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Professeur-chercheur retraité du secteur des communications à l’Université du Québec à Montréal, Jean-Paul Lafrance a publié plusieurs ouvrages sur les médias et les technologies de l’information. Dans La télévision à l’ère d’Internet, il explique que les technologies de l’information sont en train de transformer la nature de la télévision et, plus encore, l’usage que les citoyens en font – ou en feront. En recourant aux vocables d’autres chercheurs, l’auteur identifie trois âges de la télé : la paléotélévision (Eco), qui est celle de la Grande culture dont la mission est d’éduquer ; la néotélévision (Odin & Casetti), qui reflète la vie du peuple ; et la post-télévision (Ramonet), qui tend à fabriquer une réalité.
Cela fait, il développe ses idées en dix autres chapitres. Il évoque d’abord la pression exercée par la technologie (mobilité, géopositionnement, jeux) ; puis l’auteur montre la place prise sur l’Internet par l’autodiffusion (YouTube et autres possibilités du Web 2.0). Lafrance explique ensuite que la technologie permet l’instantanéité et qu’elle autorise également l’auto-mise en scène au point d’arriver à transformer la télé en confessionnal. Le communicologue consacre ensuite trois chapitres à la téléréalité (presque 60 pages), décrivant son évolution, ses genres, ses règles. Il évoque enfin les essais ratés d’interactivité avant de relever les difficultés de financement des contenus (fausse gratuité, abandon par la publicité, partage des revenus avec les distributeurs).
Lafrance rassemble dans ce petit livre une foule d’idées liées au passage de la télévision traditionnelle à la télinternet, s’exprimant dans une écriture enlevée et concrète, parsemée d’exemples, d’énumérations, s’appuyant sur de nombreux auteurs dont l’apport n’est pas toujours clair (imprécision du guillemetage). Bien que l’approche soit davantage impressionniste que structurelle, l’évocation du paysage demeure intéressante, mariant rétrospective, perspective et prospective. « La télévision, enfermée dans la boîte à images, disparaîtra au profit d’un réseau virtuel d’images (au sens large) où l’individu sera au centre ». Plus descriptif que critique, l’ouvrage contient tout de même quelques bonnes analyses synthèses.