA mais qui ont également un impact positif sur l'expérience des élèves. Dans ce numéro, les auteurs présentent des façons créatives d'enseigner le français LA. Deux thèmes relient les différents articles, à savoir les dimensions affectives et sociales qui sous-tendent le développement d'une LA et le potentiel des approches pédagogiques qui s'appuient sur les identités et les répertoires linguistiques complexes des élèves. Comme le souligne Zuniga (2022), la recherche se penche depuis un certain temps déjà sur l'influence de la manifestation d'émotions négatives sur l'apprentissage d'une LA. De fait, un volet de la recherche, l'anxiété langagière, a suscité un intérêt important depuis plus de quatre décennies (Horwitz, 2010). L'anxiété langagière, une réaction émotionnelle négative liée à l'apprentissage d'une LA, est un amalgame de « self-perceptions, beliefs, feelings, and behaviors related to classroom language learning arising from the uniqueness of the language learning process » (Horwitz, Horwitz, et Cope, 1986, p. 128). De nombreuses recherches démontrent que l'anxiété langagière influence la réussite dans une langue (p. ex., Teimouri, Goetze, et Plonsky, 2019 ; Zhang, 2019). Or, bien que ce domaine de recherche soit encore très actif (Russell, 2020), nous avons observé une réorientation vers l'étude des émotions positives dans le processus d'apprentissage des LA (p. ex., Dewaele et MacIntyre, 2014; MacIntyre, 2016; Zuniga, 2022). Dans notre quotidien, en tant qu’êtres sociaux, nous sommes inlassablement à la poursuite d’expériences qui vont nous faire vivre des émotions positives. Comme le soutiennent Le Nguyen et Fredrickson (2017), les émotions positives sont comme « sweet candies with unknown nutritional value. They are pleasant, yet their functions and mechanisms of action have remained mysterious » (p. 29). Or, bien que la recherche montre les fonctions essentielles des émotions positives pour le développement humain et le bien-être général, en tant que pédagogues et chercheurs dans le domaine des langues, nous cherchons plutôt à identifier les relations entre les émotions positives, les tâches d'apprentissage et le développement des LA. Plus précisément, nous cherchons à comprendre quelles approches ou tâches déclenchent des émotions positives, ou encore comment les variables sociales et individuelles médiatisent l’effet des émotions positives sur le développement d’une LA. La recherche sur les émotions positives dans le domaine des LA s'appuie sur la théorie de l'élargissement constructif (broaden-and-build theory), proposée par Fredrickson (1998, 2001), selon laquelle nous bénéficions d'émotions positives dans la vie quotidienne, car « everyday positive emotions broaden people’s awareness in ways that, over time and with frequent recurrence, build consequential personal resources that contribute to their overall emotional and physical well-being » (Fredrickson et Joiner, 2018, p. 194). Soucieux de l'état émotionnel des apprenants, les articles de ce numéro continuent d'explorer diverses facettes …

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