Abstracts
Résumé
L’oeuvre de Lise Tremblay regorge de personnages, de narratrices et de narrateurs dont le quotidien est façonné par l’expérience de la honte. La pêche blanche et La danse juive ont ceci de particulier qu’ils situent dans l’enfance l’origine de la honte, toujours engendrée par un regard de dédain du père posé sur le corps de l’enfant — fils « chétif », boiteux ; fille souffrant d’obésité. Dans l’expérience traumatique de cet affect particulier, le sujet est appelé à assumer son image sous le regard d’autrui ; une image qui ne correspond pas à son désir, mais qui le détermine malgré tout. L’oeuvre de Tremblay présente des pères dont le regard et la voix ont établi les frontières réelles et imaginaires qui contraignent les sujets, tant dans leur corps que dans l’espace. Cet article aborde, depuis une perspective psychanalytique de l’identification, l’articulation poétique particulière entre la honte, la figure paternelle et le corps que l’oeuvre de Lise Tremblay déploie, et qui permet de lire le meurtre perpétré à l’endroit du père dans La danse juive comme le prolongement d’un fantasme parricide déjà mis en récit dans La pêche blanche.
Abstract
Lise Tremblay’s fiction is teeming with characters and narrators whose daily life is shaped by the experience of shame. A specific feature of La pêche blanche and La danse juive is that they locate the origin of shame in childhood: it arises from the father’s disdainful way of looking at the child’s body—at a lame, scrawny (“chétif”) son or an obese daughter. Through the traumatic experience of this specific affect, subjects are required to embrace their image under someone else’s gaze—an image that is not what they want, but that will nonetheless determine who they are. Tremblay’s work presents fathers whose gaze and voice define real and imaginary boundaries that constrain subjects both in their bodies and in space. Using a psychoanalytical view of identification, this article analyzes a specific poetic articulation of shame, the father figure and the body set out in the work of Lise Tremblay, one that enables us to read the murder of the father in La danse juive as the extension of a parricidal fantasy already expressed in La pêche blanche.
Resumen
En la obra de Lise Tremblay abundan personajes, narradoras y narradores cuya vida diaria está configurada con la experiencia de la vergüenza. Lo que tienen de particular La pêche blanche y La danse juive es que sitúan en la infancia el origen de la vergüenza, siempre engendrada por una mirada de desprecio del padre fijada en el cuerpo del niño – hijo «enclenque», rengo; hija que padece obesidad. En la experiencia traumática de esta afectividad particular, el sujeto está llamado a asumir su imagen bajo la mirada ajena: una imagen que no corresponde a su deseo, pero que sí lo determina, pese a todo. La obra de Tremblay presenta a unos padres cuya mirada y voz establecieron las fronteras reales e imaginarias que obligan a los sujetos, tanto en su cuerpo como en el espacio. Este artículo aborda, desde una perspectiva psicoanalítica de la identificación, la articulación poética particular entre la vergüenza, la figura paterna y el cuerpo que se exhibe en la obra de Lise Tremblay, y que permite descifrar el asesinato del padre, perpetrado en La danse juive, como prolongación de una fantasía parricida ya relatada en La pêche blanche.