EN:

This article posits that in the texts (both epistolary and otherwise) associated explicitly with his brother Gherardo, Petrarch does not just showcase the familiar, intimate style that characterizes the whole corpus of his familiar letters but also presents some of the most acutely reflexive ruminations on his own stylistic and, by extension, literary practices. In the Gherardine letters, as well as in the first eclogue of the Bucolicum carmen, which is attached to one of these letters, Petrarch rehearses the highlights of the debates surrounding rhetorical style that were being played out in Trecento Europe, while simultaneously demonstrating his attempts to engage with alternatives to the modes of Ciceronian writing, both grand and intimate. In these works, Petrarch’s brother comes to embody this stylistic alternative.

FR:

Cet article part du principe que, dans les textes (épistolaires et autres) qui sont associés explicitement à son frère Gherardo, Pétrarque ne se contente pas de mettre en valeur le style familier et intime qui caractérise l’ensemble du corpus de ses lettres familières, mais présente également certaines des réflexions les plus abouties sur ses propres pratiques stylistiques et, par extension, littéraires. Dans les lettres qu’il a envoyées à Gherardo, comme dans la première églogue du Bucolicum Carmen (Parthenias) qui est attachée à l’une de ces lettres, Pétrarque passe en revue les points saillants des débats sur le style qui s’étaient répandus dans l’Europe du Trecento, tout en rendant compte de ses tentatives de proposer des alternatives aux modes d’écriture cicéroniens – tant élevé que familier. Dans ces oeuvres, le frère de Pétrarque en vient à incarner cette alternative stylistique.

EN:

This article offers a comprehensive account of Théodore de Bèze’s views on the punishment of heretics and a reflection on their broader significance. The core of its analysis focuses on Bèze’s earliest political work, the Anti-Bellius. It provides an assessment of five aspects of Bèze’s discussion: the legal basis for the punishment of heresy; the respective roles of civil and ecclesiastical authorities in disciplining heretics; the definition of heresy; the consensus of all relevant authorities on the matter; and the possibility of grounding justifications for coercion on absolute claims to religious truth. The concluding section examines the enduring role played by these ideas both in Bèze’s own later writings and in subsequent Reformed discussions of the subject. The historical import of Bèze’s formulations is shown to lie in their lasting influence and in the deeper reflections on the nature of political authority on which these formulations rested.

FR:

Cet article propose une étude détaillée des positions de Théodore de Bèze concernant la punition des hérétiques et fournit des pistes de réflexion sur leur portée globale. Le cœur de cette analyse porte sur la première œuvre politique de Bèze, l’Anti-Bellius. Elle évalue cinq problématiques sur lesquelles Bèze s’interroge, à savoir les fondements légaux de la punition de l’hérésie ; les rôles respectifs des autorités civiles et ecclésiastiques au sein de l’action punitive contre les hérétiques ; la définition de l’hérésie ; le consensus rassemblant toutes les autorités présidant à la question ; et la possibilité d’ancrer les justifications de la coercition dans une revendication inconditionnelle de vérité religieuse. La dernière partie de l’article examine le rôle que ces idées ont joué à long terme, à la fois dans les écrits ultérieurs de Bèze et dans les discussions qui ont émergé dans les années d’après à propos de ces problématiques au sein du protestantisme réformé. Il y est démontré que la portée historique des thèses de Bèze réside dans leur influence durable et dans les réflexions plus profondes sur la nature de l’autorité politique sur lesquelles elles reposent.

FR:

On connaît à ce jour deux versions des Mémoires du pasteur huguenot Pierre Du Moulin (1568–1658), l’une publiée au XIXe siècle et l’autre restée manuscrite. Toutes deux datent de la seconde moitié du XVIIe siècle et ne sont pas autographes. Cet article analyse l’image idéale du pasteur qu’elles ont façonnée et diffusée en France et dans certains pays du Refuge. En effet, l’étude de ces deux manuscrits permet de voir comment la figure exemplaire d’un pasteur, et plus largement d’un croyant, a progressivement été forgée. La comparaison des récits révèle que l’entreprise d’idéalisation se renforce d’un texte à l’autre, ce qui doit être mis en relation avec la politique de répression menée par le pouvoir royal, dont le point culminant fut la révocation de l’édit de Nantes en 1685, et aussi avec le travail de construction mémorielle et identitaire qui a été réalisé au sein la communauté huguenote à la fin du XVIIe siècle.

EN:

We know of two versions of a singular memoir by the Huguenot pastor Pierre Du Moulin (1568–1658): one was published in the nineteenth century and the other is still in manuscript form. Each was written during a different period of the seventeenth century, and while these are the works of Du Moulin, the manuscripts are not in his handwriting. This article analyzes the idealized figure of the pastor that these versions formed and disseminated in France and in other countries where the Protestants had taken refuge. The study of these two versions of the memoir illustrates how gradually the exemplary figure of both a pastor and a believer was created. The comparison of the text reveals that this process of idealization was reinforced from one text to the other, thus linking the policy of repression carried out by the French monarchy, which reached its climax with the revocation of the Edict of Nantes in 1685. It also shows the process of identity and memory building being carried out within the Huguenot community at the end of the seventeenth century.

EN:

This article reads Thomas Kyd’s The Spanish Tragedy within the context of the popular practice of the Prayer Book Communion service contemporary with the play’s performances in Elizabethan playhouses. It stresses the continuities between Kyd’s theatrical appropriation of the Eucharist and a popular conception of the Communion service that emphasizes its role in establishing and affirming public reconciliation, neighbourly concord, and parochial unity. Through an allusion to the Eucharist in Hieronimo’s handkerchief, The Spanish Tragedy deploys the Communion’s penitential, soteriological, and communitarian associations to serve its uniquely theatrical ends. The play’s metatheatrical thematization of representational modalities allows the audience to collectively confront their own sinful desire and then witness their pardon from punishment for that desire at the expense of the onstage representational substitutes.

FR:

Cet article propose de lire La Tragédie espagnole à la lumière de la pratique populaire du service de la communion du Livre de la prière commune, une pratique qui était contemporaine des représentations de la pièce dans les théâtres élisabéthains. Il souligne les continuités entre l’appropriation théâtrale de l’eucharistie par Kyd et une conception populaire du service de la communion mettant l’accent sur son rôle dans la mise en place et le renforcement de la réconciliation publique, de la bonne entente entre voisins et de l’unité au sein de la paroisse. En faisant allusion à l’eucharistie par le truchement du mouchoir de Hieronimo, La Tragédie espagnole convoque les références pénitentiaires, sotériologiques et communautaires qui étaient communément associées à la communion, pour servir ses fins spécifiquement théâtrales. La réflexion métathéâtrale portant sur les modalités de la représentation qui s’esquisse à travers cette pièce permet aux spectateurs de se confronter collectivement à leurs propres désirs coupables, puis de d’assister à leur absolution, aux dépens des personnages qui les représentent sur scène.

EN:

Research on miracle-working images has shown that devotees attributed their power to the authentic likeness of the holy people these images possessed. An authentic likenss of Christ, for instance, possessed his seemingly infinite agency. Using the miraculous painting of the Annunciation at the Santissima (SS.) Annunziata in Florence as a case study, this article questions whether an image’s agency was indeed limitless. Based on an examination of various hagiographical writings on the shrine written during the Counter-Reformation period, in particular Angelo Lottini’s Scelta d’alcuni miracoli e grazie della Santissima Nunziata di Firenze, this article proposes that certain miracles were connected with the image’s origins. In light of James Frazer’s theory of sympathetic magic, and Alfred Gell’s more recent theory of art and agency, this article argues that these post-Tridentine writings define the Annunziata image’s agency by the circumstances of its origins, which made it especially (though not exclusively) powerful over problems relating directly or conceptually to the mind, imagination, and eyes.

FR:

Les recherches portant sur les images miraculeuses ont montré que les dévots croyaient que celles-ci possédaient un pouvoir en vertu de leur ressemblance véritable avec les figures des saints qu’elles étaient censées représenter. Un portrait ressemblant du Christ, par exemple, possédait son pouvoir, en toute apparence infini. S’appuyant sur le cas de figure que représente la peinture miraculeuse de l’Annonciation dans la basilique de la Santissima Annunziata à Florence, cet article cherche à déterminer dans quelle mesure le pouvoir d’une image était effectivement illimité. Fondé sur l’analyse de divers écrits hagiographiques consacrés au sanctuaire et datant de la Contre-Réforme, en particulier la Scelta d’alcuni miracoli della Santissima Nunziata di Firenze d’Angelo Lottini, cet article suggère que certains miracles étaient attribués aux origines de l’image. À la lumière de la théorie de la magie sympathique proposée par James Frazer et de la théorie plus récente d’Alfred Gell portant sur l’art et l’agentivité, cet article soutient que ces écrits post-tridentins définissent le pouvoir de l’image de la Santissima Annunziata en fonction des circonstances dans lesquelles elle avait vu le jour. C’est ce qui rendait cette image particulièrement puissante pour tout ce qui avait trait, directement ou conceptuellement, à l’esprit, à l’imagination et aux yeux, sans s’y limiter.