Volume 43, Number 2 (128), Winter 2018 La bande dessinée québécoise Guest-edited by Carmélie Jacob and Catherine Saouter
Table of contents (13 articles)
Dossier
-
LA BANDE DESSINÉE QUÉBÉCOISE : sous la plume des pionniers et des contemporains
-
LE DESSINATEUR BRETON THÉOPHILE BUSNEL AU QUÉBEC : interactions artistiques avec Albéric Bourgeois
STÉPHANIE DANAUX
pp. 15–32
AbstractFR:
Dès son arrivée à Montréal en 1904, le jeune dessinateur français Théophile Busnel est recruté comme dessinateur au journal La Patrie pour poursuivre la série « Timothée », créée par Albéric Bourgeois. À l’été 1908, il doit toutefois regagner sa Bretagne natale, où il meurt des suites d’une longue maladie. Aussi brève soit-elle, la présence de Busnel à Montréal coïncide avec le début en 1904 et le déclin à partir de 1908 de la bande dessinée dans la presse francophone au Québec, progressivement remplacée par des importations américaines, puis françaises. Sans être à l’origine de cet âge d’or, Busnel s’y associe presque aussitôt et en devient l’un des principaux acteurs. Cet article met en lumière, à partir d’un corpus de dessins publiés dans La Patrie, la contribution de Busnel à l’histoire de la bande dessinée et du dessin d’humour au Québec en examinant ses interactions avec Bourgeois et en évaluant la part de ses innovations graphiques, narratives et iconographiques.
EN:
On arriving in Montréal in 1904, the young French illustrator Théophile Busnel was immediately recruited by the La Patrie newspaper to continue “Timothée,” a series created by Albéric Bourgeois. In the summer of 1908, however, Busnel had to return to his native Brittany, where he was to die as the result of a long illness. Although his time in Montréal was short, it coincided with the beginning in 1904, and the decline from 1908, of the comic strip in Quebec’s French language press; the strip was gradually replaced by American, then French imports. While Busnel was not the original cause of the comic strip’s golden age, he was almost immediately involved in it and became one of its main actors. Based on a corpus of drawings published in La Patrie, this article sheds light on Busnel’s contribution to the history of comic strips and cartoons in Quebec, examining his interactions with Bourgeois and assessing his graphic, narrative and iconographic innovations.
ES:
Ya a su llegada a Montreal, en 1904, el joven dibujante francés Théophile Busnel fue reclutado como dibujante en el diario La Patrie para continuar la serie “Timothée” (Timoteo), creada por Albéric Bourgeois. Sin embargo, en el verano de 1908, tuvo que regresar a su Bretaña natal, donde falleció como consecuencia de una larga enfermedad. Por muy breve que fuese, la presencia de Busnel en Montreal coincidió con el inicio, en 1904, y el declive, a partir de 1908, del cómic en la prensa francófona en Quebec, progresivamente sustituida por importaciones estadounidenses, y luego francesas. Sin estar en el origen de aquella edad de oro, Busnel se asoció casi en seguida a la misma, llegando a ser uno de sus principales actores. Este artículo pone en evidencia, a partir de un corpus de dibujos publicados en La Patrie, la contribución de Busnel a la historia del cómic y del dibujo humorístico en Québec, estudiando sus interacciones con Bourgeois y evaluando la parte de sus innovaciones gráficas, narrativas e iconográficas.
-
VOIX EN IMAGES : le métadiscours formel de la BDQ actuelle
MARIO BEAULAC
pp. 33–47
AbstractFR:
La vigueur actuelle du milieu de la bande dessinée québécoise tient d’une part de l’émergence de nouveaux auteurs, d’autre part de la consolidation de leur oeuvre à la faveur de nouveaux formats éditoriaux où peuvent s’affiner leurs talents. La reconnaissance de cette voie alternative, choisie de manière plus ou moins consciente, alors même que se poursuit l’exploitation du modèle traditionnel (album franco-belge de 44 pages en couleur) et que se développe parallèlement l’intégration d’un nouveau modèle (assimilé au « roman graphique ») aux circuits commerciaux du livre, incite les auteurs à articuler un discours réflexif où la confection visuelle de leurs planches se justifie selon divers paramètres formels reconnus comme soutenant le propos, tout comme la charge narrative et expressive d’ensemble. L’éventail de ces paramètres se trouve toutefois orchestré selon des équilibres changeants, en fonction du projet en cours et d’une position esthétique sous-jacente, développée de projet en projet. À l’aide des oeuvres, entretiens et prises de position de quelques auteurs ayant emprunté cette voie alternative — Diane Obomsawin, Jimmy Beaulieu, Michel Rabagliati et Zviane —, Mario Beaulac retrace les grandes lignes de ce métadiscours, pour faire émerger quelques-uns des enjeux esthétiques pressentis comme pertinents par ces praticiens notoires de la bande dessinée québécoise actuelle.
EN:
The current vitality of the comic art milieu in Quebec is related both to the appearance of new authors and to the consolidation of their work through new editorial formats in which their talents can develop. The recognition of this alternative way, more or less consciously chosen at a time when the traditional model (44-page Franco-Belgian album in colour) is still in use and a new model (identified with the “graphic novel”) is being incorporated into the commercial channels of the book trade, is encouraging authors to develop a reflexive discourse in which the visual creation of their panels is justified according to various formal parameters that are acknowledged to enhance the work’s storyline, as well as its narrative and expressive force. However, the range of these parameters is orchestrated according to an equilibrium that is continuously changing, depending on the project currently being carried out and on an underlying aesthetic position developed from one project to the next. Through the works, interviews, and statements of position of authors who have chosen this alternative way—Diane Obomsawin, Jimmy Beaulieu, Michel Rabagliati, and Zviane—the author provides an outline of their metadiscourse, in order to identify some of the aesthetic issues seen as relevant by well-known practitioners of comic art in Quebec today.
ES:
El vigor actual del ámbito del cómic quebequense se debe, por una parte, al surgimiento de nuevos autores, y por otra, a la consolidación de su obra, gracias a nuevos formatos editoriales donde pueden refinarse sus talentos. El reconocimiento de esta vía alternativa, elegida de forma más o menos consciente cuando sigue vigente la explotación del modelo tradicional (álbum franco-belga de 44 páginas en color) y que se desarrolla paralelamente la integración de un nuevo modelo (asimilado a la ‘novela gráfica’) en los circuitos comerciales del libro, incita a los autores a enunciar un discurso reflexivo en el cual la confección visual de sus planchas se justifica según diversos parámetros formales reconocidos como apoyo a las palabras, así como a la carga narrativa y expresiva de conjunto. No obstante, la gama de estos parámetros se organiza según equilibrios cambiantes, en función del proyecto en curso y de una posición estética subyacente, desarrollada de un proyecto a otro. Con la ayuda de las obras, conversaciones y posicionamientos de algunos autores que han optado por esta vía alternativa -Diane Obomsawin, Jimmy Beaulieu, Michel Rabagliati y Zviane-, el autor reconstituye a grandes rasgos este metadiscurso, para que emerjan algunos de los retos estéticos propuestos como pertinentes por estos prácticos notorios del cómic quebequense actual.
-
LA BD RENCONTRE LE MUSÉE
CATHERINE SAOUTER
pp. 49–58
AbstractFR:
Du 6 novembre 2013 au 30 mars 2014, pour marquer les quinze ans des éditions La Pastèque, le Musée des beaux-arts de Montréal offre ses cimaises à quinze auteurs de bande dessinée québécois, dans le cadre de l’exposition La BD s’expose au musée. Chaque auteur choisit ainsi une oeuvre dans la collection du musée, à partir de laquelle il réalise une bande dessinée de quelques planches. La transmédialité à l’oeuvre dans ces productions, fondée sur une relation entre oeuvre source et oeuvre but, ou, dans les mots de Genette, entre hypotexte et hypertexte, engage une complexité particulière. À l’écart de l’idée d’adaptation, elle compose plutôt avec l’engendrement de nouvelles propositions poétiques jouant de la citation, de l’emprunt, de l’imitation, de l’amplification, de la remise en contexte, tout en portant un regard réflexif sur les médiums — passer de la peinture au dessin, de la couleur au noir et blanc, etc. —, et sur les médias qui président ontologiquement aux cadres énonciatifs des nouvelles oeuvres. Catherine Saouter analyse ces procédés et montre comment cette rencontre entre bande dessinée et musée, renouvelant les entendements de la notion de récit en images autant que celle d’oeuvre d’art par un travail particulièrement fécond sur le plan de la plasticité, autorise à ratifier la légitimation du genre, qui démontre ici une compréhension longtemps déniée du monde de la création visuelle et narrative.
EN:
To mark the fifteenth anniversary of Éditions La Pastèque, the Montréal Museum of Fine Arts opened its space to fifteen Quebec comic strip/graphic novel artists as part of the exhibition Comics at the Museum, held from November 6, 2013, to March 30, 2014. Each author chose a work from the Museum’s collection and used it to create a comic strip consisting of a few panels. The transmediality at work in these productions, based on a relationship between the source work and the target work—or, in the words of Genette, between hypotext and hypertext—leads to a very specific kind of complexity. Going beyond adaptation, it involves the generation of new poetic propositions relying on quotation, borrowing, imitation, amplification, and placing in context, while a reflexive look is turned on mediums—movement from painting to drawing, from colour to black and white, etc.—and on the media that preside ontologically over the enunciated frameworks of the new works. This article analyzes such processes and shows how the meeting between comics and the museum, in renewing our understanding of both works of art and narratives consisting of images through a particularly fruitful approach to plasticity, authorizes us to ratify the legitimation of a genre expressing a long-denied understanding of the world of visual and narrative creation.
ES:
Del 6 de noviembre de 2013 al 30 de marzo de 2014, a fin de subrayar los quince años de la editorial La Pastèque, el Museo de Bellas Artes de Montreal ofreció sus paredes a quince autores de cómics quebequenses, en el marco de la exposición La BD s’expose au musée (El cómic se expone en el museo). Cada autor eligió una obra en la colección del museo, a partir de la cual realizó un cómic de algunas planchas. La transmedialidad que actúa en estas producciones, basada en una relación entre obra fuente y obra objeto, o, utilizando palabras de Genette, entre hipotexto e hipertexto, entraña una complejidad particular. Apartándose de la idea de adaptación, más bien se ajusta al engendramiento de nuevas propuestas poéticas que utilizan la citación, el empréstito, la imitación, la amplificación y la recontextualización, echando a la vez una mirada reflexiva a los médium -pasar de la pintura al dibujo, del color al blanco y negro, etc.- y a los medios de comunicación que velan ontológicamente por los marcos enunciativos de las nuevas obras. El presente artículo analiza estos procedimientos y muestra cómo este encuentro entre el cómic y el museo, renovando tanto los entendimientos de la noción de relato en imágenes como la de obra de arte con un trabajo particularmente fecundo en cuanto a plasticidad, autoriza a ratificar la legitimación del género, que demuestra aquí una comprensión que, durante mucho tiempo, se le denegó al mundo de la creación visual y narrativa.
-
« N’HÉSITEZ PAS À JOUER LA CARTE DE L’HISTOIRE VÉCUE » : les demi-teintes de l’autobiographie dans Tuer Vélasquez de Philippe Girard
JEAN-PHILIPPE BEAULIEU
pp. 59–78
AbstractFR:
Décrit comme un récit autobiographique par sa quatrième de couverture, Tuer Vélasquez (2009) de Philippe Girard rapporte une situation d’abus sexuel par un prêtre dont l’auteur a été témoin en 1983. L’écriture de soi se manifeste toutefois plutôt discrètement dans cet ouvrage, qui, en l’absence de récitatifs, expose la subjectivité du personnage de Philippe de manière oblique par un réseau de renvois à l’art (grâce aux références à Vélasquez et à Picasso), au folklore (par le rappel de la légende de la chasse-galerie) et à l’influence des livres (à travers les romans d’aventures pour adolescents). On a ainsi l’impression que, à rebours de l’employé de la télévision qui, au début du récit, enjoint à son collègue de ne pas hésiter « à jouer la carte de l’histoire vécue » (p. 16) en donnant la parole à l’une des victimes du prêtre pédophile, l’auteur a refusé de s’engager à fond dans la veine autobiographique ; il semble avoir voulu employer le témoignage simplement pour authentifier un matériel narratif dont la richesse et la complexité font probablement de cet ouvrage la réalisation la plus achevée de Girard. C’est à cet aspect de l’oeuvre que cet article s’intéresse.
EN:
Described as autobiographical on the back cover, Philippe Girard’s Tuer Vélasquez (2009) describes an episode of sexual abuse by a priest that was witnessed by the author in 1983. The author’s writing about himself, however, is rather discreet in this work, which—in the absence of recitatives—presents the subjectivity of Philippe’s character in an oblique manner, through a network of references to art (Vélasquez, Picasso), folklore (the legend of the chasse-galerie), and the influence of books (adventure novels for young readers). This creates the impression that, notwithstanding the comment of the TV employee who, at the beginning of the narrative, urges his colleague not to hesitate to “play the personal experience card” (p. 16) by giving voice to one of the victims of the pedophile priest, the author has chosen not to go full out in the autobiographical vein; rather, he seems to have used the witness’s account simply to authenticate a narrative material whose richness and complexity probably make this Girard’s most accomplished work. The article focuses on this aspect of the work.
ES:
Descrito como un relato autobiográfico en su cuarto título, Tuer Vélasquez (Matar a Velázquez) (2009), de Philippe Girard, informa sobre una situación de abuso sexual por parte de un sacerdote, del cual fue testigo el autor en 1983. Sin embargo, la escritura de sí mismo se manifiesta más bien discretamente en esta obra que, en ausencia de recitativos, expone la subjetividad del personaje de Philippe de forma oblicua mediante una red de llamadas al arte (gracias a las referencias a Velázquez y a Picasso), al folclore (por la llamada a la leyenda de la chasse-galerie) y a la influencia de los libros (a través de las novelas de aventuras para adolescentes). Así pues, uno tiene la impresión de que, a la inversa de las palabras del empleado de la televisión que, al principio del relato, ordenó a su colega que no dudase en “jugar la carta de la historia vivida” (p. 16), dando la palabra a una de las víctimas del cura pedófilo, el autor se negó a entrar a fondo en la vena autobiográfica; parece que haya querido utilizar el testimonio simplemente para autentificar un material narrativo cuya riqueza y complejidad hace probablemente que esta obra fuese la realización más consumada de Girard. Este artículo se interesa por este aspecto de la obra.
-
LES INTÉGRITÉS DE JIMMY BEAULIEU
GABRIEL TREMBLAY-GAUDETTE
pp. 79–94
AbstractFR:
Acteur essentiel du milieu de la bande dessinée depuis près de vingt ans, Jimmy Beaulieu a publié des oeuvres aux thématiques et formats des plus variés, allant de la volumineuse Comédie sentimentale pornographique à la discrète Vitrine de format fanzine, en plus d’avoir occupé de nombreuses fonctions au sein du neuvième art (artiste, critique, éditeur, libraire, enseignant, conférencier, etc.). Néanmoins, à travers les différents rôles qu’il a occupés et ses allers-retours fréquents entre son projet autobiographique et la fiction, Beaulieu a maintenu une certaine constance en ce qui a trait à une chose : la sincérité. Cet article propose une analyse croisée de plusieurs oeuvres de Jimmy Beaulieu afin de cerner les récurrences qui s’en dégagent et l’intégrité dont il fait preuve depuis ses débuts.
EN:
A key actor in the comic art milieu for close to twenty years, Jimmy Beaulieu has published in many different formats and explored a wide variety of themes. His works range from the voluminous Comédie sentimentale pornographique to the discreet Vitrine in fanzine format, and he has played many different roles in the comic book industry (as artist, critic, publisher, bookseller, teacher, lecturer, and more). However, through his various roles and multiple comings and goings between autobiography and fiction, Beaulieu has been quite constant in one thing: his sincerity. This article offers a comparative analysis of several of Jimmy Beaulieu’s works, identifying recurring elements and the integrity he has displayed since the beginning of his career.
ES:
Actor esencial en el ámbito del cómic desde hace casi veinte años, Jimmy Beaulieu ha publicado obras de temáticas y formatos de lo más variado, yendo de la voluminosa Comédie sentimentale pornographique (Comedia sentimental pornográfica) a la discreta Vitrine (Vitrina) de formato fanzine, además de haber ocupado numerosas funciones en el seno del Noveno Arte (artista, crítico, editor, librero, docente, conferenciante, etc.). No obstante, a través de los diversos papeles que desempeñó y sus frecuentes idas y venidas entre su proyecto autobiográfico y la ficción, Beaulieu ha mantenido cierta constancia en lo que atañe a una cosa: la sinceridad. Este artículo propone un análisis cruzado de varias obras de Jimmy Beaulieu, a fin de delimitar las recurrencias que se desprenden de las mismas y la integridad que ha venido demostrando desde sus inicios.
-
UN DIALOGUE AVEC SOI-MÊME ET LES AUTRES : marges et marginalité dans Ping-pong. Version commentée, de Zviane
CARMÉLIE JACOB
pp. 95–111
AbstractFR:
En 2014, Zviane publie à compte d’auteure Ping-Pong, un essai introspectif abordant les maillages entre les différentes pratiques artistiques. Une fois le tirage épuisé, les éditions Pow Pow proposent de rééditer l’essai, mais le format de la maison, plus large que celui de la bande dessinée originale, pose problème. Pour occuper l’espace laissé en trop sur chaque page, l’auteure choisit de commenter sa bande dessinée en plus d’inviter d’autres artistes québécois et français à faire de même, créant ainsi un « dialogue entre [elle] en 2014 et [elle] en 2015 », en plus d’un « espace commun de réflexion où tout le monde se renvoie la balle » (p. 8 et rabat). Cette pratique met en lumière la difficulté de maintenir une cohérence avec soi-même dans la pratique de l’essai, qui, comme l’observe Pascal Riendeau, « exprime une pensée et déploie une subjectivité, mais […] une pensée en mouvement, qui ne craint pas l’incomplétude » (Méditation et vision de l’essai, 2012, p. 11). L’autoréflexion et la remise en question, amenées par le dialogue avec les autres et les effets du passage du temps sur sa propre pensée, sont ainsi au coeur de Ping-Pong, et cet article analyse comment elles s’articulent au sein du texte comme du dessin.
EN:
In 2014, Zviane self-published Ping-Pong, an introspective essay dealing with the connections between various artistic practices. Once the first run was sold out, publisher Pow Pow offered to reissue the work, but the publisher’s house format, larger than the original strip, was problematic. To occupy excess space on each page, the author chose to comment on her strip and to ask other artists from Quebec and France to do the same, thus creating a “dialogue between [herself] in 2014 and [herself] in 2015,” as well as a “shared thinking space where everyone keeps the conversation going” (p. 8 and flap). This practice demonstrates the difficulty of remaining consistent when producing an essay, a form which, as Pascal Riendeau observes, “expresses a thought and deploys a subjectivity, but […] a thought in motion, that does not fear incompleteness” (Méditation et vision de l’essai, 2012, p. 11). Self-reflection and self-questioning, brought about by dialogue with others and the effect of time on the author’s own thinking, are the core of Ping-Pong, and this article analyzes how these elements are articulated within both text and drawings.
ES:
En 2014, Zviane publicó por cuenta de autor Ping-Pong, un ensayo introspectivo que abordaba las interconexiones entre las diversas prácticas artísticas. Una vez agotada la tirada, las ediciones Pow Pow propusieron que se reeditara el ensayo, pero el formato de la editorial, más amplio que el del cómic original, planteaba problema. Para ocupar el espacio que sobraba en cada página, la autora optó por comentar su cómic, además de invitar a otros artistas quebequenses y franceses a imitarla, creando así un “diálogo entre [ella] en 2014 y [ella] en 2015”, además de un “espacio común de reflexión en el cual todos se reenviasen la pelota” (p. 8 y solapa). Esta práctica hace hincapié en la dificultad de mantener una coherencia consigo misma en la práctica del ensayo que, como lo observa Pascal Riendeau, “expresa un pensamiento y despliega una subjetividad, pero […] un pensamiento en movimiento, que no teme la incompletitud” (Méditation et vision de l’essai, 2012, p. 11). Así pues, la autorreflexión y el cuestionamiento, traídos por el diálogo con los demás y los efectos del paso del tiempo sobre su propio pensamiento, ocupan el corazón de Ping-Pong, y este artículo analiza cómo se articulan en el seno del texto como dibujo.
-
BIBLIOGRAPHIE DU CORPUS THÉORIQUE SUR LA BANDE DESSINÉE QUÉBÉCOISE
Étude
-
Posthumain, postmachine : l’imaginaire de l’hybride dans Suréquipée de Grégoire Courtois
JEAN-FRANÇOIS CHASSAY
pp. 127–138
AbstractFR:
La figure de l’hybridité traverse aujourd’hui la fiction, dans un univers social où les manipulations biomédicales et la génétique autant que les études de genre remettent en question diverses formes d’essentialisme, alors que le réseautage planétaire et le cyborg vont jusqu’à interroger la réalité humaine. Dans ce contexte, cet article se penche sur le roman Suréquipée, de Grégoire Courtois, qui pousse très loin la métaphore de l’anthropomorphisme, faisant d’une voiture une entité vivante, principal témoin dans une histoire de disparition. Une machine qui devient une sorte de monstre, de cyborg d’un genre particulièrement inusité.
EN:
In today’s social world, where various kinds of essentialism are challenged as a consequence of biomedical manipulations and genetics as well as gender studies and human reality itself is challenged by global networking and cyborgs, the figure of hybridity plays a key role in fiction. This article focuses on Suréquipée, a novel by Grégoire Courtois that takes the metaphor of anthropomorphism very far, making a car into a living entity that is the main witness in a disappearance story. The machine becomes a kind of monster—a cyborg of a highly unusual kind.
ES:
La figura de lo híbrido está hoy día presente en la ficción, en un universo social en el cual tanto las manipulaciones biomédicas y la genética como los estudios de este género ponen en tela de juicio diversas formas de esencialismo, mientras la interconexión planetaria y el cyborg llegan a cuestionar la realidad humana. En este contexto, el presente artículo estudia la novela Suréquipée (Sobreequipada), de Grégoire Courtois, quien lleva muy lejos la metáfora del antropomorfismo, transformando un automóvil en una entidad viva, principal testigo en una historia de desaparición. Una máquina que llega a ser una especie de monstruo, de cyborg de un tipo particularmente inusitado.