Abstracts
Résumé
Cet article propose l’édition de 16 lettres qu’échangèrent le R.P. Émile Legault, c.s.c., et Henri Brochet, entre le 31 janvier 1938 et le 4 mai 1946. Ces lettres nous fournissent des renseignements intéressants sur le séjour d’Émile Legault en France, au lendemain de la visite de Henri Ghéon à Montréal, et sur les débuts des Compagnons de Saint-Laurent [2]. Auteur prolifique de pièces de théâtre chrétien, acteur, metteur en scène, directeur des Compagnons de Jeux — dont s’inspirent les Compagnons de Saint-Laurent —, et ami de Henri Ghéon, Henri Brochet était aussi le fondateur de la revue Jeux, Tréteaux et Personnages, dont le premier numéro parut le 15 octobre 1930 et qu’il dirigea jusqu’à la fin.
Abstract
This article proposes the edition of 16 letters exchanged between Father Émile Legault, CSC, and Henri Brochet from January 31, 1938 to May 4, 1946. These letters offer interesting details on Émile Legault’s sojourn in France following the visit of Henri Ghéon to Montreal and on the beginnings of the Compagnons de Saint-Laurent. A prolific author of Christian plays, an actor, producer and director of the Compagnons de Jeux—which inspired the Compagnons de Saint-Laurent—and a friend of Henri Ghéon, Henri Brochet was also the founder of the journal Jeux, Tréteaux et Personnages, the first issue of which was published October 15, 1930 and which he edited until his death.
Article body
Henri Brochet (1898-1952) : ce nom, sans doute peu connu de nos jours tant en France [3] qu’au Québec, était pourtant devenu familier, encore qu’à un moindre degré que celui de Henri Ghéon (1875-1944), à ceux qui, au cours des années 1930 et 1940, appelaient de leurs voeux l’avènement d’un théâtre chrétien au Canada français — ainsi qu’on disait alors. « Comme on le sait, Monsieur Henri Brochet, ainsi que Monsieur Henri Ghéon, sont deux maîtres incontestés du théâtre catholique à notre époque », affirme déjà un rhétoricien dans l’Annuaire du Collège Séraphique pour l’année scolaire 1929-1930 [4]. Dès décembre 1924, Gaillard de Champris, dans un article sur le renouveau du théâtre chrétien [5], avait associé le nom de Brochet à celui de Ghéon, dont celui-là se reconnaissait le disciple. Ce n’est toutefois, à notre connaissance, que le 1er mai 1928 qu’une pièce de Henri Brochet fut représentée pour la première fois sur une scène québécoise. Ce jour-là, en hommage au R.P. Supérieur, les élèves de quatrième année du Collège Bourget, à Rigaud, interprétèrent Les trois pains dans la main du bon Dieu. Le 10 février 1930, c’est Saint Félix et ses pommes de terre qu’on met en scène au Collège Bourget et qu’on y reprendra le 24 février 1936 ; les 17 et 21 décembre 1934, Saint Ours et le cheval Pie est offert aux élèves du Collège Brébeuf ; deux ans plus tard, ceux du Collège Saint-Laurent assistent à une représentation des Matines de saint Joseph, alors que Oui, Monsieur pour l’amour de Dieu retient l’attention des juvénistes de Saint-Jean Berchmans, à Québec, le 11 mars 1937.
Notons encore que le frère Denis Périgord prit soin de faire tenir son article sur « Le mouvement actuel du théâtre religieux [6] » à Henri Brochet et qu’il s’est réjoui que ce dernier, après l’avoir lu, lui ait répondu pour apporter quelques précisions [7]. C’est aussi à Brochet que le R.P. Eugène Poirier, s.j., peu avant de publier son article sur « Henri Ghéon au Canada [8] », transmet une « classification chronologique » des oeuvres de Ghéon en le priant de bien vouloir la lui soumettre pour que ce dernier la corrige et la complète : « Du Canada reçu récemment des notes et croquis à propos de la représentation de votre St-Thomas », marque Brochet à l’intention de son ami en l’informant de la demande de son correspondant [9].
Certes, cinq pièces et quelques mentions en dix ans — et même si l’on tient compte du fait que notre inventaire est loin d’être exhaustif —, c’est peu. Il n’en reste pas moins que le nom de Brochet était suffisamment connu en 1936 pour qu’à l’instar du R. P. Poirier, le jeune Jean-Marie Parent, alors élève au Séminaire de Sainte-Croix, ait recours à lui pour acheminer une lettre à Henri Ghéon [10]. Brochet transmit à son ami « cette lettre d’un jeune, candide et touchant Canadien [11] », sans se douter qu’il initiait ainsi un échange qui allait conduire à la venue de Ghéon au Canada. C’est, en effet, par l’intermédiaire de Jean-Marie Parent que le R. P. Émile Legault (1906-1983), c.s.c., apprit que Ghéon était disposé à écrire une pièce sur saint Laurent et à venir la mettre en scène à Ville Saint-Laurent. Émile Legault accepta les conditions de Ghéon avec enthousiasme et le lui laissa savoir lui-même le 4 janvier 1938. Après avoir abordé la question du cachet (8 000 francs, plus les frais de voyage) et apporté quelques précisions quant au spectacle qu’il envisageait, Legault qui, peu auparavant, avait décidé de former avec Roger Varin la troupe des Compagnons de Saint-Laurent [12] se permit de solliciter l’aide de celui dont il affirmait vouloir poursuivre l’oeuvre au Canada :
Mais il va falloir m’aider. Je suis le directeur des Compagnons. Il paraît que j’ai quelque talent pour cela. Encore un coup, c’est le bon Dieu qui dispense ces choses. Mais je n’ai pas d’école. Il va falloir me fournir une bibliographie sur la technique du théâtre, sur les principes qui vous ont amené à révolutionner le répertoire traditionnel, etc…
Nous adoptons le règlement des Compagnons de Notre-Dame [13]. Vous êtes de ce fait compromis ; nous avons le droit de nous considérer comme vos fils spirituels. Et vous ne pouvez récuser une paternité que vous avez souhaitée peut-être, avec toutes ses exigences. Je devine que vous êtes débordé. Mais vous savez que ce sont les débordés à qui on demande toujours davantage.
Je voudrais aussi constituer pour les Compagnons une bibliothèque aussi complète que possible du répertoire auquel vous avez donné naissance. Je n’ai actuellement que vos deux volumes de Jeux et Miracles pour le peuple fidèle, plus quelques volumes isolés. Serez-vous assez gentil pour ré[u]nir à mon intention tout ce que vous pourrez de vous, de Brochet, etc. J’aimerais avoir aussi le Mystère de sainte Colombe de Dubosq. Envoyez-moi tout ce que vous pourrez, par l’intermédiaire de votre libraire. Je paierai sur réception du colis. Mais, je vous en prie, faites diligence. Je voudrais bien aussi posséder la collection complète de Jeux et Tréteaux, avec un abonnement régulier à dater de maintenant. C’est encore un service que je réclame de vous. Vous direz à l’Administrateur de la Revue de m’envoyer la note qui ne devra pas être trop salée. Pensez à l’indigent budget d’une troupe qui débute […] [14].
Henri Ghéon s’empressa de faire part de cette demande à son ami Brochet. Constamment en quête de nouveaux abonnés pour sa revue, dont il avait peine à assurer la survie, Henri Brochet expédie aussitôt les volumes demandés et adresse sa première lettre à Émile Legault (lettre 1, reproduite à la suite de cet article). Ce dernier en accusa-t-il réception en réglant sa facture ? C’est probable, encore que nous n’ayons trouvé aucune trace de cette réponse. Quoi qu’il en soit, il faudra attendre une dizaine de mois, semble-t-il, pour qu’une véritable correspondance s’établisse entre les deux hommes. Entre temps, c’est le R. P. Poirier qui, en lui envoyant des coupures de journaux, informe Brochet du « bon début » du séjour de Ghéon au Canada [15]. Venu y créer, le 10 août 1938, son Saint-Laurent du Fleuve, Ghéon séjourne plus de deux mois au Collège de Saint-Laurent, ce qui fournit à Legault l’occasion de le côtoyer presque tous les jours. Un lien d’amitié se tissa entre les deux hommes. Aussi, peu après que Legault eut obtenu une bourse d’études du gouvernement provincial lui permettant d’aller se perfectionner en Europe, n’est-il pas étonnant de lire, dans un numéro de la Jeunesse étudiante catholique, revue que Legault avait lui-même lancée en 1935 : « Ghéon consent à se faire le pilote du Père et à l’introduire dans tous les grands centres de théâtre chrétien en France, en Angleterre et dans les autres pays d’Europe [16]. »
Ce n’est pas Ghéon, pourtant, qui annonça à Brochet la présence du père Legault en France. La nouvelle lui était peut-être parvenue du Canada, en même temps qu’on lui avait fait tenir le numéro de Mes fiches consacré à Ghéon [17] et publié chez Fides, la maison d’édition des Pères de Sainte-Croix. Toujours est-il qu’il écrit à Ghéon, le 29 octobre 1938 : « Je savais que le Père Legault est en France. Où est-il ? Sans doute me mettra-t-il un mot ? Si vous savez où il est possible de le joindre, dites-le moi. […] À propos du Canada, j’ai reçu ces derniers temps plusieurs abonnements par l’intermédiaire de Mes Fiches et du fascicule qu’elles vous ont consacré [18]. » Point ne lui fut nécessaire, cependant, d’attendre la réponse de Ghéon [19] car, heureuse coïncidence, une lettre de Legault lui apportait, le lendemain, les renseignements demandés (lettre 2). À cette lettre, Henri Brochet répondit sur le champ, peut-on supposer — télégramme ou téléphone ? — car, dès le jour suivant l’envoi de sa lettre, Legault annonçait son arrivée à Auxerre (lettre 3).
Dans son agenda, Henri Brochet note, en date du 1er novembre 1938 : « Déjeuner chez nous. (20 pers.) PP. Legault [et] Lamarche viennent. Farce. Dîner maman. Très bonne journée — les PP. Legault, Lamarche repartent [20]. »
Il y avait là, se souviendra le R. P. Antonin Lamarche, c.s.v., outre MM. Py et Brochet, le compositeur Paul Berthier, notre ami Pierre Delbos et Monsieur Henri Rivière dont nous venions d’applaudir la souple adaptation d’une impayable « farce » du Moyen Âge. Au cours du dîner et de la soirée, ces messieurs causèrent naturellement de leurs plus récentes réalisations, dans les domaines respectifs où ils poursuivent le même idéal de Beauté. Or, je fus des plus surpris en constatant la rude liberté des jugements qu’ils échangeaient, le franc-parler qui caractérisait leurs propos. À certain moment, la discussion devint si animée que je crus pour de bon que « ça allait tourner mal » ! Mais, ma petite psychologie se trouve, fort heureusement, prise en défaut : j’avais eu le tort de tabler sur le genre « proche de ses pièces », sur la mentalité « ne me touchez pas » qui sévit chez nous, à l’état aigu [21].
Encore sous le charme de cette rencontre, Legault, avant même de remercier celui qu’il considère d’ores et déjà comme un « ami » (lettre 4), confiera à Ghéon quelques jours plus tard :
J’ai rencontré à la Toussaint les Compagnons de Jeux. Brochet m’avait envoyé, à la suite d’une lettre de moi, une invitation fort aimable à leur spectacle d’Auxerre.
Réception on ne peut plus cordiale. Brochet est assurément un type charmant, plein de coeur, avec une simplicité facile dans les relations. Sa tête me va tout plein [22].
Les deux hommes se revoient à Paris, le 11 novembre 1938, en compagnie de « divers Canadiens [23] ». C’est lors de cette rencontre, semble-t-il, qu’Émile Legault laissa entrevoir à Henri Brochet la possibilité de le faire venir à Montréal pour y travailler pendant quelque temps avec les Compagnons de Saint-Laurent. « Ravi de vos rapports avec le P. Legault… et de ses projets ! », répond Ghéon à son ami auxerrois [24], peu après que ce dernier lui eut fait part de ses entretiens avec Legault.
On peut supposer qu’il a été de nouveau question de ces projets, sinon le jour même où, à Paris, les pères Legault et Lamarche tirèrent les rois avec les Compagnons de Jeux [25], du moins le 24 janvier 1939, alors que, invité une seconde fois à Auxerre, Legault put s’entretenir à loisir avec son hôte [26] (lettre 5). C’est vraisemblablement à cette occasion, ou peu de temps après, que Brochet, désireux sans doute d’obliger le directeur des Compagnons de Saint-Laurent, ébaucha une enseigne à leur intention (lettres 6 et 7). Il voulut encore faire plaisir à son ami canadien en l’invitant à une représentation du Chemin de la Croix et des Disciples d’Emmaüs, le 13 mars 1939, et en lui offrant un « portrait à la gouache » en guise de souvenir. Legault, qui se préparait à prendre le chemin du retour la semaine suivante, l’en remercia aussitôt. Comme pour confirmer qu’il n’était point homme à se dédire, il confia à Brochet qu’il avait rencontré le comte de Fleury aux Affaires étrangères : « C’est un homme qui pourra servir nos intérêts quand nous méditerons d’appeler nos amis au Canada. Je lui écris précisément nos intentions » (lettre 7).
Quelles étaient exactement ces intentions ? Nous l’ignorons, mais il est facile de supposer qu’elles s’apparentaient à celles dont fait état la lettre du 6 juillet 1939 (lettre 8). Henri Brochet n’hésita guère ou bien peu ; par retour du courrier, il accepta l’invitation de Legault et lui suggéra nombre de rôles qu’il était disposé à interpréter (lettre 9). Preuve supplémentaire de l’intérêt qu’il attachait à ce projet, il envoya Le mystère du coeur serti d’épines au directeur des Compagnons de Saint-Laurent, deux jours plus tard, dans l’espoir, bien sûr, de l’encourager ainsi à monter cette pièce à Montréal (lettre 10). La guerre, toutefois, força Legault à modifier ses plans, ainsi qu’il l’explique à son ami auxerrois dans une lettre que nous n’avons pas retrouvée, mais dont Henri Brochet cite un fragment :
P. S. Une longue lettre du P. Legault : lui, prépare à Montréal de grandioses représentations du Mystère de la Messe : « J’avais amorcé des démarches pour vous avoir, en dépit des difficultés présentes, — S.G. [Sa Grandeur] Mgr Deschamps, auxiliaire de Montréal, m’a dissuadé d’insister alléguant que les événements d’Europe constituaient un obstacle inéluctable ou presque. » Il me charge de ses meilleurs souvenirs pour les Compagnons [27].
Après un silence long de cinq ans, Henri Brochet sera le premier à donner signe de vie (lettre 11). Chose étonnante, Legault ne paraît pas avoir répondu à cette carte qu’il publia, cependant, dans Les Cahiers des Compagnons [28], en la qualifiant de « carte émouvante dans sa sobriété obligée ». Huit mois plus tard, dans une lettre de huit pages, Brochet, après avoir donné de ses nouvelles, lançait un pressant appel à l’aide : « Nous aurons fort à faire pour que Ghéon soit reconnu ici pour l’un des maîtres du théâtre contemporain. Unissez-vous à nous. Et il faudra que Jeux, Tréteaux et Personnages […] trouve au Canada de nouveaux lecteurs et amis : je compte sur vous, mon cher père » (lettre 12).
De plus en plus accaparé par ses multiples tâches et, notamment, par la préparation de la « première saison officielle » des Compagnons de Saint-Laurent, Legault met plusieurs mois à répondre à celui que, dans les toutes premières pages des Cahiers des Compagnons, il avait reconnu au nombre de ses maîtres, au même titre que Jacques Copeau, « le plus grand de tous, […] Chancerel, Stanislavsky et Ghéon [29] ». Dans l’intervalle, Henri Rivière avait aussi repris contact avec lui, ainsi qu’il nous l’apprend dans une lettre inédite adressée à Brochet et datée du 10 décembre 1945 :
À propos du Canada, je pense sérieusement à aller y travailler et j’ai écrit au P. Legault pour lui en faire part. (J’ai fait l’hypothèse qu’il pouvait avoir des relations dans divers milieux mêmes [sic] très éloignés de ses préoccupations habituelles). Il s’agit d’un avant[-]projet bien nébuleux aussi il n’est pas temps que vous trembliez pour les Cdj [30] (lesquels d’ailleurs renaîtraient aussitôt là-bas, avec le même nom), mais je rêve d’un pays où un ingénieur gagnerait autant qu’une ouvreuse de cinéma ou qu’un garçon de café et où il serait doté de moyens de travail dignes de ses capacités.
Si nébuleux fût-il, pareil projet de faire renaître les Compagnons de Jeux au Canada n’était sûrement pas de nature à sourire à Legault, à supposer que Rivière le lui ait aussi laissé entrevoir. Mieux valait sans doute faire en sorte que les Compagnons de Jeux continuent à exercer leur action en France !
Le 22 janvier 1946, quoi qu’il en soit, Émile Legault répond à Henri Brochet. Il lui brosse alors un tableau des activités des Compagnons de Saint-Laurent qui ne laisse aucun doute quant à leur essor et précise même qu’ils sont en voie de devenir une troupe permanente. Et de lui promettre l’appui total des Compagnons de Saint-Laurent : « Le Secrétariat des Compagnons, explique-t-il, se chargera de grouper les abonnements et de vous les transmettre ; j’ai confiance que vous aurez bon nombre de lecteurs au Canada où vous êtes de plus en plus connu » (lettre 13). Promesse aussitôt tenue. Dès le mois suivant, des « notes brèves » apprenaient aux lecteurs des Cahiers des Compagnons qu’une Association des Amis de Henri Ghéon avait été fondée [31] et que Henri Brochet avait repris la publication de Jeux, Tréteaux et Personnages : « Il faut aider Brochet, ajoutait-on, parce que ses cahiers doivent vivre et se développer. Qu’on nous envoie des abonnements ». Un article de Michel Florisoone [32], l’un des Compagnons de Jeux, était au sommaire de ce même numéro.
« Si vous aviez dans vos rayons quelque chose de vous dont vous seriez disposés [sic] à vous départir et qui plairait au Canada, vous nous obligeriez également en nous en envoyant une copie », demande Legault dans sa lettre du 22 janvier 1946. Brochet s’empresse de lui faire plusieurs suggestions (lettre 14) ; il n’en retiendra aucune. À vrai dire, s’il avait une très grande estime pour l’homme, l’animateur et l’artiste qu’était Henri Brochet, Legault en avait sans doute moins pour son oeuvre qui convenait davantage à la scène des collèges et des patronages qu’à celle sur laquelle les Compagnons de Saint-Laurent entendaient dorénavant se manifester. Du reste, Legault avait prévenu son ami : « Je dois vous dire que nous ne nous cantonnons pas exclusivement dans le répertoire strictement chrétien » (lettre 13).
Quant à l’invitation d’avant-guerre, il n’en fut plus question. Les Compagnons de Saint-Laurent avaient le vent dans les voiles et Legault avait acquis suffisamment de confiance en sa troupe et en ses moyens pour voler de ses propres ailes. Après avoir fait parvenir à Henri Brochet les photos que celui-ci lui avait demandées (lettre 15), il ne paraît pas s’être manifesté de nouveau — du moins n’avons-nous pas retrouvé de lettre qui indiquerait le contraire. Commencée huit ans plus tôt, cette correspondance semble donc se clore, le 4 mai 1946, sur l’appel réitéré de Henri Brochet, en quête d’abonnements : « Alors, résumons-nous d’un mot : VITE ! VITE ! RÉPONSE ! Que votre affection décide. » Une fois de plus, dans leur avant-dernière livraison, celle de janvier-février 1947, Les Cahiers des Compagnons font la promotion de la revue de Henri Brochet dans une note de « Un Canadien à Paris » de Marcel Raymond : « Jeux, Tréteaux et Personnages devrait avoir de nombreux lecteurs au Canada. On peut s’abonner en s’adressant aux Éditions Fides ($2.25 par année) [33]. »
Il se peut que Legault ait communiqué avec Henri Brochet lorsqu’il retourna en Europe, à l’été 1949, dans l’intention de « créer un échange dramatique franco-canadien ». Cependant, c’est en compagnie de l’acteur britannique Robert Speaight qu’il revint à Montréal pour y monter Meurtre dans la cathédrale de T. S. Eliot [34]. Enfin, chose étrange, il évoquera avec une profonde émotion le souvenir de Henri Ghéon, dans ses Confidences [35], mais il passera sous silence celui de Brochet.
Appendices
Notice biobibliographique
Jacques Cotnam
Professeur de littérature française et québécoise à l’Université York (Toronto) de 1964 à 2003, Jacques Cotnam a publié plusieurs livres sur Gide et sur le théâtre québécois. Son ouvrage le plus récent s’intitule Correspondance André Gide — Pierre de Massot (1923-1950), édition établie et présentée par Jacques Cotnam (Nantes, Centre des études gidiennes, 2001, XXVIII-267 p.). La Correspondance André Gide — Edith Wharton doit paraître sous peu ; en préparation : La réception d’Henri Ghéon et du théâtre chrétien au Québec.
Notes
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[1]
Lire : Révérend Père, (membre de la) congrégation de Sainte-Croix.
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[2]
Nous avons choisi de retenir cette orthographe, qui est celle qu’Émile Legault retient généralement pour nommer sa troupe./We have chosen to retain this spelling, which Émile Legault generally used for his theatre troupe.
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[3]
Fait à noter, Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty et Alain Rey ne le mentionnent pas dans leur Dictionnaire des littératures de langue française, Paris, Bordas, 1984, 3 vol.
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[4]
Eugène Guertin, rhétoricien, « Nos séances collégiales », Annuaire du Collège Séraphique des Révérends Pères franciscains du Canada, Année scolaire 1929-1930, [Trois-Rivières, s. e., 1930], p. 39.
-
[5]
Gaillard de Champris, « Chronique littéraire », Le Canada français, Québec, décembre 1924, p. [247]-259.
-
[6]
Frère Denis Périgord, c.s.v., « Le mouvement actuel du théâtre religieux », Carnets du théologue, juin 1937, p. [66]-73.
-
[7]
Frère Denis Périgord, c.s.v., « Encore le théâtre religieux. Deux précieux encouragements », Carnets du théologue, octobre 1937, p. 111-113.
-
[8]
Eugène Poirier, s. j. [Societas Jesu : jésuite] « Théâtre. Henri Ghéon au Canada », Le Canada français, Québec, juin 1938, p. [1036]-1049.
-
[9]
Lettre manuscrite de Henri Brochet à Henri Ghéon, 4 avril 1938, 2 p. À moins d’avis contraire, toutes les lettres de Ghéon ou à Ghéon que nous citons sont conservées à la Bibliothèque nationale de France. Nous citerons celles qu’il échangea avec Émile Legault et d’autres Québécois dans l’ouvrage que nous avons en chantier sur la « réception de Henri Ghéon au Québec ».
-
[10]
S’étonnant que sa première lettre adressée à « Henri Ghéon, Paris » lui ait été retournée, Jean-Marie Parent écrit à Ghéon, le 27 janvier 1936 : « Hélas ! J’ai une preuve que Paris ne vous connaît pas ; ma lettre m’est revenue avec mot tamponné : “inconnu” ! Quoi ? après 15 ans d’efforts pour la création d’un théâtre chrétien, Paris vous ignore encore ? » (Lettre manuscrite sur papier portant l’en-tête de « La Jeunesse Étudiante Catholique » [JEC], 1 p., Fonds Henri Ghéon, Bibliothèque nationale de France).
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[11]
Lettre manuscrite de Henri Brochet à Henri Ghéon, s. d.
-
[12]
Présentant à ses lecteurs la « troupe récemment formée sous les auspices du Collège de Saint-Laurent », Émile Legault précise : « Les Compagnons de Saint-Laurent, c’est le nom du nouveau groupement, tenteront de prolonger chez nous l’effort admirable accompli en France, d’abord par les Compagnons de Notre-Dame, puis par les Compagnons de Jeux de Brochet, en Belgique par les Compagnons de Saint-Lambert » (Émile Legault, « Les Compagnons de Saint-Laurent », Le Crieur, Ville Saint-Laurent, novembre 1937, p. 6. Ce texte fut repris, sous forme de communiqué, dans Le Devoir, Montréal, 13 novembre 1937, p. 8).
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[13]
En ce qui a trait à l’anonymat des acteurs, notamment.
-
[14]
Lettre dactylographiée d’Émile Legault à Henri Ghéon, 4 janvier 1938, 3 p.
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[15]
Lettre manuscrite de Henri Brochet à Henri Ghéon, 20 août 1938, 4 p.
-
[16]
[Anonyme], « Le Père Legault accompagne M. Ghéon », Jeunesse étudiante catholique, Montréal, septembre 1938, p. 14. Legault quitta le Canada à bord de l’Empress of Australia, le 17 septembre 1938, en compagnie de Ghéon.
-
[17]
Mes fiches, Montréal, 1er septembre 1938, renfermait un article de Brochet sur le « Dixième anniversaire des Compagnons de Notre-Dame ».
-
[18]
Lettre manuscrite, 29 octobre 1938, 2 p.
-
[19]
« [...] Le R. P Legault qui vient de faire un tour en Italie doit être rentré aujourd’hui. […] mais il parlait d’aller immédiatement en Angleterre visiter l’école de Michel St-Denis. En tout cas, prenez contact » (Lettre manuscrite de Henri Ghéon à Henri Brochet, 3 novembre 1938, 1 p., Fonds Ghéon, Bibliothèque nationale de France).
-
[20]
Fonds Henri Brochet. La correspondance et l’agenda que nous citons sont conservés au Fonds Henri Brochet (Bibliothèque municipale d’Auxerre). Nous tenons à remercier Mesdames Duvernier et Michaut qui nous en ont facilité l’accès avec la plus grande gentillesse.
-
[21]
Antonin Lamarche, c.s.v. [clerc de Saint-Viateur], « Aux ateliers de Fernand Py », L’Estudiant, Joliette (Québec), janvier-février 1939, p. 8.
-
[22]
Lettre manuscrite d’Émile Legault à Henri Ghéon, [début novembre 1938], 2 p.
-
[23]
Henri Brochet, Agenda inédit.
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[24]
Lettre de Henri Ghéon à Henri Brochet, 26 novembre 1938.
-
[25]
Antonin Lamarche, c. s. v., « Aux ateliers de Fernand Py », art. cité, p. 8.
-
[26]
Lettre de Henri Brochet à Henri Ghéon, 24 janvier 1939, 1 p.
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[27]
Fragment de la lettre collective no 8 de Henri Brochet aux Compagnons de Jeux, 16 mai 1940. Précisons qu’au début de la guerre, Brochet avait recours à ces « lettres collectives » dactylographiées pour garder contact avec ses Compagnons dispersés. Quelques mois plus tôt, le 7 février 1940 plus exactement, il avait ajouté en post-scriptum : « Je ne parle que pour mémoire des silencieux, M. Martin et le R.P. Legault en particulier. On ne peut tout de même pas souhaiter que la guerre dure sept ans pour avoir de leurs nouvelles » (lettre collective, no 5).
-
[28]
Émile Legault, « Brochet nous écrit », Les Cahiers des Compagnons, Montréal, novembre-décembre 1944, p. 45.
-
[29]
Émile Legault, « Nous ouvrons un chantier », Les Cahiers des Compagnons, Montréal, septembre-octobre 1944, p. 3.
-
[30]
C’est-à-dire les Compagnons de Jeux.
-
[31]
« Nous serions heureux de servir d’intermédiaires, au Canada, entre les amis de Ghéon et le secrétariat parisien de l’Association », précisait-on (« Notes brèves », Les Cahiers des Compagnons, Montréal, janvier-février 1946, p. 24).
-
[32]
Michel Florisoone, « Position du théâtre chrétien », Les Cahiers des Compagnons, Montréal, janvier-février 1946, p. 14-19.
-
[33]
En 1948, Jeux, Tréteaux et Personnages indiquera qu’on peut s’abonner, au Canada, auprès de Benoit Baril, 777, avenue Stuart, Outremont — Montréal 8. Henri Brochet mourra en 1952 et la revue cessera de paraître l’année suivante.
-
[34]
[Anonyme], « Le Père Legault en Europe », Le Devoir, Montréal, 20 juillet 1949, p. 6.
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[35]
Émile Legault, Confidences, Montréal, Fides, 1955.
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[36]
Lettre manuscrite, 31 janvier 1938, 2 p. (d’où, au changement de page, le [2]). Aucune correction à l’orthographe et, toujours entre crochets, quelques virgules ajoutées. Un [sic ?] désigne une lecture incertaine.
-
[37]
Jeux, Tréteaux et Personnages (Auxerre (Yonne), puis Paris) avait commencé à paraître le 15 octobre 1930. La mention du lieu sera omise dans les références ultérieures.
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[38]
Citant vraisemblablement une lettre de Jean-Marie Parent — mais il se pourrait aussi que Legault en fût l’auteur —, Henri Brochet avait déjà annoncé la « création » des Compagnons de Saint-Laurent : « Voici ce qu’on m’écrit de Montréal : “… Je songeais alors (il y a trois ans) à la création d’une troupe de compagnons sur le modèle des Compagnons de Jeux en France. Et aujourd’hui je puis vous annoncer la création en Canada français des “Compagnons de Saint Laurent” dont le but est précisément l’apostolat par le théâtre, et la réalisation ici d’un théâtre chrétien”. Aussi bien notre correspondant souhaite-t-il “établir des relations entre les deux groupes”. Voilà qui est fait » (H. Brochet, « Théâtres. Spectacles et Compagnies. Canada. Les Compagnons de Saint Laurent, de Montréal », Jeux, Tréteaux et Personnages, 15 janvier 1938, p. 20).
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[39]
Lettre manuscrite, [30 octobre 1938], 1 p.
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[40]
De Florence, Legault avait écrit à Ghéon, le 22 octobre 1938, pour lui annoncer qu’il avait l’intention « de rentrer à Paris pour le début de novembre ».
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[41]
C’est-à-dire le dernier dimanche d’octobre, soit le 30 octobre 1938.
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[42]
Ce télégramme, conservé dans le Fonds Henri Brochet (Bibliothèque municipale d’Auxerre), porte le cachet postal d’Auxerre, 31. 10. [19]38.
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[43]
Lettre manuscrite, 8 novembre 1938, 1 p.
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[44]
De son côté, Pierre Delbos avait écrit à Henri Ghéon, deux jours plus tôt :
« Cher Patron,
Le P. Legault a déjà dû vous écrire comment je l’ai rencontré chez Brochet à Auxerre.
Depuis je l’ai revu déjà plusieurs fois. Je l’ai notamment mené voir une répétition du nouveau spectacle de Dullin “La Terre est ronde”. Par la même occasion je l’ai présenté à Dullin avec qui il pourra entrer en rapport si cela l’intéresse. Nous avons rencontré au cours de cette même soirée, Martenot, que le Père Legault doit retourner voir un de ces jours, car il semblait très intéressé par les fameuses ondes.
Je dois également lui faire connaître l’abbé Rodluain [sic ?] et Paul Hibout (de la J. O. C. [Jeunesse ouvrière catholique]) pour avoir des renseignements assez complets sur la manifestation qu’ils avaient organisée au Parc des Princes : “Rebâtir la cité”.
Je pense le conduire aussi chez L. M. T. et chez Jacopozzi afin d’avoir quelques lumières sur les éclairages et quelques tuyeaux [sic] sur la sonorisation. Je me suis permis d’écrire à Suzanne Bing car il avait l’air très désireux de faire sa connaissance.
Enfin j’essaie de lui faire rencontrer le plus de monde possible. Lui-même verra par la suite ce qu’il peut en tirer d’intéressant.
D’autre part, il doit retourner voir Brochet qui le documentera au point de vue répertoire.
Pour ma part, je suis ravi de connaître ce bon Père qui est absolument charmant » (lettre manuscrite, 2 p.).
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[45]
C’est-à-dire à la permanence des Compagnons de Jeux.
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[46]
Neveu de Jacques Copeau, Michel Saint-Denis (1897-1971) assura diverses fonctions au Théâtre du Vieux-Colombier, dont celles de secrétaire général, régisseur et acteur. Il fit partie du groupe des Copiaus et dirigea la Compagnie des Quinze. En 1936, il fonda, à Londres, le London Theatre Studio, où on enseignait l’art dramatique sous ses multiples aspects. C’est à cet endroit que Legault le contacta. Après la Deuxième Guerre mondiale, Michel Saint-Denis fonda l’Old Vic Theatre, qu’il dirigea jusqu’en 1952 ; il prit ensuite la direction du Centre dramatique de l’Est.
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[47]
Lettre manuscrite, s.d., 1 p. Cette lettre sans date nous paraît avoir été écrite entre la visite de Legault à Henri Brochet, le 24 janvier 1939 — ce qui expliquerait la formulation de ses remerciements — et la fin du mois de février, alors qu’il est en route vers la Belgique, d’où il ne reviendra que dans la seconde semaine du mois de mars. Évidemment, il est possible qu’il ait rencontré G. Cohen, à la veille de son départ pour le Canada, mais dans ce cas pourquoi ce « merci tardif » après la lettre du 17 mars 1939, qui déjà exprimait sa reconnaissance ?
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[48]
Soeur de Henri Ghéon, Marie Vangeon avait épousé, le 29 janvier 1901, Albert Macquin, grand viticulteur de la Gironde, de vingt-cinq ans son aîné.
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[49]
Gustave Cohen, médiéviste de grande réputation et fondateur des Théophiliens, groupe théâtral qu’il forma avec des étudiants de la Sorbonne et qui se fit connaître pour son interprétation de pièces médiévales, s’était effectivement converti au catholicisme. Une lettre de Legault à Ghéon, écrite au début de novembre 1938, nous apprend que, peu de temps après son arrivée en France, il avait acheté Le théâtre en France au Moyen Âge de Cohen. Quoi qu’il en soit, la méfiance qu’il confessait à l’endroit du savant professeur fut de courte durée. Gustave Cohen vint à Montréal à quelques reprises en 1942 et y prononça plusieurs conférences. Les Compagnons de Saint-Laurent, pour leur part, représentèrent, du 29 au 31 octobre 1942, Le jeu d’Adam et Ève et Le jeu de Robin et Marion, d’Adam de la Halle, adaptés l’un et l’autre par Gustave Cohen. Le jeu de Robin et Marion a été représenté de nouveau le 22 février 1943. Par ailleurs, Legault lui ouvrit Les Cahiers des Compagnons à deux reprises : « Le théâtre en Sorbonne », Les Cahiers des Compagnons. Bulletin d’art dramatique, Montréal, mars-avril 1945, p. 138-143 ; « Noël et la Nativité du temps jadis », Les Cahiers des Compagnons. Bulletin d’art dramatique, mars-mai 1947, p. 59-67. En mars 1954, L’Oratoire, Montréal, que dirigeait alors Legault, publiera « un témoignage personnel de Gustave Cohen. Comment je suis devenu chrétien », p. 27-28.
-
[50]
Lettre manuscrite, 6 mars 1939, 2 p.
-
[51]
Ordonné en 1932, le R.P Paul-Émile Houle, c.s.c., avait animé la vie théâtrale du Collège Saint-Laurent, alors qu’il y était professeur de versification (1932-1934), puis de rhétorique (1934-1936). Il passa ensuite trois années à Paris, où il poursuivit des études, avant de revenir au Collège de Saint-Laurent pour y occuper les fonctions de préfet des études (1940-1942). Il exercera plus tard ces mêmes fonctions à l’Externat Sainte-Croix (1944-1946), après avoir été à l’Oratoire Saint-Joseph (1942-1944, où il reviendra en 1946-1947). Il se joignit aux Compagnons de Saint-Laurent (1947-1949), puis il retourna au Pavillon Dufresne de l’Externat Sainte-Croix (1950-1953). Il quitta la communauté des Pères de Sainte-Croix en 1964.
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[52]
Extrait du Mystère de l’invention de la croix de Henri Ghéon, Le chemin de la croix fut publié dans La Vie spirituelle, Liège (Belgique), 1er septembre 1932, p. 176-199, avant d’être repris dans Jeux, Tréteaux et Personnages, mai-juin 1947. Le mystère de l’invention de la croix avait été représenté pour la première fois par les moines bénédictins de Tancrémont, les 4, 8 et 11 septembre 1932, et avait paru à Liège, à la Pensée catholique, la même année.
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[53]
Ami de Ghéon depuis 1922, Prosper Thuysbaert avait traduit plusieurs de ses pièces en flamand, dont Le dit de l’homme qui aurait vu saint Nicolas (1923), Le bon voyage ou Le mort à cheval (1924) et Le petit Poucet (1925). Il avait aussi traduit La farce des encore, du vieux flamand, pièce que Ghéon avait ensuite adaptée. Dès le mois de mai 1939, on retrouve l’une de ses oeuvres, Elkerlyc, au nombre de celles qu’annonce la librairie des Compagnons de Saint-Laurent (Jeunesse étudiante catholique, Montréal, mai 1939, p. 11).
-
[54]
Le même jour, Legault écrit à Henri Ghéon : « Le not[aire] Thuysbaert a été tout simplement charmant. Il m’a voituré à Gand, à Malines, à Louvain ; m’a conduit auprès de ce moine égaré dans le monde, Servaes ; m’a obtenu les services d’un guide pour la visite de Bruges. Sans compter la simple et cordiale hospitalité de son bon foyer. Je vous dois toutes ces gâteries ».
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[55]
Le R. P Jozef Boon, c.ss.r. [congrégation du très-Saint Rédempteur : rédemptoriste], qui a beaucoup travaillé à favoriser l’essor du théâtre chrétien en Flandres, a traduit quelques pièces de Ghéon en flamand, dont Les petits clercs de Santarem (1935), Le jeu des merveilles de saint Martin (1943) et Le chemin de la croix (1945).
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[56]
Henri Ghéon, Le mystère du feu vivant sur les apôtres, dans Jeux, Tréteaux et Personnages, 15 juin 1935.
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[57]
Le 27 février 1939, Legault avait demandé à Ghéon : « Dites-moi surtout où a paru le Mystère du feu vivant sur les apôtres. Je songe à le monter à saint Laurent en mai prochain ». Ce qui fut fait : « En témoignage de respectueuse affection pour notre chef, S.S. [Sa Sainteté] Pie XII, les collégiens de Saint-Laurent présentent Le mystère du Feu vivant sur les Apôtres, un grand jeu communautaire où 200 collégiens collaborent pour oeuvrer bellement un peu de beauté », les 20 et 27 mai 1939 (en matinée) et les 24 et 29 mai (en soirée) (Le Laurentien, Ville Saint-Laurent, avril-mai 1939, p. 11).
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[58]
Lettre manuscrite, 17 mars 1939, 2 p.
-
[59]
Henri Brochet, « Les disciples d’Emmaüs, extrait de La Passion d’Arnould Gréban », dans Jeux, Tréteaux et Personnages, 15 mai 1933, p. 122-141.
-
[60]
C’est-à-dire les Compagnons de Jeux, dont la permanence se trouvait rue Dantzig.
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[61]
Ce que Legault lui-même ne fait pourtant pas dans sa lettre. Du reste, l’en-tête du papier à lettre propre aux Compagnons de Saint-Laurent ne respecte point ces exigences.
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[62]
Voir Henri Brochet, « Des disques de Théâtre Chrétien », Nos Spectacles. Revue mensuelle des scènes catholiques, Paris, juin-juillet 1936, p. 20-30.
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[63]
Lettre dactylographiée portant l’en-tête « Les Compagnons de Saint Laurent » ; l’adresse : « Permanence des Compagnons : Auditorium, rue Principale, Ville Saint-Laurent » ; et la devise : « Pour la foi, par l’art et pour l’art, en esprit de foi », 6 juillet 1939, 2 p., 27,5 cm x 21 cm, Fonds Henri Brochet (Bibliothèque municipale d’Auxerre).
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[64]
Voir Henri Ghéon, « Témoignage : À propos de la fête nocturne du Travail au Congrès de la J. O. C. [Jeunesse Ouvrière Catholique] », Nos Spectacles, Paris, août-septembre 1937, p. 6-8 ; Henri Brochet, « Le Congrès de la J. O. C., au Parc des Princes, à Paris », Jeux, Tréteaux et Personnages, 15 novembre 1937, p. 225-226.
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[65]
Henri Ghéon, La farce du pendu dépendu, miracle en trois actes, Paris, Société littéraire de France, 1920 ; Paris, Stock, 1920 ; Paris, Delamain et Boutelleau, 1924 ; Paris, Stock, 1938. Ce même mois, sous le titre : « Tournée de vacances des “Compagnons de saint Laurent” », Jeunesse étudiante catholique (p. 4) fait écho à ce projet :
« La Farce du pendu dépendu[,] 3 actes de Henri Ghéon.
Un spectacle de qualité, une farce qui rejoint, à travers Molière et ses successeurs, la tradition savoureuse du Moyen Âge.
Base d’entente.
40 % des recettes à la paroisse laquelle fournit la salle.
60 % aux “compagnons” lesquels assurent les dépenses de voyage, de costumes, de publicité, de programmes.
Voulez-vous collaborer à l’oeuvre du Théâtre Artistique et Chrétien au Canada ? Organisez une représentation des “Compagnons” dans votre paroisse, de concert avec monsieur le Curé. Écrivez sans tarder à François Zalloni, secrétaire des “Compagnons”, Auditorium. Ville Saint-Laurent. Mettez-le au courant des conditions locales : capacité de la salle, distance de Montréal, etc. Nous vous dirons aussitôt nos intentions ».
Les Compagnons reprendront cette même pièce à l’automne, ainsi que l’annonce Le Devoir, Montréal, 10 octobre 1939, p. 4 : « C’est cette farce qu’ils ont promenée à travers la province au cours des vacances dernières. L’ayant donnée maintes fois et devant des publics variés, les Compagnons auront rarement présenté un spectacle plus homogène et marqué de tant de subtilités. »
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[66]
La première représentation du Mystère de la messe de Henri Ghéon, pièce adaptée de Calderón de la Barca, eut lieu à Liège, en Belgique, le 4 juin 1934. Sous le titre de Unis dans la Rédemption, cette pièce fut reprise au Parc des Princes, à Paris, le 1er juin 1936, à l’occasion du Jubilé de l’Action catholique de la Jeunesse française (A. C. J. F.). Émile Legault avait mis en scène Le mystère de la messe, interprété sur les Plaines d’Abraham, à Québec, devant des foules de plus de 100 000 personnes, à l’occasion du Congrès eucharistique national de Québec, les 24 et 26 juin 1938. Le mystère de la messe a été publié par La Vie liturgique (Liège, 1934) puis par Les Éditions populaires Vray (Montréal, 1938). Dès janvier 1940, Jeunesse étudiante catholique (p. 11) annonce le projet de Legault de présenter Le mystère de la messe en plein air, au mois de juin.
-
[67]
Henri Brochet, Marie, reine de France et dame de Pontmain, mystère en trois parties, Paris, A. Blot, 1938.
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[68]
Celle-ci était : « Pour la Foi, par l’Art dramatique, / Par l’Art dramatique, en esprit de foi » (Henri Ghéon). Celle des Compagnons de Saint-Laurent, en tête de la lettre, se lisait ainsi, rappelons-le : « Pour la foi, par l’art et pour l’art, en esprit de foi ».
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[69]
Lettre manuscrite, 4 p., 11.5 cm x 18.5 cm, Fonds Henri Brochet (Bibliothèque municipale d’Auxerre).
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[70]
Cette date (20. VII. 39) a été ajoutée à la main dans la marge de la première page.
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[71]
Henri Brochet, Histoire de France et de Notre Dame, Auxerre, s.e., 1949.
-
[72]
Henri Brochet, « Ruth et Booz », dans Jeux, Tréteaux et Personnages, mars 1938, p. 49-92.
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[73]
Henri Brochet, Le pauvre qui mourut pour avoir mis des gants, un acte (de la vie de saint Mainbeuf), Paris, A. Blot, 1925, puis 1938.
-
[74]
Henri Brochet, Les trois pains dans la main de Dieu, miracle en un tableau, Paris, G. Enault, 1932.
-
[75]
Henri Brochet, Saint Félix et ses pommes de terre, Paris, A. Blot, 1927, puis 1938.
-
[76]
« Quels sont nos projets pour l’hiver prochain ? On s’apprête en plusieurs lieux à fêter le 250e anniversaire de la mort de Sainte Marguerite-Marie et des dernières manifestations du Sacré-Coeur à Paray-le-Monial. — Pourrons-nous demeurer étrangers à cet événement ? », se demande Henri Brochet dans Jeux, Tréteaux et Personnages, 15 juin 1939, p. 170. Il ne fait aucune allusion à la possibilité d’un voyage au Canada.
-
[77]
Henri Brochet, « Béatrice. Miracle de Notre-Dame, en trois actes », dans Jeux, Tréteaux et Personnages, mai 1939, p. 143-178 ; juin 1939, p. 179-196.
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[78]
Henri Brochet, Marie, reine de France et dame de Pontmain, mystère en trois parties, Paris, A. Blot, 1938.
-
[79]
Fernand Py, statuaire, était un ami de Henri Brochet et de Henri Ghéon. Émile Legault, rappelons-le, avait fait sa connaissance chez Henri Brochet, lors de sa visite chez ce dernier, à Auxerre, le jour de la Toussaint 1938, en compagnie du R. P. Antonin Lamarche.
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[80]
Lettre manuscrite, 22 juillet 1939, 1 p.
-
[81]
Émile Legault, « Brochet nous écrit… », Les Cahiers des Compagnons, Montréal, novembre-décembre 1944, p. 45.
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[82]
Dans une lettre à André Gide, publiée dans Gavroche, Paris, 14 juin 1945, p. 4, Monique Saint-Hélier raconte comment est mort Ghéon, emporté soudain par un cancer. Legault fut l’un des premiers à lui rendre hommage en lui consacrant en entier Les Cahiers des Compagnons de janvier-février 1945. Dans le tout premier numéro des Cahiers, en septembre-octobre 1944, p. 32, la nouvelle de cette mort était annoncée : « Henri Ghéon est mort ».
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[83]
Lettre manuscrite, sur papier portant l’en-tête de la revue Jeux Tréteaux et Personnages[,] Henri Brochet, 5 Place St-Étienne, Auxerre (Yonne), 25 juin 1945, 8 p.
-
[84]
Jeux, Tréteaux et Personnages, juillet 1945, fut effectivement consacré à la mémoire de Henri Ghéon. En mars 1945 (p. 1-11), « au moment où, après un an de silence qu’expliquent et qu’excusent les événements prodigieux des mois derniers » paraissait un nouveau numéro de sa revue, Henri Brochet avait cependant rendu un premier hommage à celui qu’il considérait comme un « maître » et un « ami ». « Nos lecteurs, écrivait-il, savent quelle place tenait Henri Ghéon dans notre vie : tout ce que nous sommes, et tout ce que nous faisons de bien, c’est à lui que nous le devons » (p. 1).
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[85]
Le Noël sur la place ou Les enfances de Jésus, jeu en trois parties sur les cinq Mystères joyeux du Rosaire, est l’une des pièces de Ghéon les mieux connues et les plus souvent jouées. Elle fut publiée dans Jeux, Tréteaux et Personnages, 15 octobre 1933, p. 195-206 ; 15 novembre 1933, p. 219-233 et 15 décembre 1933, p. 241-263, avant de paraître, sous forme de volume, à Paris, chez Blot, en 1935.
-
[86]
Marcel Raymond qui, lors de son séjour en France en 1945, s’était empressé de prendre contact avec Henri Brochet et de lui rendre visite à Auxerre, raconte dans « Un Canadien à Paris », Les Cahiers des Compagnons, Montréal, janvier-février 1947, p. 13 : « Séparé des Compagnons de Jeux, Brochet a fondé, à Auxerre même, Les Compagnons de Roger Bontemps. Ils ont présenté, en 1942, Cadet Roussel, jongleur de Notre-Dame et, en 1943, une vieille farce de Joseph Aude : Cadet Roussel, barbier à la Fontaine des Innocents. Toute la population auxerroise s’est enthousiasmée de ces spectacles qui utilisaient le folklore et les légendes de sa région et auxquels toute la famille Brochet avait contribué. Les décors étaient de François Brochet et on avait joint au deuxième spectacle l’Antigone que Brochet tira de celle de Sophocle, la simplifiant au point de réduire le choeur à un homme et à une femme, ce qui serra davantage l’action et concentra l’attention. »
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[87]
Cette Association, placée sous la présidence d’honneur de Jacques Copeau, est annoncée dès la reprise de Jeux, Tréteaux et Personnages, en mars 1945 ; Jacques Reynaud et Henri Brochet en sont président et vice-président ; Michel Florisoone et Georges Luigi en sont secrétaire et trésorier. Notons qu’on annonçait également, dans ce même numéro, qu’avec « Jeux, Tréteaux et Personnages, les Compagnons de Jeux ressuscitent » et que Henri Rivière en était le nouveau directeur.
-
[88]
C’est-à-dire à l’occasion du premier anniversaire de sa mort.
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[89]
« Non ; il n’y eut pas rupture entre nous. Simplement nous avions cessé de nous voir ; ce compagnon constant de ma vie, de mes pensées, s’était, vous le savez, “converti” durant l’autre guerre. Il cheminait désormais à l’ombre de la croix, où je me refusais à le suivre. Dieu me le confisquait. Je ne cherchai pas plus à le détourner de sa route nouvelle, que je n’acceptais, par amitié, d’être distrait de la mienne. […] Sa ferveur religieuse le comblait. Il vivait désormais avec la vision de Dieu sous sa paupière en compagnie des saints qu’il évoquait dans ses drames. Il me manquait énormément. Je souffrais aussi de le voir, dans sa production littéraire surabondante, se satisfaire de plus en plus facilement, et l’excellence de l’intention trop souvent suffire à sa moindre exigence. L’on me dit qu’il s’en rendit compte et en souffrit lui-même dans les derniers temps de sa vie, lentement descendu, par trop grande obligeance et renoncement, du sommet atteint avec Sainte Cécile et Le pauvre sous l’escalier […] » (André Gide, « Hommage à Henri Ghéon. In Memoriam », Gavroche, Paris, 14 juin 1945, p. 4. Repris dans Éloges, Neuchâtel et Paris, Ides et Calendes, [1948], p. 93-99 ; Feuillets d’automne, Paris, Mercure de France, 1949, p. 114-118 [var.] ; Essais critiques, édition présentée, établie et annotée par Pierre Masson, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1999, p. 920-922).
-
[90]
Jean Schlumberger, « L’Homme né de la guerre », Le Figaro, Paris, 20 juin 1945, p. [1].
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[91]
Dans Les Nouvelles littéraires, Montréal, le 14 juin 1945, p. 5, Gabriel Marcel, appréciant « Henri Ghéon et son oeuvre », avançait qu’il fallait « se garder de rétrécir abusivement la portée de cette oeuvre si vaste », dont il soulignait quelques-uns des points forts. « Disons-le encore une fois, ce n’est pas sur les esthètes, les cyniques et les nihilistes que nous avons à compter pour relever notre pays, mais bien sur ceux qu’anime une foi indéfectible en la France et en un avènement spirituel qu’elle a pour mission de préparer ». Pareille appréciation, on le conçoit facilement, était de nature à plaire davantage à Henri Brochet et à Émile Legault. Beaucoup plus sceptique à ce propos se montra Roger Duhamel dans « Écrivains français disparus. Henri Ghéon », L’Action universitaire, Montréal, décembre 1945, p. 22-28.
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[92]
Le premier numéro des Cahiers des Compagnons avait paru en septembre-octobre 1944.
-
[93]
C’est-à-dire Michel et Louise Audry Florisoone.
-
[94]
Le frère A.-M. Roguet, o. p. [ordre des (Frères) prêcheurs : dominicains], rend hommage à « Henri Ghéon. Catholique et apôtre », dans Jeux, Tréteaux et Personnages, juillet 1945, p. 35-37.
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[95]
C’est-à-dire le R. P Antonin Lamarche, c. s. v.
-
[96]
Lettre dactylographiée, 2 p.
-
[97]
Cette date a été ajoutée à la main.
-
[98]
Marcel Raymond, rappelons-le, avait rendu visite à Henri Brochet, à Auxerre, lors de son voyage en France en 1945. Il a fait le récit de cette visite, au cours de laquelle il fut évidemment question d’Émile Legault, dans « Un Canadien à Paris », Les Cahiers des Compagnons, Montréal, janvier-février 1947, p. 10-13.
-
[99]
Dans Les Cahiers des Compagnons, Montréal, janvier-février 1946, p. 23, une « note brève » annonce que Marcel Raymond est de retour de Paris où il a rencontré, « comme de juste, les personnalités les plus marquantes du théâtre français : Baty, Cohen, Dullin, Chancerel, Brochet, etc... ». On ajoute : « Marcel Raymond nous a remis, entr’autres [sic] choses, un numéro de Jeux, Tréteaux et Personnages consacré à Henri Ghéon. […] ».
-
[100]
Allusions aux Gide et Schlumberger ? Si tel est le cas, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il arrivait à Legault de s’emballer et d’exagérer outrageusement.
-
[101]
Il est vrai que les pièces de Brochet étaient de plus en plus souvent représentées sur les scènes des collèges et des patronages. Fondé par Roger Varin, en 1941, le Centre d’art dramatique avait certes contribué à les faire connaître en les recommandant volontiers à ceux qui demandaient conseil. Par exemple, à l’abbé Couturier, de Matane, le Centre envoya, le 9 avril 1941, une liste des pièces de théâtre qu’il avait en sa possession ; des vingt-trois pièces mentionnées, treize étaient de Brochet et huit de Ghéon.
-
[102]
Ce point d’interrogation et cette parenthèse sont de Legault.
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[103]
« Au printemps, les Compagnons présenteront Le bal des voleurs de Jean Anouilh, oeuvre fantaisiste et sans prétention. Puis ce sera La nuit des rois de Shakespeare, l’une des meilleures comédies du Grand Will. La saison se terminera avec Les mouches de Jean-Paul Sartre, oeuvre créée à Paris en 1944 et que l’on apparente à l’Électre de Sophocle et La guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux » (André Langevin, « Les Compagnons de saint Laurent. La saison théâtrale qu’ils présenteront. — Au Gesù », Le Devoir, Montréal, 10 octobre 1945, p. 7).
-
[104]
On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset fut présenté au Gesù, les 1er, 2, 3, 8, 9 et 10 novembre 1945.
-
[105]
Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux fut présenté au Gesù, les 29 et 30 novembre, les 1er, 6, 7 et 8 décembre 1945.
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[106]
Noé d’André Obey fut présenté au Gesù les 15, 16, 17, 22, 23 et 24 novembre 1945.
-
[107]
La nuit des Rois de William Shakespeare fut présentée au Gesù, les 21, 22, 23, 28 et 30 mars, les 4, 5 et 6 avril 1946.
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[108]
Le bal des voleurs de Jean Anouilh fut présenté au Gesù, les 7, 8, 9, 14, 15 et 16 mars 1946.
-
[109]
Le misanthrope de Molière ne fut pas présenté au cours de la saison 1945-1946 ; en revanche, les Compagnons de Saint-Laurent interprétèrent Antigone de Jean Anouilh les 25, 26, 27, 28, 30, 31 mai et le 1er juin 1946 au Gesù.
-
[110]
La farce du pendu dépendu de Henri Ghéon fut présentée au Monument national le 27 novembre 1945.
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[111]
En effet, les Compagnons de Saint-Laurent ont représenté Le Noël sur la place de Henri Ghéon à tous les ans, de 1937 à 1946.
-
[112]
Judith, veuve de Manassès, drame biblique en un prologue et cinq actes de Henri Ghéon, fut créé au Théâtre Mélingue, à Paris, en juin 1948. Cette pièce fut publiée à [Paris], Éditions du témoignage chrétien, 1950 ; Oedipe, ou Le crépuscule des dieux, précédé de Judith, Paris, Plon, 1952.
-
[113]
Le R.P. Antonin Lamarche raconte comment le R.P. Legault et lui firent la connaissance de la poétesse Marie Noël, lors de leur visite chez les Brochet, à Auxerre, le 1er novembre 1938 (Antonin Lamarche, c. s. v., « Marie Noël », L’Estudiant, Joliette (Québec), juin 1939, p. 4-5). Une photo montre les pères Legault et Lamarche en compagnie de Marie Noël et de Madame Brochet.
-
[114]
Violante, comédie romanesque en quatre journées, inspirée par La paysanne de Vallecas, de Tirso de Molina, fut jouée pour la première fois par la Compagnie des Quinze, au Théâtre du Vieux-Colombier, le 21 février 1933. Cette pièce est demeurée inédite, à notre connaissance.
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[115]
La complainte de Pranzini et de Thérèse de Lisieux, pièce de Henri Ghéon, en quatre actes et vingt tableaux, fut représentée pour la première fois par la Compagnie Pitoëff, au Théâtre des Mathurins, le 28 juin 1935.
-
[116]
Marcel Raymond, Le jeu retrouvé, préface de Gustave Cohen, Montréal, Éditions de l’Arbre, 1943.
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[117]
Rendant compte du livre de Marcel Raymond, Émile Legault avait écrit, trois ans plus tôt : « Quelque chose a bougé, au pays constant de Québec, depuis dix ans. Ce n’est peut-être pas encore, comme en France, le glas péremptoire du théâtre réaliste et embourgeoisé ; une élite, de jeunes et de moins jeunes, toutefois, a commencé de bouder une pseudo-esthétique de la scène que nos aînés acceptaient sans sourciller : on en discerne obscurément les faussetés » (L’Action nationale, Montréal, novembre 1943, p. 241-242).
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[118]
Lettre manuscrite de Henri Brochet à Émile Legault, portant l’en-tête de Jeux Tréteaux et Personnages, 2 p.
-
[119]
Souligné deux fois.
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[120]
Legault n’a retenu aucune de ces suggestions.
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[121]
Henri Brochet, « Saint Bernard, le porte-croix », dans Jeux, Tréteaux et Personnages, juillet-août 1946, p. 134-196. Le texte de la pièce est précédé de ce « Liminaire » : « Exceptionnellement, nous consacrons un cahier entier de Jeux, Tréteaux et Personnages à la publication d’un texte dramatique. Les 21 et 22 Juillet, à Vézelay, sera célébré le VIIIe centenaire de la prédication de la 2e Croisade par Saint Bernard. À cette occasion, de ce haut lieu bourguignon qui est un des plus hauts lieux de la Chrétienté, une nouvelle Croisade prêchera au monde la Paix dans la Charité du Christ. L’Art dramatique ayant été invité à prendre part à cette grandiose manifestation, nous avons composé Saint Bernard, le porte-Croix que nous jouerons sur la terrasse qui flanque l’admirable basilique avec le concours de plusieurs Compagnies auxerroises fraternellement et anonymement groupées.
Nous proposons ce texte et cette manifestation dramatique comme un exemple de ce que peut être un jeu de célébration ».
Trois mois plus tard, Henri Brochet consacrera tout un article à ces représentations capitales, à ses yeux, dans l’essor du théâtre chrétien en France : « St-Bernard, le porte-Croix à Vézelay. (Examen de conscience) », dans Jeux, Tréteaux et Personnages, novembre-décembre 1946, p. 256-263.
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[122]
Henri Brochet, Henri Ghéon, Paris, Presses de l’Île de France, 1946.
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[123]
Lettre manuscrite, portant l’en-tête de Jeux Tréteaux et Personnages, 2 p.
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[124]
Sous le titre de « Les Comédiens de la NEF », Henri Brochet publie un extrait de cette lettre dans Jeux, Tréteaux et Personnages, mars-avril 1946, p. 82. Pierre Boucher confie à Henri Brochet que les Compagnons de Jeux sont, à ses yeux, un modèle à suivre et qu’il s’en inspire, ce qui ne pouvait que lui faire plaisir.
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[125]
Lettre manuscrite, sur papier portant l’en-tête des Compagnons de Notre-Dame, 4 mai 1946, 2 p.
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[126]
Cette adresse a été rayée par un X.
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[127]
Souligné deux fois.
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[128]
Souligné trois fois.
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[129]
Souligné deux fois.
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Souligné deux fois.
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[131]
Souligné deux fois.
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[132]
Souligné trois fois.
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[133]
Souligné deux fois.
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Souligné quatre fois.
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[135]
« Derrière l’incomparable basilique romane, la scène était dressée sur la terrasse qu’ombragent des arbres centenaires » (Henri Brochet, « St-Bernard, le porte-Croix à Vézelay. (Examen de conscience) », art. cité, p. 256).
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Jeux, Tréteaux et Personnages (mai-juin 1946) indique qu’en Belgique, on peut s’abonner à la revue (75 fr. belges) à La Pensée catholique, à Liège, ou à Opbouwen et à Leuven.
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L’épouse de Michel Florisoone faisait aussi partie des Compagnons de Jeux. Rendant hommage à celle qui « s’en fut rejoindre Henri Ghéon aux pieds du Christ qui ne peut plus mourir », Henri Brochet écrit : « Ainsi, notre cher “Patron” commence-t-il avec celle-ci à regrouper autour de lui les Compagnons qu’il a quittés, il y a deux ans. Première d’entre nous, Louise Florisoone joue à présent le grand jeu de la vie glorieuse, dans l’attente de la Résurrection » (« Les Compagnons de Jeux », dans Jeux, Tréteaux et Personnages, mai-juin 1946, p. 109).