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L’école peut-elle jouer un rôle dans la prévention de l’exclusion sociale chez les jeunes marginalisés ? Sous la direction de Danielle Zay, ce volume présente les résultats d’un projet collectif réunissant des équipes de Canterbury Christ Church University College (Kent/Angleterre) et de l’Université Charles de Gaulle Lille 3 (Nord Pas-de-Calais, France). Douze auteurs y présentent les résultats de leurs recherches comparatives effectuées en zones sensibles, illustrant les paradigmes, les contextes, les politiques, les pratiques, le vécu des élèves décrocheurs et la formation des enseignants pour accueillir ces jeunes en difficulté.
En première partie, les chercheurs analysent les politiques sociales et éducatives qui orientent les perceptions et pratiques de l’exclusion scolaire dans ces pays. Le paradigme français de la solidarité et le néolibéralisme britannique sont ainsi mis en perspective dans le but de dégager les forces et les faiblesses de ces deux systèmes éducatifs.
La deuxième partie de l’ouvrage porte sur le rapport que les jeunes décrocheurs entretiennent avec l’école, la famille et la société. Frustrations, absence de valorisation, sentiment de persécution et violence par les pairs sont les aspects les plus marquants vécus en milieu scolaire par les élèves des deux nations. Malgré des insatisfactions importantes exprimées envers leur milieu scolaire, il s’avère que ce sont d’abord des situations familiales difficiles qui affectent les jeunes en difficulté, engendrant par la suite des problèmes d’adaptation scolaire et sociale.
En dernière partie, les auteurs s’intéressent à la formation initiale des enseignants en France et en Angleterre, en lien avec l’accueil des élèves en difficulté. Selon eux, ce serait davantage en réfléchissant sur leurs pratiques et en expérimentant leurs propres interventions que les enseignants et les stagiaires apprendraient à gérer de façon adaptée les problèmes rencontrés avec les élèves en difficulté. Soutenus par les chercheurs dans cette démarche réflexive, les praticiens arriveraient ainsi à construire leurs propres modèles théoriques inspirés par les spécificités de leur milieu scolaire.
En conclusion, l’école est perçue de part et d’autre de la Manche comme pouvant jouer un rôle dans la prévention de l’exclusion sociale chez les jeunes marginalisés. Elle ne peut cependant résoudre à elle seule les problèmes scolaires souvent liés à d’autres problèmes de nature familiale ou sociale auxquels sont généralement confrontés les jeunes en difficulté.
Cet ouvrage dresse un portrait fort intéressant des systèmes éducatifs français et anglais, de leurs forces et faiblesses respectives. Les analyses permettent de dégager, outre la part de responsabilité de l’école dans le débat, certaines pistes de réflexion pour faciliter l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Les chapitres se succèdent et présentent les limites et les pièges inhérents à la recherche comparative (terminologies différentes, perceptions culturelles, démarches méthodologiques différentes). Le défi est cependant bien relevé, car la pertinence de cette étude comparative est bien démontrée et aura permis de confronter les conceptions différentes de deux nations aux prises avec un problème commun : celui de l’exclusion sociale et scolaire des jeunes.