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Les théologies après Jean-Marc ElaQuelles postérités de son oeuvre théologique ?[Record]

  • Ignace Ndongala Maduku

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  • Ignace Ndongala Maduku
    Institut d’études religieuses, Université de Montréal (Canada)

Du 2 au 10 mai 2018 s’était tenu à l’Université catholique du Congo (UCC), à Kinshasa en RD Congo un colloque international autour du théologien camerounais Jean-Marc Ela. Organisé conjointement par la faculté de théologie de l’UCC et le Groupe de théologies africaines et afrodescendantes (GTAS) de l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal (Canada), le colloque avait pour thème « les théologies après Jean-Marc Ela. Quelles postérités de son oeuvre théologique ? » Cette thématique synthétisait les objectifs du colloque, à savoir appréhender dans son intégralité et dans toute sa diversité l’oeuvre du théologien décédé le 28 décembre 2003 à Vancouver au Canada. Il s’agissait de la placer dans la trame de ses relations multiples (théologiques, sociales, religieuses, éthiques, politiques, économiques) et d’actualiser son approche de la libération ainsi que ses postérités. C’était aussi l’occasion de s’interroger sur la place de l’herméneutique de la parole ancrée dans le souci de terrain en montrant la pertinence du modèle d’écriture dialogale de J.-M. Ela pour la recherche théologique contemporaine. Aussi, en partant de l’intérêt de ce théologien pour les marges et sa propension à accorder la parole aux « gens d’en bas », les organisateurs ont voulu susciter un dialogue entre l’oeuvre de J.-M. Ela, les théories décoloniales et les approches de théologies contextuelles faites dans une perspective essentiellement de libération. Ces réflexions ont tourné l’attention vers le développement actuel du paradigme de la libération et de nouveaux courants qui s’y greffent ainsi que vers leurs implications concrètes et pratiques. Les élaborations de J.-M. Ela sur les sociétés et les Églises africaines ont orienté la recherche, d’une part, vers une nouvelle organisation du savoir théologique, et d’autre part, vers la critique des institutions de production et de légitimation du savoir dominant. La problématisation de la centralité de la théologie occidentale, de la latinité et de la romanité a permis de défaire le particularisme hégémonique, de critiquer l’universalisme singulier, abstrait et eurocentré, et de fonder la production d’un savoir théologique co-construit. Le thème du colloque voulait enfin vérifier la réception des apports remarqués de la production théologique de J.-M. Ela auprès des théologiens de la jeune génération. Pour rappel, le discours théologique du théologien camerounais met en perspectives des ritournelles du nomadisme théologique, la quête des concepts aux antipodes d’un fast thinking, le recours à des catégories en consonance avec la singularité de la pensée et la complexité de l’histoire de l’Afrique. C’est un discours théologique qui corrèle l’analyse sociale et politique à des données de l’économie, de l’anthropologie et de l’écologie. On peut parler d’actualité de la pensée de J.-M. Ela en parcourant les travaux des théologiens qui, à sa suite, arriment le discours théologique à l’histoire et au vécu des marges, et l’ouvrent à d’autres disciplines de recherche (histoire, sociologie, anthropologie, sciences des religions, sciences de l’éducation, sciences économiques et politiques, sciences du langage). S’il est indéniable que l’oeuvre théologique de J.-M. Ela instaure des ruptures épistémologiques, des déplacements herméneutiques et des novations méthodologiques, il n’en demeure pas moins vrai que J.-M. Ela approche la théologie comme un discours de la dissidence et de l’insoumission qui garde pour horizon la libération des opprimés. Il est une référence obligée pour quiconque s’intéresse à la théologie africaine de la libération. Sa théologie est essentiellement en rupture avec les théologies des missionnaires et les théologies de l’inculturation. Elle entend reprendre à son compte la quête de réponses aux questions qui viennent de l’Afrique. Au coeur de ces questions, le théologien camerounais place l’interrogation sur Dieu ainsi que la réforme sur Dieu en Jésus-Christ. De la sorte, il promeut une autonomie conceptuelle d’une …

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