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Comme son titre l’indique, cet ouvrage collectif aborde la relation entre les pays d’Amérique latine et leurs environnements régional et international. Le postulat que partagent l’ensemble des auteurs de ce livre considère que l’Amérique latine arrive à un moment crucial de son histoire. En fait, pour les auteurs, le début du xxie siècle marque l’émergence de plusieurs défis et de nombreuses opportunités pour les nations des Amériques et ce, à plusieurs égards. Ils n’ont pas tout à fait tort de poser ce postulat devant les récents coups d’État avortés, les crises économiques et financières des dernières années, les négociations de la zléa qui n’aboutissent pas et la déstabilisatrice colombisation de la région des Andes pour ne donner que quelques exemples. Le but du livre est donc d’examiner les enjeux importants pour la région sur les plans politique, social, économique et sécuritaire. Pour ce faire, les auteurs concentrent leur analyse sur la dynamique interne propre aux Amériques et ses relations avec les institutions et les acteurs internationaux. Un trait commun est tracé à travers l’ensemble des chapitres. Il s’agit, en effet, de voir les effets à long terme, bénéfiques ou non, de la mondialisation sur la région et de l’influence des puissances régionales sur les relations interaméricaines.
Plus spécifiquement, ce livre se compose de quatre parties et il est subdivisé en onze chapitres. La première partie se concentre à décrire les transformations que subissent les relations intrarégionales depuis 1990 environ. Les quatre chapitres de cette partie abordent l’avenir du processus menant à la zléa, l’insécurité grandissante qui règne dans les Amériques depuis le 11 septembre 2001, le point de vue latino-américain face aux politiques étasuniennes dans la région et la récente ouverture canadienne envers l’Amérique latine. La seconde partie discute, en trois chapitres, des liens changeants entre la région et les acteurs internationaux. Le rôle des institutions financières internationales, les droits humains et le rôle des acteurs internationaux à ce sujet et la relation stratégique que développe l’Amérique latine avec l’Union européenne sont tour à tour analysés dans ces trois chapitres. La troisième partie traite de deux États centraux (pivotal states) dans les Amériques : le Mexique et la nature changeante de sa dynamique interne et internationale et le Brésil face à son rôle de puissance régionale. La dernière partie, la conclusion du livre pour être juste, entame une réflexion sur la place de l’Amérique latine dans les Amériques à l’époque actuelle de la mondialisation.
Les auteurs, et c’est un geste volontaire de la part des directrices de l’ouvrage, sont de diverses origines nationales et se spécialisent dans différents domaines académiques ou professionnels. Cela donne un ouvrage aux points de vue équilibrés et diversifiés notamment en ce qui concerne le point de vue latino-américain trop souvent négligé dans les livres publiés sur le sujet aux États-Unis. De plus, la structure du livre est très accueillante pour le lecteur dans le sens où les chapitres et leur thématique sont disposés du général au plus particulier. Cette disposition fait en sorte que le lecteur aborde le volume avec les grands enjeux continentaux et internationaux puis poursuit avec des analyses plus fines et plus ciblées sur le Mexique et le Brésil. Cette façon de faire facilite la compréhension de toutes les dimensions (économiques, politiques, sécuritaire et sociales) que renferme le livre. De toute évidence, le livre ne peut parler de tous les sujets d’importance pour les relations internationales de l’Amérique latine. En réalité, il eût été intéressant d’avoir un chapitre sur les récents développements de la politique étrangère étasunienne et son relatif désengagement dans la région. Étant donné l’importance des États-Unis dans les Amériques, cette absence dans le livre est plutôt remarquée. Bien entendu, les effets de la politique étrangère étasunienne dans la région sont décrits par plusieurs auteurs, mais il semble néanmoins surprenant qu’aucun chapitre n’en discute spécifiquement. Il en va de même pour des sujets tels que la dollarisation de certaines économies, la place de Cuba dans le système interaméricain ou le processus de démocratisation dans les Amériques. Ces absences enlèvent quelque peu d’intérêt au contenu du livre.
Ce contenu proprement dit tourne autour des effets et des liens qu’il est possible de tisser avec la mondialisation. Ainsi, les droits humains, la sécurité, l’État du Mexique, pour ne prendre que quelques exemples parmi d’autres, sont tous analysés à l’aune de la mondialisation des marchés et de ses conséquences. Cela donne d’excellents chapitres qui sont le fruit de recherches laborieuses et complètes. Toutefois, il semble manquer, et ce parfois cruellement, un appareillage théorique pour orienter les conclusions que peuvent tirer les auteurs des chapitres de leur analyse. De plus, certains chapitres sont très courts (11 pages seulement dans certains cas) ce qui laisse plusieurs questions en suspens et le lecteur dans l’interrogation.
Cette impression de manque est accentuée par la conclusion qui est trop courte par rapport aux buts analytiques du livre. Ce dernier est constitué de chapitres différents aux sujets divers qui demandent une conclusion qui récapitule et clôt l’analyse. En somme, il manque un chapitre récapitulatif qui répondrait aux questions suivantes: globalement, où sont rendus les Amériques à l’aube du xxie siècle et quelles sont ces perspectives d’avenir dans le système international ?
Malgré les défauts qui ont été soulignés, c’est un excellent livre. Le contenu est réfléchi et les informations qu’il contient sont de qualité. Il s’adresse d’ailleurs à plusieurs types de lecteurs. Autant l’universitaire que le professionnel qui s’intéresse à la région sont susceptibles d’apprécier le contenu de ce livre et la diversité des sujets dont il traite.