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Cet ouvrage propose une appréciation du premier mandat du gouvernement libéral de Jean Charest. Ce faisant, il répond à deux questions fondamentales, tant pour les observateurs de la scène politique que pour le public en général : Qu’est-ce qui fait la popularité d’un gouvernement ? Comment peut-on mesurer si un gouvernement tient ou non ses promesses ? Pour répondre à ces questions, les directeurs de ce collectif ont fait appel à un nombre impressionnant de chercheurs et d’experts couvrant un éventail très large de domaines politiques. Le livre présente des analyses qui s’inscrivent dans diverses disciplines et méthodologies, parfois qualitatives, parfois quantitatives. Il est donc difficile de le situer dans un champ disciplinaire précis. Cependant, on peut affirmer sans trop se tromper qu’il s’agit d’une contribution portant sur les études électorales.
Les directeurs ont d’abord proposé aux auteurs une grille d’analyse afin d’assurer une certaine uniformité des contributions. Ces derniers ont été invités à participer à un colloque en décembre 2005, duquel les directeurs ont, par la suite, tiré les textes qui se trouvent dans le collectif. Or, bien qu’il s’agisse d’une façon de faire assez habituelle dans la réalisation de collectifs, il semble qu’ici cette stratégie ait été mise en place trop rapidement. On cherche en effet à mesurer si le gouvernement libéral de Jean Charest a tenu ses promesses, mais les analyses ont été produites au moment où ce gouvernement venait d’achever la première moitié de son mandat. Cela fausse un peu les conclusions, puisque l’on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’un gouvernement qui n’a pas achevé son mandat puisse ne pas encore avoir réalisé toutes ses promesses. Cette réserve jette un peu d’ombrage sur la crédibilité de la démarche, mais nous reconnaissons l’utilité de certaines contributions. En cherchant à comprendre le fort taux d’insatisfaction à l’égard du gouvernement de Jean Charest, le collectif offre un éclairage à la fois nouveau et original sur ce qui fait la popularité d’un gouvernement. On y apprend que les médias ont un rôle à jouer dans l’appréciation publique d’un gouvernement (comme on le suppose souvent à tort ou à raison), mais qu’il ne s’agit pas nécessairement ni du seul facteur, ni du facteur principal. Par exemple, le peu d’enclin du gouvernement libéral à consulter efficacement et réellement la société québécoise a sans doute été un facteur encore plus déterminant. D’autres facteurs sont aussi présentés dans les divers textes qui composent l’ouvrage.
Pris de façon individuelle, la plupart des textes sont enrichissants, même si certains sont plus faibles, ce qui donne au collectif une qualité inégale. Mais, il ne s’agit pas là du défaut principal, car peu d’auteurs ont réellement suivi la méthodologie et la grille d’analyse proposées par les directeurs. Certains textes sont très normatifs, d’autres très empiriques. Les uns proposent des analyses quantitatives, d’autres, qualitatives. À la fin, le lecteur cherche la cohérence du collectif et ce qui lui donne sa cohésion. Il a même parfois l’impression de lire deux ou trois livres différents. Encore une fois, ce n’est pas que les textes sont mauvais (au contraire), c’est que les directeurs n’ont pas réussi à bien les arrimer les uns aux autres. Il en ressort un ouvrage trop hétéroclite qui aurait pu être mieux ficelé, même si plusieurs textes méritent de faire l’objet de lectures obligatoires dans le cadre de cours de premier et deuxième cycles.
Le gouvernement libéral de Jean Charest a-t-il tenu ses promesses ? La dernière section du livre répond à cette question en deux textes. Le premier offre une excellente recension des critères à retenir pour déterminer ce qu’est un bon gouvernement, mais il ne répond pas du tout à la question. Le deuxième texte s’astreint véritablement à y répondre, mais en utilisant une méthode d’analyse de contenu qui tient parfois difficilement la route. Conséquemment, le lecteur se retrouve face à une analyse ambiguë de laquelle il ne tire aucun enseignement réel. Un ouvrage collectif se doit d’être plus que la somme de ses contributions. On doit y trouver aisément une cohérence. Malheureusement, c’est une qualité qui fait lourdement défaut au livre. Cela ne veut pas dire nécessairement qu’il ne vaut pas la peine d’être lu car plusieurs textes méritent qu’on s’y attarde.