Abstracts
Résumé
La dernière des treize lettres familières qui forment le premier volet des Epistres familieres et invectives (1539) reste à ce jour la missive la plus difficile à interpréter du recueil d’Hélisenne de Crenne. Son caractère cryptique, la voix masculine qu’y fait entendre l’épistolière et la présence d’allusions amoureuses assurent un caractère singulier à ce texte dont le fonctionnement peut se comprendre — c’est l’hypothèse que propose cet article — comme le résultat d’un travestissement identitaire (une femme s’y exprime à la manière d’un homme), doublé d’un travestissement générique (la lettre familière cache une lettre d’amour). L’expression directe du désir amoureux ne semble possible, dans le recueil, que par ce jeu de travestissements où la rhétorique masque et dévoile tout à la fois, en établissant entre épistolière et destinataire une familiarité affective dont l’existence ne peut être révélée au lecteur que sur le mode du simulacre.
Abstract
The last of the thirteen familiar letters forming the first section of the Familiar and invective letters (1539) of Hélisenne de Crenne remains to this day the collection’s most difficult letter to interpret. Its cryptic nature, the masculine voice evoked by the writer and the presence of allusions to love explain the singular character of this text, which may be construed—in keeping with the theory of this article—as the result of a misrepresentation of identity (a woman expresses herself in the manner of a man) coupled with a misrepresentation of genre (the familiar letter conceals a love letter). The direct expression of sexual desire seems possible, in the collection, only through the use of this identity game, where rhetoric masks and reveals everything at once by establishing an emotional familiarity between the letter’s writer and recipient, the existence of which can be revealed to the reader only by means of pretence.