Abstracts
Résumé
Parmi les poètes qui ont composé un « Art poétique » au cours du xxe siècle, on compte étonnamment Roger Caillois. Ce fait surprend dans la mesure où Caillois a plus d’une fois dénoncé les supercheries de la poésie dans ses travaux. Or si ses propos sont parfois teintés de haine, ils semblent par ailleurs naître d’un réel attachement envers la poésie. C’est avant tout cet attachement qui aura conditionné l’écriture de son Art poétique (1958), assez marginal en raison de la fermeté avec laquelle il légifère, au moment même où l’idée de réglementer la poésie passe pour désuète. Sous la forme d’une confession négative, Caillois en vient à définir un cadre à la fois pratique et éthique qui vise à assurer la réussite du poème et la bonne conduite du poète. Cette démarche, empreinte de classicisme et d’humanisme, répond en bonne partie à l’essor de la poétique surréaliste conspuée par Caillois en filigrane.
Abstract
Roger Caillois is, astonishingly, among the poets who composed an “Art poétique” during the 20th century. This fact is surprising insofar as Caillois denounced the deceptions of poetry on more than one occasion in his work. Now, although his comments are sometimes tinged with hate, they appear to spring from a genuine attachment to poetry. It is this attachment above all that shaped the writing of his Art poétique (1958), somewhat marginal owing to his firm prescriptions at the very time the idea of regulating poetry was falling out of fashion. In the guise of a negative confession, Caillois defined a framework, at once practical and ethical, aimed at ensuring the success of the poem and the good conduct of the poet. This approach, characterized by classicism and humanism, is largely a response to the development of the surrealist poetics that Caillois implicitly decried.