Abstracts
Résumé
Dans son ouvrage Le nom propre. Fonctions logiques et inconscientes, le psychanalyste Gérard Pommier (grâce à ce que Jacques Lacan met en place avant lui) souligne la dimension du refoulement à l’oeuvre dans tout acte de langage que la linguistique saussurienne ne prend pas en charge. Pour s’énoncer, le sujet doit posséder un patronyme et le refouler constamment. L’écriture littéraire n’est pas soumise à cette même contrainte, et cet article mesure au sein de la poétique bouchardienne le désir de faire apparaître cette absence signifiante. Si un sujet ne peut pas à la fois énoncer « je » et son patronyme, l’écrivain peut en jouer la superposition, ce qui est d’ailleurs un motif récurrent de Mailloux. Mailloux ne dit pas seulement « je », mais plutôt « Mailloux moi », « Je moi Mailloux Jacques » ou « Mailloux Jacques moi » ; il ne tombe pas, il se « renvers[e] tout le Mailloux dessus » ; son corps n’est pas baigné d’urine, « il se noie l’Mailloux ». C’est ainsi que Bouchard tente de ressaisir, par l’écriture, une position infantile : celle d’un temps de l’enfance qui précède la parole, où le nom et le corps ne coïncident pas tout à fait. La voix narrative bouchardienne raccroche constamment le nom propre au corps, comme si le sujet de l’écriture était en voie de se défaire, comme s’il n’était pas dupe du fait que la consubstantialité de l’image du corps et de la parole ne tenait que par le nom (du père).
Abstract
In his work Le nom propre. Fonctions logiques et inconscientes, psychoanalyst Gérard Pommier (using what Jacques Lacan had put into place before him) sheds light on the repression that is an aspect of any speech act not in the realm of Saussurian linguistics. To speak himself or herself, the subject must have a patronym and constantly repress it. Literary writing is not subject to the same constraint, and this article analyzes the desire, within Bouchard’s poetics, to cause this signifying absence to appear. While a subject cannot, at one and the same time, say “I” and his or her patronym, the writer can superimpose the two, and this, in fact, is a recurring motif in Mailloux. Mailloux does not say “je,” but rather “Mailloux moi,” “Je moi Mailloux Jacques,” or “Mailloux Jacques moi;” he does not fall, he “[se] renvers[e] tout le Mailloux dessus;” his body is not bathed in urine, “il se noie l’Mailloux.” In this way, Bouchard attempts to re-appropriate, through writing, an infantile position: that of a time in childhood that comes before speech, and in which name and body do not quite coincide. Bouchard’s narrative voice keeps on re-attaching the proper name to the body, as if the writing subject were coming apart, as if he were not taken in by the fact that consubstantiality between speech and the image of the body is held together only by the name (of the father).
Resumen
En su obra Le nom propre. Fonctions logiques et inconscientes (El nombre propio. Funciones lógicas e inconscientes), el psicoanalista Gérard Pommier (gracias a lo que Jacques Lacan plasmó antes que él) pone de relieve la dimensión de la represión presente en todo acto de lenguaje y del cual la lingüística saussuriana no se hace cargo. Para enunciarse, el sujeto ha de poseer un patronímico y reprimirlo constantemente. La escritura literaria no está sometida a esta misma limitación, y en este artículo se mide, en el seno de la poética de Bouchard, el deseo de lograr que aparezca esta ausencia significante. Si bien un sujeto no puede enunciar a la vez “yo” y su patronímico, el escritor puede jugar la superposición de los mismos, lo cual es, por cierto, un motivo recurrente de Mailloux. Mailloux no sólo dice “yo”, sino más bien “Mailloux yo”, “Yo Mailloux Jacques” o “Mailloux Jacques yo”; no se cae, sino que “se le cae todo el Mailloux encima”; su cuerpo no está bañado en orina, sino que “se le aniega el Mailloux”. Es así como Bouchard trata de recuperar, mediante la escritura, una posición infantil: la de un tiempo de la infancia que precede al habla, ahí donde el nombre y el cuerpo no coinciden totalmente. La voz narrativa de Bouchard asocia constantemente el nombre propio al cuerpo, como si el sujeto de la escritura estuviera en vías de deshacerse, como si no fuera víctima del hecho de que la consubstancialidad de la imagen del cuerpo y de la palabra no se mantuviese tan sólo por el nombre (del padre).