Abstracts
Résumé
En 2010, le réalisateur Luc Besson adapte au cinéma la saga Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec (1976-2022) de Jacques Tardi, composée à cette date de 9 albums. L’oeuvre du bédéaste, considérée par beaucoup comme féministe, antimilitariste et anarchiste, est métamorphosée à plus d’un titre. D’abord, le film rompt la continuité entre les albums en adaptant dans le désordre les premier (Adèle et la Bête, 1976) et quatrième (Momies en Folie, 1978) tomes de la série, dont il retranche ou invente certains personnages et intrigues. À présent, Adèle n’est plus le personnage glacial que l’on connaît, distribuant coups de poings et phrases assassines, mais une élégante espiègle. Encore, Besson la transforme en aventurière potache, égale d’Indiana Jones, imaginant qu’elle accomplit un voyage jusqu’en Égypte, contrée exotique absente de l’oeuvre de Tardi. Pour toutes ces raisons, le film de Besson apparaît comme une déclinaison grand public, destinée aussi bien à une audience familiale, friande de films d’aventures, qu’internationale, grâce à la mise en scène d’un Paris touristique. À côté de ces nombreuses prises de liberté avec l’oeuvre-source, que Tardi qualifie d’« adaptation-trahison », le film donne à voir un hommage appuyé aux ressorts narratifs qui caractérisent l’oeuvre de Tardi. En se proposant comme une transfiction, voire une métafiction, plutôt qu’une simple adaptation, le film Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec intègre l’univers total de Tardi. Il se propose comme une mise en récit supplémentaire des aventures d’Adèle, déjà visibles dans les bandes dessinées, sous la forme d’entrefilets de presse ou d’adaptations en romans-feuilletons.
Mots-clés :
- Adèle Blanc-Sec,
- bande dessinée,
- Luc Besson,
- adaptation-trahison,
- Tardi
Abstract
In 2010, film director Luc Besson adapts the saga The Most Extraordinary Adventures of Adele Blanc-Sec (1976-2022) by Jacques Tardi, composed at that time of 9 albums. The work of the cartoonist, considered by many as feminist, anti-militarist and anarchist, is transformed in multiple ways. First, the movie breaks the continuity between the albums by adapting the first (Adele & the Beast, 1976) and fourth (Mummies on Parade, 1978) volumes of the series in random order, by cutting out or inventing characters and plots. Now, Adele is no longer the icy character we know, handing out punches and mockeries, but an elegant mischievous girl. Besson transforms her into a playful adventuress, an equal to Indiana Jones, imagining she travels to Egypt, an exotic land absent from Tardi’s work. For all these reasons, Besson’s film appears to be a mainstream acclimatization, intended for a family audience fond of adventure films, but also international, thanks to the staging of Paris as a tourist destination. Behind these numerous liberties taken with the original work, leading Tardi's labelling of the work as a "treason-adaptation", which pleases the contemporary taste for retrofuturism, the film nevertheless shows a strong homage to the narrative techniques that characterize Tardi’s work. By proposing itself as a transfiction, rather than a simple adaptation, Besson’s Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec integrates Tardi’s total universe. It is then seen as an additional narrative to Adele’s adventures, already noticeable in the comics in the form of press clippings or serialized novel adaptations.
Keywords:
- Adèle Blanc-Sec,
- comics,
- Luc Besson,
- adaptation-treason,
- Tardi
Appendices
Bibliographie
- Besson, Luc, Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, 2010, 107 minutes.
- Besson, Luc, Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, Le Making-off, 2010, 26 minutes.
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- Tardi, Adieu Brindavoine, Paris : Dargaud, 1974 [1972 dans (À suivre)].
- Tardi, Le Démon des Glaces, Paris : Dargaud, 1974.
- Tardi, Adèle et la Bête, Les Aventures Extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, tome 1, Paris : Casterman, 1976a.
- Tardi, Le Démon de la Tour Eiffel, Les Aventures Extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, tome 2, Paris, : Casterman, 1976b.
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