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Intermédialités achève sa septième année d’existence. Au fil des parutions, le caractère transversal et pluridisciplinaire de la revue, de même que la qualité de ses contributions, n’ont cessé de s’affirmer. Fondée par un philosophe et littéraire, puis dirigée par une historienne de l’art, la publication sera désormais orientée par un comparatiste. Il s’agit là d’un travail éminemment collectif qui s’appuie sur un comité de rédaction élargi à des membres issus des quatre universités montréalaises, ainsi que sur une solide équipe de rédaction et de diffusion.
La revue poursuivra ses incursions transversales pour explorer les constellations technologiques, les géographies culturelles et les périodes historiques les plus diverses. Elle continuera à questionner de manière fondamentale la façon dont les arts et les formes littéraires demeurent en interaction tant avec le mouvement des corps qu’avec les techniques mises en oeuvre – depuis le geste oral traditionnel jusqu’au papillonnement de l’oeil face à un écran électronique.
De manière programmatique, la présente livraison bâtir/build est consacrée à la ville, soit à l’un de ces ensembles à la fois mythiques et absolument contemporains de la culture humaine. Légendairement construite autour d’un carrefour, la cité a toujours été un noeud de moyens de communication et d’échanges, qu’il s’agisse d’hommes, d’argent ou de produits, de signes ou de techniques. Lieu intermédial par excellence, enjeu de la plupart des théories de la modernité – de Simmel et Kracauer à R. E. Park et Lefebvre –, la ville renvoie-t-elle encore à une architectonique du monde de la reproduction technique ?
C’est aussi sous forme de question que les numéros suivants exploreront d’autres noeuds d’intermédiation à partir des verbes exposer, rythmer, reproduire, synchroniser, traverser, etc., toujours accompagnés d’un dossier d’artiste invité donnant une forme concrète au nécessaire croisement entre pensée discursive et registre créateur. Une attention particulière sera accordée aux hors-dossiers, tant pour la publication d’études théoriques « entre » les médias – telles celle de Peter Szendy sur l’autoréflexion de « l’écoute » par le théâtre dans cette livraison –, que pour les ouvrir à des documents « d’archives », comme nous l’avons récemment expérimenté avec l’essai de Paul Zumthor sur l’oralité. Non par seul goût de l’archive, mais tout autant pour contrer les amnésies théoriques qui minent sans cesse nos disciplines que pour contribuer à une archéologie de la pensée intermédiale et rappeler, si besoin était, que les questions qu’elle soulève le furent aussi dans d’autres époques et d’autres domaines, et ce avant même que le concept n’en soit formulé.
Les productions des cinq premières années de la revue sont directement accessibles sur notre site Web qui offre régulièrement, en supplément, des dossiers électroniques issus des divers séminaires consacrés, à Montréal et ailleurs, à la recherche intermédiale. Ces dossiers, téléphoner, réinventer l’histoire, accompagner, bientôt suivis de redire et théâtraliser, attachent une grande importance aux contributions des jeunes chercheurs ainsi qu’aux expérimentations de remédiation multiple que permet le format électronique.
Depuis son numéro 11, la revue est parallèlement diffusée – et continuera à l’être – sur la plateforme internet Érudit, assurant ainsi une plus grande circulation internationale. La nécessaire diffusion électronique ne doit toutefois pas nous faire oublier le caractère fondamental du support papier, tant pour sauvegarder le singulier potentiel des opérations de lecture qu’il offre que pour garantir une qualité de reproduction et de réception d’images qui ne sont pas de simples illustrations. Que la question des droits non commerciaux de l’image – et du son – sur les nouveaux supports reste un enjeu non réglé devrait inciter à la plus grande prudence vis-à-vis de la poussée actuelle vers une transmission exclusivement électronique des savoirs. Continuer à exister en tant que revue papier constitue pour nous une exigence de pluralité intermédiale, et même davantage : une question d’éthique épistémologique.