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Cet ouvrage consacré aux relations franco-américaines a été publié en 2002, c’est-à-dire avant la guerre en Irak qui a conduit à la plus grave crise des relations entre la France et les États-Unis depuis la Deuxième Guerre mondiale. Cette situation ne rend pas pour autant cet ouvrage obsolète. Au contraire, il vient combler une lacune importante puisque bien peu de travaux sur ce thème sont publiés en anglais et aux États-Unis. L’état de la littérature est d’ailleurs tout à fait instructif puisqu’on peut remarquer que l’essentiel de la littérature spécialisée aux États-Unis portant sur les relations avec l’Europe concernent l’otan. Les travaux consacrés à la France sont beaucoup plus rares, les plus connus étant ceux de Stanley Hoffmann. Il faut également citer David Yost. En revanche, il existe en langue française une littérature plus importante consacrée à la politique extérieure des États-Unis ou aux relations franco-américaines. Sur ces dernières il faut citer l’ouvrage de C. Cogan : Alliés éternels, amis ombrageux : les États-Unis et la France depuis 1940, Bruxelles/Paris, éd. Bruylant/lgdj, 1998.
L’ouvrage est divisé en cinq chapitres. Trois ont une densité particulière. Le chapitre deux est consacré au débat entre les deux conceptions du monde qui sous-tendent le comportement des deux pays sur la scène internationale, entre la tentation de l’unilatéralisme des États-Unis et une France devenue l’avocat du multilatéralisme. Ce chapitre revêt un intérêt particulier pour tous ceux qui veulent analyser la crise des relations franco-américaines consécutive à la guerre en Irak. Le chapitre trois est consacré aux relations franco-américaines dans le cadre de l’otan. Son titre : Les occasions perdues, donne la tonalité des analyses développées dans ce chapitre. Il s’agit d’une étude très rigoureuse des multiples sujets de difficulté. L’accent est mis sur la période postérieure à la chute du mur de Berlin, mais un rappel historique très synthétique permet de comprendre les origines plus anciennes des divergences franco-américaines. Le troisième chapitre est consacré aux fortes tensions dans le domaine économique selon le propre terme des auteurs. Les tensions dans le cadre de l’Uruguay Round ou la crise Boeing/Airbus ainsi que les divergences de vue sur la monnaie unique européenne ou la mondialisation mettent en évidence que dans le domaine économique les divergences ne mettent pas aux prises uniquement deux économies concurrentes, mais deux visions du monde et donc renvoient au débat unilatéralisme/multilatéralisme. Un dernier développement consacré aux enjeux de l’industrie de défense aurait mérité pour une meilleure compréhension que soit davantage développé la problématique d’une industrie de défense européenne. Mais là n’était pas non plus le sujet. Un dernier chapitre, très court, passe en revue les perspectives futures de la coopération franco-américaine. Il n’a lui non plus rien perdu de sa pertinence.
Cet ouvrage a le mérite de nous proposer une vision synthétique des relations franco-américaines dans un texte court puisqu’il ne fait que 154 pages. Sa grande originalité réside dans le fait qu’il est écrit par deux auteurs, dont l’un, américain, Michael Brenner, et l’autre, français, Guillaume Parmentier, nous offrent un regard croisé sur ce partenariat particulier, titre du chapitre premier qui est très court et fait plutôt figure d’introduction. Ces deux regards convergents sur l’analyse d’une même réalité font la richesse de celle-ci et son intérêt.