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[C]ette Nouvelle-France survit parmi nous ; nous y sommes tellement habitués que nous n’y prêtons plus attention [1].
L’histoire des premières expéditions françaises en Amérique du Nord est, on l’a répété à satiété, malheureuse. La quête d’un accès vers l’Extrême-Orient qui aimanta d’abord les explorateurs devait fatalement mener à la faillite. De même, les efforts de colonisation avant 1608, « vaines tentatives » selon la formule désormais célèbre de Marcel Trudel [2], témoignent d’une inadaptation profonde. Charlesbourg-Royal, l’île de Sable, l’île Sainte-Croix : autant de preuves d’une incapacité à s’acclimater. Malgré leurs mécomptes, les colonisateurs français ont connu aussi leurs apologistes, comme Marc Lescarbot qui cherche dans les premiers livres de son Histoire de la Nouvelle France à justifier leurs revers par des erreurs stratégiques ou des dissensions internes. Seul Champlain, consacré par les historiens comme le « père du Canada », parvient à fonder une habitation permanente. Mais le succès de son entreprise paraît bien relatif si l’on compare le chétif établissement de Québec à ceux des Ibériques. Et les annalistes n’en ont que trop conscience. La Nouvelle-France au statut précaire porte, à travers les écrits qui témoignent de son passé, les marques de son infortune. Nombreux sont les voyageurs laïcs ou missionnaires qui rentrent chez eux amers, conscients d’avoir laissé une oeuvre en friche. Que l’on pense aux vifs regrets formulés par Lescarbot dans son « Adieu à la Nouvelle France », qu’il rima sur le chemin du retour en 1607 :
Serons-nous donc toujours accusez d’inconstance
En l’établissement d’une Nouvelle-France ?
Que nous sert-il d’avoir porté tant de travaux,
Et des flots irritez combattu les assaux,
Si nôtre espoir est vain, et si cette province
Ne fléchit sous les loix de Henry nôtre Prince [3] ?
Que l’on pense encore à l’émotion avec laquelle Gabriel Sagard « prend congé de [ses] Sauvages [4] », quittant son « pauvre Canada » et sa « chere Province des Hurons » (GVPH, p. 339), comme il l’appelle affectueusement, pour obéir aux désirs de ses supérieurs sans avoir pu terminer son oeuvre missionnaire [5]. Lorsqu’il abandonne à son tour le Canada en 1649, Paul Lejeune n’a pas non plus l’esprit tout à fait tranquille. De retour en France comme procureur des missions, il continue de veiller à leurs progrès et de corriger les rapports annuels de ses successeurs [6]. Dans l’épître de la Relation de ce qui s’est passé de plus remarquable és années 1660 et 1661, le jésuite dresse un portrait pitoyable de la Nouvelle-France et, en recourant à cette prosopopée, il se fait le héraut des supplications des habitants de la colonie en émoi afin de toucher le monarque : « Voicy vostre Nouvelle France aux pieds de V. M. […] Écoutez Sire […] sa voix languissante et ses dernières paroles : sauvez-moy, s’écrie-t-elle, je vay perdre la Religion Catholique ; on me va ravir les Fleurs de Lys ; je ne seray plus Françoise [7]. » Ce plaidoyer donne à lire, entre les lignes, un aveu d’échec qui résonnera quelques années plus tard sous la plume de plusieurs voyageurs, car l’avenir de la colonie restera hasardeux. Le baron de Lahontan, qui ne ménage pas ses critiques contre les autorités, souligne de manière récurrente l’absence de fortifications dans les principales villes du pays, que ce soit Québec [8], Trois-Rivières [9] ou Montréal [10]. Au moment de l’attaque de Phipps devant Québec, il note que la capitale était livrée à elle-même : « [J]amais on n’a manqué une plus belle occasion de prendre le Canada […] nous n’étions que cent hommes à Québec sans canons, sans batteries, sans fortifications ni munitions [11]. » Près de cent ans après la fondation de la ville, la menace de la reddition plane sur le pays tout entier, et les métropolitains feront la sourde oreille aux avertissements du baron de Lahontan.
Le « Cap de rien »
Sans doute l’âpreté du climat et l’absence de richesses contribuèrent-elles beaucoup à la tiédeur des bailleurs de fonds pour le Canada. Mais Louis Hennepin impute encore les maux de la colonie à la mésentente qui règne parmi ses habitants : « Ceux qui gouvernent le Canada, y sont portez d’un esprit, qui fait gemir en secret devant Dieu ceux, qui ne peuvent pas entrer dans leurs veües. […] On n’y trouve que des chagrins, des divisions, et des troubles. On n’y recueille que des Croix et des persécutions [12]. » On comprend, dans ce contexte, que le récollet désenchanté fasse sienne l’étymologie fantaisiste du mot Canada voulant que les Espagnols, qui y accostèrent pour la première fois, ne trouvèrent rien de bon et l’« appellerent, Il Capo de Nada, c’est à dire le Cap de rien, d’ou est venu par corruption le nom de Canada [13] ».
Malgré les exhortations des défenseurs de la Nouvelle-France, tels Marc Lescarbot et Paul Lejeune, ce pays ne parvient pas à se départir de la fâcheuse réputation qui entache son image depuis sa fondation [14]. La longue traversée océanique et ses privations contribuaient à émousser l’intérêt de ceux qui auraient voulu s’y installer. En vérité, le voyage au Nouveau Monde, d’ordinaire « si penible », pour reprendre le terme de Louis Hennepin [15], n’a rien d’une croisière d’agrément, et celui qui s’y risque se voit rarement dédommagé de sa peine par des découvertes minières ou géographiques importantes. Diéreville n’hésite pas non plus à décrire l’odyssée transocéanique comme une « épreuve trop forte pour un coup d’essay [16] » et se réjouit un an plus tard de quitter « ce sauvage séjour [17] » pour lequel il n’a manifestement que répulsion [18]. Semblablement, Claude Le Beau, qui se retrouve engagé à faire le voyage en Amérique malgré lui, décrie Québec, qu’il considère comme une « fort vilaine Ville » (Av, t. I, p. 77), tandis que Trois-Rivières « n’est qu’une Bicoque, qui à peine mérite le nom de Ville » (Av, t. I, p. 84). Ses mésaventures canadiennes, le « plongeant dans une mélancolie inexprimable » (Av, t. I, p. 101), l’incitent d’ailleurs à vouloir « sortir de ce pays, à quelque prix que ce fût » (Av, t. I, p. 102).
Il s’en faut de beaucoup que ces contrées aient inspiré plus d’enthousiasme aux premiers explorateurs français. Dans les récits de Cartier, le « descouvrement [19] » de la Nouvelle-France paraît une traversée interminable. Malgré sa ferveur initiale et une sensibilité paysagère bien réelle, le Malouin, à la recherche du fameux passage, n’essuie que mécomptes. Avec un espoir sans cesse renouvelé de baie en baie, de cap en cap, il balaie l’horizon « le plus loing » qu’il puisse « voirs [20] » sans que toute cette course à obstacles puisse conforter ses conjectures. Comme la totalité du territoire lui échappe, son regard, confiné surtout au littoral, tend à la fragmentation du terroir. Le désenchantement est notable dès lors qu’il pose les yeux sur la Basse-Côte-Nord, décrite ainsi : « [I]l n’y a que de la Mousse et de petiz bouays avortez. Fin j’estime mieulx que aultrement que c’est la terre que Dieu donna à Cayn [21]. » De manière générale, il jette souvent un regard distrait sur la terre ferme, entrave à ses projets, préférant de loin scruter les îles qui se laissent contourner [22]. Au cours de son second voyage, c’est sur les archipels du fleuve Saint-Laurent qu’il fixe principalement son attention.
Comme chez Cartier, la déception de Samuel de Champlain se lit à travers l’évocation de la rive nord et escarpée du Saint-Laurent : « Toute la terre que j’ay veu, ce ne sont que montaignes de rochers la pluspart couvertes de bois de sapins, cyprez et boulle, terre fort malplaisante, où je n’ai point trouvé une lieuë de terre plaine, tant d’un costé que d’autre [23]. » Sur la région des Escoumins, il ajoute un peu plus loin : « [C]’est le lieu où les Basques font la pesche des ballaines. Pour dire vérité, le port ne vaut rien du tout [24]. » Impression analogue devant les terres à proximité du détroit de Belle-Isle : « Toutes ces terres sont très mauvaises, remplies de sapins [25]. » La vallée de la Norembègue, dénuée des villes légendaires dont parlait Jean Alfonce, lui paraît affreusement solitaire, comme en témoigne son évocation des montagnes environnantes : « [L]e sommet de la plus part d’icelles est desgarny d’arbres, parce que ce ne sont que rochers. Les bois ne sont que pins, sapins et bouleaux. Je l’ay nommée l’isle des Monts-deserts [26]. » Les descriptions euphoriques des voyageurs français, quoique bien présentes, sont souvent contrebalancées par des appréciations franchement négatives. Ainsi, la déception qu’éprouve Chrétien Leclercq devant le spectacle du paysage gaspésien transparaît nettement dans le panorama qu’il en propose : « Ce lieu […] que nous appellons Gaspesie, ou autrement Gaspé, est un Païs de montagnes, de bois et de rochers, dont la terre est tout-à-fait sterile et ingrate [27]. » De même, Bacqueville de La Potherie répercute cette image générale d’un pays « capable de donner l’effroi aux plus intrepides [28] ». Dans son avertissement au lecteur, il s’excuse de n’avoir su « égayer » « une Histoire où l’on ne parle que de précipices cachez sous des Bancs de Néges, de montagnes de Glaces, de bancs de Sable, de Rochers affreux, de Sauvages inhumains [29] », pressentant bien sûr les réticences de certains qu’elle rebutera. L’évocation de la Nouvelle-France, par ces tournures le plus souvent négatives ou restrictives, apparaît dans un premier temps comme l’expression d’un manque.
France en devenir ou Eldorado virtuel ?
Le désappointement est cependant proportionnel aux attentes des explorateurs qui projettent d’édifier une autre France. Dès les premières fréquentations, la Nova Gallia s’impose comme une « terre jumelle » de la France, selon l’expression de Pierre Biard figurant dans l’avant-propos de la Relation de 1616. Elle en est le fief légitime parce que, d’une part, elle a été « descouverte premièrement […] par les François » et, d’autre part, elle est « subjecte à mesmes influences, rangée en mesme parallele, située en mesme climat, terre vaste, et pour ainsi dire, infinie [30] ». Puis le jésuite ajoute, quelques lignes plus loin, à l’intention des futurs missionnaires et en énonçant son programme : « […] terre […] de laquelle vous pourrez meritoirement dire, si vous considerez Satan en front […] : Devant luy est un Paradis de delices [31] ». Par cette déclaration inaugurale, non seulement Pierre Biard donne le ton aux célèbres relations annuelles des Jésuites, mais plus encore, il met en quelque sorte en abyme les aspirations de tous les voyageurs français qui arpenteront ces terres nouvelles comme le legs de Dieu à la France, que ce soit pour y voir naître une colonie ou y faire fructifier la foi chrétienne. On ne s’étonnera donc pas de voir les découvreurs émailler leurs esquisses cartographiques de noms français, marquant ainsi une prise de possession symbolique du pays. En l’honneur de son mandataire, François Ier, Verrazano nomme la bande de terre qui borde l’océan Francesca [32]. Peu à peu, plusieurs toponymes surgiront, certains tirés directement de la carte de la France comme pour sceller la gémellité des deux territoires, tels la terre d’Angoulême, le fleuve Vendôme et la côte de Lorraine [33], d’autres commémorant le souvenir de certaines dames influentes au pays, telles baie Sainte-Marguerite et île de la Reine-Louise [34]. Cartier, à son tour, constelle de noms aux résonances bien françaises la carte du Nouveau Monde : l’île de Bryon [35], le cap du Dauphin [36], le cap d’Orléans [37], Brest [38], pour n’en citer que quelques-uns.
Ainsi, la toponymie grave sur ce territoire encore vierge son lot d’attentes. Il n’est pas anodin, en effet, que Cartier baptise la falaise sur laquelle se dressera plus tard la ville de Québec, cap aux Diamants, l’enclave de terre qui s’étend en amont, île de Bacchus [39], et la baie au sud de Gaspé, « baye de Chaleur [40] ». Ces désignations en disent long sur le pays idéal qu’il aimerait trouver. D’autres toponymes rappellent encore la quête du bras de mer qui mènera en Extrême-Orient. Il suffit de penser au cap d’Espérance aux abords de la baie des Châteaux ou de l’actuel détroit de Belle-Isle, dont il justifie lui-même la désignation pour s’en convaincre : « Le cap de ladite terre du Su fut nommé Cap d’Esperance, pour l’espoir que abvions de y trouvés passaige [41]. » Un siècle plus tard, les spéculations des cartographes vont bon train et se déplacent vers l’Occident avec l’invention de la Bourbonie reliant la Nouvelle-France à la Tartarie, selon le « Mémoire pour la découverte de la mer de l’Ouest [42] » de Jean Bobé. Au fil des ans, le détroit, toujours refoulé plus loin, se confondra avec la quête de cette « mer du Couchant [43] » que le jésuite Charlevoix avait mission de découvrir en 1720. Ce mirage, que poursuivront également La Vérendrye et ses fils, mettra quelques décennies à se dissiper [44].
Devant ce vaste territoire aux étendues insoupçonnées, la tentation est grande pour les voyageurs d’imaginer un nouvel Eldorado comparable à celui du Pérou. Ainsi disposé à pareille découverte, Verrazano conclut, après avoir longé le littoral nord-américain : « [N]ous pensons que, se trouvant dans la région orientale, ce pays produit aussi des drogues, des liqueurs aromatiques et d’autres richesses : l’or, notamment, car la terre en a la couleur [45]. » Plus loin, il surnomme ces nouvelles terres de l’Amérique septentrionale, « Arcadie », d’après le célèbre pays pastoral de la Grèce antique [46]. Perdant de vue l’accès vers l’Orient, Cartier polarise peu à peu son attention sur les richesses imaginaires du pays du Saguenay. Ses illusions vis-à-vis de la région de Québec n’en sont pas moins grandes, comme en témoigne ce passage : « [N]ous trouvâmes des pierres comme des diamants, les plus beaux, les mieux polis et les mieux taillés qu’on puisse voir, et lorsque le soleil brille, ils resplendissent comme des étincelles de feu [47]. » Jean Alfonce, dans sa Cosmographie, affirme que la « terre de Ochelaga […] abunde [en] or et argent [48] » et que « en la ville de Cebola […] les maisons sont toutes couvertes d’or et d’argent [49] ». Un siècle plus tard, Gabriel Sagard semble prêter quelque crédit aux conjectures sur les mines du pays : « On tient qu’il y en [du cuivre rouge] a encore vers le Saguenay, et memes qu’on y trouvoit de l’or, des rubis et autres richesses » (GVPH, p. 316). Le récollet, qui invitait ses compatriotes à procurer « un secours puissant, qui favorizast leur conversion », doit changer de batterie devant l’incurie des « mal-devots », faisant à son tour la promotion de « thresors et richesses » à espérer (GVPH, p. 316).
Rhétorique et stratégies compensatrices
Puisque les résultats tardent à venir, le relateur doit freiner l’impatience de ses mandataires par des prospections avantageuses. Jacques Cartier, mieux peut-être que nul autre, a su camoufler le double échec de sa deuxième expédition non seulement par la promesse de fabuleuses richesses, mais aussi par celle de trouvailles hors de l’ordinaire, comme celle de cet « aultre pays où les gens ne mangent poinct et n’ont poinct de fondement et ne digèrent poinct [50] ». La ruse lui valut un troisième mandat, celui de seconder Roberval, qui tenta de fonder un établissement sur les bords de la rivière Sainte-Croix. Et le rigoureux Samuel de Champlain ne se prive pas de clore son premier voyage par la fable du Gougou, créature qui aurait la forme d’une femme gigantesque et qui terroriserait les populations autochtones par les « bruits horribles » qu’elle émettrait et sa voracité cannibale [51]. Alain Beaulieu et Réal Ouellet ont montré que cette anecdote fabuleuse « permet […] de trouver un exutoire à l’émotion jusque-là retenue [52] ». Mais elle est aussi destinée à relever ce récit sans découverte majeure sur le plan scientifique. Le Saintongeais aura recours de nouveau, pour clore son second voyage au Canada, au témoignage de seconde main lors même qu’il raconte les péripéties d’une chasse à la baleine à laquelle il n’a pas assisté [53]. La transposition par ouï-dire vient en quelque sorte combler le temps mort de la traversée transatlantique et agrémente un récit qui ne témoigne d’aucun progrès sur le plan colonial ou géographique. Semblablement, le jésuite Charlevoix, incapable de trouver le chemin vers la mer de l’Ouest, prête sa voix aux propos extraordinaires d’un aventurier français au sujet du lac des Assiniboines, sans bien sûr se prononcer sur la véracité de ces dires :
C’est bien dommage que le Lac n’est point connu des Sçavans, qui ont cherché partout le Paradis Terrestre ; il y auroit été pour le moins aussi bien placé que dans la Scandinavie. Je ne vous garantis pourtant pas, Madame, tous ces faits, qui ne sont appuyés que sur rapports de Voyageurs ; encore moins ce que des Sauvages ont rapporté, qu’aux environs du Lac des Assiniboils, il y a des hommes semblables aux Européens et qui sont établis dans un Pays où l’Or et l’Argent sont si communs, qu’on les employe aux usages les plus ordinaires [54].
On aura reconnu plusieurs convergences avec les suppositions de Jacques Cartier sur les merveilles saguenéennes. Malgré la vanité de son exploration, Charlevoix renonce, à l’instar de tant d’autres, à s’avouer vaincu. Il affirme, dans une lettre adressée au comte de Toulouse en date du 20 janvier 1723, que l’on « trouvera encore la mer à l’Ouest et au Sud-Ouest du lac des Assiniboils [de Winnipeg] […]. On ne peut presque point douter que les Sioux ne l’ayent à leur Ouest [55] ». Les témoignages amérindiens autorisent son assurance : « Il y a sur cela un sentiment unanime d’un très grand nombre de Sauvages [56]. » Comme chez Cartier et Champlain, le relais de parole lui fournit une planche de salut.
Les Français, s’ils se sont révélés de piètres colonisateurs en Amérique, excellent à montrer leurs liens privilégiés avec les populations autochtones, qui reconnaîtraient en eux des protecteurs. Cartier ignore au premier abord les Amérindiens, qui se confondent presque avec le paysage. Ce n’est que par la suite, délaissant momentanément son projet exploratoire, qu’il se concentre sur ces peuples qui lui font des signes d’amitié [57]. La relation privilégiée que l’explorateur entretient subséquemment avec les Iroquois, notamment, permet en quelque sorte de détourner l’attention du lecteur au profit d’un objectif ethnographique plutôt que géographique ou minier. Ainsi en va-t-il chez Champlain, qui repart bredouille au terme de son quatrième voyage, « sans aucune esperance de voir la mer » du Nord, « sinon par conjecture [58] », confessant son amertume : « [L]e regret de n’avoir mieux employé mon temps m’est demeuré, avec les peines et les travaux qu’il m’a fallu neantmoins tolérer [59]. » Rien ne saurait mieux signifier la faillite de l’exploration que ce constat ! Champlain, en habile apologiste, ne manque pas cependant de tirer profit de ce récit pour s’ériger en pourvoyeur affectueux des peuples du Nouveau Monde : « N’ayant pour l’heure autre désir que de m’en revenir, je conviay les sauvages de venir au Saut S. Louys, où il y avait quatre vaisseaux fournis de toutes sortes de marchandises, et où ils recevroient bon traitement ; ce qu’ils firent sçavoir à tous leurs voisins [60]. » La suite du passage, encore plus significative, suggère une alliance entre la France et ces peuples qui témoignent de leur soumission : « Et avant que de partir, je fis une croix de cedre blanc, laquelle je plantay sur le bort du lac en un lieu eminent, avec les armes de France, et priay les sauvages la vouloir conserver […]. Ils me promirent ainsi le faire, et que je les retrouverois quand je retournerois vers eux [61]. » Il n’est pas rare que le voyageur se dote d’une autorité paternelle. Ainsi, au moment de quitter les Hurons, Sagard leur prête des paroles d’affection et de déférence : « Gabriel […] tu sçais comme nous t’avons tousjours aimé et chéry, et que tu nous es précieux plus qu’aucune autre chose que nous ayons en ce monde ; ne nous abandonne point, et prend courage et nous instruire et enseigner le chemin du Ciel » (GVPH, p. 318). Le missionnaire, par le discours rapporté, se montre un père spirituel regretté de tous. Exploitant à rebours le même modèle de la dévotion filiale, Chrétien Leclercq exhibe l’affection paternelle que lui voue un capitaine micmac qui s’adresse à lui en ces termes : « [C]omme ton père, […] je t’assûre même que je t’aimerai toujours aussi tendrement que l’un de mes propres enfants » (NRG, p. 587). De tels témoignages d’attachement exemplifient les liens privilégiés que les Français entretiennent avec les Indiens d’Amérique et pansent du même coup tous leurs différends et malentendus.
Claude Le Beau, dont le séjour au Canada se ramène bien souvent à une suite de déboires, utilise à son tour la parole amérindienne comme faire-valoir et insiste sur l’amitié qu’il a su cultiver avec ces peuples, ce que suggère ce fragment de conversation : « Écoute, Claude, me disoit Antoine, j’ai vu, j’ai connu, j’ai admiré ton courage. Une autre fois si l’on t’attaque je veux mourir avec toi, plutôt que de t’abandonner à ceux qui te voudront du mal » (Av, t. I, p. 139). Qui mieux que les autochtones pouvait vanter les vertus des Français et sublimer leur oeuvre, qu’elle soit missionnaire, coloniale ou simplement exploratrice ? La stratégie déployée à grande échelle dans le vaste corpus des textes de la Nouvelle-France participe d’une volonté de valoriser la présence française en Amérique au détriment de celle des autres peuples d’Europe, en particulier les Espagnols, décriés pour leur brutalité [62].
Les palmes de la découverte
La légitimité du projet colonial français découle de l’antériorité de leurs voyages d’exploration. À défaut de pouvoir revendiquer la découverte de l’Amérique tropicale, concédée à Christophe Colomb, les Français s’approprient généralement celle des régions septentrionales du continent. À la suite de Lescarbot, le jésuite Charlevoix attribue la connaissance du Grand Banc de Terre-Neuve aux Gaulois [63]. Faisant écho à un passage de l’oeuvre de Guillaume Postel, il soutient la présence des peuples de la Gaule en Amérique bien avant l’arrivée de Colomb et prête même aux peuples amérindiens des ancêtres gaulois [64]. Sans remonter aussi loin, l’auteur de l’Histoire chronologique de la Nouvelle-France, se réclamant de Cornelius van Wytfliet et de Giovanni Antonio Magini, affirme que « [c]e sont les Bretons et les Normands qui les premiers ont considéré le sud de Terre-Neuve, qui ont remarqué ses ports, ses havres et rades et ont visité ensuite la coste du Nord et les autres Isles du Golphe dès l’an 1504 [65] ». Pour Claude Le Beau, au contraire, ce sont les Basques qui ont découvert le Grand Banc de Terre Neuve et « ce fut un Basque terre-neuvier, qui en porta la première nouvelle à Christophe Colomb, comme témoignent plusieurs cosmographes » (Av, t. I, p. 43). Quand on considère les annales des expéditions françaises en Amérique, on ne peut que s’étonner de l’abondance de la production historique pour une colonie aussi jeune. Le volume de ces écrits s’explique par la volonté de réhabiliter les explorateurs français malmenés par la postérité, mais aussi d’immortaliser leur mémoire. Tels semblent en effet les enjeux avoués des rétrospectives de Lescarbot, de Charlevoix et même de Bacqueville de La Potherie. L’audacieux périple de ce dernier dans la baie d’Hudson révèle d’ailleurs la pleine « valeur des François » contre les intempéries :
Il falut traverser une Mer immense que les Courans, les Bancs de Sable, les Orages continuels et les Glaçons rendoient inaccessibles, même au plus fort de la Canicule. Toutes ces difficultez insurmontables à toute autre Nation, n’ont fait qu’enflâmer le courage des François, qui à l’imitation des Heros qui gouvernent ne trouvent rien qui ne soit capable de les rebuter [66].
De pareils panégyriques foisonnent dans les écrits de la Nouvelle-France et il me serait impossible de m’attarder sur chacune de ces figures viatiques, militaires ou missionnaires que les chroniqueurs, à des fins publicitaires, voire politiques, s’emploient à grandir. Donner même un bref aperçu de ces constructions hyperboliques ou semi-fictives de héros et d’héroïnes allongerait indûment cette préface.
Présentation
En revanche, il importe sans doute davantage, pour notre propos, de souligner à quel point, à partir du xixe siècle, les auteurs canadiens-français trouveront dans cette littérature apologétique une ferveur et des actes de bravoure à exalter, propres à répondre à leur quête d’une identité et susceptibles d’atténuer le choc encore sensible de la défaite de 1759 et l’humiliation éprouvée à la lecture du rapport Durham. La filiation étroite entre les écrits de la Nouvelle-France et la littérature canadienne-française, puis québécoise, n’est plus à démontrer. L’appellation désormais consacrée de « textes fondateurs » en fait foi. Gilles Thérien invitait naguère les chercheurs à trouver dans le « patrimoine » littéraire de la Nouvelle-France « l’ébauche d’un discours identitaire, c’est-à-dire d’un imaginaire qui perdure et dont on peut encore aujourd’hui mesurer les progrès [67] ». Le présent dossier répond en partie à cette invitation en montrant la continuité thématique entre les textes d’avant et d’après la Conquête.
Pièce méconnue parmi l’imposant corpus de la Nouvelle-France, la Coppie d’une lettre envoyee de la Nouvelle France, ou Canada (1609) de De(s) Combes, publiée la même année que l’édition princeps de l’Histoire de la Nouvelle France de Lescarbot, construit, comme le montre fort justement Isabelle Lachance, une « Nouvelle France improbable », dans laquelle la ville de Brest serait « la principale ville du pays » d’après la lecture que le copiste fait de la carte « Nova Francia et Canada » de Wytfliet. Cette fiction toponymique ou topographique rejoint celle de Port-Royal esquissée par Lescarbot. La lettre reproduit fidèlement les valeurs aristocratiques de la noblesse française et se termine par une injonction lancée aux prédicateurs d’« aller moissonner ces âmes qui tendent les bras aux Français ». Isabelle Lachance envisage d’ailleurs ce document comme une « utopie à l’intention d’éventuels soutiens aux missions en Nouvelle-France ». La transcription annotée de cette étonnante lettre, faisant écho à un pseudo-voyage dans un pays forgé à souhait à partir de documents de seconde main, se justifie d’autant mieux, dans le cadre de ce numéro, que l’exemplaire de la Bibliothèque municipale de Lyon est désormais hors circulation parce que trop fragile, alors que celui de la Huntington Library comporte des passages illisibles.
À des degrés divers, les visées de propagande qui font écran à une réalité imparfaite se manifestent dans plusieurs écrits sur le Canada, où s’observent des traces de fabulation ou d’embellissement de la réalité. Dans cette optique, mon étude montre en quoi la Nouvelle-France, à travers les textes de Cartier, Alfonce, Lescarbot, Lejeune, Sagard, Leclercq et Charlevoix, devient une fiction historique, géographique, mais aussi prospective, fécondée par les rêves et les aspirations des relateurs ou chroniqueurs, rêves qui inspireront les écrivains des générations postérieures. Mais avant même de constituer un pays, la Nouvelle-France se voulait un passage, et c’est dans ce contexte que Catherine Broué et Mylène Tremblay retracent les tentatives françaises pour trouver une voie navigable vers l’Orient, qu’il s’agisse de la mer Vermeille ou du détroit d’Anian, de Cartier à Hennepin, en passant par Jean Alfonce et Cavelier de La Salle. Hennepin, après avoir démenti l’existence du détroit d’Anian et de la mer Vermeille, espère trouver dans les affluents du Mississipi un accès à l’Orient. Les auteurs décrivent cette quête comme celle d’un « espace différé », déjà connu, et ce n’est qu’après avoir renoncé à la découverte du détroit que les explorateurs s’intéresseront au continent.
Au xixe siècle, les regrets de cette époque révolue, voire idéalisée, des explorateurs réveilleront la fibre poétique des habitants du Bas-Canada. L’École patriotique de Québec avait notamment pour mission de constituer « une littérature nationale » et la Nouvelle-France, avec ses exploits légendaires, en devient la matrice fécondante. Rémi Ferland examine les romans historiques de cette période pour mettre au jour leurs emprunts intertextuels, qui les conduisent à ériger une Nouvelle-France hétérogène, voire invraisemblable. Ainsi Pierre et Amélie, d’Édouard Duquet, doit davantage à l’imitation de Paul et Virginie qu’à une reconstitution fidèle de l’époque. Les récits de la deuxième moitié du xixe siècle, qui construisent un monde hybride et fantaisiste, sont souvent redevables à l’exotisme américain qui s’épanouit outre-Atlantique, alors que les écrivains cherchaient à « s’approprier par le mythe un continent dont la France s’était trouvée exclue après la Conquête ». D’autres romans actualisent le manichéisme qu’on retrouvait à l’oeuvre dans les Relations des Jésuites entre suppliciés missionnaires et tortionnaires sauvages. Au reste, pour la plupart des écrivains de cette période, la Nouvelle-France incarne une sorte d’« âge d’or » par rapport à un présent dégradé [68].
L’évocation de cette période bénie par les écrivains du Bas-Canada va de pair avec l’exaltation de personnages légendaires. Dans l’historiographie de la deuxième moitié du xixe siècle, Jacques Cartier et Samuel de Champlain ont servi, ainsi que le révèle Hélène Destrempes, à « consolider le discours nationaliste au Canada français ». Tiré de l’oubli où il était tombé au retour de son troisième voyage, Jacques Cartier confère une origine bien française à la découverte du Canada et sa réhabilitation tardive donne aux francophones des deux côtés de l’Atlantique leur revanche sur les autres puissances expansionnistes. Samuel de Champlain retient l’attention de la postérité, non seulement en raison de son apport au progrès des connaissances géographiques, mais aussi en vertu de l’établissement permanent qu’il a érigé sur les rives du Saint-Laurent. Le véritable culte que lui vouèrent les historiens de Québec gravite encore autour de sa réputation de catholique exemplaire. Les francophones du Canada ne pouvaient pas manquer d’apercevoir en lui et en Jacques Cartier leur image magnifiée, afin de gommer ainsi de leur mémoire le poids de la signature du traité de Paris en 1763.
L’image que les textes de la même période entretiennent de l’Amérindien, figure emblématique du Nouveau Monde, est beaucoup plus complexe. Amalgame d’attributs positifs et négatifs, le Sauvage d’Amérique constitue à la fois un autre et un alter ego par rapport aux visiteurs européens, ce double visage étant constitutif d’un imaginaire dont Vincent Masse montre les entrelacs subtils à travers les textes historiques et littéraires du xixe siècle. C’est d’abord en se démarquant de ce barbare souvent cannibale que les Français parviennent à se définir comme collectivité. À suivre le fil argumentatif de l’exposé de Vincent Masse, on peut conclure que les écrivains de cette période perpétuent le « mythos indien [69] » esquissé dans les écrits de la Nouvelle-France. La barbarie des peuples du Nouveau Monde, soulignée dans les Relations des Jésuites notamment, sert de repoussoir et de catalyseur à l’héroïsme français. Puis, l’antagonisme interethnique s’atténue peu à peu, et l’Amérindien devient le « double symbolique de la collectivité » canadienne-française. En approfondissant la thèse de François-Marc Gagnon, Vincent Masse reconnaît dans certains avatars romanesques de l’Indien au xixe siècle « l’allégorie des enjeux de survivance propres à la nation canadienne-française ».
Au xxe siècle, l’attrait qu’exerce la Nouvelle-France ne se dément pas. Anne Hébert fait partie des nombreux écrivains récents à se nourrir de l’histoire de l’Amérique française, comme le révèle la fine relecture du Premier jardin que propose Guy Poirier. Pourtant l’écrivaine ne lorgne pas du côté des autorités ou des personnalités marquantes du pays, mais se veut plutôt à l’écoute des « voix oubliées » dont l’historiographie n’a pas conservé la trace. Flora Fontanges revit en songe le passé des filles du roi ou des religieuses, femmes effacées dont le destin douloureux suggère que ce Premier jardin « n’est résolument plus un jardin des délices », ce que certains avaient laissé miroiter.
Malgré leur diversité, ces souvenirs épars de la Nouvelle-France et leur récupération après la Conquête confirment le rapport de contiguïté entre le passé et le présent. Le Canada, colonie chancelante, doit peut-être son extraordinaire fortune littéraire aux menaces qui le guettaient. Par-delà l’immensité du territoire qu’ils occupaient en Amérique septentrionale et en vertu de la fragilité de leurs conquêtes, les Français resteront toujours sur la défensive par rapport à leurs émules hispaniques ou anglo-saxons. Bien avant sa cession à l’Angleterre, la Nouvelle-France était dans ses écrits un pays virtuellement conquis. On pouvait d’ores et déjà deviner, derrière la volonté maintes fois observée de neutraliser les échecs successifs, les premiers balbutiements de la mystique de la survivance et de l’exaltation d’une sorte de surmoi national si chères aux écrivains des xixe et xxe siècles.
À titre personnel, j’aimerais conclure ce préambule en remerciant chaleureusement Marc André Bernier de son constant et amical soutien, ainsi que Marie Lise Laquerre et Isabelle Lachance qui, par leur relecture attentive et leurs conseils avisés, ont considérablement allégé ma tâche.
Appendices
Note biographique
Marie-Christine Pioffet
Depuis 1999, Marie-Christine Pioffet est professeure à l’Université York de Toronto. Ses travaux portent principalement sur les textes de la Nouvelle-France et la littérature française du xviie siècle. Elle est l’auteure de La tentation de l’épopée dans les Relations des jésuites (Québec, Éditions du Septentrion, 1997), d’une réédition critique des Voyages en Acadie (1604-1607) suivis de la description des moeurs souriquoises comparées à celles d’autres peuples de Marc Lescarbot (Presses de l’Université Laval et Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2007) et d’Espaces lointains, espaces rêvés dans la fiction romanesque du Grand Siècle, ouvrage de synthèse publié en 2007 aux Presses universitaires de Paris-Sorbonne, ainsi que d’une soixantaine d’articles consacrés au roman et au récit de voyage de l’époque classique et préclassique. Elle a édité, en collaboration avec Andreas Motsch, les actes du colloque de Toronto de mai 2006, Écrire des récits de voyage (xve-xviiie siècles) : esquisse d’une poétique en gestation (Presses de l’Université Laval, 2008).
Notes
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[1]
Marcel Trudel, Mythes et réalités dans l’histoire du Québec, Québec, Éditions Hurtubise, 2004, t. II, p. 14.
-
[2]
Marcel Trudel, Histoire de la Nouvelle-France, Montréal et Paris, Fides, 1963, t. I : Les vaines tentatives, 1524-1603.
-
[3]
Marc Lescarbot, « Adieu à la Nouvelle France », dans Les muses de la Nouvelle France, Paris, Jean Millot, 1609, p. 22, v. 3-8.
-
[4]
Gabriel Sagard, Le grand voyage du pays des Hurons suivi du Dictionnaire de la langue huronne, éd. Jack Warwick, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Bibliothèque du Nouveau Monde », 1998, p. 338. Désormais, les références à cet ouvrage seront indiquées par le sigle GVPH, suivi de la page, et placées entre parenthèses dans le corps du texte.
-
[5]
Le voyage de Sagard, s’il a apporté des connaissances ethnographiques importantes, se solde par un quasi aveu d’impuissance sur le plan de l’évangélisation : « [I]l y avoit cent mille ames à gaigner a Jesus Christ » (GVPH, p. 316).
-
[6]
Léon Pouliot a cette formule pour décrire le départ du jésuite : « Le P. Le Jeune s’était tellement identifié avec la Nouvelle-France qu’en la quittant en 1649, il ne la quittait pas. À Paris, il en est le Procureur, le chargé d’affaires » (Le père Paul Le Jeune, s. j. (1591-1664), textes choisis et présentés par Léon Pouliot, Montréal et Paris, Fides, coll. « Classiques canadiens », 1957, p. 9).
-
[7]
Paul Lejeune, Relation de ce qui s’est passé de plus remarquable és années 1660 et 1661, Paris, Sébastien Cramoisy, 1662, p. 1, réimprimée dans les Relations des Jésuites, Montréal, Éditions du Jour, 1972, t. V. On trouvait déjà un exemple analogue de prosopopée dans « Plainte de la Nouvelle France dicte Canada à la France sa Germaine », pièce anonyme composée entre 1621 et 1626 que Jack Warwick a publiée en appendice à son édition du Grand voyage du pays des Hurons (ouvr. cité, p. 462-470). L’incipit exprime la soumission des Sauvages envers les colonisateurs français à qui ils réclament secours spirituels et matériels : « France, ma tres chere Germaine, La Nature ne veut pas que je porte mes plaintes ailleurs que chez toy ; tu dois estre premiere participante des funebres nouvelles de mes maux, puis que l’estroict lien de ton alliance, t’oblige sinon à la passion de mes miseres, au moins a la condoleance de mes langueurs. Au fort des douleurs ou pour mieux dire des tempestes, qui ont frapé d’estourdissement mes naissantes prosperites, la seule consideration de ton amitié à [sic] rendu le pied au devant de ma cource, par la quelle j’alloys precipitee dans le repentir, d’avoir jamais receu chez moy aucun de tes enfans » (GVPH, p. 462).
-
[8]
Voir Lahontan, Oeuvres complètes, éd. Réal Ouellet et Alain Beaulieu, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Bibliothèque du Nouveau Monde », 1990, t. I, p. 270 : « La ville manque de deux choses essentielles, qui sont un quai et des fortifications, il seroit facile d’y faire l’un et l’autre, car les pierres se trouvent sur le lieu même. »
-
[9]
Voir Lahontan, Oeuvres complètes, ouvr. cité, t. I, p. 279 : « La Ville des trois Rivieres est une Bicoque située au 46. degré de latitude, elle n’est fortifiée ni de pieux ni de pierre. »
-
[10]
Voir Lahontan, Oeuvres complètes, ouvr. cité, t. I, p. 281 : « Cette petite Ville est ouverte, sans aucune fortification de pieux ni de pierre. Il seroit aisé d’en faire un poste imprenable par l’avantage de sa situation ».
-
[11]
Lahontan, « Abregé instructif des affaires du Canada qui joint à la carte de ce païs là pourra donner une idée facile de l’estat où il se trouve à présent », dans Oeuvres complètes, ouvr. cité, t. II, p. 1030.
-
[12]
Louis Hennepin, Nouvelle Decouverte d’un tres grand pays Situé dans l’Amerique entre le Nouveau Mexique, et La Mer Glaciale, Utrecht, Guillaume Broedelet, 1697, p. 57.
-
[13]
Louis Hennepin, Nouvelle Decouverte, ouvr. cité, p. 56-57. Claude Le Beau fera écho à cette origine prétendument hispanique du toponyme : « [L]a Partie Septentrionale de la Nouvelle France, tire son nom de ce que les Espagnols ayant reconnu les premiers ses Côtes et ses Montagnes, qu’ils virent couvertes de neiges, les abandonnèrent en les nommant : Capo di Nado, c’est à dire, Cap de rien, d’où est venu par corruption le nom de Canada » (Avantures du Sr. C. Le Beau […] ou, Voyage curieux et nouveau, parmi les sauvages de l’Amérique Septentrionale, Amsterdam, Herman Uytwerf, t. I, p. 80. Désormais, les références à cet ouvrage seront indiquées par le sigle Av, suivi du tome et de la page, et placées entre parenthèses dans le corps du texte). Sur ce passage, voir Andréanne Vallée, dans Claude Le Beau, « Édition critique des Avantures du Sieur Claude Le Beau. Voyage curieux et nouveau parmi les Sauvages de l’Amérique septentrionale », thèse de doctorat, Ottawa, Université d’Ottawa, 2008, p. 125, n. 51.
-
[14]
Le jésuite Charlevoix résume ainsi les griefs des bailleurs de fonds : « Le Canada n’enrichit point la France : c’est une plainte aussi ancienne que la colonie » (François-Xavier de Charlevoix, Journal d’un voyage fait par ordre du roi dans l’Amérique septentrionale, éd. Pierre Berthiaume, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Bibliothèque du Nouveau Monde », 1994, t. I, p. 242).
-
[15]
Louis Hennepin, « Au Roy », dans Description de la Louisiane, Paris, Veuve Sébastien Huré, 1683, n. p.
-
[16]
Diéreville, Relation du Voyage du Port Royal de l’Acadie, ou de la Nouvelle France suivie de Poésies diverses, éd. Normand Doiron, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Bibliothèque du Nouveau Monde », 1997, p. 169.
-
[17]
Diéreville, « A Monsieur Bégon », dans Relation, ouvr. cité, p. 147.
-
[18]
Bacqueville de La Potherie abonde dans le même sens quand il écrit : « ce Voyage-là ne se fait qu’avec des peines extrêmes, des travaux et des fatigues presque insurmontables » (Histoire de l’Amérique septentrionale, Paris, Jean-Luc Nion et François Didot, 1722, Livre I, t. I, VIIIe lettre, p. 196).
-
[19]
Jacques Cartier, « Première relation », dans Relations, éd. Michel Bideaux, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Bibliothèque du Nouveau Monde », 1986, p. 121.
-
[20]
Jacques Cartier, « Première relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 109.
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[21]
Jacques Cartier, « Première relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 101. Michel Bideaux observe à juste titre que la vision du pays, chez le pilote malouin, est duelle : « Cartier a vu deux pays complètement différents dans l’est du Canada. Le premier, la Basse-Côte-Nord, rébarbatif et l’autre, plus au sud, composé du littoral de la baie des Chaleurs, de l’île du Prince-Édouard et des îles de la Madeleine, qui le ravit » (« Introduction », dans Jacques Cartier, Relations, ouvr. cité, p. 74). Les pays qui le charment sont des terres planes, dénuées de relief mais agrémentées de forêts, semblables au paysage de « l’ouest de la France », fait encore remarquer Michel Bideaux (« Introduction », dans Jacques Cartier, Relations, ouvr. cité, p. 75). Mais si les plaines le séduisent autant, c’est peut-être aussi parce qu’elles permettent de porter les yeux plus loin à l’horizon.
-
[22]
Cette préférence pour les îles s’observe nettement dans son exploration de la côte terre-neuvienne : « [nous] fysmes la routte sur le su pour avoir la congnoissance de la terre que nous y voyons [aparaisante] à deux isles mais quant nous fumes au mytan de la baye ou environ nous congneumes que s’était terre ferme » (Jacques Cartier, « Première relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 101-102).
-
[23]
Samuel de Champlain, « Des Sauvages », dans Oeuvres de Champlain, éd. C.-H. Laverdière, Québec, G.-E. Desbarats, 1870, vol. 1, t. II, p. 20 ; réimpression avec une présentation de G.-É. Giguère, Montréal, Éditions du Jour, 1973.
-
[24]
Samuel de Champlain, « Des Sauvages », ouvr. cité, vol. 1, t. II, p. 55.
-
[25]
Samuel de Champlain, « Des Sauvages », ouvr. cité, vol. 1, t. II, p. 53.
-
[26]
Samuel de Champlain, « Troisième voyage », dans Oeuvres de Champlain, ouvr. cité, vol. 1, t. III, p. 30-31.
-
[27]
Chrestien Leclercq, Nouvelle Relation de la Gaspesie, éd. critique sous la direction de Réal Ouellet, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. « Bibliothèque du Nouveau Monde », 1999, p. 206. Désormais, les références à cet ouvrage seront indiquées par le sigle NRG, suivi de la page, et placées entre parenthèses dans le corps du texte.
-
[28]
Bacqueville de La Potherie, « Avertissement », dans Histoire, ouvr. cité, livre I, t. I, n. p.
-
[29]
Bacqueville de La Potherie, « Avertissement », dans Histoire, ouvr. cité, livre I, t. I, n. p.
-
[30]
Pierre Biard, « Avant-propos », dans Relation de la Nouvelle France, de ses terres, naturel [sic] du Païs, et de ses habitans, item. Du voyage des Peres Jesuites ausdictes contrées, et de ce qu’ils y ont faict jusques à leur prinse par les Anglois, Lyon, Louys Muguet, 1616, n. p. Jacques Cartier avait utilisé le même argument : « [E]n la presente navigation faicte par votre royal commandement en la descouverture des terres occidentales estantes soubz les climatz et paralleles de vos pays et Royaumes non auparavant à vous ny à nous congnues » (« Au Roy très chrétien », « Deuxième relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 127).
-
[31]
Pierre Biard, « Avant-propos », dans Relation, ouvr. cité, n. p.
-
[32]
Giovanni da Verrazano, « Relation du voyage de la Dauphine à François Ier », dans Voyages au Canada, avec les relations des voyages en Amérique de Gonneville, Verrazano et Roberval, éd. Charles-André Julien, René Herval et Théodore Beauchesne, Paris, François Maspero, coll. « La Découverte », 1982.
-
[33]
Giovanni da Verrazano, « Relation du voyage de la Dauphine à François Ier », dans Voyages, ouvr. cité, p. 82. Sur la carte esquissée par son frère, on peut reconnaître encore les noms de Dieppe et de Honfleur : voir Giovanni da Verrazano, « Relation du voyage de la Dauphine à François Ier », dans Voyages, ouvr. cité, p. 75, n. 6, et Marcel Trudel, Histoire de la Nouvelle-France, t. I : Les vaines tentatives, 1524-1603, ouvr. cité, p. 43-46.
-
[34]
Giovanni da Verrazano, « Relation du voyage de la Dauphine à François Ier », dans Voyages, ouvr. cité, p. 82. Raymonde Litalien remarque, chez Verrazano, une prédilection pour les toponymes féminins (Les explorateurs de l’Amérique du Nord 1492-1795, Québec, Éditions du Septentrion, 1993, p. 62).
-
[35]
Jacques Cartier, « Première relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 105.
-
[36]
Jacques Cartier, « Première relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 106.
-
[37]
Jacques Cartier, « Première relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 107.
-
[38]
Présent sur la carte de Wytfliet, « Nova Francia et Canada », le toponyme était utilisé par Jacques Cartier, « Première relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 101. Voir infra la figure no 1 en annexe à l’étude d’Isabelle Lachance.
-
[39]
Jacques Cartier, « Deuxième relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 140. Le toponyme revient sous la plume de Samuel de Champlain pour baptiser une île située dans la baie de Saco ou Chouacouet : « Cependant le sieur de Mons fut visiter une isle, qui est fort belle de ce qu’elle contient, y ayant de beaux chesnes et noyers, la terre deffrichée et forces vignes, qui aportent de beaux raisins en leurs saisons » (Oeuvres de Champlain, ouvr. cité, vol. 1, t. III, p. 52).
-
[40]
Voir Jacques Cartier, « Première relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 113 : « Leur terre est en challeur plus temperee que la terre d’Espaigne, et la plus belle qui soict possible de voir, et aussi eunye que ung estanc. […] y a force belles prairies et bonnes herbes et estancq où il luy a force saulmons. […] Nous nonmames ladite baye la baye de Chaleur ». Lescarbot ne manquera pas plus tard de ridiculiser la comparaison des plus farfelues du Malouin : « Jacques Quartier dit qu’il fait plus chaut qu’en Hespagne : En quoy je ne le croiray volontiers jusques à ce qu’il y ait fait un autre voyage, attendu le climat » (Histoire de la Nouvelle France, Paris, Adrian Perier, 1618, livre III, p. 7). Mais Jean Alfonce abondera un peu dans le même sens quand il écrira de l’île Saint-Jean : « Ceste Isle est bonne terre, et y ha de bonnes rivières, des arbres comme en Hespagne, la terre y est quasi a mesme hauteur » (Les voyages aventureux du capitaine Jan Alfonce Saintongeois, Poitiers, Jean de Marneuf, 1559, p. 28).
-
[41]
Jacques Cartier, « Première relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 110.
-
[42]
Le document, resté longtemps manuscrit, fut publié dans le Bulletin des recherches historiques, vol. 38, 1932, p. 475-497 ; p. 477 pour la citation. L’auteur conclut que « la Tartarie touche à l’Amérique » (p. 484) et esquisse différentes routes pour atteindre cette mer de l’Ouest (p. 490-491). Voir encore à ce propos les remarques de Pierre Berthiaume, « Introduction », dans François-Xavier de Charlevoix, Journal, ouvr. cité, t. I, p. 18 et celles de Nelson-Martin Dawson et Charles Vincent, L’atelier Delisle. L’Amérique du Nord sur la table à dessin, Québec, Éditions du Septentrion, 2000, p. 110. Ce même auteur note que le Mémoire était, à l’origine, suivi d’un autre texte sur « [l]’honneur et les avantages qui reviendront au Roi, à l’État, à la Nation et à la Religion et Prise de possession de la Mer de l’Ouest et de la Bourbonnie » (L’atelier Delisle, ouvr. cité, p. 131).
-
[43]
L’expression est utilisée par le jésuite Claude d’Ablon, qui la situe vaguement à l’ouest du Mississipi (Relation de ce qui s’est passé de plus remarquable aux missions des peres de la Compagnie de Jesus en la Nouvelle France, ès années 1670. et 1671., dans les Relations, ouvr. cité, t. VI, p. 24).
-
[44]
Sur cette recherche, voir Pierre Berthiaume, « Introduction », dans François-Xavier de Charlevoix, Journal, ouvr. cité, t. I, p. 7-26 ; les remarques de Raymonde Litalien, Les explorateurs, ouvr. cité, p. 194-201 ; celles de Nelson-Martin Dawson, L’atelier Delisle, ouvr. cité, p. 125-133.
-
[45]
Giovanni da Verrazano, « Relation du voyage de la Dauphine à François Ier », dans Voyages, ouvr. cité, p. 78. Michel Mollat du Jourdain donne une traduction quelque peu différente du même passage : « Nous pensions qu’elles [les forêts] se rattachent à l’Orient du fait de la circonférence terrestre ; elles ne sont pas dépourvues de drogueries et liqueurs aromatiques, de même que d’autres richesses : l’or dont le sol emprunte la couleur » (« La relation du voyage de la “Dauphine” (1524) », dans Giovanni et Girolamo Verrazano, navigateurs de François Ier, éd. Michel Mollat du Jourdain et Jacques Hapert, Paris, Imprimerie nationale, coll. « Voyages et découvertes », 1982, p. 17).
-
[46]
Giovanni da Verrazano, « Relation du voyage de la Dauphine à François Ier », dans Jacques Cartier, Voyages, ouvr. cité, p. 82.
-
[47]
Jacques Cartier, « Troisième relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 199.
-
[48]
Jean Alfonce, « Cosmographie », dans Jacques Cartier, Relations, ouvr. cité, Appendice I, p. 220.
-
[49]
Jean Alfonce, « Cosmographie », dans Jacques Cartier, Relations, ouvr. cité, Appendice I, p. 221.
-
[50]
Jacques Cartier, « Première relation », dans Relations, ouvr. cité, p. 176-177.
-
[51]
Samuel de Champlain, « Des Sauvages », dans Oeuvres de Champlain, ouvr. cité, t. II, p. 62.
-
[52]
Alain Beaulieu et Réal Ouellet, « Introduction », dans Samuel de Champlain, Des Sauvages, éd. Alain Beaulieu et Réal Ouellet, Montréal, Typo, 1993, p. 57-58.
-
[53]
Samuel de Champlain, « Second voyage du sieur de Champlain fait en la Nouvelle France en l’année 1610 », dans Oeuvres de Champlain, ouvr. cité, vol. 1, t. III, p. 226-229.
-
[54]
François-Xavier de Charlevoix, Journal, ouvr. cité, lettre XI, t. I, p. 423.
-
[55]
François-Xavier de Charlevoix, Journal, ouvr. cité, t. II, Appendice XI, p. 984.
-
[56]
François-Xavier de Charlevoix, Journal, ouvr. cité, t. II, Appendice XI, p. 984.
-
[57]
On peut observer avec Réal Ouellet que l’Amérindien n’affleure au premier abord, dans la relation du premier voyage de Jacques Cartier, que comme un « simple détail géographique » (« Gestualité et perception de l’autre dans les Relations de Cartier », dans Jaap Lintvelt, Réal Ouellet et Hubert Hermans (sous la dir. de), Culture et colonisation en Amérique du Nord : Canada, États-Unis, Mexique, Québec, Éditions du Septentrion, 1994, p. 28.
-
[58]
Samuel de Champlain, « Quatrième voyage », dans Oeuvres de Champlain, ouvr. cité, p. 318.
-
[59]
Samuel de Champlain, « Quatrième voyage », dans Oeuvres de Champlain, ouvr. cité, p. 318.
-
[60]
Samuel de Champlain, « Quatrième voyage », dans Oeuvres de Champlain, ouvr. cité, p. 318.
-
[61]
Samuel de Champlain, « Quatrième voyage », dans Oeuvres de Champlain, ouvr. cité, p. 319.
-
[62]
Dans son Histoire de la Nouvelle France, Lescarbot dresse un véritable réquisitoire contre les conquistadores sanguinaires : si l’Espagnol a « ravi » aux Français la « palme de la navigation », concède le Vervinois, sa cruauté « souille sa gloire » (« A la France », dans Histoire de la Nouvelle-France, ouvr. cité, p. 16). Voir à ce sujet mon étude « Le rêve colonial français de La Popelinière à Marc Lescarbot », dans Justin K. Bisanswa et Michel Tétu (sous la dir. de), Francophonie en Amérique. Quatre siècles d’échanges Europe-Afrique-Amérique, Québec, Cidef-AFI, 2005, p. 71-79.
-
[63]
Voir, dans ce dossier, mon étude « Nouvelle-France ou France nouvelle : les anamorphoses du désir », p. 37-55.
-
[64]
À ce sujet, voir la dissertation préliminaire sur l’origine des Amérindiens, dans François-Xavier de Charlevoix, Journal, ouvr. cité, t. I, p. 109. Selon Pierre Berthiaume (« Introduction », dans Journal, ouvr. cité, t. I, p. 56-57), il est question des navigations des peuples de la Gaule en Amérique chez Guillaume Postel, Cosmographiae Disciplinae Compendium, Bâle, Jean Oporin, 1561.
-
[65]
[Exupère Dethunes], Histoire chronologique de la Nouvelle-France ; ou Canada depuis sa découverte en 1504 jusqu’en 1632, éd. Eugène Réveillaud, Paris, G. Fischbacher, Grassart, 1888, p. 30.
-
[66]
Bacqueville de La Potherie, « A Monseigneur le Duc d’Orléans régent du Royaume », Histoire, ouvr. cité, t. I, n. p.
-
[67]
Gilles Thérien, « Des écrits de la Nouvelle-France à la littérature québécoise », La licorne, vol. 27, 1993, p. 40.
-
[68]
Sur l’idéalisation de cette époque primordiale dans les textes de cette période, on lira encore les remarques de Maurice Lemire, Formation de l’imaginaire littéraire au Québec 1764-1867, Montréal, l’Hexagone, 1993, p. 37-40.
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[69]
L’expression est de Maurice Lemire, Formation, ouvr. cité, p. 147.