Résumés
Résumé
Alors que j’arpentais les chantiers du Grand Ouest de la France en 2008 à chaque occasion qui m’était offerte, j’ai découvert un sloop bermudien de la classe 3 du RORC (Royal Oceanic Racing Club) avec un arrière « canoë » dessiné par Cornu en 1948. Ce magnifique petit voilier aurait pu disparaître. Eh bien non, sur l’une de ces folies qu’on ne regrette jamais, j’en ai décidé autrement. Dès l’acquisition et l’attente des premiers travaux, j’ai recherché l’histoire de ce racer-cruiser et de ses équipages… De la découverte d'un palmarès honorable et d'une histoire en lien avec l’icône de la voile française, le classement en tant que monument historique est intervenu, et c’est à cet instant que j’ai revêtu l’habit d’un passeur d’histoire et de patrimoine, et que la rédaction d’un livre est devenue une évidence pour moi.
Mots-clés :
- Océan,
- Navigation,
- Course,
- Patrimoine,
- Restauration,
- Voile,
- Mer,
- Voyage
Abstract
In 2008, as I would wander the construction sites in the Great West of France on every occasion I had, I discovered a RORC (Royal Oceanic Racing Club) Class III Bermudian sloop with a “canoe” stern designed by Cornu in 1948. This magnificent small sailboat could have been left to decay until it disappeared. But no, with one of these crazy decisions you take but never regret, I decided otherwise. As soon as I bought it, and as I was waiting for it to be repaired, I looked up the history of this racer-cruiser and its crews… Upon the discovery of an honourable record and a history linked to the icon of French sailing, its classification as a “monument historique” came to mind, and it was at that moment that I took on the role of a history and heritage facilitator, and that writing a book became the obvious thing to do.
Keywords:
- Ocean,
- Navigation,
- Race,
- Heritage,
- Restoration,
- Sailing,
- Sea,
- Journey
Resumo
Sempre que possível, em 2008, eu percorria os estaleiros do litoral oeste da França. Foi numa dessas ocasiões que encontrei um barco tipo “ bermudian sloop” da classe 3 da RORC (Royal Ocean Racing Club), no formato “rabo de peixe”, criado por Cornu em 1948. Esse lindo veleiro poderia ter desaparecido. Mas não! Numa daquelas loucuras das quais nunca nos arrependemos, eu decidi agir. Logo após tê-lo comprado, enquanto eu aguardava o começo das primeiras reformas, comecei a pesquisar a história desse veleiro e de suas tripulações. Descobri assim um passado prestigioso e uma história relacionada ao ícone da vela francesa. Foi então que interveio a classificação como monumento histórico e nesse momento vesti-me de contador de histórias e de transmissor de patrimônio: a escrita de um livro tornara-se assim um caminho evidente a ser tomado.
Palavras chaves:
- Oceano,
- Navegação,
- Corrida,
- Património,
- Restauração,
- Velejar,
- Mar,
- Viagem
Corps de l’article
Patrimoine maritime : avant-propos par Gérard Wormser
J’ai rencontré Patrick Lamache de manière fortuite lors des fêtes nautiques de Camaret-sur-Mer (Bretagne) en août 2022. Propriétaire d’un beau classe III du RORC signé Eugène Cornu[1], baptisé Danycan et mis à l’eau à Marseille en 1949, il a mené, en parallèle de la remarquable restauration et du classement à l’inventaire des monuments historiques qu’il a offerts à son yacht, une recherche documentaire dont le fruit a été un livre intitulé Danycan, témoin sauvegardé de l’offensive des navigateurs français (2022). L’histoire de ce petit voilier de course-croisière depuis son lancement est ainsi replacée dans son contexte, celui de la montée en puissance de yachtsmen français qui entendent disputer aux Anglais l’hégémonie sur la course en mer. Dans ce mouvement s’inscrivent une quarantaine d’armateurs, dont Michel de Rosanbo, second patron du bateau, mais aussi ses amis et ses équipiers, dont un jeune bouffeur d’écoutes assez prometteur du nom de Tabarly… Plans, coupures de presse, palmarès voisinent avec des considérations personnelles sur les démarches de classement aux monuments historiques, sur la pratique du yachting classique de l’auteur et sur son retour d’expérience engrangée lors de la restauration exemplaire qu’il a conduite. Une annexe sur les résultats des Français au RORC après-guerre jusqu’en 1963 et sur les 300 yachts ayant croisé le sillage de Danycan complète cet ouvrage extrêmement documenté et référencé.
Danycan étant en hivernage depuis trois années du fait de l’expatriation de son propriétaire au Brésil (São Paulo), il n’a malheureusement pas pu participer aux journées du patrimoine. C’est donc aux lecteurs et abonnés de Sens public que Patrick Lamache a accepté d’ouvrir son bord à ma demande.
Gérard Wormser
Le sloop bermudien Danycan 1949-2019 : le destin d’un classe III RORC
Un petit yacht qui aurait pu disparaître
Durant l’été 2008, encore propriétaire de mon Maraudeur, j’ai pour objectif d’acquérir, en vue d’une rénovation, un autre plan Herbulot : un Cap Corse, ou préférablement un Cap Horn, que je connais par l’exploit de Jean Lacombe…
Bien que la raison aurait dû m’inciter à poursuivre selon ma première inspiration, je tombe sous le charme des superbes élancements de Danycan, alors en train de dépérir sur les rives de la rivière de Morlaix aux chantiers Jézéquel.
En effet, délaissé depuis une dizaine de saisons, n’ayant pas été mis à l’eau depuis plus de vingt-cinq ans et presque oublié depuis les années 1960, Danycan s’offre à moi pendant mes nombreuses recherches dans les chantiers du Grand Ouest.
En dehors de ses très belles lignes, je ne connais rien de son histoire au moment de l’achat en décembre 2008. Pendant le chantier de restauration, l’année suivante, je découvre les premiers éléments de l’historique de ce classique grâce à un article de G. Auzepy-Brenneur paru début 2009 dans le Chasse-Marée ainsi qu’aux nombreuses recherches qui ont suivi.
Le cruiser-racer et ses équipages
Sloop bermudien sur plan Cornu de 24 pieds à la flottaison et de 2,48 m de bau, il possède plus de 29 % d’élancement et ses formes comportent un « arrière canoë ». Il est de construction relativement légère, conçu pour la navigation côtière ou la régate de plan d’eau ouvert. Le chantier « Pierre Delmez Constructions Nautiques », Le Perreux-sur-Marne, lance Danycan le 19 juillet 1949. Le but d’Eugène Cornu, lorsqu’il dessine Danycan, est vraisemblablement d’optimiser un classe III RORC. En effet, le chantier Delmez était spécialisé dans la construction d’embarcations légères. En bref, ce que Cornu a perdu dans le dimensionnement (faibles épaisseurs de bordé, dimension des varangues et des membrures, pas de serre de bouchain, pas de table de carré, une seule porte séparant la tranche avant de la tranche arrière…), il l’a gagné en réduisant le déplacement. L’architecte a évidemment donné l’impulsion initiale en matière d’élégance et de performance conditionnant d’une certaine manière l’histoire de ce petit yacht classique. La contribution des différents propriétaires au palmarès de ce bateau fut inégale. S’il y a un nom à retenir, c’est alors celui du comte de Rosanbo (le 4e sur 12 propriétaires), un yachtman réputé des années 1950, membre du Yacht Club de France, de la Société des Régates Rochelaises, de l’Union Nationale des Croiseurs. Il faut souligner que le Général Chaigneau et le Commodore Pillorget ont également été propriétaires de Danycan.
Le palmarès et l’Histoire
« Danycan, un bateau prestigieux », titrait la revue Le Yacht du 18 mars 1961. Sur la période de 1954 à 1961, le palmarès de ce voilier est plus qu’honorable. Il remporte notamment Plymouth-La Rochelle en 1957 avec Guy Tabarly alors que de prestigieux yachts comme Myth of Malham, Sea Scamp, Hallali, Jocasta, Cutty, Esquirol, Carentan et d’autres faisaient partie de la flotte. Il sera 4e au classement RORC de 1960. Il fait alors fréquemment les premières de couverture des revues, comme les revues Bateaux et Les Cahiers du Yachting. Beken of Cowes archive encore quelques photographies de ce coursier.
Danycan a donc navigué et régaté bien souvent aux côtés de bateaux très connus qui, pour certains, naviguent voire régatent encore. Outre ses très belles lignes, ce vieux cruiser-racer s’avère avoir un passé prestigieux ayant largement contribué à l’offensive des yachtmen français face à l’hégémonie anglo-saxonne dans les courses du RORC durant les années 1950, qui sera couronnée par la victoire de 1964. De plus, Danycan peut être cité pour avoir accueilli à son bord, dans le cadre de courses-croisières et avant qu’il ne soit célèbre, un homme devenu aujourd’hui la légende de la voile française, ainsi que son père, Guy Tabarly, qui en fut un équipier fidèle de 1954 à 1961. Voici ce qu’écrit Eric Tabarly dans son livre Mes bateaux et moi (1974), paru en 1976 : « Les bateaux de course au large manquant souvent d’équipiers, mon père et moi nous engageâmes à bord de nos premiers coursiers locaux : Farewell à la Trinité, puis Danycan de La Rochelle. Nous vivions les débuts de la course croisière en France, l’époque de l’apprentissage… » Puis quelques pages plus loin : « Farewell… Danycan… Ces voiliers modernes m’ont sans doute ouvert l’océan et la compétition, mais je serais injuste si je ne mentionnais pas le rôle important joué par le vieux Pen Duick dans ma vocation de coureur au large… »
Travaux de conservation 2009-2016
Débutée en 2009 au Chantier des Charpentiers de Marine Camarétois par le remplacement de certaines œuvres vives, la restauration s’est poursuivie jusqu’en 2013 avec l’aide de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) et des collectivités Région Bretagne, Département du Finistère et Commune de Crozon (œuvres vives, remotorisation, pont, cockpit et barrots, gréements, voilure, accastillage, aménagements intérieurs, finitions). Danycan a été classé Monument Historique en 2011. Ces travaux ont été conduits par les artisans de la presqu’île de Crozon sous le contrôle de Jacques Pichavant, l’expert du Ministère de la Culture. L’architecte Georges Auzepy-Brenneur a également largement apporté son soutien. En 2016, avec l’accord de la DRAC, le chantier du Guip a été chargé de remplacer une partie de la structure axiale arrière, dont l’étambot, opération complexe qui me permettra de mettre la dernière main au sauvetage.
Renaissance en 2013 et navigations
Danycan a renoué avec ses origines en avril 2013. Depuis sa remise à l’eau, il parcourt entre 1 000 et 1 500 miles par an, essentiellement dans le cadre du Challenge Manche Atlantique, où il se hissera à la 4e place en 2016. Il remporte Plymouth–La Rochelle en 2018, comme un clin d’œil à son palmarès d’antan !
Danycan a eu 70 ans en 2019 !
Pour fêter cet anniversaire, j’ai souhaité faire éditer un livre qui conte non seulement l’histoire de ce yacht et de ses équipages, leur contribution à la montée en puissance du yachting français d’après-guerre, leur passé commun avec Pen Duick et les Tabarly, ce que sont devenus les autres yachts de l’époque, mais aussi sa restauration en presqu’île de Crozon et ses premières saisons après sa renaissance.
Le livre Danycan, témoin sauvegardé de l’offensive des navigateurs français
La genèse du récit
Danycan est l’unique nom du voilier inscrit dès la genèse des plans, dont les originaux sont conservés au Trocadéro. Ce patronyme d’armateurs et corsaires est chargé d’histoire, particulièrement pour les Malouins. J’ai eu l’occasion de rencontrer dans leur résidence à Saumur et à Vannes, peu de temps avant leur décès, le Comte de Rosanbo et son successeur en tant qu’armateur, Charles Pilorget, ancien commodore de la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) de la station du Morbihan et relation proche de Jean Merrien. Il possédera en tout 60 bateaux, dont La Bandera et Elfe. Au départ de Toulon, le Général Chaigneau fait naviguer jusqu’en Crète, mais aussi en Sardaigne. Ce militaire est connu pour son action en Algérie et achève sa carrière en tant que général de corps d’armée. L’un des armateurs ultérieurs me confirmera avoir convoyé le bateau de la Côte d’Azur jusqu’à Saint-Malo via Gibraltar ; et le pénultième acquéreur a fait une croisière jusqu’en Irlande dans les années 1970.
La légende d’un voilier est aussi écrite par les équipiers. Les vingt-cinq personnes identifiées, couvrant quasiment toutes les époques, m’ont conforté à établir un historique fiable. Équipiers d’un jour, d’un soir ou de toujours, des personnes célèbres ont embarqué.
Les livres de bord de la famille Rosanbo mis à ma disposition dévoilent les dédicaces de Costantini, le constructeur de voiliers, de Guy Des Cars, l’écrivain, de John Illingworth, alors skipper de Myth of Malham, de Claude Menu, propriétaire des Marie-Christine, connus des Rochelais, et d’autres marins. Des personnages charismatiques sont venus à bord : Guy Tabarly est un équipier fidèle entre 1954 et 1960 ; Éric Tabarly a, quant à lui, embarqué entre 1954 et 1958 jusqu’à ce qu’il navigue à nouveau avec Pen Duick à partir de 1959. D’ailleurs, après ses consécrations, en 1976 et en 1977, dans deux de ses premiers ouvrages, Éric cite Danycan parmi les bateaux ayant favorisé son apprentissage.
Nos deux yachts ont été engagés sur des régates communes avec respectivement à leur bord Guy et les frères Tabarly. Ce plan Cornu a souvent été très bien classé lors d’épreuves nationales entre La Rochelle et Brest. Dans le cadre des compétitions du RORC (Royal Oceanic Racing Club), mon voilier a réalisé d’excellents résultats et a remporté Plymouth-La Rochelle en 1957 tout en côtoyant de prestigieux coursiers comme Myth of Malham, Sea Scamp, Hallali, Jocasta, Cutty, Esquirol, Carentan. Certains d’entre eux régatent encore au Challenge Classique Manche Atlantique.
J’ai collecté une mine de renseignements dans une pléthore de quotidiens et de périodiques spécialisés de l’époque (Western Morning News, Sud-Ouest, Le Télégramme, Le Yacht, Les Cahiers du Yachting, Bateaux…) ou de livres à l’image de ceux de F. Puget, d’O. Le Carrer. Les deux cartes postales anciennes immortalisant le cruiser-racer donnent un éclairage complémentaire sur ses 70 ans de navigation. Découverte en août 2008, acquise en décembre de la même année et entrée en restauration en juin 2009, ma « danseuse » a occupé mes nuits, week-ends et vacances. Mes recherches pendant de nombreux mois ont grandement été facilitées par Internet. Mes visites au Musée de la Marine au Trocadéro, au Yacht-Club de France, et la consultation des collections du Ministère de la Défense à Vincennes, des archives municipales du Perreux-sur-Marne et du département de la Seine-et-Marne ont été très profitables. Mes pérégrinations outre-Manche m’ont amené à me rapprocher du RORC, de la bibliothèque centrale de Plymouth et du photographe Beken à Cowes.
Des déplacements dans de nombreuses librairies spécialisées ou des brocantes, et l’analyse d’articles, de livres, de répertoires du Lloyd ont complété ma quête d’informations. Je me suis rendu sur les lieux de l’établissement Pierre Delmez Constructions Nautiques et à Saint-Servan, cité où se situe la malouinière de la famille Danycan. Pour résumer, un travail d’investigation considérable m’a permis de reconstituer progressivement le contexte historique de ce voilier.
Je suis conscient de la chance d’avoir mené à son terme ce chantier. Depuis 2013, je suis désormais heureux de naviguer à bord de mon classique en le faisant renouer avec ses origines : la course-croisière.
Dans une première partie, ce livre relate l’histoire du voilier et de ses équipages, et la contribution à l’offensive des navigateurs français, face à l’hégémonie anglo-saxonne, durant un peu plus d’une décennie avant la victoire de 1964. Les liens avec les Tabarly et Pen Duick y sont expliqués. La période couverte est celle de l’explosion du nautisme en France avec, notamment, l’apparition de l’école des Glénans et de nouvelles façons de naviguer, de concevoir et de construire. La question de ce que sont devenus les voiliers ayant croisé le sillage de Danycan est également posée. Sur les 300 voiliers ayant navigué avec lui entre 1952 et 1961, des preuves d’existence récentes sont fournies pour environ un tiers d’entre eux.
La seconde partie s’attache dans un premier temps à revenir sur les architectes, constructeurs des bateaux ayant bercé mon apprentissage. Ces derniers ont un point commun : ils sont tous des acteurs ou des héritiers directs de cette ère de conquêtes et ont largement contribué à l’émergence, dans les années 1970 à 1990, de l’excellence française désormais reconnue dans le domaine de la course au large. Cette seconde partie se veut être autant technique qu’illustrée sur les points d’orgue de la restauration de mon petit classique, opérée entre 2008 et 2017. Je relate les conseils prodigués par quelques grandes figures de la plaisance traditionnelle, l’expérience d’une démarche de classement d’un voilier aux monuments historiques par le Ministère de la Culture, sans oublier la collaboration avec les acteurs de la DRAC, du conseil régional de Bretagne, du conseil général du Finistère et de la commune de Crozon, qui est aussi consignée.
Les premières années de navigation et de participations aux fêtes nautiques, jusqu’à la victoire dans Plymouth-La Rochelle en 2018, après la restauration complète, sont mentionnées. Avec cet ouvrage, je veux participer à la manifestation de l’attachement au yachting de tradition d’une communauté grandissante. C’est aussi l’occasion pour moi de sortir de l’oubli un voilier et ses équipages qui eurent un beau palmarès, de témoigner de sa renaissance et de faire revivre le contexte du nautisme de l’après-guerre.
Contenu du livre et de ses annexes
Le sommaire est le suivant :
En écrivant ce livre, mes objectifs ont été les suivants :
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Replacer l’histoire de Danycan dans le contexte de l’offensive des pionniers français des courses du RORC ;
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Établir une synthèse des résultats français après-guerre avant 1964 ;
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Proposer un répertoire sur le destin des 400 yachts classiques ayant couru avec le mien ;
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Évoquer mon apprentissage de la voile, bercé par les productions des héritiers de cette période ;
Le livre a environ 240 pages de corps de texte et 60 pages d’annexes, près de 500 illustrations, le tout assorti d’un index de presque 700 noms de bateaux.
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Profiter de chaque occasion pour parfaire ma culture nautique en faisant le lien avec les artistes ayant décrit dans leurs œuvres les joies du yachting : citation d’écrivains classiques ou contemporains à l’en-tête de chaque chapitre, lien avec les impressionnistes – notamment dans le chapitre sur le berceau – histoire succincte de la famille Danycan méconnue et de sa contribution à l’histoire de France dans le chapitre sur les origines.
Sans nul doute, ce livre intéressera les passionnés de voiliers de tradition, de restauration de bateaux en bois ou d’histoire de la pratique du yachting.
Retour sur les flots
Reconstituer l’histoire d’un yacht classique n’est pas chose aisée et nécessite énormément de recherches. Faire renouer avec ses origines de coursier un tel voilier et le sortir de l’oubli implique une disponibilité énorme et une grande compréhension des proches.
Le bonheur et la passion sont à leur comble lorsque l’on a le sentiment de contribuer, certes modestement, à la réminiscence d’une époque et à la résurgence d’un état d’esprit. Tirer le fil de l’histoire de mon propre bateau m’a conduit à l’évocation, d’une part, des hommes et des femmes ayant mis en œuvre Danycan et, d’autre part, de ceux ayant navigué sur les yachts croisant son sillage. Tous ces acteurs de l’époque d’après-guerre jusqu’au début des années 1960 ont participé à la conquête française des océans en course-croisière et à l’effacement progressif de la suprématie anglo-saxonne dans les courses océaniques. En outre, cette dynamique a été maintenue dans le nautisme français durant les années 1970 à 1990, période de mon apprentissage sur les voiliers des constructeurs et architectes héritiers directs de cette époque. Je n’ai pas toujours mesuré la portée de la décision prise en 2008 de sauver mon plan Cornu. En écrivant ces dernières lignes de l’histoire contemporaine de mon yacht, âgé de 72 ans, fierté et sérénité m’envahissent. En effet, mon voilier est inscrit au titre des monuments historiques depuis 2011. Armé de pugnacité, je l’ai fait restaurer pendant plus de cinq années avant de l’engager dans un cycle de courses-croisières. Dès 2013, Danycan a retrouvé sa juste place au sein de la flotte des bateaux classiques et de tradition. Il côtoie désormais à nouveau des voiliers de légende comme Viola, Khayyâm, Pen Duick, Sea Scamp, Overlord, Bloodhound et tant d’autres…
Parties annexes
Note
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[1]
Eugène Cornu (1903-1987) est un architecte naval et marin français. Dessinateur de talent, il conçoit plusieurs navires et régates durant la Seconde Guerre Mondiale, mais reste célèbre pour ses voiliers, tels que la Licorne et le Belouga.
Bibliographie
- Lamache, Patrick. 2022. Danycan, témoin sauvegardé de l’offensive des navigateurs français. Voile Classique. Lorient: Pl Voile Classique.
- Tabarly, Éric, et Jean Campistron. 1974. Mes bateaux et moi. La Galaxie. Paris: Hachette.